Siouxsie & The Banshees
JuJu |
Label :
Polydor |
||||
Juju tire son nom d'une musique nigériane basée sur les percussions : la pochette, où figure un masque africain, y fait d'ailleurs allusion. Paru en 1981, il constitue sans doute le meilleur album de cet immense groupe qu'est Siouxsie And The Banshees. Volet central d'une trilogie, dont le dénominateur commun est le prodigieux guitariste John McGeoch (récemment décédé), commencée avec le bien nommé Kaleidoscope (1980) et achevée avec A Kiss In The Dreamhouse (1982), il en constitue certainement l'apogée. Juju est moins expérimental et éclectique que ces deux albums, mais aussi plus homogène et, surtout, plus abouti. On y retrouve tous les ingrédients de l'âge d'or de Siouxsie and the Banshees : voix ensorcelante de Siouxsie Sioux, guitares sublimes de John McGeoch, l'un des guitaristes les plus doués et inventifs de sa génération, basse en apnée de Steven Severin, au son unique (peut-être parce qu'il ne joue qu'en retour), batterie délicieusement tribale du génial Budgie, compagnon de la chanteuse. Chaque titre est un pur bonheur, en particulier les deux singles, le virevoltant "Spellbound" et l'arabisant "Arabian Knights" (bon jeu de mots !), mais aussi "Halloween" et "Into The Light", sans oublier le terrifiant "Voodoo Dolly". En résumé, un véritable chef-d'œuvre, à déguster de toute urgence !
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Gaylord |
Note du rédacteur : La version remasterisée éditée fin 2006 offre en bonus la version longue des deux singles, ainsi qu'un single inédit, l'excellent "Fireworks".
Posté le 15 février 2009 à 21 h 31 |
Les morceaux vraiment remarquables sont "Nightshift" et "Voodoo Dolly", puissamment envoûtants, exorcismes imparables. "Sin In My Heart" est très réussie: lancinances irrémissibles, haletances intenses, ostinatos sans délivrance, le dénouement étant dans la tension continue elle-même, giratoire et en crescendo: pure transe. Le refrain de "Spellbound" présente une structure semblable avec des rappels récurrents à l'harmonie, des apaisements dans la dentelle résonnante et aérienne de la guitare - en fait, le couplet. Le reste est à oublier purement et simplement. pour le prétendu 'sommet de la trilogie Mc Geoch' que constituerait ce volet central, m'est avis qu'on repassera.
Pas terrible 9/20
Posté le 22 décembre 2014 à 20 h 02 |
Vous l'aurez remarqué, depuis quelques semaines, un monomaniaque du nom d'un certain guitariste de Siouxsie And The Banshees sévit sur ce site, si bien que beaucoup d'autres membres se demandent chaque jour quelle sera l'info, ou le clip posté sur Siouxsie And The Banshees. Ce sera peut-être l'occasion pour d'autres de se plonger dans la riche discographie du groupe et de découvrir des sonorités fulgurantes. Quel disque pourrait-on alors conseiller à un novice? Par quoi commencer?
Des chefs d'oeuvre de Siouxsie And The Banshees, il y en a plein, mais leurs joyaux se trouvent bel et bien dans la trilogie "Mc Geoch" (du nom de ce fameux guitariste): Kaleidoscope / Juju / A Kiss In The Dreamhouse. Comme on ne peut pas chroniquer 3 albums d'un coup, attardons nous sur Juju, qui pourra être une bonne introduction pour un pur et dur du rock, pour ceux qui ne tolèrent que les formules guitares / basse / batterie.
Une autre raison de se consacrer à Juju est qu'il est le plus singulier de cette trilogie (bien que chaque album aie vraiment son caractère unique, original et génial), le plus obscur (bien qu'il ne soit pas dénué d'un certain exotisme), le plus proche de ce qu'a pu donner Siouxsie And The Banshees en live (les chansons de Juju sont d'ailleurs taillées pour la scène). Juju correspond également au moment où Siouxsie et Budgie ont créé The Creatures, en improvisant la chanson "But Not Them" en studio pendant que Severin et Mc Geoch étaient partis boire un coup, et que leur relation est devenue plus que musicale et professionnelle...
