David Bowie
Interview de Jerome Soligny pour le livre David Bowie : Rainbowman : 1967-1980 (Gallimard) [dimanche 01 mars 2020] |
Après avoir lu et chroniqué son
son livre Rainbowman : 1967-1980, NicoTag a eu la bonne idée de contacter Jérôme Soligny pour lui poser des questions à ce sujet. Résultat : une interview passionnante (pour les fans de Bowie et les autres) !
On voit à la lecture de Rainbowman qu'il s'agit d'un travail conséquent. Vous êtes-vous appuyé́ sur vos travaux antérieurs, ou avez-vous tout repris de zéro ?
Le livre bénéficie évidemment de ma connaissance de son sujet que j’entretiens depuis plusieurs décennies. Pour la partie rédactionnelle, je suis reparti de zéro, et j’ai approfondi les albums Pin Ups, Low et The Idiot que j’avais déjà traités dans David Bowie : Ouvre le chien. Le livre repose pour moitié sur les propos que j’ai glanés personnellement et principalement depuis le décès de David Bowie. Rainbowman contient aussi de larges extraits des interviews que David m’a données, et aucune bribe de propos accordés à d’autres.
Rainbowman est une biographie musicale, on ne trouve pas, ou très peu, d'alcool, de drogues ou autres excès. Est-ce par respect pour l'homme David Bowie ?
Oui, mais j’ai surtout fait ce choix car, à titre personnel, seul l’art des musiciens m’intéresse. Lorsqu’Aurélien Masson de Gallimard m’a approché, il a été on ne peut plus clair : « Fais le livre que tu aimerais lire ! » Je suis abonné aux meilleurs journaux de rock anglo-saxons, mais je ne lis véritablement que Record Collector, qui traite exclusivement de musique. Je me fous de savoir avec qui David Bowie a couché, mais je peux parler des nuits entières avec mon ami Éric Dahan du solo de guitare de Mick Ronson sur « Moonage Daydream ». D’ailleurs, pas plus tard que vendredi dernier…
L'idée de faire suivre vos textes par des témoignages, c'est venu dès le départ ou en cours d'écriture ?
Je ne voyais pas l’intérêt d’écrire à nouveau sur la musique de David Bowie sans le concours de ceux qui l’ont aidé à bâtir son œuvre. Personnellement, le point de vue des observateurs ou des théoriciens qui n’ont jamais rencontré leur sujet ne m’intéresse pas. J’ai rencontré près de 300 personnes qui ont côtoyé Bowie, principalement en studio ou sur scène, et ils sont l’or de ce livre. Je me suis contenté de faire un boulot d’historien, le plus factuel possible, au risque de détruire quelques légendes. Les interviewés parlent de lui à travers leurs expériences vécues.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour réunir ces témoignages ?
Certaines personnes étaient très âgées et leurs familles m’ont aidé. Quatre sont décédées depuis que j’ai commencé Rainbowman en avril 2016. Collecter les propos et les traduire a été chronophage, mais moins que leur correction. La plupart des interviewés m’ont fait confiance et demandé de corriger les erreurs factuelles qui auraient pu se glisser dans leurs dires : dates, titres de chansons, noms de musicien. Publier, tel quel, des propos recueillis, c’est trahir la confiance de ceux qui acceptent de se souvenir de faits qui se sont déroulés il y a plusieurs décennies. En traduisant l’autobiographie de Tony Visconti en 2007, j’avais déjà, à sa demande, corrigé des dizaines d’erreurs factuelles qui subsistent dans la version anglaise.
J'ai trouvé́ ceux d'Iggy Pop et de Lou Reed assez particuliers. Quel crédit leur accorder ?
Iggy Pop m’a donné une longue interview, spécifiquement pour le livre : je la trouve formidable et je ne l’en remercierai jamais assez. Les propos de Lou Reed sont moins conséquents, mais c’était un homme de peu de mots. Il savait néanmoins faire dire ce qu’il voulait à ceux qui sortaient de sa bouche. Rainbowman contient les quelques fois où il m’a parlé de David Bowie.
Y a-t-il des traductions en cours, ou prévues ?
Evidemment, mais pour l’heure le coût de traduction d’un manuscrit de près de trois millions et demi de signes (pour les deux volumes) est une difficulté que nous n’avons pas réussi à surmonter. Un éditeur américain a évoqué la possibilité de publier les deux volumes de Rainbowman en même temps. On croise les doigts.
