David Bowie
Blackstar |
Label :
Columbia - Iso |
||||
Jusqu'à très récemment, en partie à cause de mon jeune âge, je ne connaissais David Bowie qu'à travers ses grands classiques : "Space Oddity" d'abord, puis "Heroes", "Ashes To Ashes", "Life On Mars?", "Starman", "Let's Dance"...
Je ne me suis réellement intéressé à son œuvre qu'à partir de son retour après 10 ans de silence médiatique, avec la sortie de l'album The Next Day. Profondément ému en premier lieu par "Where Are We Now ?", premier extrait de l'album. Puis à l'écoute complète de ce dernier la magie a continué à opérer, sans pourtant me transcender. Un bon album sans aucun doute, bien au-dessus de la moyenne des sorties contemporaines.
Trois ans après, arrive de nulle part le morceau "Blackstar", morceau fleuve, odyssée musicale de 10 minutes, hypnotique et mystique, au clip sombre et stellaire. Une claque incroyable, sans aucun doute, à la rythmique envoûtante, aux mélodies astrales et aux harmonies vocales au parfum parfois de la face Ouest du monde.
La suite de l'album est tout aussi spectaculaire, avec un son résolument moderne et collant tout à fait à l'époque, avec des compositions dithyrambiques dépassant toutes allégrement les 4 minutes 30. Une utilisation du saxophone toujours juste, toujours judicieuse, faisant flirter toutes les compositions avec un free-jazz vivifiant.
"Tis a Pity She Was a Whore" et la relecture de "Sue (Or In A Season Of Crime)", les deux pistes les plus frénétiques de l'album, sont subtiles, intenses et exaltantes. Entre rock nerveux, pop aérienne et avec ce côté jazzy encore, proféré par les plaintes planantes de saxo, et même une touche de drum'n'bass bien placée sur Sue.
La fin de l'album se termine de manière plus calme, avec des morceaux plus apaisés mais tout aussi géniaux, dans lesquels la voix de Bowie atteint un panel important de sonorités et nous offre de multiples envolées vocales. D'un "Girl Loves Me" émouvant à un "I Can't Give Everything Away" ("Je ne peux pas tout donner") tragiquement évocateur, en passant un "Dollar Days" classieux et mélancolique à souhait, cet album s'achève de manière aussi magistrale qu'il a commencé, aboutissant à une œuvre dense et complexe d'un artiste encore au sommet de son art.
Mais comment ne pas terminer cette chronique sur la quatrième piste de l'album, le sublime "Lazarus", véritable morceau de bravoure, chant du cygne d'une intensité rare et transperçant au possible, avec son saxophone toujours si déchirant et ses riffs de guitare héroïques. Une incroyable chanson-testament, illustrée par un clip sombre, apocalyptique et ô combien tragique.
Dire que trois jours après la sortie de cet album, s'éteignait David Bowie. Après nous avoir offert cette étoile noire plus brillante que jamais, pour s'en aller lui-même ensuite rejoindre les constellations.
Je ne me suis réellement intéressé à son œuvre qu'à partir de son retour après 10 ans de silence médiatique, avec la sortie de l'album The Next Day. Profondément ému en premier lieu par "Where Are We Now ?", premier extrait de l'album. Puis à l'écoute complète de ce dernier la magie a continué à opérer, sans pourtant me transcender. Un bon album sans aucun doute, bien au-dessus de la moyenne des sorties contemporaines.
Trois ans après, arrive de nulle part le morceau "Blackstar", morceau fleuve, odyssée musicale de 10 minutes, hypnotique et mystique, au clip sombre et stellaire. Une claque incroyable, sans aucun doute, à la rythmique envoûtante, aux mélodies astrales et aux harmonies vocales au parfum parfois de la face Ouest du monde.
La suite de l'album est tout aussi spectaculaire, avec un son résolument moderne et collant tout à fait à l'époque, avec des compositions dithyrambiques dépassant toutes allégrement les 4 minutes 30. Une utilisation du saxophone toujours juste, toujours judicieuse, faisant flirter toutes les compositions avec un free-jazz vivifiant.
