Johnny Cash
Ragged Old Country |
Label :
Columbia |
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Régulièrement, le fantôme de Johnny Cash me rend visite pour que l'on revisite ensemble son impressionnante discographie.
Dylanesque : Deux ans après America , revoilà déjà la bannière étoilée en couverture de votre album sauf que cette fois, elle est dans un sale état.
Johnny Cash : Aussi sale que l'Amérique de 74 déchirée par l'enlisement au Vietnam, la crise pétrolière et les mensonges de Nixon. Aussi las que mon cœur patriote, aussi sale que nos rivières.
Dylanesque : Justement, rien qu'avec cette image, aussi peu subtile que percutante, je me disais oh non, encore un concept-album lourdingue et réactionnaire. J'ai presque eu le même mouvement de recul qu'en voyant la dernière livraison passéiste de Zemmour en tête de gondole chez Leclerc. Alors qu'en fait, on est plus dans du conservatisme à la Tolkien, fuck les institutions, préservons nos campagnes. Oui au progressisme, non à l'industrie. De l'écologie la même année où René Dumont est candidat à nos présidentielles. Je me trompe ?
Johnny Cash : Bah déjà tu me parles de gus que je connais pas. Et tu résume bien grossièrement ce que j'ai soigneusement expliqué dans ces douze chansons.
Dylanesque : Soigneusement ? Le disque commence littéralement avec une fanfare militaire et "Don't Go Near the Water" (à ne pas confondre avec la jolie ritournelle des Beach Boys) est un plaidoyer très limpide sur l'eau qui ne l'est plus du tout. "We're torturing the earth/and pourin' every kind of evil in the sea/We're violated nature/And our children have to pay the penalty". Ce pourrait être l'hymne de Greenpeace.
Johnny Cash : Plus je parcourais le pays et plus le pays me semblait une poubelle. Et alors que notre Président corrompu quittait la Maison Blanche en hélicoptère, les usines pollueuses étaient toujours glorifiés comme champions de la croissance et symboles de notre nation. Fallait bien que l'Homme en Noir réagisse non ?
Dylanesque : C'est admirable mais comme vous pouvez le voir, les choses se sont pas mal empirées. La planète crame et on nous donne moins d'un siècle avant de plus pouvoir respirer.
Johnny Cash : Je vous avais prévenu.
Dylanesque : Peut-être aurait-il fallu blâmer le capitalisme un peu plus fortement. Peut-être qu'il fallait pas enchaîner avec une chanson qui s'appelle "All I Do is Drive".
Johnny Cash : C'est pas parce que je voulais préserver l'environnement que j'étais devenu un coco ! Non, j'étais fier d'être américain. Juste en colère.
Dylanesque : D'où la chanson-titre, brûlot sur le Watergate très balourd, une protest-song aussi pompière que si Dylan avait chanté "Blowin' the Wind" sur l'air de l'hymne américain.
Johnny Cash : T'es un connard de français, comment tu peux comprendre le pouvoir de cette chanson qui est toujours chanté par nos vétérans tous les 4 juillet alors que tes chroniques de merde, elles tomberont plus vite dans l'oubli qu'un nouvel album de Weezer.
Dylanesque : Désolé mais je préfère largement la complainte "Lonesome to the Bone" qui est à mon goût la pépite à redécouvrir là-dedans. De manière générale, la face B, plus mélancolique, plus twang, me plaît davantage, "While I've Got You on My Mind", "Good Morning Friend" et "Please Don't Let Me Out", nouvelle chanson carcérale très émouvante. Sans oublier la beaucoup plus subtile et intemporelle "I'm a Worried Man" co-écrit avec June et la conclusion magnifique "What on Earth Will You Do", qui bénéficie des chœurs des Oak Ridge Boys, quartet gospel moins abrasif que les tonitruants Statler Brothers utilisés précédemment.
Johnny Cash : Donc il te plaît finalement mon 47ème album ? T'es pas encore prêt à m'enterrer ?
Dylanesque : Non, au contraire, j'admire cette période mi-70's où la qualité est constante, votre voix splendide et la production à la hauteur. Si on est fan de country populiste de l'époque, ça se marie bien avec un petit Billy Joe Shaver ou Merle Haggard.
Johnny Cash : De précieux camarades. Un autre niveau que ces abrutis de Weezer.
Dylanesque : Je sais pas ce que vous avez avec la bande à Cuomo mais c'est pas moi qui vais vous contredire. Pour résumer, ce disque contient au moins six chansons de très bonne facture et, ça tombe bien, elles sont sur la face B !
Johnny Cash : De toute façon, si vous voulez écouter la face B, faudra quand même acheter le disque en entier alors ça me va.
Dylanesque : C'est marrant parce que vous connaissez Weezer mais vous avez pas l'air d'être au courant d'un truc qui s'appelle Youtube où l'on peut écouter tous vos morceaux gratos. Et voir votre apparition dans "Swan Song", le 7ème épisode de la 3ème saison de Columbo , diffusé à la même période et où vous interprétez un chanteur gospel qui viole sa choriste et assassine sa femme.
Johnny Cash : Tant pis pour les royalties, ma fille a assez d'argent comme ça. Et de toute façon, si vous me dîtes que la planète est foutue, pourquoi se priver d'un bon petit Columbo ?
