David Bowie
No Plan |
Label :
Columbia |
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Après la mort surprise de Bowie au début du mois de janvier 2016, on savait pertinemment que la star britannique avait deux trois titres enregistrés de côté. Pas besoin d'attendre bien longtemps pour les connaître, ces fameux titres : ce sont ceux écrits spécialement pour la comédie musicale co-écrite par Bowie, Lazarus : "Lazarus", donc, mais aussi "No Plan", "Killing A Little Time" et "When I Met You".
La première est bien connue. C'était le sommet du désormais ultime album de Bowie. A l'annonce de la mort de la star, tout le monde s'était livré à son analyse du clip et des paroles de ce titre qui évoquait presque explicitement la fin. Mais musicalement, cette chanson est aussi un grand moment de songwriting où Bowie arrive à maîtriser sa troupe de jazz pour livrer une perle pop à l'ambiance pesante qui vire vers une intensité presque mystique avant de nous replonger dans l'ombre. Mais ça, on le savait déjà. Ce qu'on veut, presque fébrilement, c'est les nouveaux trucs sans le chant de Michael C. Hall.
Les écoutes des autres pistes nous font vite comprendre que tout ceci provient des mêmes sessions que celles de Blackstar. Disons-le d'emblée, "No Plan" est d'une beauté désarmante. Le chant de Bowie, tout en suspension, ajoute une mélancolie prenante sans virer dans le pathos. Cette montée en puissance dans la voix permet de donner de l'épaisseur à la composition qui aurait pu se cantonner à un mélo statique. Est-ce que j'aurais bien troqué cette composition pour une autre (mettons "Girls Love Me" au hasard Lazare) dans Blackstar ? Oui, c'est vrai. Mais en même temps on ne m'a pas demandé mon avis.
"Killing A Little Time" lui emboîte le pas avec sa guitare sauvage et sa batterie martiale qui rappelle le trop roboratif " Sue (Or In a Season of Crime)" de Blackstar. La chanson permet de redonner un peu de nerf à cet EP qui commençait presque à devenir pesant. Elle nous rappelle que sur le tard, Bowie n'a pas seulement composé des mélodies hantées mais nous a aussi gratifié de pistes plus nerveuses, bien que la guitare électrique ait été sagement mise de côté durant la quasi-totalité de l'album précédent. La composition, débarrassée de sa surcouche jazz, aurait d'ailleurs pu figurer sur The Next Day. Le chant du britannique se fait plus ferme, plus concis. Pas question d'étirer les syllabes cette fois-ci. Au final, l'écoute de ce "Killing A Little Time" ne nous surprend pas, c'est du Bowie classique. Ce manque certain de prise de risque fait de ce morceau un morceau bien vite oublié, un rebut sympathique mais dispensable.
Et pour conclure, "When I Met You" débarque avec sa mélodie évidente et son refrain qu'on a envie de chanter à tue-tête avec les multiples voix de Bowie. La piste est d'une linéarité et d'une simplicité manifeste. C'est ce qui fait de cette piste sa qualité et son défaut : facile à apprécier, facile à oublier. On se situe indéniablement du côté du plaisir simple et fugace, à l'opposé de "Lazarus" ou "No Plan" qui jouent sur des registres différents. Et même, si l'on va plus loin, l'EP lui-même a deux faces : cette face plus émotive, prenante, et la seconde phase, légère et nerveuse qui aurait détonné sur Blackstar.
No Plan ne montre clairement pas ce que Blackstar aurait pu être. Si ça avait été le cas, on aurait sorti une édition étendue de ce dernier. No Plan est un objet à part, un recueil sans cohérence manifeste (d'où la chronique piste par piste), qui ne va intéresser que les aficionados de la star, ceux qui ont envie de l'entendre une dernière fois sur des trucs nouveaux. Ce sont les mêmes qui jetteront une oreille attentive quand on ressuscitera des inédits, des versions alternatives ou je ne sais quoi sorti du passé. Pour les autres, cet EP n'a pas un franc intérêt si ce n'est la chanson titre, qui n'égale toutefois pas les sommets de Blackstar.
Mais bon, eh, on a bien le droit de s'accorder un petit moment de rab avec David Bowie n'est-ce pas ?
La première est bien connue. C'était le sommet du désormais ultime album de Bowie. A l'annonce de la mort de la star, tout le monde s'était livré à son analyse du clip et des paroles de ce titre qui évoquait presque explicitement la fin. Mais musicalement, cette chanson est aussi un grand moment de songwriting où Bowie arrive à maîtriser sa troupe de jazz pour livrer une perle pop à l'ambiance pesante qui vire vers une intensité presque mystique avant de nous replonger dans l'ombre. Mais ça, on le savait déjà. Ce qu'on veut, presque fébrilement, c'est les nouveaux trucs sans le chant de Michael C. Hall.
Les écoutes des autres pistes nous font vite comprendre que tout ceci provient des mêmes sessions que celles de Blackstar. Disons-le d'emblée, "No Plan" est d'une beauté désarmante. Le chant de Bowie, tout en suspension, ajoute une mélancolie prenante sans virer dans le pathos. Cette montée en puissance dans la voix permet de donner de l'épaisseur à la composition qui aurait pu se cantonner à un mélo statique. Est-ce que j'aurais bien troqué cette composition pour une autre (mettons "Girls Love Me" au hasard Lazare) dans Blackstar ? Oui, c'est vrai. Mais en même temps on ne m'a pas demandé mon avis.
"Killing A Little Time" lui emboîte le pas avec sa guitare sauvage et sa batterie martiale qui rappelle le trop roboratif " Sue (Or In a Season of Crime)" de Blackstar. La chanson permet de redonner un peu de nerf à cet EP qui commençait presque à devenir pesant. Elle nous rappelle que sur le tard, Bowie n'a pas seulement composé des mélodies hantées mais nous a aussi gratifié de pistes plus nerveuses, bien que la guitare électrique ait été sagement mise de côté durant la quasi-totalité de l'album précédent. La composition, débarrassée de sa surcouche jazz, aurait d'ailleurs pu figurer sur The Next Day. Le chant du britannique se fait plus ferme, plus concis. Pas question d'étirer les syllabes cette fois-ci. Au final, l'écoute de ce "Killing A Little Time" ne nous surprend pas, c'est du Bowie classique. Ce manque certain de prise de risque fait de ce morceau un morceau bien vite oublié, un rebut sympathique mais dispensable.
Et pour conclure, "When I Met You" débarque avec sa mélodie évidente et son refrain qu'on a envie de chanter à tue-tête avec les multiples voix de Bowie. La piste est d'une linéarité et d'une simplicité manifeste. C'est ce qui fait de cette piste sa qualité et son défaut : facile à apprécier, facile à oublier. On se situe indéniablement du côté du plaisir simple et fugace, à l'opposé de "Lazarus" ou "No Plan" qui jouent sur des registres différents. Et même, si l'on va plus loin, l'EP lui-même a deux faces : cette face plus émotive, prenante, et la seconde phase, légère et nerveuse qui aurait détonné sur Blackstar.
No Plan ne montre clairement pas ce que Blackstar aurait pu être. Si ça avait été le cas, on aurait sorti une édition étendue de ce dernier. No Plan est un objet à part, un recueil sans cohérence manifeste (d'où la chronique piste par piste), qui ne va intéresser que les aficionados de la star, ceux qui ont envie de l'entendre une dernière fois sur des trucs nouveaux. Ce sont les mêmes qui jetteront une oreille attentive quand on ressuscitera des inédits, des versions alternatives ou je ne sais quoi sorti du passé. Pour les autres, cet EP n'a pas un franc intérêt si ce n'est la chanson titre, qui n'égale toutefois pas les sommets de Blackstar.
Mais bon, eh, on a bien le droit de s'accorder un petit moment de rab avec David Bowie n'est-ce pas ?
Pas mal 13/20 | par WillyB |
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