On parle souvent de périodes au sujet de la discographie de David Bowie, pensez-vous que ce soit justifié́ ?
Je considère que dans le fond, David Bowie a créé de la même manière durant toute sa carrière. La forme a souvent changé, tout comme son apparence, mais ses convictions artistiques intimes et lui, pas tant que ça. Ces fameuses périodes sont des repères, ni plus ni moins.
Y a-t-il selon vous des albums sous-estimés, notamment ceux des années 80, ou ceux de Tin Machine ?
Bien sûr, mais mon propos dans Rainbowman n’est pas d’affirmer que tel ou tel disque est meilleur qu’un autre. J’ai souhaité « raconter » ces albums, de la genèse à la parution. La période Tin Machine a été cruciale et même vitale. Ceux qui le réfutent n’ont rien compris à David Bowie, c’est d’ailleurs ce qu’il disait.
Vous êtes un grand connaisseur de l'œuvre de David Bowie, quel est votre album préfèré et pourquoi ? Idem pour une chanson ?
Je ne me vois pas en « grand connaisseur » de quoi que ce soit et encore moins de moi-même. Je suis un amateur de la musique de Bowie parmi d’autres qui a fait de ses rêves d’ado une réalité singulière. Et la chance n’a rien à voir là-dedans. Quant à votre question, posez-la moi tous les quarts d’heure et je répondrai différemment à chaque fois. Là, tout de suite, je vais dire Hunky Dory et God Knows I’m Good.
Quel album conseilleriez-vous au néophyte ?
Aladdin Sane en clin d’œil à mon copain Thierry.
Vous avez rencontré́ David Bowie plusieurs fois, c'était un artiste multiple. Quel est l'aspect de son œuvre, hors musique, qui mériterait d'être mis en lumière ?
David Bowie était avant tout un musicien, un des plus grands de son temps. A mes yeux et mes oreilles, sa musique l’emporte sur le reste.
La qualité́ du livre reproductions, illustrations, papier, etc, font de ce livre ce qu'on appelle un livre d'art, ce qui n'a pas grand-chose à voir avec les biographies éditées par Gallimard habituellement. Qu'est-ce qui a amené́ l'éditeur à de tels choix ?
Rainbowman est édité dans la collection Beaux Livres de Gallimard et, donc, il l’est ! Les choix de l’agencement du livre et de sa présentation (Mick Rock, Jonathan Barnbrook, Lisa et Margaux Chetteau, les natures mortes…) sont les miens et je remercie l’éditeur de m’avoir aidé à les concrétiser. Gallimard est au service de ses auteurs et donc des lecteurs, ce qui me change de Glénat où j’ai brièvement dirigé une collection de livres sur la musique avant de comprendre que mes auteurs et moi étions au service de l’éditeur.
Des conseils de lecture sur David Bowie ? Sur la musique en général ou sur une autre artiste ?
Kevin Cann compte parmi les cinq auteurs anglo-saxons les plus fiables au sujet de David Bowie. Pour le reste, je ne conseillerai que des autobiographies, pas toujours exemptes d’erreurs, mais rarement rédigées autrement qu’avec le cœur. J’ai récemment dévoré celles de Cherie Currie et Noddy Holder. En ce qui concerne les Beatles, les écrits de Mark Lewisohn et Eric Krasker sont les seuls que je lis.
Quel est l'autre musicien ou artiste en général sur lequel vous aimeriez écrire comme vous venez de le faire avec David Bowie ?
Aucun. Rainbowman m’aura pris quatre ans de ma vie et même si je pense écrire encore sur la musique, je préfère désormais me consacrer au roman. Mon prochain est prêt à être publié et je termine actuellement le prequel de Je suis mort il y a vingt-cinq ans.
Vous avez écrit et composé pour plusieurs artistes français comme Dani ou Etienne Daho, n'avez-vous jamais eu l'idée de proposer vos talents à David Bowie ?
Je n’aurais jamais eu cette audace ! Vous savez, je n’ai jamais proposé mes talents (que je ne suis pas certain d’avoir) à qui que ce soit. Les chansons que j’ai écrites pour les autres m’ont toutes été demandées. Sur ce plan, David Bowie n’a jamais eu besoin de mes services ! En revanche, il connaissait mes disques que je ne lui ai pourtant jamais offerts ! Il s’était procuré lui-même mon album paru chez BMG au début des années 90 et m’en a parlé. Ce que faisaient les autres l’intéressait énormément.
