Michael Rother
Paris [La Maroquinerie] - samedi 20 avril 2019 |
Je n'avais pas spécialement prévu de consacrer un samedi soir à aller voir Michael Rother, un ancien combattant du krautrock, précurseur entre autres de l'électro, revisiter ses œuvres des années 70. Je dois même avouer qu'il y a quelques années, cette perspective m'aurait particulièrement déprimé. Pourtant, quand un pote m'a proposé d'aller voir une moitié de Neu!, l'idée m'a intrigué. J'ai réécouté attentivement les deux premiers albums du groupe, chopés dans une médiathèque il y a quelques années, et qui traînent encore sur mon baladeur mp3 (traitez-moi de vieux con). Le jour J, découvrant que l'intitulé exact du concert est "Michael Rother plays Neu! and Harmonia", je suis même allé sur Deezer (notez le niveau d'abnégation) voir à quoi correspondait le second nom, et ça a été une belle découverte.
Le dernier argument qui a fait pencher la balance a été l'annonce de la première partie : j'entretiens en effet avec les vétérans de Steeple Remove une relation bienveillante bien qu'extrêmement épisodique depuis que je les ai découverts dans un éphémère festival universitaire rouennais en 1992, soit six ans avant la sortie de leur premier album (j'en ai gardé une preuve). Leur set sera intense malgré quelques petits soucis de matériel au démarrage et une communication avec le public proche du néant. Heureusement, leur musique parle pour eux : une basse qui vous cueille au plexus, une batterie nerveuse et répétitive, des nappes de Korg distordues, des riffs de guitare métalliques et chargés d'effets avec en surplomb une voix dopée à la réverbe. Du krautrock en version garage-psyché en quelque sorte.
Après ce moment de bravoure, place à la magie du son : un monsieur très digne de 68 ans, une guitare électrique en bandoulière, s'est installé derrière une grande table de DJ jonchée de câbles et de branchements, au milieu desquels trône un laptop. A ses côtés, un autre monsieur élégant, dégarni et grisonnant s'est assis derrière une batterie électronique assez impressionnante, tandis qu'entre les deux, un nihiliste allemand beaucoup plus jeune, avec des cheveux longs, un bermuda en jean déchiré et un t-shirt à tête de mort triture une deuxième guitare. Le son est merveilleusement équilibré et pourtant bien rock'n'roll, et les morceaux, bien qu'instrumentaux, m'embarquent dans une rêverie un peu bizarre mais très agréable. On peut difficilement imaginer que Sonic Youth, Stereolab ou Mogwai n'aient pas écouté attentivement cette musique à la fois mélodique, rythmée, répétitive et vénéneuse.
Michael Rother ne manque pas de rendre hommage à ses deux musiciens, mais également aux deux défunts qui l'ont aidé à composer ces merveilles de mélodies déglinguées : Klaus Dinger pour Neu! et Dieter Moebius pour Harmonia. Je ne reconnais que deux morceaux de Neu!, dont le brutal "Negativland" et son marteau-piqueur inaugural, mais je suis rapidement habité par cette musique et notamment par celle d'Harmonia, dont je me procurerai les deux albums à la fin du concert, pour prolonger l'exploration de ce pan de l'histoire du rock dont je cherchais la porte d'entrée depuis si longtemps.
Le dernier argument qui a fait pencher la balance a été l'annonce de la première partie : j'entretiens en effet avec les vétérans de Steeple Remove une relation bienveillante bien qu'extrêmement épisodique depuis que je les ai découverts dans un éphémère festival universitaire rouennais en 1992, soit six ans avant la sortie de leur premier album (j'en ai gardé une preuve). Leur set sera intense malgré quelques petits soucis de matériel au démarrage et une communication avec le public proche du néant. Heureusement, leur musique parle pour eux : une basse qui vous cueille au plexus, une batterie nerveuse et répétitive, des nappes de Korg distordues, des riffs de guitare métalliques et chargés d'effets avec en surplomb une voix dopée à la réverbe. Du krautrock en version garage-psyché en quelque sorte.
Après ce moment de bravoure, place à la magie du son : un monsieur très digne de 68 ans, une guitare électrique en bandoulière, s'est installé derrière une grande table de DJ jonchée de câbles et de branchements, au milieu desquels trône un laptop. A ses côtés, un autre monsieur élégant, dégarni et grisonnant s'est assis derrière une batterie électronique assez impressionnante, tandis qu'entre les deux, un nihiliste allemand beaucoup plus jeune, avec des cheveux longs, un bermuda en jean déchiré et un t-shirt à tête de mort triture une deuxième guitare. Le son est merveilleusement équilibré et pourtant bien rock'n'roll, et les morceaux, bien qu'instrumentaux, m'embarquent dans une rêverie un peu bizarre mais très agréable. On peut difficilement imaginer que Sonic Youth, Stereolab ou Mogwai n'aient pas écouté attentivement cette musique à la fois mélodique, rythmée, répétitive et vénéneuse.
Michael Rother ne manque pas de rendre hommage à ses deux musiciens, mais également aux deux défunts qui l'ont aidé à composer ces merveilles de mélodies déglinguées : Klaus Dinger pour Neu! et Dieter Moebius pour Harmonia. Je ne reconnais que deux morceaux de Neu!, dont le brutal "Negativland" et son marteau-piqueur inaugural, mais je suis rapidement habité par cette musique et notamment par celle d'Harmonia, dont je me procurerai les deux albums à la fin du concert, pour prolonger l'exploration de ce pan de l'histoire du rock dont je cherchais la porte d'entrée depuis si longtemps.
Excellent ! 18/20 | par Myfriendgoo |
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