Neil Young
Harvest Moon |
Label :
Reprise |
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Longtemps les fans de Neil Young ont attendu une "suite" au mythique Harvest. Personne ne voulait voir le rêve s'évanouir aussi vite. Et puis un beau jour, voilà que le "petit frère", Harvest Moon, quitte sa campagne natale pour venir nous rendre visite.
L'héritage était lourd à porter, succéder à un des albums les plus connus et les plus appréciés du Loner n'est pas une mince affaire. Mais rassurez-vous, Harvest Moon s'en tire admirablement bien, les titres splendides s'enchainent le plus naturellement du monde: "Unknown Legend", "From Hank To Hendrix", "You And Me", "War Of Man"...
Les arrangements sont magnifiques, la voix de Neil l'est également. Mais il aura tout de même du mal à maintenir cet état de grâce tout au long de l'album. Dans sa seconde moitié, on sent qu'il commence à s'essouffler légèrement. Heureusement, pour le final, Neil ressort son harmonica, joue seul à la guitare, ne se faisant accompagner que par un choeur féminin et un piano discret. Le résultat est digne de "Sugar Mountain" ou "I Am A Child": d'une beauté toute... naturelle.
Il a fallu attendre trente ans pour que notre Canadien nous fasse découvrir le produit de sa nouvelle moisson. Cela en valait la peine, la récolte a été suffisamment bonne pour nourir son peuple encore quelques années.
L'héritage était lourd à porter, succéder à un des albums les plus connus et les plus appréciés du Loner n'est pas une mince affaire. Mais rassurez-vous, Harvest Moon s'en tire admirablement bien, les titres splendides s'enchainent le plus naturellement du monde: "Unknown Legend", "From Hank To Hendrix", "You And Me", "War Of Man"...
Les arrangements sont magnifiques, la voix de Neil l'est également. Mais il aura tout de même du mal à maintenir cet état de grâce tout au long de l'album. Dans sa seconde moitié, on sent qu'il commence à s'essouffler légèrement. Heureusement, pour le final, Neil ressort son harmonica, joue seul à la guitare, ne se faisant accompagner que par un choeur féminin et un piano discret. Le résultat est digne de "Sugar Mountain" ou "I Am A Child": d'une beauté toute... naturelle.
Il a fallu attendre trente ans pour que notre Canadien nous fasse découvrir le produit de sa nouvelle moisson. Cela en valait la peine, la récolte a été suffisamment bonne pour nourir son peuple encore quelques années.
Excellent ! 18/20 | par Loner |
Posté le 25 octobre 2008 à 01 h 26 |
Neil doit se remettre à l'acoustique. Il n'a pas le choix, le problème est médical. Lors de la tournée "Weld", rageuse, stridente, passionnée, il a tant et si bien fait hennir sa guitare que les amplis lui ont soufflé les tympans. Depuis ses oreilles sifflent la colère, la rue, la guerre, le déchirement qui ont drainé ses épiques plaintes électriques. La fureur doit donc s'éteindre un instant pour retourner vingt ans en arrière, vers la terre, sa pulsation, celle des champs de blé sous la brise, celles, silencieuses et gigantesques, des plaines d'Amérique, déjà célébrées dans son album intouchable Harvest, frôlées avec Comes A Times puis manquées dans Old Ways.
Neil Young a le mérite de réaliser ce tour de force prodigieux qui est de reprendre une matière laissée de côté il y a vingt ans, pour la retransmettre magnifiée, au grand étonnement des nombreux qui s'extasient encore et toujours à l'écoute d'un des plus beaux solos de l'histoire, celui de "Words" où Neil, malade, se contente de jouer si simplement, si juste, que les notes de sa demi-caisse ont la clarté de l'évidence. L'émotion s'y colle naturellement, transportée instinctivement par la grâce d'un moment de vérité. Le chant de Neil en 91 reprend à nouveau ce rythme, celui des saisons, de la forêt, de la lune, si évident que peu à peu ils se perdent, s'épuisent, meurent, oubliés, mais qui ont toujours nourrit la force particulière du Loner. Neil y revient pour nous offrir un saint apaisement, profond, subtil, beau, exprimé en plein Nashville, retour au source oblige au côté de Linda Ronstadt et de quelques autres. Le groupe aborde avec une rare tendresse Jimi Hendrix entrevu lors de Woodstock ("From Hank To Hendrix"), Neil s'amuse à décrire son chien, Elvis, appuyé par un banjo gras et des choeurs de saloon ("Old King"); il s'approprie l'univers des Who dans une singulière chanson d'amour ("You and me") où seul à la guitare, faisant résonner de superbes harmonies dans de subtils dégradés d'accords, il s'émousse sur des choeurs. La chanson éponyme quant à elle livre l'une des plus belles ballades nocturnes du Loner ("Harvest Moon"). On se croirait perdu en forêt une nuit d'été, de pleine lune, une femme à ses côtés. Et le tour est joué.
