Sonic Youth
Sonic Death : Early Sonic 1981-1983 |
Label :
Ecstatic Peace |
||||
Comme les sous-titres de ce disque (Sonic Youth Live, Early Sonic 1981-83) l'expriment assez bien, ce Sonic Death est une compilation d'enregistrements lives du groupe effectués entre 1981 et 1983, c'est à dire pendant ses 3 premières années d'existence (donc pour 1981 avant même la sortie de leur premier 'album', le EP au nom très original de Sonic Youth). Entièrement réalisé par Thurston Moore, il est sorti une première fois en 1984 en format cassette sur son propre label, Ecstatic Peace ! Puis a été réédité sur CD en 1988 chez Blast First et SST simultanément.
Plus qu'une compilation, Sonic Death est un collage. En effet, on ne trouve que 2 pistes sur le CD ("Side 1" et "Side 2", qui durent respectivement 38 min 32 et 29 min 31), constituées de divers passages de concerts mis bout à bout, 'en vrac'.
Et les concerts de Sonic Youth à cette époque-là, ça avait vraiment l'air d'être le bordel voire le chaos en règle, si je puis dire: leurs prestations ressemblent, plus qu'à celles de musiciens (qu'ils apprenaient à être), à des performances de jeunes diplômés d'écoles d'art ou de psychologie expérimentale essayant juste de voir combien de temps les spectateurs vont rester polis ou tolérants avant de prendre leurs jambes à leur cou, horrifiés, ou de se défendre en jetant des canettes de bière sur la scène, pas moins horrifiés... Merde, j'aurais bien voulu voir ça!
Il est un peu difficile de décrire ce disque en détail, en partie parce que deux pistes seulement ça n'aide pas pour retrouver un passage, et aussi parce que le nombre de chansons complètes est assez peu élevé: 5 seulement ("Confusion Is Next", "Burning Spear", "The World Looks Red", "Kill Your Idols", "Early American"). Le reste de la galette est composé de chansons coupées (par Thurston au montage, ou par le groupe lui-même en plein concert...), et de trucs inconnus mais pas complètement étrangers à nos oreilles: de longues improvisations, de longs trips sonores, des boucles artificielles, des commentaires de présentateurs radio (y'en a en français, bien ringards), des conversations avec un ou des membres du public ('suck my dick asshole !', rôôôô Thurston !), etc, le tout en qualité sonore variable mais jamais affreuse. Enfin, les parties jouées forment quand même le gros du bataillon.
Si l'on s'écarte de l'intérêt purement musical (qui est là, pas de doute), une autre raison d'écouter ce disque c'est le côté 'histoire de l'art': il est fascinant de voir le bébé Sonic Youth expérimenter, se chercher, en fait se créer 'en live' comme on dit. On remarque plein de trucs qui seront modifiés ou purement et simplement abandonnés par le Sonic Youth plus mature: les longs hurlements chaotiques de Thurston, Kim et Lee par exemple (quand on veut jouer devant un public mais qu'on a encore que deux chansons et demi à son actif, faut bien meubler...), ou encore les séances d'accordage (enfin de désaccordage) entre les chansons, qui coupent le rythme et seront plus tard 'masquées' en passant des cassettes préenregistrées, puis plus tard encore disparaîtront, le groupe ayant accumulé assez de grattes accordées spécifiquement pour chaque chanson...
Bref, on voit que la pièce d'archive qu'est Sonic Death est réservée aux inconditionnels de Sonic Youth et de sa première heure, qui n'en croiront pas leurs oreilles en écoutant ce trésor.
Les autres, ceux qui n'en ont rien à foutre de 'l'histoire' ou qui ne connaissent que Murray Street ou Sonic Nurse par exemple, fuiront dans la direction opposée aussi rapidement que leurs jambes le leur permettent, ou organiseront un autodafé. Ou bien deviendront eux aussi des inconditionnels, qui sait?
Personnellement, après avoir écouté régulièrement ce CD durant des années (c'était mon premier achat de Sonic Youth, je connaissais que Dirty, vous imaginez la surprise...), je ne le mets plus que rarement dans ma platine, 3 ou 4 fois par an. Mais à chaque fois, je me dis que ça valait le coup.
Choix difficile que celui de la note, tant cet album est du genre à provoquer l'adhésion passionnée (20/20) ou le rejet scandalisé (0/20)... Allez je vais couper la poire en deux (10/20), et rajouter 5 points, comme ça, juste pour vous faire chier.