Après l'éclatement et l'exploration sonore que fut Kaleidoscope, et fort d'un line-up stable, le groupe a souhaité se recentrer sur un son et une orchestration plus basique, n'empêchant pas une certaine folie dans les recherches d'ambiance. Et bien que Juju soit effectivement sombre, qu'il y ait une chanson appelée "Halloween" , ce serait se méprendre que de le qualifier de gothique, tant il est bien plus riche, travaillé et au-delà des codes du genre: tout d'abord le travail de Nigel Gray (déjà producteur sur Kaleidoscope et ayant officié sur Outlandos D'Amour et Regatta De Blanc pour The Police) permet au groupe de concentrer son son, tout en le calant de réverbération dans les guitares (on retrouve cette influence du jeu d'Andy Summers, ce n'est d'ailleurs pas un hasard si c'est Mc Geoch qui a suggéré Nigel Gray aux autres...). Mc Geoch démontre alors pleinement son talent, autant dans la dissonance que dans la mélodie."Spellbound" est tout simplement un tube, avec des arpèges qui n'en finissent jamais et des guitares hispaniques qui renvoient les Gipsy Kings dans leur caravane. Siouxsie devient alors une gitane sans filtre à la folie.
Autre point important sur Juju: tous les musiciens semblent avoir progressé (certains diront que c'est pour se caler sur le génie de Mc Geoch): jamais la voix de Siouxsie jusqu'ici n'avait été aussi précise, profonde, dingue et forte ("Head Cut" est un sacré morceau en ce sens). Le style autrefois tout en légèreté de Budgie est en puissance et plus lourd ("Into The Light", "Arabian Knights", "Sin In My Heart"...), la basse de Severin est plus ronde et Mc Geoch peut enfin complètement se lâcher, entre mélodies pop et psychédélisme, style "piqué" et orientalisant.
Au niveau des chansons, on a dans ce disque certains des titres les plus emblématiques du groupe: "Arabian Nights" poursuit les territoires ouverts par "Israel", où les guitares viennent se poser comme des bijous 24 carats sur une poitrine chaude et orgueilleuse, un titre sensuel et sale, tels les mille et une nuits imaginées par Siouxsie. "Monitor" est l'un des meilleurs titres du groupe, psychédélique et punk, saturé, préfiqurant quelque peu les Smashing Pumpkins sur certains titres de Siamese Dream. "Halloween" revient au punk des débuts et montre comment Mc Geoch et Budgie ont réussi à faire évoluer le groupe à un autre niveau, sans lui faire perdre son son, son origine et son identité (ce qui n'est pas rien!). Après ça, c'est dans la gueule des enfants que vous jetterez les bonbons...
C'est surtout la face B de Juju qui construira sa réputation de disque obscur: "Nightshift", ses guitares saturées, ses paroles au bon goût ("Fuck The Mothers, Kill The Others..."), la détresse et les larsens mélancoliques de "Sin In My Heart", la folie transpirante d'"Headcut", la longue agonie de "Voodoo Dolly" (qui réussit en gros ce que Join Hands et "The Lords Prayer" avaient échoué)... C'est cette partie qui connaîtra des moments de gloire en concert et qui appuiera la réputation du groupe dans cet exercice.
On en oublierait dans cette énumération "Into The Light" où la voix de Siouxsie a rarement été aussi fragile, inquiète et où la guitare de Mc Geoch pleure sur des mélodies aigües.
On recommandera l'écoute de Juju sur vinyle, tant le son, la production correspond parfaitement à ce format. Il est une étape importante pour le groupe, mais c'est bel et bien l'album suivant qui confirmera son apothéose.
Des chefs d'oeuvre de Siouxsie And The Banshees, il y en a plein, mais leurs joyaux se trouvent bel et bien dans la trilogie "Mc Geoch" (du nom de ce fameux guitariste): Kaleidoscope / Juju / A Kiss In The Dreamhouse. Comme on ne peut pas chroniquer 3 albums d'un coup, attardons nous sur Juju, qui pourra être une bonne introduction pour un pur et dur du rock, pour ceux qui ne tolèrent que les formules guitares / basse / batterie.
Une autre raison de se consacrer à Juju est qu'il est le plus singulier de cette trilogie (bien que chaque album aie vraiment son caractère unique, original et génial), le plus obscur (bien qu'il ne soit pas dénué d'un certain exotisme), le plus proche de ce qu'a pu donner Siouxsie And The Banshees en live (les chansons de Juju sont d'ailleurs taillées pour la scène). Juju correspond également au moment où Siouxsie et Budgie ont créé The Creatures, en improvisant la chanson "But Not Them" en studio pendant que Severin et Mc Geoch étaient partis boire un coup, et que leur relation est devenue plus que musicale et professionnelle...
Après l'éclatement et l'exploration sonore que fut Kaleidoscope, et fort d'un line-up stable, le groupe a souhaité se recentrer sur un son et une orchestration plus basique, n'empêchant pas une certaine folie dans les recherches d'ambiance. Et bien que Juju soit effectivement sombre, qu'il y ait une chanson appelée "Halloween" , ce serait se méprendre que de le qualifier de gothique, tant il est bien plus riche, travaillé et au-delà des codes du genre: tout d'abord le travail de Nigel Gray (déjà producteur sur Kaleidoscope et ayant officié sur Outlandos D'Amour et Regatta De Blanc pour The Police) permet au groupe de concentrer son son, tout en le calant de réverbération dans les guitares (on retrouve cette influence du jeu d'Andy Summers, ce n'est d'ailleurs pas un hasard si c'est Mc Geoch qui a suggéré Nigel Gray aux autres...). Mc Geoch démontre alors pleinement son talent, autant dans la dissonance que dans la mélodie."Spellbound" est tout simplement un tube, avec des arpèges qui n'en finissent jamais et des guitares hispaniques qui renvoient les Gipsy Kings dans leur caravane. Siouxsie devient alors une gitane sans filtre à la folie.
Autre point important sur Juju: tous les musiciens semblent avoir progressé (certains diront que c'est pour se caler sur le génie de Mc Geoch): jamais la voix de Siouxsie jusqu'ici n'avait été aussi précise, profonde, dingue et forte ("Head Cut" est un sacré morceau en ce sens). Le style autrefois tout en légèreté de Budgie est en puissance et plus lourd ("Into The Light", "Arabian Knights", "Sin In My Heart"...), la basse de Severin est plus ronde et Mc Geoch peut enfin complètement se lâcher, entre mélodies pop et psychédélisme, style "piqué" et orientalisant.
Au niveau des chansons, on a dans ce disque certains des titres les plus emblématiques du groupe: "Arabian Nights" poursuit les territoires ouverts par "Israel", où les guitares viennent se poser comme des bijous 24 carats sur une poitrine chaude et orgueilleuse, un titre sensuel et sale, tels les mille et une nuits imaginées par Siouxsie. "Monitor" est l'un des meilleurs titres du groupe, psychédélique et punk, saturé, préfiqurant quelque peu les Smashing Pumpkins sur certains titres de Siamese Dream. "Halloween" revient au punk des débuts et montre comment Mc Geoch et Budgie ont réussi à faire évoluer le groupe à un autre niveau, sans lui faire perdre son son, son origine et son identité (ce qui n'est pas rien!). Après ça, c'est dans la gueule des enfants que vous jetterez les bonbons...
C'est surtout la face B de Juju qui construira sa réputation de disque obscur: "Nightshift", ses guitares saturées, ses paroles au bon goût ("Fuck The Mothers, Kill The Others..."), la détresse et les larsens mélancoliques de "Sin In My Heart", la folie transpirante d'"Headcut", la longue agonie de "Voodoo Dolly" (qui réussit en gros ce que Join Hands et "The Lords Prayer" avaient échoué)... C'est cette partie qui connaîtra des moments de gloire en concert et qui appuiera la réputation du groupe dans cet exercice.
On en oublierait dans cette énumération "Into The Light" où la voix de Siouxsie a rarement été aussi fragile, inquiète et où la guitare de Mc Geoch pleure sur des mélodies aigües.
On recommandera l'écoute de Juju sur vinyle, tant le son, la production correspond parfaitement à ce format. Il est une étape importante pour le groupe, mais c'est bel et bien l'album suivant qui confirmera son apothéose.
Parfait 17/20
En ligne
365 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages