Johnny Cash
At San Quentin |
Label :
Columbia |
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En 1969, la carrière de Johnny Cash est à son apogée aussi bien artistiquement que sur le plan commercial. Après le carton inattendu de At Folsom Prison, l'homme en noir est de nouveau choyé par l'industrie musicale. Mais c'est une initiative d'une télé anglaise qui est à l'origine du mythique At San Quentin. Johnny Cash accompagné de la Carter Family et de Carl Perkins, s'installe donc en février 1969 dans la plus vieille prison californienne où la chambre à gaz est toujours en état de marche.
Voix baryton reconnaissable entre toute : "Hello, I'm Johnny Cash", et on démarre tout de suite ce concert mémorable avec un tube des années Sun, "Big River". Déjà, on ressent la tension qui ne cessera de monter crescendo tout au long du concert. D'ailleurs dès l'installation du dispositif télé, Johnny Cash furieux d'avoir la vue bouchée par les caméras offre un doigt d'honneur aux techniciens, le fameux Bird. En tout les cas, première chanson et public déjà acquis. Mais Johnny Cash en rajoute. Après 3 chansons, petite aparté sur les conditions imposées par la chaîne de télé anglaise. Conditions balayées très vite par l'affirmation que ce soir 'je joue pour vous les gars !'. Ok... une chose est sûr, le public est définitivement dans sa poche et il n'en sortira jamais. C'est qu'après 15ans de carrière, le bonhomme sait captiver son auditoire, c'est le moins qu'on puisse dire... Le "I Walk The Line" demandé par les prisonniers est insensé : drôle et profond. Etat de grâce...
Mais c'est bien évidemment les chansons dédiées aux bad boys et à l'univers carcéral qui font un tabac. "Starkville City Jail", "Wanted Man" (de Dylan), le très attendu "Folsom Prison Blues" viennent titiller le coeur de ces vrais durs. Ouais, parce que le public ici n'est pas fait de mannequins Hugo Boss tatoués venus délivrer leur grand frère, mais plutôt de mecs avec de grosses gueules patibulaires, preuve d'un vécu chargé. Blancs rednecks bien sûr, mais aussi noirs et latinos. La country outlaw de l'homme en noir est universelle en prison. Et à vrai dire, lorsque Johnny Cash entame "San Quentin", écrite deux jours auparavant pour l'occasion, ce public-là est aux anges. Et lorsqu'il la rejoue en y rajoutant 'San Quentin, puisses-tu pourrir et brûler en enfer', le public est littéralement en liesse, au bord de l'émeute. Moment intense et unique. Par la force des cris des détenus, on pourrait presque humer l'odeur nauséabonde de transpiration qui doit suinter abondamment à ce moment précis dans les beaux uniformes verts des matons. Mais Johnny Cash, en bon professionnel qu'il est, a dû promettre au directeur que ce soir-là, 'promis on évitera l'émeute'. Alors histoire de détendre l'atmosphère, il chante "A Boy Named Sue", comptine hilarante d'un type pas gâté par la vie. Ouf ! Le directeur respire et les matons s'épongent.
Et puis n'oublions pas que Johnny Cash est aussi un bon chrétien. Parce que la mythologie outlaw aurait tendance à ce que l'on se complaise dans l'image d'un Johnny Cash qui aurait pu lui aussi être enfermé derrière ses murs... mais la vérité c'est que Johnny Cash fait parti de cette Amérique profonde au christianisme exacerbé pour ne pas dire fondamentaliste. Oui, l'homme en noir est un bon chrétien qui serait bien incapable de 'tuer un mec à Reno juste pour le voir crever'... Mais à la différence de ses compatriotes puritains, Johnny Cash ne glorifie pas l'abnégation au travail et toutes ces conneries. Non, lui c'est la rédemption, le salut de l'âme qui l'intéresse. Et quel meilleur endroit qu'une prison pour trouver écho à ce discours-là ? Alors quand Johnny Cash entame "He Turned The Water Into Wine", les prisonniers se taisent, écoutent et au final applaudissent. De toute façon, aucune protestation n'est possible. Johnny Cash ici, c'est un parrain, le type qu'on respecte. On ose à peine quelques sifflets lorsque sa femme June Carter l'accompagne sur scène et on rigole sincèrement à toutes ses blagues.