Plus qu'une compilation, Sonic Death est un collage. En effet, on ne trouve que 2 pistes sur le CD ("Side 1" et "Side 2", qui durent respectivement 38 min 32 et 29 min 31), constituées de divers passages de concerts mis bout à bout, 'en vrac'.
Et les concerts de Sonic Youth à cette époque-là, ça avait vraiment l'air d'être le bordel voire le chaos en règle, si je puis dire: leurs prestations ressemblent, plus qu'à celles de musiciens (qu'ils apprenaient à être), à des performances de jeunes diplômés d'écoles d'art ou de psychologie expérimentale essayant juste de voir combien de temps les spectateurs vont rester polis ou tolérants avant de prendre leurs jambes à leur cou, horrifiés, ou de se défendre en jetant des canettes de bière sur la scène, pas moins horrifiés... Merde, j'aurais bien voulu voir ça!
Il est un peu difficile de décrire ce disque en détail, en partie parce que deux pistes seulement ça n'aide pas pour retrouver un passage, et aussi parce que le nombre de chansons complètes est assez peu élevé: 5 seulement ("Confusion Is Next", "Burning Spear", "The World Looks Red", "Kill Your Idols", "Early American"). Le reste de la galette est composé de chansons coupées (par Thurston au montage, ou par le groupe lui-même en plein concert...), et de trucs inconnus mais pas complètement étrangers à nos oreilles: de longues improvisations, de longs trips sonores, des boucles artificielles, des commentaires de présentateurs radio (y'en a en français, bien ringards), des conversations avec un ou des membres du public ('suck my dick asshole !', rôôôô Thurston !), etc, le tout en qualité sonore variable mais jamais affreuse. Enfin, les parties jouées forment quand même le gros du bataillon.
Si l'on s'écarte de l'intérêt purement musical (qui est là, pas de doute), une autre raison d'écouter ce disque c'est le côté 'histoire de l'art': il est fascinant de voir le bébé Sonic Youth expérimenter, se chercher, en fait se créer 'en live' comme on dit. On remarque plein de trucs qui seront modifiés ou purement et simplement abandonnés par le Sonic Youth plus mature: les longs hurlements chaotiques de Thurston, Kim et Lee par exemple (quand on veut jouer devant un public mais qu'on a encore que deux chansons et demi à son actif, faut bien meubler...), ou encore les séances d'accordage (enfin de désaccordage) entre les chansons, qui coupent le rythme et seront plus tard 'masquées' en passant des cassettes préenregistrées, puis plus tard encore disparaîtront, le groupe ayant accumulé assez de grattes accordées spécifiquement pour chaque chanson...
Bref, on voit que la pièce d'archive qu'est Sonic Death est réservée aux inconditionnels de Sonic Youth et de sa première heure, qui n'en croiront pas leurs oreilles en écoutant ce trésor.
Les autres, ceux qui n'en ont rien à foutre de 'l'histoire' ou qui ne connaissent que Murray Street ou Sonic Nurse par exemple, fuiront dans la direction opposée aussi rapidement que leurs jambes le leur permettent, ou organiseront un autodafé. Ou bien deviendront eux aussi des inconditionnels, qui sait?
Personnellement, après avoir écouté régulièrement ce CD durant des années (c'était mon premier achat de Sonic Youth, je connaissais que Dirty, vous imaginez la surprise...), je ne le mets plus que rarement dans ma platine, 3 ou 4 fois par an. Mais à chaque fois, je me dis que ça valait le coup.
Choix difficile que celui de la note, tant cet album est du genre à provoquer l'adhésion passionnée (20/20) ou le rejet scandalisé (0/20)... Allez je vais couper la poire en deux (10/20), et rajouter 5 points, comme ça, juste pour vous faire chier.
Bon 15/20 | par Loser |
Posté le 13 août 2007 à 22 h 03 |
Confirmons : dans le cochon tout est bon!
Confirmons : rien ne nous oblige à tout apprécier dans le cochon!
Que ceux qui s'attendent à des extraits de concerts imparables avec des morceaux achevés du groupe new-yorkais passent leur chemin. Ou alors, il leur est (fortement) conseillé d'écouter la discographie de Sonic Youth dans l'ordre décroissant depuis, allez Dirty ou Goo, palier par palier afin de ne pas subir une dépression brutale.
Il faut du courage au novice pour se taper un peu plus d'une heure d'échantillons de ce gloubiboulga lugubre, qui de plus est servi avec un son d'enregistrement digne d'un bootleg. C'est sûr, Sonic Youth -dont les membres (Lee Ranaldo et Thurston Moore) sortaient de l'école Glenn Branca- débutait, se cherchaient, improvisaient. Alors par-ci, on entend quelques hurlements. Par-là, on entend des 'nuts nuts!" nasillés de Thurston Moore. Cependant, les curieux peuvent se prêter au jeu des détails à repérer, les prémices des morceaux en devenir tels, comme vers la quarantième minute de ce qui deviendra l'introduction de "Brother James", à la fin d'un extrait d'une des sessions.