"Tis a Pity She Was a Whore" et la relecture de "Sue (Or In A Season Of Crime)", les deux pistes les plus frénétiques de l'album, sont subtiles, intenses et exaltantes. Entre rock nerveux, pop aérienne et avec ce côté jazzy encore, proféré par les plaintes planantes de saxo, et même une touche de drum'n'bass bien placée sur Sue.
La fin de l'album se termine de manière plus calme, avec des morceaux plus apaisés mais tout aussi géniaux, dans lesquels la voix de Bowie atteint un panel important de sonorités et nous offre de multiples envolées vocales. D'un "Girl Loves Me" émouvant à un "I Can't Give Everything Away" ("Je ne peux pas tout donner") tragiquement évocateur, en passant un "Dollar Days" classieux et mélancolique à souhait, cet album s'achève de manière aussi magistrale qu'il a commencé, aboutissant à une œuvre dense et complexe d'un artiste encore au sommet de son art.
Mais comment ne pas terminer cette chronique sur la quatrième piste de l'album, le sublime "Lazarus", véritable morceau de bravoure, chant du cygne d'une intensité rare et transperçant au possible, avec son saxophone toujours si déchirant et ses riffs de guitare héroïques. Une incroyable chanson-testament, illustrée par un clip sombre, apocalyptique et ô combien tragique.
Dire que trois jours après la sortie de cet album, s'éteignait David Bowie. Après nous avoir offert cette étoile noire plus brillante que jamais, pour s'en aller lui-même ensuite rejoindre les constellations.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Tom Violence |
Posté le 27 janvier 2016 à 17 h 39 |
Quelques notes de guitare aigües qui descendent doucement, un clavier sous anesthésie qui ouvrent la porte d'un étrange rêve : on ne sait plus si on est dans une réalité distordue, dans une dimension lynchienne où il est fascinant de se perdre... Une batterie ouatée et nerveuse démarre, et enfin cette voix, si humaine, qui hésite entre rester et partir, mais qui a finalement choisi sa destination finale, plus près des étoiles.
Le vaisseau pour atteindre cette destination s'appelle Blackstar, le voyage se fera en sept étapes. Le capitaine abandonné à son sort s'en accommodera, ce n'est pas la première fois qu'il se sera perdu dans l'espace. Beaucoup pourront voir dans l'incandescence lointaine du vaisseau le S.O.S d'un terrien en détresse, il n'en est rien. Tel deux autres David célèbres en maillot de bain rouge sur les plages de Malibu, David Bowie attendra jusqu'au bout (Charvet), dignement, cherchant sa liberté (Hasselhoff).
8 janvier 2016 : David Bowie atteint l'âge de 69 ans. Une dernière fois, il fait fort, en sortant un album posthume de son vivant. Mais à ce moment là, on ne le sait pas encore. Blackstar trouve alors son chemin dans nos oreilles et on commence à l'explorer, à l'analyser... Le week end passe tranquillement.
11 janvier 2016 : la nouvelle tombe, se propage à la vitesse d'un sourcillement d'Emmanuel Chain. Là encore, on ne sait pas si on est dans un rêve étrange ou une réalité distordue. "Where The Fuck Did Monday Go ?" se demande-t-on, en tombant d'aussi haut qu'un Hans Grüber de la tour Nakatomi, et avec le même choc. Enfin, on se force à admettre l'évidence, celle que David Bowie et Gérald De Palmas ont un point commun : ils n'ont qu'une seule vie.
On va maintenant s'attacher plus que jamais à écouter ses paroles, sa dernière Parole, analyser cette "étoile noire" sous un autre angle. A l'heure où il faut commenter dans l'urgence, être à la pointe, David Bowie nous invite à prendre du recul, à prendre le temps. C'est une bonne chose.
Et ces paroles, chacun en fera sa propre lecture.
Tout au long de ce voyage sans retour, il y a ce saxophone qui nous accompagne : mystérieux sur "Blackstar", délirant sur "‘Tis A Pity She Was A Whore", dangereux et langoureux comme une nuit sensuelle sur "Lazarus", émouvant et nostalgique sur "Dollar Days", enfoui et hors de contrôle sur "I Can't Give Everything Away"... Il y a ce fil conducteur : on explore différents climats, différentes planètes, mais il y a toujours ce son, qui nous rappelle, qui ne nous fait pas oublier où l'on va.
