Neil Young
Homegrown |
Label :
Reprise |
||||
Après Hitchhiker, les live Tuscaloosa et Roxy , les Bernstein Tapes (aka Songs For Judy ), voici donc encore ces si fertiles années 70 qui reviennent par l'intermédiaire de ce Homegrown.
Homegrown, une arlésienne dont on ne savait même pas vraiment si elle existait.
Comment parler d'un tel disque 45 ans après son enregistrement ? Difficile d'autant que Neil Young a constamment brouillé les pistes à son sujet tout en semant des titres ici ou là et ce jusqu'en 1990.
Les séances en studio ont lieu entre décembre 1974 et janvier 1975, les années d'enregistrements et de parutions des albums On The Beach et Zuma. Après la méga tournée américaine avec Crosby, Stills, Nash. C'est aussi un moment de recomposition musicale, Crazy Horse est encore bancal sur ses deux pattes ; et sur le plan personnel ce n'est pas simple non plus. Son couple avec Carrie Snodgress s'étiole, leur fils est paralysé cérébral, et Neil Young en endosse la responsabilité à cause de ses propres problèmes de santé et de sa consommation de drogue et d'alcool. Voici donc l'ambiance, et ce qui, d'après lui, serait le sujet de l'album et la raison de sa mise au secret pendant tant d'années.
Les douze titres de cet album ne sont pas tous inconnus, seuls trois le sont complètement : "Florida", "We Don't Smoke It No More" et "Vacancy". "Separate Ways", "Try", "Mexico" et "Kansas" ont été joués sur scène et apparaissent sur plusieurs bootlegs. Le reste est paru officiellement dans des versions plus ou moins différentes.
"Separate Ways", joué lors de la tournée de 1993 avec Booker-T & The MG's, est un titre calme, plutôt country/soul, très sombre. Le duo rythmique Tim Drummond/Levon Helm fait un travail fabuleux. Ce qui paraissait raté avec les MG's est ici grandiose et je regrette que cette sortie soit si tardive.
Connue en solo guitare, "Try" est ici jouée en groupe, une valse country sobre, menée par un piano pépère, là encore la rythmique est superbe.
"Mexico" interprété seul au piano est un tire-larmes comme Neil Young sait si bien les faire : "Love In Mind" ou "Philadelphia" par exemple.
Le pénible "Love Is A Rose", la version studio du boulet "Dance Dance Dance", n'est en rien sauvé par la présence de Tim Drummond. Il y a toujours un mauvais morceau sur ses bons albums, c'est celui-ci pour Homegrown.
"Homegrown", tout en country électrique cool, un peu plus longue que sur American Stars'n Bars et dans le même esprit mais sans l'inutile partie chorale.
"Florida". La curiosité de ce disque dont on comprend dès le début qu'elle n'ait jamais pu être jouer en concert. Neil Young et Ben Keith parlent, et émettent des sons avec des verres de vin (pleins ? vidés plutôt !) et des cordes de piano. "Florida" ne ressemble à rien de connu sur disque, par contre on voit bien ça dans un film, une conversation déjantée dans un rade en ruines. Un drôle de morceau bien barré qui préfigure l'ambiance de la bande originale de Deadman.
Une guitare sèche, un léger harmonica, "Kansas" est une belle chanson très aérienne, qu'aurait pu trouver vers la fin d'On The Beach ou sur Comes A Time.
"We Don't Smoke It No More", un bon blues de pub chanté à trois, sans être très original ce morceau agréable et efficace apporte une belle énergie à cet album dans un registre inhabituel chez Neil Young.
"White Line", sorti gros son sur Ragged Glory en 1990 avec Crazy Horse, puis en solo sur Songs For Judy , apparaît ici somptueusement. Le simple duo avec Robbie Robertson donne à ce morceau une jolie teinte nostalgique, proche d'"Ambulance Blues" sur On The Beach. Un des sommets de ce disque, qui curieusement me fait penser aux premiers albums de Gillian Welch sorti dans la seconde moitié des 90's. Un bel exemple de ce que peux faire Neil Young en passant de l'acoustique à l'électrique et inversement, comme avec "Hey Hey My My"/"My My Hey Hey" ou "Rockin'In The Free World". Les compositions sont explorées et exploitées sous plusieurs formes et avec beaucoup de talent et d'inventivité.
Dévoilé quelques jours avant la parution de Homegrown, "Vacancy" est un bon rock qu'on aurait aisément pu retrouver sur Tonight's The Night. Une belle surprise que cet inédit que j'aurais aimé croiser plus tôt.
"Little Wing" et "Star Of Betlehem" sont ici dans des versions extrêmement proches de celles sorties sur Hawk & Doves et American Stars'n Bars, je ne peux assurer qu'il s'agisse des mêmes mais c'est fort probable.
Parmi les musiciens, Ben Keith, le fidèle ami et side-man de Neil Young se taille la part du lion avec un autre fidèle, Tim Drummond qui étincelle sur ce disque. D'ailleurs, bien que mort en 2010, Ben Keith est encore de tous les concerts de Neil Young puisque son chapeau est maintenant posé sur le piano de la scène. Sur On The Beach, jouaient des membres du Band, on retrouve le groupe ici sur quelques titres avec Levon Helm et Robbie Robertson.
Comme souvent la double pochette cartonnée est moche, il n'y a pas de livret, une bête photo de Neil Young en tongs au dos. Les chansons sont détaillées à l'intérieur avec les musiciens et les lieux d'enregistrements. C'est dommage, un peu de commentaires, quelques photos c'est toujours plaisant. C'est à croire qu'il préférerait qu'on achète ces albums sur une plateforme...
Voilà pour Homegrown, ce qui est bien c'est qu'il reste encore d'autres légendes : les albums Chrome Dreams et Homefires, une bonne brassée de versions primitives ou de morceaux inédits dont l'existence est avérée ("Homefires", "Sad Movies", "Decade", etc), et qui, un jour peut-être sortiront de l'ombre.
Homegrown, une arlésienne dont on ne savait même pas vraiment si elle existait.
Comment parler d'un tel disque 45 ans après son enregistrement ? Difficile d'autant que Neil Young a constamment brouillé les pistes à son sujet tout en semant des titres ici ou là et ce jusqu'en 1990.
Les séances en studio ont lieu entre décembre 1974 et janvier 1975, les années d'enregistrements et de parutions des albums On The Beach et Zuma. Après la méga tournée américaine avec Crosby, Stills, Nash. C'est aussi un moment de recomposition musicale, Crazy Horse est encore bancal sur ses deux pattes ; et sur le plan personnel ce n'est pas simple non plus. Son couple avec Carrie Snodgress s'étiole, leur fils est paralysé cérébral, et Neil Young en endosse la responsabilité à cause de ses propres problèmes de santé et de sa consommation de drogue et d'alcool. Voici donc l'ambiance, et ce qui, d'après lui, serait le sujet de l'album et la raison de sa mise au secret pendant tant d'années.
Les douze titres de cet album ne sont pas tous inconnus, seuls trois le sont complètement : "Florida", "We Don't Smoke It No More" et "Vacancy". "Separate Ways", "Try", "Mexico" et "Kansas" ont été joués sur scène et apparaissent sur plusieurs bootlegs. Le reste est paru officiellement dans des versions plus ou moins différentes.
"Separate Ways", joué lors de la tournée de 1993 avec Booker-T & The MG's, est un titre calme, plutôt country/soul, très sombre. Le duo rythmique Tim Drummond/Levon Helm fait un travail fabuleux. Ce qui paraissait raté avec les MG's est ici grandiose et je regrette que cette sortie soit si tardive.
Connue en solo guitare, "Try" est ici jouée en groupe, une valse country sobre, menée par un piano pépère, là encore la rythmique est superbe.