Le concert se termine par un medley témoin d'un répertoire inouï : "Folsom Prison Blues/I Walk The Line/Ring Of Fire/The Rebel-Johnny Yuma". Les artistes remballent et les détenus retournent bien gentiment dans leur cellule, heureux certainement. Même s'il leur reste encore 10ans à tirer, voir pire... Peut-être même que certains d'entre eux sont conscients du privilège monumentale d'avoir été prisonnier à San Quentin en février 1969. Oui, c'est qu'on les envierait presque...
Voix baryton reconnaissable entre toute : "Hello, I'm Johnny Cash", et on démarre tout de suite ce concert mémorable avec un tube des années Sun, "Big River". Déjà, on ressent la tension qui ne cessera de monter crescendo tout au long du concert. D'ailleurs dès l'installation du dispositif télé, Johnny Cash furieux d'avoir la vue bouchée par les caméras offre un doigt d'honneur aux techniciens, le fameux Bird. En tout les cas, première chanson et public déjà acquis. Mais Johnny Cash en rajoute. Après 3 chansons, petite aparté sur les conditions imposées par la chaîne de télé anglaise. Conditions balayées très vite par l'affirmation que ce soir 'je joue pour vous les gars !'. Ok... une chose est sûr, le public est définitivement dans sa poche et il n'en sortira jamais. C'est qu'après 15ans de carrière, le bonhomme sait captiver son auditoire, c'est le moins qu'on puisse dire... Le "I Walk The Line" demandé par les prisonniers est insensé : drôle et profond. Etat de grâce...
Mais c'est bien évidemment les chansons dédiées aux bad boys et à l'univers carcéral qui font un tabac. "Starkville City Jail", "Wanted Man" (de Dylan), le très attendu "Folsom Prison Blues" viennent titiller le coeur de ces vrais durs. Ouais, parce que le public ici n'est pas fait de mannequins Hugo Boss tatoués venus délivrer leur grand frère, mais plutôt de mecs avec de grosses gueules patibulaires, preuve d'un vécu chargé. Blancs rednecks bien sûr, mais aussi noirs et latinos. La country outlaw de l'homme en noir est universelle en prison. Et à vrai dire, lorsque Johnny Cash entame "San Quentin", écrite deux jours auparavant pour l'occasion, ce public-là est aux anges. Et lorsqu'il la rejoue en y rajoutant 'San Quentin, puisses-tu pourrir et brûler en enfer', le public est littéralement en liesse, au bord de l'émeute. Moment intense et unique. Par la force des cris des détenus, on pourrait presque humer l'odeur nauséabonde de transpiration qui doit suinter abondamment à ce moment précis dans les beaux uniformes verts des matons. Mais Johnny Cash, en bon professionnel qu'il est, a dû promettre au directeur que ce soir-là, 'promis on évitera l'émeute'. Alors histoire de détendre l'atmosphère, il chante "A Boy Named Sue", comptine hilarante d'un type pas gâté par la vie. Ouf ! Le directeur respire et les matons s'épongent.
Et puis n'oublions pas que Johnny Cash est aussi un bon chrétien. Parce que la mythologie outlaw aurait tendance à ce que l'on se complaise dans l'image d'un Johnny Cash qui aurait pu lui aussi être enfermé derrière ses murs... mais la vérité c'est que Johnny Cash fait parti de cette Amérique profonde au christianisme exacerbé pour ne pas dire fondamentaliste. Oui, l'homme en noir est un bon chrétien qui serait bien incapable de 'tuer un mec à Reno juste pour le voir crever'... Mais à la différence de ses compatriotes puritains, Johnny Cash ne glorifie pas l'abnégation au travail et toutes ces conneries. Non, lui c'est la rédemption, le salut de l'âme qui l'intéresse. Et quel meilleur endroit qu'une prison pour trouver écho à ce discours-là ? Alors quand Johnny Cash entame "He Turned The Water Into Wine", les prisonniers se taisent, écoutent et au final applaudissent. De toute façon, aucune protestation n'est possible. Johnny Cash ici, c'est un parrain, le type qu'on respecte. On ose à peine quelques sifflets lorsque sa femme June Carter l'accompagne sur scène et on rigole sincèrement à toutes ses blagues.
Le concert se termine par un medley témoin d'un répertoire inouï : "Folsom Prison Blues/I Walk The Line/Ring Of Fire/The Rebel-Johnny Yuma". Les artistes remballent et les détenus retournent bien gentiment dans leur cellule, heureux certainement. Même s'il leur reste encore 10ans à tirer, voir pire... Peut-être même que certains d'entre eux sont conscients du privilège monumentale d'avoir été prisonnier à San Quentin en février 1969. Oui, c'est qu'on les envierait presque...
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Sirius |
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