Neil Young
Sleeps With Angels |
Label :
Reprise |
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En 1994, Neil Young a oublié la joie qui l'animait sur Harvest Moon. Le suicide de Kurt Cobain a profondément marqué le canadien, même s'il ne l'a jamais explicitement avoué. Tel un alchimiste dans son laboratoire, le Loner s'enferme dans son studio et s'attèle à un bien étrange projet. Au bout de quelques mois d'expériences interdites et de mélanges inquiètants, Neil ressort de son antre en emportant avec lui le résultat de ses recherches.
Tout aussi sombre que Tonight's The Night, mais beaucoup plus indéfinissable car tellement inattendu, ce disque est animé d'une tristesse infinie, chaque instrument pleure des larmes de sang. Tour à tour éléctrique et accoustique, Sleeps With Angels alterne les ambiances avec un talent hors du commun. "My Heart", avec son air de clavecin, est d'une beauté presque fantômatique. La tristesse pointe à chaque morceau, pouvant être déchirante comme sur "Sleeps With Angels" ou encore "Prime Of Life" et sa flûte dissonante, profonde et cristalline comme sur "Driveby" ou d'une sincère simplicité comme sur "Western Hero" qui aurait pu figurer sur Harvest Moon s'il n'y avait pas cette éléctricité soudaine qui donne des frissons le long de la moelle. Et puis il y a "Change Your Mind", un des sommets de l'album. La voix de Neil semble se briser à chaque instant, les guitares rendent leur dernier souffle à chaque note jouée. Beau à pleurer.
Jamais encore l'émotion n'avait été si présente dans un album du Loner. Aussi difficile à commenter qu'un Tonight's The Night ou qu'un Zuma , car nous laissant sans voix, Sleeps With Angels est une illusion, un rève dont on n'arrive pas à saisir le sens mais qu'on ne se lasse pas de refaire.
Tout aussi sombre que Tonight's The Night, mais beaucoup plus indéfinissable car tellement inattendu, ce disque est animé d'une tristesse infinie, chaque instrument pleure des larmes de sang. Tour à tour éléctrique et accoustique, Sleeps With Angels alterne les ambiances avec un talent hors du commun. "My Heart", avec son air de clavecin, est d'une beauté presque fantômatique. La tristesse pointe à chaque morceau, pouvant être déchirante comme sur "Sleeps With Angels" ou encore "Prime Of Life" et sa flûte dissonante, profonde et cristalline comme sur "Driveby" ou d'une sincère simplicité comme sur "Western Hero" qui aurait pu figurer sur Harvest Moon s'il n'y avait pas cette éléctricité soudaine qui donne des frissons le long de la moelle. Et puis il y a "Change Your Mind", un des sommets de l'album. La voix de Neil semble se briser à chaque instant, les guitares rendent leur dernier souffle à chaque note jouée. Beau à pleurer.
Jamais encore l'émotion n'avait été si présente dans un album du Loner. Aussi difficile à commenter qu'un Tonight's The Night ou qu'un Zuma , car nous laissant sans voix, Sleeps With Angels est une illusion, un rève dont on n'arrive pas à saisir le sens mais qu'on ne se lasse pas de refaire.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Loner |
Posté le 24 avril 2007 à 08 h 18 |
Déjà la pochette: noire et rouge, une ombre et des mots. Un titre "dors avec les anges" en référence à la mort de Cobain qui laissa pour dernier mot une phrase de Neil Young ce qui à visiblement marqué profondément le canadien. De toute évidence ce disque sera sombre.
Et l'écoute démarre. Rarement Neil Young n'aura été aussi mélancolique et triste. La musique est réellement déchirante. Le maitre s'est livré à l'exploration de son âme et de son art, la voix atteint des sommets inimaginables de justesse, de qualité d'interprétation dans la transmission d'émotion. C'est la voix d'un ange qui ne dort pas encore. On est ici dans un univers de triste beauté parfois de désolation et où les envolées musicales ne sont là que pour mieux illustrer le propos.
Et la qualité cinématographique (mot souvent mal utilisé) de cette œuvre rare n'est pas la moindre des qualités. Images d'homme abandonné, de longues routes désertes, de village pluvieux livré pour un impressionnant travail introspectif. Sans tomber dans la déprime, ou dans l'auto-complaisance mais à la manière d'un équilibriste toujours au bord de la chute, Neil sort un recueil de chansons somptueuses. On y revient souvent comme les grands disques, contrairement aux bons disques à retour épisodique.
La perle noire de la discographie de Young. Harvest étant le diamant blanc.
Et l'écoute démarre. Rarement Neil Young n'aura été aussi mélancolique et triste. La musique est réellement déchirante. Le maitre s'est livré à l'exploration de son âme et de son art, la voix atteint des sommets inimaginables de justesse, de qualité d'interprétation dans la transmission d'émotion. C'est la voix d'un ange qui ne dort pas encore. On est ici dans un univers de triste beauté parfois de désolation et où les envolées musicales ne sont là que pour mieux illustrer le propos.
Et la qualité cinématographique (mot souvent mal utilisé) de cette œuvre rare n'est pas la moindre des qualités. Images d'homme abandonné, de longues routes désertes, de village pluvieux livré pour un impressionnant travail introspectif. Sans tomber dans la déprime, ou dans l'auto-complaisance mais à la manière d'un équilibriste toujours au bord de la chute, Neil sort un recueil de chansons somptueuses. On y revient souvent comme les grands disques, contrairement aux bons disques à retour épisodique.
La perle noire de la discographie de Young. Harvest étant le diamant blanc.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 25 août 2009 à 15 h 24 |
Ce Sleeps With Angels se présente à nous sans tromper : la silhouette penchée du Loner, béret vissé sur la tête, est perdue dans l'obscurité, parmi les mots... Trop tard, trop tôt, lit-on. L'ombre du canadien se détache tout de même d'un halo de lumière, mais une lumière aux couleurs trop chaudes, comme une brèche ouverte sur l'enfer... On ne sait alors pas bien à quoi s'attendre, mais on est certainement surpris par le premier titre, "My Heart", construit sur une guitare sèche et un piano glaçant dont les notes nous transpercent comme des lames. Neil Young y pose sa voix haut-perchée et atrocement fragile comme s'il nous contait une histoire destinée à mal se terminer, mais débutant tout de même dans la beauté et la tranquillité. Une tranquillité toute relative, tant le Loner semble au bord du précipice, menaçant de basculer à chaque instant. De cette noirceur émerge alors une atmosphère un peu plus country avec "Prime Of Life", un morceau nonchalant, pas dénué d'un certain groove. La voix de Neil Young y est définitivement fluette, et lorsque sa guitare électrique résonne, le contraste et flagrant : basse et rugueuse, presque doom. Une flûte désincarnée vient alors se greffer au morceau, jouant quelques notes maladives. On ne le réalisera vraiment qu'après quelques autres écoutes, mais c'est un des signes les plus forts qui met sur la piste du vrai visage de cet album : sous son aspect paisible, il y a quelque chose d'affreusement, complètement mort. "Driveby" poursuit dans cette optique, le titre y est repris en chœur de manière apaisante, presque soporifique, puis le refrain se fait fort et poignant, comme sur "Change Your Mind" plus tard. Si le piano mène la danse, on remarque de nouveau cette guitare vrombissante, plus basse que terre, qui revient et qui défigure une chanson pourtant inoffensive à première vue. "Sleeps With Angels", le morceau-titre, est décontenançant parce que soudain effréné, court et désespéré. On n'attendait pas quelque chose de ce genre aussi tôt, mais c'est peut-être déjà trop tard... "Western Hero" constitue ensuite la dernière dose de country-folk-rock pas encore trop vicié; on y retrouve pourtant cette guitare doom et un refrain terriblement poignant. Neil Young trouve les quelques mots simples qu'il faut et nous les jette au visage, devenus horreur. "Change Your Mind", un de ces longs morceaux un peu grandiloquents qu'il affectionne, fait office d'épreuve, tant par sa durée que par sa tristesse. Le refrain, qui paraît tout d'abord trop sucré, nous étreint et nous enveloppe. Young se fait déchirant sur une simple phrase : "don't let another day go by without the magic touch", puis il nous guérit à petites touches : "change your mind, change your mind... change your mind...".
"Blue Eden" a le goût du sable, un sable d'un jaune sombre, sous un ciel de plomb. D'une voix chancelante et bizarre, le Canadien fait monter la tension, accompagné d'une batterie tonitruante et d'une guitare roublarde, pour nous jeter dans un puits de noirceur et de chaos. On reste au pays des cow-boys avec "Safeway Cart". Si on a là le morceau le plus tranquille de l'album, c'est parce que tout y est étouffé, batterie, basse et guitare les premières, le chant se faisant détaché, Young nous parlant de loin, très loin, mais n'ayant pas besoin de hausser la voix pour se faire entendre. L'harmonica nous vient des recoins les plus sombres et crades du far west, et finit par sonner comme un long cri figé, tandis que la basse continue d'égrener ses notes de death groove. Avec "Train Of Love", Young a le culot de nous ressortir un "Western Hero" camouflé, qu'on met tout de même longtemps à reconnaître. Mais pourquoi s'arrêter là ? Le Loner règne en roi déchu sur ses terres de noirceur et de désespoir. Reprenant des lignes de "Blue Eden" ("I know in time we'll meet again / we come and go that way my friend / it's part of me and part of you"), il réussit à nous émouvoir une fois de plus, sans que cet artifice paraisse injustifié. Sur "Trans Am", il devient le conteur d'une histoire de cow-boys (toujours), prenant une voix beaucoup plus grave qu'auparavant, de laquelle on sent les années qui ont passé. Le chœur ne le laisse pas terminer ses couplets pour entonner d'une voix éthérée un long "trans aaaaaam". On touche à la fin, et Young ne semble pas destiné à partir sans tout envoyer chier une dernière fois : "Piece Of Crap" est un morceau de country punk, au titre parfaitement choisi tant il retentit bien dans la bouche dégueulasse des trois-quatre poivrots qu'on imagine le beugler.
"A Dream That Can Last", l'ultime titre, nous fait retrouver le piano mécanique du premier, pour une des chansons les plus tristes et déchirantes qu'on puisse imaginer, empreinte d'une certaine naïveté et d'une résignation terrible qui fait froid dans le dos : "Out on the corner the angels say / there is a better life for me someday / I feel like I died and went to heaven / the cupboards are bare but the streets are paved with gold". Combien de fois ces notes glacées et ces mots terrifiants m'ont-ils tiré de la torpeur dans laquelle "Blue Eden" ou "Safeway Cart" m'avaient jeté ? Comment imaginer ne serait-ce qu'envisager de réécouter cet album après ces paroles ? Le silence qui suit la dernière note est un des plus intolérables auxquels un album de cette trempe puisse laisser place. Où Neil Young a-t-il trouvé la force de lui donner suite ?
Sleeps With Angels nous abandonne dans un marasme des plus morbides. Album de folk-rock enrobé dans un papier rose bonbon, il cache une route menant droit au néant, croisant les fantômes et traversant l'horreur.
"Blue Eden" a le goût du sable, un sable d'un jaune sombre, sous un ciel de plomb. D'une voix chancelante et bizarre, le Canadien fait monter la tension, accompagné d'une batterie tonitruante et d'une guitare roublarde, pour nous jeter dans un puits de noirceur et de chaos. On reste au pays des cow-boys avec "Safeway Cart". Si on a là le morceau le plus tranquille de l'album, c'est parce que tout y est étouffé, batterie, basse et guitare les premières, le chant se faisant détaché, Young nous parlant de loin, très loin, mais n'ayant pas besoin de hausser la voix pour se faire entendre. L'harmonica nous vient des recoins les plus sombres et crades du far west, et finit par sonner comme un long cri figé, tandis que la basse continue d'égrener ses notes de death groove. Avec "Train Of Love", Young a le culot de nous ressortir un "Western Hero" camouflé, qu'on met tout de même longtemps à reconnaître. Mais pourquoi s'arrêter là ? Le Loner règne en roi déchu sur ses terres de noirceur et de désespoir. Reprenant des lignes de "Blue Eden" ("I know in time we'll meet again / we come and go that way my friend / it's part of me and part of you"), il réussit à nous émouvoir une fois de plus, sans que cet artifice paraisse injustifié. Sur "Trans Am", il devient le conteur d'une histoire de cow-boys (toujours), prenant une voix beaucoup plus grave qu'auparavant, de laquelle on sent les années qui ont passé. Le chœur ne le laisse pas terminer ses couplets pour entonner d'une voix éthérée un long "trans aaaaaam". On touche à la fin, et Young ne semble pas destiné à partir sans tout envoyer chier une dernière fois : "Piece Of Crap" est un morceau de country punk, au titre parfaitement choisi tant il retentit bien dans la bouche dégueulasse des trois-quatre poivrots qu'on imagine le beugler.
"A Dream That Can Last", l'ultime titre, nous fait retrouver le piano mécanique du premier, pour une des chansons les plus tristes et déchirantes qu'on puisse imaginer, empreinte d'une certaine naïveté et d'une résignation terrible qui fait froid dans le dos : "Out on the corner the angels say / there is a better life for me someday / I feel like I died and went to heaven / the cupboards are bare but the streets are paved with gold". Combien de fois ces notes glacées et ces mots terrifiants m'ont-ils tiré de la torpeur dans laquelle "Blue Eden" ou "Safeway Cart" m'avaient jeté ? Comment imaginer ne serait-ce qu'envisager de réécouter cet album après ces paroles ? Le silence qui suit la dernière note est un des plus intolérables auxquels un album de cette trempe puisse laisser place. Où Neil Young a-t-il trouvé la force de lui donner suite ?
Sleeps With Angels nous abandonne dans un marasme des plus morbides. Album de folk-rock enrobé dans un papier rose bonbon, il cache une route menant droit au néant, croisant les fantômes et traversant l'horreur.
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