Tout le monde vous connaît comme journaliste musical, quel est votre point de vue sur la presse musicale française actuelle ?
Sincèrement, je n’en ai pas. J’ai, depuis longtemps, passé l’âge des médisances et du tir au pigeon. Le plus souvent, l’avis des autres, même sur la musique et je le regrette parfois, ne me passionne pas. Par contre, même si c’est un peu vieux jeu, je le respecte. Je ne m’en prendrai jamais à quelqu’un qui ne pense pas comme moi. Si la presse musicale continue de ravir des lecteurs mélomanes, j’en suis ravi et tant mieux pour tout le monde.
Même question sur la scène musicale française ?
A de rares exceptions près (j’ai récemment chroniqué favorablement le nouvel album des Nus), je ne l’écoute pas. Un disque français qui arrive chez nous atterrit aussitôt dans le bureau de ma femme qui pour préserver ses oreilles et aussi les miennes, pratique un tri sévère.
Vous êtes, ou avez été́, musicien, auteur, compositeur, interprète, producteur, auteur de fiction, poète, biographe, journaliste, photographe, j'en oublie sûrement, qu'aimeriez-vous faire qui ne soit pas déjà̀ fait ?
Ces choses que vous énumérez me sont arrivées par le truchement de la vie, sans avoir jamais souhaité faire quoi que ce soit de remarquable. Je veux simplement continuer à faire ces choses pas remarquables – de la musique, noircir quelques pages - à bonne distance de Paris, au calme, en apercevant la mer depuis mes fenêtres, en marchant au bord parfois. Cela, le plus longtemps possible et tant que l’air est toujours respirable. Je n’aspire qu’au bonheur de mes enfants et de mes proches et n’ai aucune autre ambition que de me protéger le mieux possible de la bêtise humaine, des climato-sceptiques, des violences en tous genres et de la malveillance ambiante.
Quels sont vos projets ?
Ils sont d’abord musicaux. J’ai signé avec le label Verycords il y a quelques années, à qui il me tarde de livrer l’album que ces gens ont eu la patience d’attendre. Je me rêvais homme de musique, mais les mots m’ont fait prendre énormément de chemins de traverse. Finalement, ce n’est pas pire qu’être né du mauvais côté de la Manche ou de l’Atlantique, ce qui est mon seul vrai regret.
Le livre bénéficie évidemment de ma connaissance de son sujet que j’entretiens depuis plusieurs décennies. Pour la partie rédactionnelle, je suis reparti de zéro, et j’ai approfondi les albums Pin Ups, Low et The Idiot que j’avais déjà traités dans David Bowie : Ouvre le chien. Le livre repose pour moitié sur les propos que j’ai glanés personnellement et principalement depuis le décès de David Bowie. Rainbowman contient aussi de larges extraits des interviews que David m’a données, et aucune bribe de propos accordés à d’autres.
Rainbowman est une biographie musicale, on ne trouve pas, ou très peu, d'alcool, de drogues ou autres excès. Est-ce par respect pour l'homme David Bowie ?
Oui, mais j’ai surtout fait ce choix car, à titre personnel, seul l’art des musiciens m’intéresse. Lorsqu’Aurélien Masson de Gallimard m’a approché, il a été on ne peut plus clair : « Fais le livre que tu aimerais lire ! » Je suis abonné aux meilleurs journaux de rock anglo-saxons, mais je ne lis véritablement que Record Collector, qui traite exclusivement de musique. Je me fous de savoir avec qui David Bowie a couché, mais je peux parler des nuits entières avec mon ami Éric Dahan du solo de guitare de Mick Ronson sur « Moonage Daydream ». D’ailleurs, pas plus tard que vendredi dernier…
L'idée de faire suivre vos textes par des témoignages, c'est venu dès le départ ou en cours d'écriture ?
Je ne voyais pas l’intérêt d’écrire à nouveau sur la musique de David Bowie sans le concours de ceux qui l’ont aidé à bâtir son œuvre. Personnellement, le point de vue des observateurs ou des théoriciens qui n’ont jamais rencontré leur sujet ne m’intéresse pas. J’ai rencontré près de 300 personnes qui ont côtoyé Bowie, principalement en studio ou sur scène, et ils sont l’or de ce livre. Je me suis contenté de faire un boulot d’historien, le plus factuel possible, au risque de détruire quelques légendes. Les interviewés parlent de lui à travers leurs expériences vécues.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour réunir ces témoignages ?