Mais cette suite d' "Harvest" a le mérite principal de se clore sur ce qui est, à mon goût, le plus beau titre de Neil Young à ce jour, j'ai nommé "Natural Beauty". Sur dix minutes, lors d'un concert chargé de présences attentives, le Loner chante une ode à la Nature. Seul il joue trois quatre accords avec un feeling fabuleux, claquant les cordes, entrant dans des solos d'harmonica aussi poignants que les chants de Coltrane. On passe par l'Amazonie qui se meurt, détruite, un moment d'une intensité dramatique rarement atteinte dans la musique folk. La voix pèse, les mots raisonnent, la guitare suit, dans une atmosphère nocturne et grave, mais étrangement vivifiante. C'est que l'heure n'est pas au simple désespoir, mais à l'appel, au refrain qui résonne, appuyé haut les choeurs, un orgue soulignant la gravité du sujet sans tomber dans le cliché. Trois fois il résonnera, trois fois il prendra le coeur qui montera puis descendra au rythme des cordes d'un Neil en pleine grâce. Puis touours au même de nous réintroduire dans un nouveau chapitre, une autre humeur, profonde, chargée, dramatique à souhait, celui d'un cri de nouveau né en pleine nuit, celle d'une rencontre avec une femme digne de Nadja. Le chant et la guitare de Neil emplissent toujours plus l'espace d'une intelligence stupéfiante, celle d'une transe secrète, éclatante. Cette transe a muri depuis "Last Trip To Tulsa", la dernière chanson de son premier album, belle chanson certes, digne essai de neuf minutes, seul avec sa folk, mais qui, avec le temps, les expériences difficiles, a pris une patine qui éclate aujourd'hui au visage de l'auditeur. "Natural Beauty" est la quintessence de sa carrière, l'accomplissement de son travail acharné, courageux et sincère qui l'aura amené à capter au travers de son art une vibration qui a le mérite de pointer directement l'âme en son sein. Une forme de beauté naturelle.
Neil Young a le mérite de réaliser ce tour de force prodigieux qui est de reprendre une matière laissée de côté il y a vingt ans, pour la retransmettre magnifiée, au grand étonnement des nombreux qui s'extasient encore et toujours à l'écoute d'un des plus beaux solos de l'histoire, celui de "Words" où Neil, malade, se contente de jouer si simplement, si juste, que les notes de sa demi-caisse ont la clarté de l'évidence. L'émotion s'y colle naturellement, transportée instinctivement par la grâce d'un moment de vérité. Le chant de Neil en 91 reprend à nouveau ce rythme, celui des saisons, de la forêt, de la lune, si évident que peu à peu ils se perdent, s'épuisent, meurent, oubliés, mais qui ont toujours nourrit la force particulière du Loner. Neil y revient pour nous offrir un saint apaisement, profond, subtil, beau, exprimé en plein Nashville, retour au source oblige au côté de Linda Ronstadt et de quelques autres. Le groupe aborde avec une rare tendresse Jimi Hendrix entrevu lors de Woodstock ("From Hank To Hendrix"), Neil s'amuse à décrire son chien, Elvis, appuyé par un banjo gras et des choeurs de saloon ("Old King"); il s'approprie l'univers des Who dans une singulière chanson d'amour ("You and me") où seul à la guitare, faisant résonner de superbes harmonies dans de subtils dégradés d'accords, il s'émousse sur des choeurs. La chanson éponyme quant à elle livre l'une des plus belles ballades nocturnes du Loner ("Harvest Moon"). On se croirait perdu en forêt une nuit d'été, de pleine lune, une femme à ses côtés. Et le tour est joué.
Mais cette suite d' "Harvest" a le mérite principal de se clore sur ce qui est, à mon goût, le plus beau titre de Neil Young à ce jour, j'ai nommé "Natural Beauty". Sur dix minutes, lors d'un concert chargé de présences attentives, le Loner chante une ode à la Nature. Seul il joue trois quatre accords avec un feeling fabuleux, claquant les cordes, entrant dans des solos d'harmonica aussi poignants que les chants de Coltrane. On passe par l'Amazonie qui se meurt, détruite, un moment d'une intensité dramatique rarement atteinte dans la musique folk. La voix pèse, les mots raisonnent, la guitare suit, dans une atmosphère nocturne et grave, mais étrangement vivifiante. C'est que l'heure n'est pas au simple désespoir, mais à l'appel, au refrain qui résonne, appuyé haut les choeurs, un orgue soulignant la gravité du sujet sans tomber dans le cliché. Trois fois il résonnera, trois fois il prendra le coeur qui montera puis descendra au rythme des cordes d'un Neil en pleine grâce. Puis touours au même de nous réintroduire dans un nouveau chapitre, une autre humeur, profonde, chargée, dramatique à souhait, celui d'un cri de nouveau né en pleine nuit, celle d'une rencontre avec une femme digne de Nadja. Le chant et la guitare de Neil emplissent toujours plus l'espace d'une intelligence stupéfiante, celle d'une transe secrète, éclatante. Cette transe a muri depuis "Last Trip To Tulsa", la dernière chanson de son premier album, belle chanson certes, digne essai de neuf minutes, seul avec sa folk, mais qui, avec le temps, les expériences difficiles, a pris une patine qui éclate aujourd'hui au visage de l'auditeur. "Natural Beauty" est la quintessence de sa carrière, l'accomplissement de son travail acharné, courageux et sincère qui l'aura amené à capter au travers de son art une vibration qui a le mérite de pointer directement l'âme en son sein. Une forme de beauté naturelle.
Exceptionnel ! ! 19/20
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