"Mexico" interprété seul au piano est un tire-larmes comme Neil Young sait si bien les faire : "Love In Mind" ou "Philadelphia" par exemple.
Le pénible "Love Is A Rose", la version studio du boulet "Dance Dance Dance", n'est en rien sauvé par la présence de Tim Drummond. Il y a toujours un mauvais morceau sur ses bons albums, c'est celui-ci pour Homegrown.
"Homegrown", tout en country électrique cool, un peu plus longue que sur American Stars'n Bars et dans le même esprit mais sans l'inutile partie chorale.
"Florida". La curiosité de ce disque dont on comprend dès le début qu'elle n'ait jamais pu être jouer en concert. Neil Young et Ben Keith parlent, et émettent des sons avec des verres de vin (pleins ? vidés plutôt !) et des cordes de piano. "Florida" ne ressemble à rien de connu sur disque, par contre on voit bien ça dans un film, une conversation déjantée dans un rade en ruines. Un drôle de morceau bien barré qui préfigure l'ambiance de la bande originale de Deadman.
Une guitare sèche, un léger harmonica, "Kansas" est une belle chanson très aérienne, qu'aurait pu trouver vers la fin d'On The Beach ou sur Comes A Time.
"We Don't Smoke It No More", un bon blues de pub chanté à trois, sans être très original ce morceau agréable et efficace apporte une belle énergie à cet album dans un registre inhabituel chez Neil Young.
"White Line", sorti gros son sur Ragged Glory en 1990 avec Crazy Horse, puis en solo sur Songs For Judy , apparaît ici somptueusement. Le simple duo avec Robbie Robertson donne à ce morceau une jolie teinte nostalgique, proche d'"Ambulance Blues" sur On The Beach. Un des sommets de ce disque, qui curieusement me fait penser aux premiers albums de Gillian Welch sorti dans la seconde moitié des 90's. Un bel exemple de ce que peux faire Neil Young en passant de l'acoustique à l'électrique et inversement, comme avec "Hey Hey My My"/"My My Hey Hey" ou "Rockin'In The Free World". Les compositions sont explorées et exploitées sous plusieurs formes et avec beaucoup de talent et d'inventivité.
Dévoilé quelques jours avant la parution de Homegrown, "Vacancy" est un bon rock qu'on aurait aisément pu retrouver sur Tonight's The Night. Une belle surprise que cet inédit que j'aurais aimé croiser plus tôt.
"Little Wing" et "Star Of Betlehem" sont ici dans des versions extrêmement proches de celles sorties sur Hawk & Doves et American Stars'n Bars, je ne peux assurer qu'il s'agisse des mêmes mais c'est fort probable.
Parmi les musiciens, Ben Keith, le fidèle ami et side-man de Neil Young se taille la part du lion avec un autre fidèle, Tim Drummond qui étincelle sur ce disque. D'ailleurs, bien que mort en 2010, Ben Keith est encore de tous les concerts de Neil Young puisque son chapeau est maintenant posé sur le piano de la scène. Sur On The Beach, jouaient des membres du Band, on retrouve le groupe ici sur quelques titres avec Levon Helm et Robbie Robertson.
Comme souvent la double pochette cartonnée est moche, il n'y a pas de livret, une bête photo de Neil Young en tongs au dos. Les chansons sont détaillées à l'intérieur avec les musiciens et les lieux d'enregistrements. C'est dommage, un peu de commentaires, quelques photos c'est toujours plaisant. C'est à croire qu'il préférerait qu'on achète ces albums sur une plateforme...
Voilà pour Homegrown, ce qui est bien c'est qu'il reste encore d'autres légendes : les albums Chrome Dreams et Homefires, une bonne brassée de versions primitives ou de morceaux inédits dont l'existence est avérée ("Homefires", "Sad Movies", "Decade", etc), et qui, un jour peut-être sortiront de l'ombre.
Parfait 17/20 | par NicoTag |
En ligne
290 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages