Johnny Cash
På Österåker |
Label :
Columbia |
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Dylanesque : Il y a 50 ans, vous retournez en taule.
Johnny Cash : J'en suis jamais vraiment sorti. Tout le monde cause toujours de mes concerts à San Quentin et Folsom mais c'était pas juste un gimmick pour relancer ma carrière à la fin des sixties ou pour donner une raison de plus à Joaquin Phoenix de cabotiner. Non, je suivais le dossier de près. Je continuais d'écrire le récit de condamnations injustes. Le parcours des libérés qui galèrent. Un jour d'été 72, je me suis même rendu à la Maison Blanche pour causer avec Nixon de réforme des institutions carcérales. L'occasion pour lui de se prendre en photo avec un représentant de l'Amérique profonde, pour sa femme de complimenter la robe de June, bref, on souriait bêtement, on portait des nœuds pap', une opération com aussi stérile que celle organisée autour d'Elvis deux ans plus tôt.
Dylanesque : Quand il était venu proposer ses services au président avec un badge de la brigade anti-stupéfiants et lui avait offert un flingue en or ?
Johnny Cash : Ouais, y a longtemps qu'il tournait plus rond ce couillon. Moi j'avais un autre cadeau pour Nixon. On était dans la salle de bal, la blue room, et il voulait absolument que je lui chante mes vieux classiques inoffensifs. À la place, je lui ai servi mes titres les plus anti-guerres, "Man in Black", "What is Truth", paf, t'as pas voulu m'écouter sur les prisons, tu m'entendras sur le Vietnam vieil escroc. Au final, j'ai quand même pu rencontrer des sénateurs plus tard dans la journée pour leur expliquer ma vision des choses : si on traite pas des prisonniers comme des humains, comment voulez-vous qu'ils agissent comme tels en sortant ?
Dylanesque : Deux mois plus tard, vous enfonciez le clou lors d'un voyage en Suède. Situé à trente kilomètres de Stockholm, la prison d'Österåker avait été construire en 69 et allait accueillir toute une série de serial-killer, terroristes et meurtriers avant de spécialiser dans le traitement des addictions. Et ce qui frappe si on compare ce concert à celui de Folsom, c'est le groupe. Avec cette équipe menée par Bob Wooten et qui a participée à vos sept derniers albums en date, on a le son typique de l'Homme en Noir du début des 70's. Un son moins saccadé, plus TER que TGV. Et ça colle bien à vos nouvelles chansons, des compositions plus narratives, qui prennent davantage le temps de nous plonger dans le pathos de loosers magnifiques.
Johnny Cash : On en avait déjà causé, je les dois à l'influence de Kris Kristofferson, dont j'ai d'ailleurs repris le "Me and Bobby McGee" lors de ce concert, de quoi faire chialer le parterre de gros durs venu m'applaudir à la cantine. La setlist est vraiment consacrée à l'univers carcérale, je voulais pas dévier du thème, me planquer derrière mes tubes, je souhaitais vraiment leur parler directement, quitte à apprendre quelques phrases en suédois.
Dylanesque : Oui, ça fait aussi partie du charme de ce live, vous entendre balbutier dans la langue d'Ingrid et Ingmar Bergman. Sans parler du très beau "Nobody Cared" signée par June et du moment de bravoure acoustique "Jacob Green", l'histoire d'un condamné à tort qui se suicide dans sa cellule. Et comme d'habitude, vous prenez aussi le temps de chanter des textes écrits par des prisonniers, comme l'étonnante "The Invertebraes". C'est une belle surprise alors que je suis pas particulièrement client de cette période et de vos albums lives. Je le recommande ne serait-ce que pour la rareté des chansons et la tristesse brute qui s'en dégage.
Johnny Cash : Bah merci mais faut quand même faire attention : déjà, Columbia m'a foutu des fades-out entre chaque morceau, un peu con si tu veux rester dans l'ambiance du live. Et après ma mort, ils m'ont pondu une réédition avec des faux applaudissements.
Dylanesque : Qui vaut quand même le coup parce qu'on entend l'intégralité du spectacle, dont deux trois classiques coupés au montage et la participation de Carl Perkins.
Johnny Cash : J'en suis jamais vraiment sorti. Tout le monde cause toujours de mes concerts à San Quentin et Folsom mais c'était pas juste un gimmick pour relancer ma carrière à la fin des sixties ou pour donner une raison de plus à Joaquin Phoenix de cabotiner. Non, je suivais le dossier de près. Je continuais d'écrire le récit de condamnations injustes. Le parcours des libérés qui galèrent. Un jour d'été 72, je me suis même rendu à la Maison Blanche pour causer avec Nixon de réforme des institutions carcérales. L'occasion pour lui de se prendre en photo avec un représentant de l'Amérique profonde, pour sa femme de complimenter la robe de June, bref, on souriait bêtement, on portait des nœuds pap', une opération com aussi stérile que celle organisée autour d'Elvis deux ans plus tôt.
Dylanesque : Quand il était venu proposer ses services au président avec un badge de la brigade anti-stupéfiants et lui avait offert un flingue en or ?
Johnny Cash : Ouais, y a longtemps qu'il tournait plus rond ce couillon. Moi j'avais un autre cadeau pour Nixon. On était dans la salle de bal, la blue room, et il voulait absolument que je lui chante mes vieux classiques inoffensifs. À la place, je lui ai servi mes titres les plus anti-guerres, "Man in Black", "What is Truth", paf, t'as pas voulu m'écouter sur les prisons, tu m'entendras sur le Vietnam vieil escroc. Au final, j'ai quand même pu rencontrer des sénateurs plus tard dans la journée pour leur expliquer ma vision des choses : si on traite pas des prisonniers comme des humains, comment voulez-vous qu'ils agissent comme tels en sortant ?
Dylanesque : Deux mois plus tard, vous enfonciez le clou lors d'un voyage en Suède. Situé à trente kilomètres de Stockholm, la prison d'Österåker avait été construire en 69 et allait accueillir toute une série de serial-killer, terroristes et meurtriers avant de spécialiser dans le traitement des addictions. Et ce qui frappe si on compare ce concert à celui de Folsom, c'est le groupe. Avec cette équipe menée par Bob Wooten et qui a participée à vos sept derniers albums en date, on a le son typique de l'Homme en Noir du début des 70's. Un son moins saccadé, plus TER que TGV. Et ça colle bien à vos nouvelles chansons, des compositions plus narratives, qui prennent davantage le temps de nous plonger dans le pathos de loosers magnifiques.
Johnny Cash : On en avait déjà causé, je les dois à l'influence de Kris Kristofferson, dont j'ai d'ailleurs repris le "Me and Bobby McGee" lors de ce concert, de quoi faire chialer le parterre de gros durs venu m'applaudir à la cantine. La setlist est vraiment consacrée à l'univers carcérale, je voulais pas dévier du thème, me planquer derrière mes tubes, je souhaitais vraiment leur parler directement, quitte à apprendre quelques phrases en suédois.
Dylanesque : Oui, ça fait aussi partie du charme de ce live, vous entendre balbutier dans la langue d'Ingrid et Ingmar Bergman. Sans parler du très beau "Nobody Cared" signée par June et du moment de bravoure acoustique "Jacob Green", l'histoire d'un condamné à tort qui se suicide dans sa cellule. Et comme d'habitude, vous prenez aussi le temps de chanter des textes écrits par des prisonniers, comme l'étonnante "The Invertebraes". C'est une belle surprise alors que je suis pas particulièrement client de cette période et de vos albums lives. Je le recommande ne serait-ce que pour la rareté des chansons et la tristesse brute qui s'en dégage.
Johnny Cash : Bah merci mais faut quand même faire attention : déjà, Columbia m'a foutu des fades-out entre chaque morceau, un peu con si tu veux rester dans l'ambiance du live. Et après ma mort, ils m'ont pondu une réédition avec des faux applaudissements.
Dylanesque : Qui vaut quand même le coup parce qu'on entend l'intégralité du spectacle, dont deux trois classiques coupés au montage et la participation de Carl Perkins.
Bon 15/20 | par Dylanesque |
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