Ce son et cette résonance particulière des paroles donnent donc une grande cohérence à Blackstar. Et au vu des circonstances, on serait tenté de le surévaluer, d'en faire une œuvre totalement et complètement définitive.
Vendu au départ comme un disque aventureux, influencé par le "Free Jazz", Kendrick Lamar et d'autres trucs dans l'air du temps,Blackstar ne révolutionne pas non plus le son de David Bowie ou de la musique Pop en général. Là aussi, chacun pourra également tisser ses comparaisons avec d'autres albums de Bowie.
Pour autant, Bowie fait les choses très dignement et avec intelligence: bien que le propos et la musique soient sombres, que l'ambiance ne trompera personne, Bowie réussit son dernier grand coup avec élégance, en prenant soin d'inclure de la légèreté dans le son, de la finesse dans les rythmes et l'instrumentation. D'autres dans ce cas auraient pu pondre un disque trop indigeste, car lourd de sons et de sens. Ici, une certaine limpidité bienvenue dans le son demeure et nous aide à aller jusqu'au bout.
Pour exemple, il y a cette chanson, "Dollar Days" dont le final pourrait nous plomber définitivement, mais il se dégage tout du long une chaleur et une lumière, par l'acoustique et la mélodie Pop de la guitare, et le chant tendre de Bowie.
Évidemment, un certain côté clinique ressort parfois ("Sue", "Lazarus") tant dans les pulsations rythmiques, que dans des paroles qui laissent peu de place au doute.
Certainement réalisé dans l'urgence, Blackstar y gagne alors en spontanéité et en efficacité raisonnée : malgré la complexité de certaines structures, chaque morceau semble avoir une ligne claire et nette, et de ce fait prouve la maîtrise qu'a Bowie à s'accommoder des contraintes.
Et il faut quand même avouer que le bonhomme, même à ce stade, est en grande forme pour 68 ans : l'art du contrepied est toujours là, la capacité à fusionner 2 morceaux pour n'en faire qu'un seul et à retomber avec légèreté, l'air de rien, également. Un coup de chapeau tout de même pour cet homme qui a incarné le maquillage, la substance et la modernité (formule empruntée à un groupe Rochelais mondialement connu).
"Blackstar" est de cette trempe, 10 minutes d'exercice de haute voltige, où la nervosité cachée se transforme en lente pulsation. Une balade vers l'étrange et les étoiles de l'orient.
Et comment ne pas s'extasier sur le groove à la fois léger et implacable d' "I Can't Give Everything Away", morceau final résolu, au chant qui a tout dit... ?
"Un vrai petit caméléon le Dave" se dit-on avec le même aplomb qu'un Dave Callaghan, en repensant à la carrière de cet homme qui délivre un dernier grand album, plein de classe et de dignité .
Empruntons finalement le titre d'un film français des années 70 avec Claire Nadeau pour faire nos adieux... Salut l'artiste...
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Le vaisseau pour atteindre cette destination s'appelle Blackstar, le voyage se fera en sept étapes. Le capitaine abandonné à son sort s'en accommodera, ce n'est pas la première fois qu'il se sera perdu dans l'espace. Beaucoup pourront voir dans l'incandescence lointaine du vaisseau le S.O.S d'un terrien en détresse, il n'en est rien. Tel deux autres David célèbres en maillot de bain rouge sur les plages de Malibu, David Bowie attendra jusqu'au bout (Charvet), dignement, cherchant sa liberté (Hasselhoff).
8 janvier 2016 : David Bowie atteint l'âge de 69 ans. Une dernière fois, il fait fort, en sortant un album posthume de son vivant. Mais à ce moment là, on ne le sait pas encore. Blackstar trouve alors son chemin dans nos oreilles et on commence à l'explorer, à l'analyser... Le week end passe tranquillement.
11 janvier 2016 : la nouvelle tombe, se propage à la vitesse d'un sourcillement d'Emmanuel Chain. Là encore, on ne sait pas si on est dans un rêve étrange ou une réalité distordue. "Where The Fuck Did Monday Go ?" se demande-t-on, en tombant d'aussi haut qu'un Hans Grüber de la tour Nakatomi, et avec le même choc. Enfin, on se force à admettre l'évidence, celle que David Bowie et Gérald De Palmas ont un point commun : ils n'ont qu'une seule vie.
On va maintenant s'attacher plus que jamais à écouter ses paroles, sa dernière Parole, analyser cette "étoile noire" sous un autre angle. A l'heure où il faut commenter dans l'urgence, être à la pointe, David Bowie nous invite à prendre du recul, à prendre le temps. C'est une bonne chose.
Et ces paroles, chacun en fera sa propre lecture.
Tout au long de ce voyage sans retour, il y a ce saxophone qui nous accompagne : mystérieux sur "Blackstar", délirant sur "‘Tis A Pity She Was A Whore", dangereux et langoureux comme une nuit sensuelle sur "Lazarus", émouvant et nostalgique sur "Dollar Days", enfoui et hors de contrôle sur "I Can't Give Everything Away"... Il y a ce fil conducteur : on explore différents climats, différentes planètes, mais il y a toujours ce son, qui nous rappelle, qui ne nous fait pas oublier où l'on va.
Ce son et cette résonance particulière des paroles donnent donc une grande cohérence à Blackstar. Et au vu des circonstances, on serait tenté de le surévaluer, d'en faire une œuvre totalement et complètement définitive.
Vendu au départ comme un disque aventureux, influencé par le "Free Jazz", Kendrick Lamar et d'autres trucs dans l'air du temps,Blackstar ne révolutionne pas non plus le son de David Bowie ou de la musique Pop en général. Là aussi, chacun pourra également tisser ses comparaisons avec d'autres albums de Bowie.
Pour autant, Bowie fait les choses très dignement et avec intelligence: bien que le propos et la musique soient sombres, que l'ambiance ne trompera personne, Bowie réussit son dernier grand coup avec élégance, en prenant soin d'inclure de la légèreté dans le son, de la finesse dans les rythmes et l'instrumentation. D'autres dans ce cas auraient pu pondre un disque trop indigeste, car lourd de sons et de sens. Ici, une certaine limpidité bienvenue dans le son demeure et nous aide à aller jusqu'au bout.
Pour exemple, il y a cette chanson, "Dollar Days" dont le final pourrait nous plomber définitivement, mais il se dégage tout du long une chaleur et une lumière, par l'acoustique et la mélodie Pop de la guitare, et le chant tendre de Bowie.
Évidemment, un certain côté clinique ressort parfois ("Sue", "Lazarus") tant dans les pulsations rythmiques, que dans des paroles qui laissent peu de place au doute.
Certainement réalisé dans l'urgence, Blackstar y gagne alors en spontanéité et en efficacité raisonnée : malgré la complexité de certaines structures, chaque morceau semble avoir une ligne claire et nette, et de ce fait prouve la maîtrise qu'a Bowie à s'accommoder des contraintes.
Et il faut quand même avouer que le bonhomme, même à ce stade, est en grande forme pour 68 ans : l'art du contrepied est toujours là, la capacité à fusionner 2 morceaux pour n'en faire qu'un seul et à retomber avec légèreté, l'air de rien, également. Un coup de chapeau tout de même pour cet homme qui a incarné le maquillage, la substance et la modernité (formule empruntée à un groupe Rochelais mondialement connu).
"Blackstar" est de cette trempe, 10 minutes d'exercice de haute voltige, où la nervosité cachée se transforme en lente pulsation. Une balade vers l'étrange et les étoiles de l'orient.
Et comment ne pas s'extasier sur le groove à la fois léger et implacable d' "I Can't Give Everything Away", morceau final résolu, au chant qui a tout dit... ?
"Un vrai petit caméléon le Dave" se dit-on avec le même aplomb qu'un Dave Callaghan, en repensant à la carrière de cet homme qui délivre un dernier grand album, plein de classe et de dignité .
Empruntons finalement le titre d'un film français des années 70 avec Claire Nadeau pour faire nos adieux... Salut l'artiste...
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