Certaines personnes étaient très âgées et leurs familles m’ont aidé. Quatre sont décédées depuis que j’ai commencé Rainbowman en avril 2016. Collecter les propos et les traduire a été chronophage, mais moins que leur correction. La plupart des interviewés m’ont fait confiance et demandé de corriger les erreurs factuelles qui auraient pu se glisser dans leurs dires : dates, titres de chansons, noms de musicien. Publier, tel quel, des propos recueillis, c’est trahir la confiance de ceux qui acceptent de se souvenir de faits qui se sont déroulés il y a plusieurs décennies. En traduisant l’autobiographie de Tony Visconti en 2007, j’avais déjà, à sa demande, corrigé des dizaines d’erreurs factuelles qui subsistent dans la version anglaise.
J'ai trouvé́ ceux d'Iggy Pop et de Lou Reed assez particuliers. Quel crédit leur accorder ?
Iggy Pop m’a donné une longue interview, spécifiquement pour le livre : je la trouve formidable et je ne l’en remercierai jamais assez. Les propos de Lou Reed sont moins conséquents, mais c’était un homme de peu de mots. Il savait néanmoins faire dire ce qu’il voulait à ceux qui sortaient de sa bouche. Rainbowman contient les quelques fois où il m’a parlé de David Bowie.
Y a-t-il des traductions en cours, ou prévues ?
Evidemment, mais pour l’heure le coût de traduction d’un manuscrit de près de trois millions et demi de signes (pour les deux volumes) est une difficulté que nous n’avons pas réussi à surmonter. Un éditeur américain a évoqué la possibilité de publier les deux volumes de Rainbowman en même temps. On croise les doigts.
On parle souvent de périodes au sujet de la discographie de David Bowie, pensez-vous que ce soit justifié́ ?
Je considère que dans le fond, David Bowie a créé de la même manière durant toute sa carrière. La forme a souvent changé, tout comme son apparence, mais ses convictions artistiques intimes et lui, pas tant que ça. Ces fameuses périodes sont des repères, ni plus ni moins.
Y a-t-il selon vous des albums sous-estimés, notamment ceux des années 80, ou ceux de Tin Machine ?
Bien sûr, mais mon propos dans Rainbowman n’est pas d’affirmer que tel ou tel disque est meilleur qu’un autre. J’ai souhaité « raconter » ces albums, de la genèse à la parution. La période Tin Machine a été cruciale et même vitale. Ceux qui le réfutent n’ont rien compris à David Bowie, c’est d’ailleurs ce qu’il disait.
Vous êtes un grand connaisseur de l'œuvre de David Bowie, quel est votre album préfèré et pourquoi ? Idem pour une chanson ?
Je ne me vois pas en « grand connaisseur » de quoi que ce soit et encore moins de moi-même. Je suis un amateur de la musique de Bowie parmi d’autres qui a fait de ses rêves d’ado une réalité singulière. Et la chance n’a rien à voir là-dedans. Quant à votre question, posez-la moi tous les quarts d’heure et je répondrai différemment à chaque fois. Là, tout de suite, je vais dire Hunky Dory et God Knows I’m Good.
Quel album conseilleriez-vous au néophyte ?
Aladdin Sane en clin d’œil à mon copain Thierry.
Vous avez rencontré́ David Bowie plusieurs fois, c'était un artiste multiple. Quel est l'aspect de son œuvre, hors musique, qui mériterait d'être mis en lumière ?
David Bowie était avant tout un musicien, un des plus grands de son temps. A mes yeux et mes oreilles, sa musique l’emporte sur le reste.
La qualité́ du livre reproductions, illustrations, papier, etc, font de ce livre ce qu'on appelle un livre d'art, ce qui n'a pas grand-chose à voir avec les biographies éditées par Gallimard habituellement. Qu'est-ce qui a amené́ l'éditeur à de tels choix ?
Rainbowman est édité dans la collection Beaux Livres de Gallimard et, donc, il l’est ! Les choix de l’agencement du livre et de sa présentation (Mick Rock, Jonathan Barnbrook, Lisa et Margaux Chetteau, les natures mortes…) sont les miens et je remercie l’éditeur de m’avoir aidé à les concrétiser. Gallimard est au service de ses auteurs et donc des lecteurs, ce qui me change de Glénat où j’ai brièvement dirigé une collection de livres sur la musique avant de comprendre que mes auteurs et moi étions au service de l’éditeur.
Des conseils de lecture sur David Bowie ? Sur la musique en général ou sur une autre artiste ?
Kevin Cann compte parmi les cinq auteurs anglo-saxons les plus fiables au sujet de David Bowie. Pour le reste, je ne conseillerai que des autobiographies, pas toujours exemptes d’erreurs, mais rarement rédigées autrement qu’avec le cœur. J’ai récemment dévoré celles de Cherie Currie et Noddy Holder. En ce qui concerne les Beatles, les écrits de Mark Lewisohn et Eric Krasker sont les seuls que je lis.
Quel est l'autre musicien ou artiste en général sur lequel vous aimeriez écrire comme vous venez de le faire avec David Bowie ?
Aucun. Rainbowman m’aura pris quatre ans de ma vie et même si je pense écrire encore sur la musique, je préfère désormais me consacrer au roman. Mon prochain est prêt à être publié et je termine actuellement le prequel de Je suis mort il y a vingt-cinq ans.
Vous avez écrit et composé pour plusieurs artistes français comme Dani ou Etienne Daho, n'avez-vous jamais eu l'idée de proposer vos talents à David Bowie ?
Je n’aurais jamais eu cette audace ! Vous savez, je n’ai jamais proposé mes talents (que je ne suis pas certain d’avoir) à qui que ce soit. Les chansons que j’ai écrites pour les autres m’ont toutes été demandées. Sur ce plan, David Bowie n’a jamais eu besoin de mes services ! En revanche, il connaissait mes disques que je ne lui ai pourtant jamais offerts ! Il s’était procuré lui-même mon album paru chez BMG au début des années 90 et m’en a parlé. Ce que faisaient les autres l’intéressait énormément.
Tout le monde vous connaît comme journaliste musical, quel est votre point de vue sur la presse musicale française actuelle ?
Sincèrement, je n’en ai pas. J’ai, depuis longtemps, passé l’âge des médisances et du tir au pigeon. Le plus souvent, l’avis des autres, même sur la musique et je le regrette parfois, ne me passionne pas. Par contre, même si c’est un peu vieux jeu, je le respecte. Je ne m’en prendrai jamais à quelqu’un qui ne pense pas comme moi. Si la presse musicale continue de ravir des lecteurs mélomanes, j’en suis ravi et tant mieux pour tout le monde.
Même question sur la scène musicale française ?
A de rares exceptions près (j’ai récemment chroniqué favorablement le nouvel album des Nus), je ne l’écoute pas. Un disque français qui arrive chez nous atterrit aussitôt dans le bureau de ma femme qui pour préserver ses oreilles et aussi les miennes, pratique un tri sévère.
Vous êtes, ou avez été́, musicien, auteur, compositeur, interprète, producteur, auteur de fiction, poète, biographe, journaliste, photographe, j'en oublie sûrement, qu'aimeriez-vous faire qui ne soit pas déjà̀ fait ?
Ces choses que vous énumérez me sont arrivées par le truchement de la vie, sans avoir jamais souhaité faire quoi que ce soit de remarquable. Je veux simplement continuer à faire ces choses pas remarquables – de la musique, noircir quelques pages - à bonne distance de Paris, au calme, en apercevant la mer depuis mes fenêtres, en marchant au bord parfois. Cela, le plus longtemps possible et tant que l’air est toujours respirable. Je n’aspire qu’au bonheur de mes enfants et de mes proches et n’ai aucune autre ambition que de me protéger le mieux possible de la bêtise humaine, des climato-sceptiques, des violences en tous genres et de la malveillance ambiante.
Quels sont vos projets ?
Ils sont d’abord musicaux. J’ai signé avec le label Verycords il y a quelques années, à qui il me tarde de livrer l’album que ces gens ont eu la patience d’attendre. Je me rêvais homme de musique, mais les mots m’ont fait prendre énormément de chemins de traverse. Finalement, ce n’est pas pire qu’être né du mauvais côté de la Manche ou de l’Atlantique, ce qui est mon seul vrai regret.
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