Thee, Stranded Horse
Saintes [Théâtre Geoffroy Martel] - samedi 18 avril 2009 |
Quelle bonne idée a eu cette jeune asso de Saintes d'inviter Thee, Stranded Horse dans le cadre de cette soirée éclectique. Je commençais à désespérer de ne pas voir Yann Tambour que je loupais à chaque fois de deux doigts. Mes actes manqués sont à présents oubliés, le voici enfin dans cette petite salle aux abords de l'Abbaye Aux Dames, en compagnie de Ballake Sissoko avec qui il tourne depuis un petit bout de temps. Tous les deux sont assis, leur kora sur les genoux, l'une artisanale, l'autre industriel. Mais comme on dit : qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. Et l'ivresse était bien au rendez-vous ce soir. Brute, écorchée, passionnée. Onduleuse, trépidante, limpide. Quoi de mieux que de vivre en direct les chansons irréductibles de Churning Strides émanant de ce personnage atypique à commencer par "Tainted Days" qu'il joue une main sur sa guitare, l'autre sur sa kora mandingue. On redécouvre la douceur qui se cachait pendant tant de temps dans Encre. Après le franc-parler des textes étouffés presque indicibles comme "Galant(es?)", le naturel a mué en une volonté de faire vivre chant et ondes de kora à l'unisson. D'ailleurs la reprise de Tyrannosaurus Rex "Misty Mist" m'étonnera toujours par sa finesse. Et cette musicalité décuplée se trouve davantage démultipliée grâce à la contribution du koraiste malien. Une seconde paire de main tenant fermement les bulkalamos (les poignées de part et d'autre du manche), laissant aux pouces et index le loisir de parcourir les cordes de cette harpe complexe comme un bluesman. Les deux hommes partagent de nombreux regards qui en disent long sur leur complicité (les grands sourires de Ballake...) et leur admiration mutuelle. Un respect inviolable si bien que Yann Tambour peine parfois à récupérer la main pendant que son ami s'envole dans des solos luxuriants qui, comme pour le blues et la gamme pentatonique, semblent vite un poil répétitifs. Tel sera donc le petit bémol de la soirée. Une impression de longueur par moment qui fait défaut à certains titres monolithiques qui perdent alors un peu leur cohérence et leur aplomb. Néanmoins la plupart des titres conservent leur fort trait de caractère à l'image de l'éclatant "Swaying Eel" et son final déchaîné grandiose, l'admirable "So Goes The Pulse" entrecoupé de silences ou "Sharpened Suede" qui met en avant le délicieux chant nerveux et nasal de Tambour. Si Churning Strides était intemporel et intouchable, ce soir j'ai pu pénétrer dans cette alcôve de bohême sèche et inaltérable tissé par le jeune français définitivement à l'écart de ses contemporains. Un grand merci.
Parfait 17/20 | par TiComo La Fuera |
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