Dylanesque : Deux ans après America , revoilà déjà la bannière étoilée en couverture de votre album sauf que cette fois, elle est dans un sale état.
Johnny Cash : Aussi sale que l'Amérique de 74 déchirée par l'enlisement au Vietnam, la crise pétrolière et les mensonges de Nixon. Aussi las que mon cœur patriote, aussi sale que nos rivières.
Dylanesque : Justement, rien qu'avec cette image, aussi peu subtile que percutante, je me disais oh non, encore un concept-album lourdingue et réactionnaire. J'ai presque eu le même mouvement de recul qu'en voyant la dernière livraison passéiste de Zemmour en tête de gondole chez Leclerc. Alors qu'en fait, on est plus dans du conservatisme à la Tolkien, fuck les institutions, préservons nos campagnes. Oui au progressisme, non à l'industrie. De l'écologie la même année où René Dumont est candidat à nos présidentielles. Je me trompe ?
Johnny Cash : Bah déjà tu me parles de gus que je connais pas. Et tu résume bien grossièrement ce que j'ai soigneusement expliqué dans ces douze chansons.
Dylanesque : Soigneusement ? Le disque commence littéralement avec une fanfare militaire et "Don't Go Near the Water" (à ne pas confondre avec la jolie ritournelle des Beach Boys) est un plaidoyer très limpide sur l'eau qui ne l'est plus du tout. "We're torturing the earth/and pourin' every kind of evil in the sea/We're violated nature/And our children have to pay the penalty". Ce pourrait être l'hymne de Greenpeace.
Johnny Cash : Plus je parcourais le pays et plus le pays me semblait une poubelle. Et alors que notre Président corrompu quittait la Maison Blanche en hélicoptère, les usines pollueuses étaient toujours glorifiés comme champions de la croissance et symboles de notre nation. Fallait bien que l'Homme en Noir réagisse non ?
Dylanesque : C'est admirable mais comme vous pouvez le voir, les choses se sont pas mal empirées. La planète crame et on nous donne moins d'un siècle avant de plus pouvoir respirer.
Johnny Cash : Je vous avais prévenu.
Dylanesque : Peut-être aurait-il fallu blâmer le capitalisme un peu plus fortement. Peut-être qu'il fallait pas enchaîner avec une chanson qui s'appelle "All I Do is Drive".
Johnny Cash : C'est pas parce que je voulais préserver l'environnement que j'étais devenu un coco ! Non, j'étais fier d'être américain. Juste en colère.
Dylanesque : D'où la chanson-titre, brûlot sur le Watergate très balourd, une protest-song aussi pompière que si Dylan avait chanté "Blowin' the Wind" sur l'air de l'hymne américain.
Johnny Cash : T'es un connard de français, comment tu peux comprendre le pouvoir de cette chanson qui est toujours chanté par nos vétérans tous les 4 juillet alors que tes chroniques de merde, elles tomberont plus vite dans l'oubli qu'un nouvel album de Weezer.
Dylanesque : Désolé mais je préfère largement la complainte "Lonesome to the Bone" qui est à mon goût la pépite à redécouvrir là-dedans. De manière générale, la face B, plus mélancolique, plus twang, me plaît davantage, "While I've Got You on My Mind", "Good Morning Friend" et "Please Don't Let Me Out", nouvelle chanson carcérale très émouvante. Sans oublier la beaucoup plus subtile et intemporelle "I'm a Worried Man" co-écrit avec June et la conclusion magnifique "What on Earth Will You Do", qui bénéficie des chœurs des Oak Ridge Boys, quartet gospel moins abrasif que les tonitruants Statler Brothers utilisés précédemment.
Johnny Cash : Donc il te plaît finalement mon 47ème album ? T'es pas encore prêt à m'enterrer ?
Dylanesque : Non, au contraire, j'admire cette période mi-70's où la qualité est constante, votre voix splendide et la production à la hauteur. Si on est fan de country populiste de l'époque, ça se marie bien avec un petit Billy Joe Shaver ou Merle Haggard.
Johnny Cash : De précieux camarades. Un autre niveau que ces abrutis de Weezer.
Dylanesque : Je sais pas ce que vous avez avec la bande à Cuomo mais c'est pas moi qui vais vous contredire. Pour résumer, ce disque contient au moins six chansons de très bonne facture et, ça tombe bien, elles sont sur la face B !
Johnny Cash : De toute façon, si vous voulez écouter la face B, faudra quand même acheter le disque en entier alors ça me va.
Dylanesque : C'est marrant parce que vous connaissez Weezer mais vous avez pas l'air d'être au courant d'un truc qui s'appelle Youtube où l'on peut écouter tous vos morceaux gratos. Et voir votre apparition dans "Swan Song", le 7ème épisode de la 3ème saison de Columbo , diffusé à la même période et où vous interprétez un chanteur gospel qui viole sa choriste et assassine sa femme.
Johnny Cash : Tant pis pour les royalties, ma fille a assez d'argent comme ça. Et de toute façon, si vous me dîtes que la planète est foutue, pourquoi se priver d'un bon petit Columbo ?
Bon 15/20 | par Dylanesque |
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