En dissonances mélodiques, le groupe fera bien mieux, on le sait.
Confirmons : ce disque est pour les inconditionnels.
Confirmons : rien ne nous oblige à tout apprécier dans le cochon!
Que ceux qui s'attendent à des extraits de concerts imparables avec des morceaux achevés du groupe new-yorkais passent leur chemin. Ou alors, il leur est (fortement) conseillé d'écouter la discographie de Sonic Youth dans l'ordre décroissant depuis, allez Dirty ou Goo, palier par palier afin de ne pas subir une dépression brutale.
Il faut du courage au novice pour se taper un peu plus d'une heure d'échantillons de ce gloubiboulga lugubre, qui de plus est servi avec un son d'enregistrement digne d'un bootleg. C'est sûr, Sonic Youth -dont les membres (Lee Ranaldo et Thurston Moore) sortaient de l'école Glenn Branca- débutait, se cherchaient, improvisaient. Alors par-ci, on entend quelques hurlements. Par-là, on entend des 'nuts nuts!" nasillés de Thurston Moore. Cependant, les curieux peuvent se prêter au jeu des détails à repérer, les prémices des morceaux en devenir tels, comme vers la quarantième minute de ce qui deviendra l'introduction de "Brother James", à la fin d'un extrait d'une des sessions.
En dissonances mélodiques, le groupe fera bien mieux, on le sait.
Confirmons : ce disque est pour les inconditionnels.
Exécrable ! ! 1/20
Posté le 11 juin 2009 à 23 h 13 |
Ce disque n'est certes pas à mettre entre toutes les mains, mais il est terriblement représentatif de Sonic Youth première période. Le groupe en a connu plusieurs : no-wave, bruitiste, noisy, expérimentale, pop punk ; toujours à la recherche d'un nouveau son avec comme unique décor, le fond d'une poubelle et comme mot d'ordre, jouer fort et de travers ... et cela dure depuis presque 30 ans !
Sonic Death : Early Sonic 1981-1983 est un témoignage indispensable du groupe, support plus proche d'un art plastique que d'un disque au sens commun. Un seul titre, gros morceau de 68 mn, fait de collages, d'extraits live, radiophoniques au son pas si mauvais finalement. Il raconte ce qu'était ce groupe devenu mythique aujourd'hui : Bruitiste, radical, nihiliste, arty et très excitant pour un punk éveillé à la recherche d'autre chose. Ce disque qui peut paraître difficile d'accès, voire indigeste, montre pourtant parfaitement le laboratoire bouillonnant qu'était Sonic Youth à cette époque et ce qu'il promettait déjà ...
Les meilleurs disques ne sont pas toujours ceux que l'on écoute tous les jours, il suffit de les posséder pour qu'ils vous possèdent à leur tour et vous permettent d'avancer autrement et insidieusement dans le reste de votre vie sonore... Sonic Death : Early Sonic... est de cette espèce. Et pourtant, paradoxalement la meilleure période de Sonic Youth est ce qu'ils font depuis 2000, un bordel plus raffiné en quelque sorte.
Sonic Death : Early Sonic 1981-1983 est un témoignage indispensable du groupe, support plus proche d'un art plastique que d'un disque au sens commun. Un seul titre, gros morceau de 68 mn, fait de collages, d'extraits live, radiophoniques au son pas si mauvais finalement. Il raconte ce qu'était ce groupe devenu mythique aujourd'hui : Bruitiste, radical, nihiliste, arty et très excitant pour un punk éveillé à la recherche d'autre chose. Ce disque qui peut paraître difficile d'accès, voire indigeste, montre pourtant parfaitement le laboratoire bouillonnant qu'était Sonic Youth à cette époque et ce qu'il promettait déjà ...
Les meilleurs disques ne sont pas toujours ceux que l'on écoute tous les jours, il suffit de les posséder pour qu'ils vous possèdent à leur tour et vous permettent d'avancer autrement et insidieusement dans le reste de votre vie sonore... Sonic Death : Early Sonic... est de cette espèce. Et pourtant, paradoxalement la meilleure période de Sonic Youth est ce qu'ils font depuis 2000, un bordel plus raffiné en quelque sorte.
Parfait 17/20
En ligne
351 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages