Sonic Youth
Rather Ripped |
Label :
Geffen |
||||
Ce disque va encore faire débat dans les chaumières. Ravir les fans récents du groupe, et refroidir une fois de plus les vieux briscards adeptes de Daydream Nation... Je crois que la raison se trouve au milieu, ce disque n'est pas un chef d'oeuvre (on en est même très loin), ni un disque inepte (on est encore au dessus d'une grande partie de la production rock actuelle).
Le plus dur est d'accepter que ce groupe est vieux, qu'il ne faut pas trop leur en demander en terme de révolution musicale. En effet ici rien de percutant, d'innovant, on a affaire à une sorte de pop rock indie assez classieuse, typiquement américaine ("Reena", le tube "Incinerate") nous rappelant l'époque bénie des 90's où Pavement, Sebadoh et autres enchantaient les foules, qui ne se contentaient pas uniquement de garage rock de deuxième zone comme aujourd'hui.
Un assez touchant et lancinant "Do You Believe The Rapture" aux sonorités un peu dissonantes, enchante même vraiment. Malheureusement un très basique noisy rock et sans intérêt "Sleeping Around", un "What A Taste" déjà entendu 100 fois, ou des morceaux vraiment pépères comme "Lights Out" et "Neutral" (assez médiocre même celui là, tant au niveau des mélodies, parties guitares ou sons utilisés) viennent plomber un disque finalement assez proche de Murray Street. On comptera sur les doigts de la main les merveilles du disque : "Turquoise Boy", morceau vraiment ambitieux démarrant poppy comme le reste du disque pour finir sur la seule plage de noise abstractive du disque, l'excellent "Pink Steam" cousin plus rêche et inversé de "Rain On Tin", avec les plus belle parties de guitares du disque et une ligne de chant parfaite de Thurston Moore, et surtout "OR", petite merveille d'émotion, qui mélange une partie musicale digne de Confusion Is Sex avec une mélodie vocale proche d'une berceuse et un texte original sur les tournées. Ce titre est une réelle ouverture dans l'univers du groupe.
Petite déception aussi du coté de Lee Ranaldo, qui nous avait habitué à l'excellence dernièrement ("Karen Revisited" ou "Paper Cup Exit" justifiaient à eux seuls l'achat des deux précédent disques), son "Rats" étant une caricature de titre 'à la Lee Ranaldo' tournant un peu à vide.
Rather Ripped est donc un album mi-figue, mi-raisin malgré tout très agréable à écouter. Mais n'attend on pas autre chose d'un disque de Sonic Youth ?
Le plus dur est d'accepter que ce groupe est vieux, qu'il ne faut pas trop leur en demander en terme de révolution musicale. En effet ici rien de percutant, d'innovant, on a affaire à une sorte de pop rock indie assez classieuse, typiquement américaine ("Reena", le tube "Incinerate") nous rappelant l'époque bénie des 90's où Pavement, Sebadoh et autres enchantaient les foules, qui ne se contentaient pas uniquement de garage rock de deuxième zone comme aujourd'hui.
Un assez touchant et lancinant "Do You Believe The Rapture" aux sonorités un peu dissonantes, enchante même vraiment. Malheureusement un très basique noisy rock et sans intérêt "Sleeping Around", un "What A Taste" déjà entendu 100 fois, ou des morceaux vraiment pépères comme "Lights Out" et "Neutral" (assez médiocre même celui là, tant au niveau des mélodies, parties guitares ou sons utilisés) viennent plomber un disque finalement assez proche de Murray Street. On comptera sur les doigts de la main les merveilles du disque : "Turquoise Boy", morceau vraiment ambitieux démarrant poppy comme le reste du disque pour finir sur la seule plage de noise abstractive du disque, l'excellent "Pink Steam" cousin plus rêche et inversé de "Rain On Tin", avec les plus belle parties de guitares du disque et une ligne de chant parfaite de Thurston Moore, et surtout "OR", petite merveille d'émotion, qui mélange une partie musicale digne de Confusion Is Sex avec une mélodie vocale proche d'une berceuse et un texte original sur les tournées. Ce titre est une réelle ouverture dans l'univers du groupe.
Petite déception aussi du coté de Lee Ranaldo, qui nous avait habitué à l'excellence dernièrement ("Karen Revisited" ou "Paper Cup Exit" justifiaient à eux seuls l'achat des deux précédent disques), son "Rats" étant une caricature de titre 'à la Lee Ranaldo' tournant un peu à vide.
Rather Ripped est donc un album mi-figue, mi-raisin malgré tout très agréable à écouter. Mais n'attend on pas autre chose d'un disque de Sonic Youth ?
Pas mal 13/20 | par X_Elmo |
Posté le 29 mai 2006 à 16 h 43 |
Sonic Nurse sonnait le début d'une nouvelle ère. Kim Gordon, Thurston Moore, Lee Ranaldo, Steve Shelley et Jim O'Rourke avaient, semble-t-il offert à la musique un accomplissement dont elle ne mesure pas encore l'impact. Ce dernier album s'inscrivait directement dans la quête 'sonore' du groupe, commencée en 81, et manifestait une telle puissance, qu'il renaîtra dans les esprits rock d'ici 10 ans. Renouant avec l'éthique de Confusion Is Sex tout en s'aventurant un peu plus vers le minimalisme expérimental, Rather Ripped prolonge le chemin que le Nurse semblait pourtant avoir porté à son apothéose.
L'œuvre de ce groupe s'aborde dans son ensemble. Il ne s'agit sûrement pas d'oublier les SYR et autres side projects qui permettent une meilleure appréhension de leur travail. Tout prend un sens définitivement humain dans ce dernier opus. La production atteint des degrés de complexité et de sophistication rares, pour tendre vers une effusion de sens et de plaisir. Les arrangements sont d'une subtilité profondément orgasmique, l'oreille est submergée par des détails sans en être 'étouffée'. Le rapport temporel, de 'l'attente perforée' cher au groupe New-yorkais est encore plus prononcé ici. On avait cru à son paroxysme avec "Stones" dont la réécoute provoque une tension angoissante avant l'arrivée des harmoniques, "Turquoise Boy" réédite parvenant à produire 'un air silencieux' emplissant la pièce et votre corps jusqu'à la libération finale. Des morceaux comme "Incinerate" ou "Sleeping Around" puisent dans les premières inspirations du groupe tout en s'élançant vers un "ailleurs" qu'entrouvre une maturité certaine. Tout est contrôlé. C'est comme si la verve, l'énergie de leurs débuts, ce qui les rendait si particuliers, si unique, cette incommensurable puissance se voyait enfin maîtrisée, tenue dans les cordes et les baguettes. Le néant que crachait Confusion Is Sex et les SYR parvient à son harmonie la plus transcendante dans ce sublimissime Rather Ripped. L'orgasme artistique éclate alors avec "Pink Steam" dont les entrelacs de guitares, ponctués par de petites notes saturés et de délicats larsens ne produisent pas un feu d'artifice, une explosion de joie, mais un vide rassurant, une force retenue qui s'échappe par une faible lueur, un ton qui laisse entrevoir les clefs d'un monde depuis longtemps tenu pour absurde. Le nihilisme exacerbé de Sonic Youth prenant ainsi son sens le plus vaste : atteindre le néant n'était pas vain, toute la puissance du monde se trouve derrière. Merci.
L'œuvre de ce groupe s'aborde dans son ensemble. Il ne s'agit sûrement pas d'oublier les SYR et autres side projects qui permettent une meilleure appréhension de leur travail. Tout prend un sens définitivement humain dans ce dernier opus. La production atteint des degrés de complexité et de sophistication rares, pour tendre vers une effusion de sens et de plaisir. Les arrangements sont d'une subtilité profondément orgasmique, l'oreille est submergée par des détails sans en être 'étouffée'. Le rapport temporel, de 'l'attente perforée' cher au groupe New-yorkais est encore plus prononcé ici. On avait cru à son paroxysme avec "Stones" dont la réécoute provoque une tension angoissante avant l'arrivée des harmoniques, "Turquoise Boy" réédite parvenant à produire 'un air silencieux' emplissant la pièce et votre corps jusqu'à la libération finale. Des morceaux comme "Incinerate" ou "Sleeping Around" puisent dans les premières inspirations du groupe tout en s'élançant vers un "ailleurs" qu'entrouvre une maturité certaine. Tout est contrôlé. C'est comme si la verve, l'énergie de leurs débuts, ce qui les rendait si particuliers, si unique, cette incommensurable puissance se voyait enfin maîtrisée, tenue dans les cordes et les baguettes. Le néant que crachait Confusion Is Sex et les SYR parvient à son harmonie la plus transcendante dans ce sublimissime Rather Ripped. L'orgasme artistique éclate alors avec "Pink Steam" dont les entrelacs de guitares, ponctués par de petites notes saturés et de délicats larsens ne produisent pas un feu d'artifice, une explosion de joie, mais un vide rassurant, une force retenue qui s'échappe par une faible lueur, un ton qui laisse entrevoir les clefs d'un monde depuis longtemps tenu pour absurde. Le nihilisme exacerbé de Sonic Youth prenant ainsi son sens le plus vaste : atteindre le néant n'était pas vain, toute la puissance du monde se trouve derrière. Merci.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 09 juin 2006 à 11 h 46 |
Après l'écoute de Rather Ripped, une seule chose est sûre - ou presque : ce n'est pas avec cet album que ceux qui ont lâché Sonic Youth depuis la période allant de Goo à Experimental Jet Set Trash And No Star reviendront. Pour les autres, et en particulier ceux qui avaient apprécié Sonic Nurse, le nouvel album du groupe new-yorkais a de grandes chances d'être un très bon disque. Je fais personnellement partie de cette catégorie, et c'est donc sans surprise que j'adore Rather Ripped.
Cet album est incontestablement l'un des plus pop du groupe, comme le prouvent d'entrée "Reena" et "Incinerate". La durée des morceaux a considérablement rétrécie: Sonic Youth nous avait habitué à des titres durant plus de 6/7 minutes, alors qu'ici la moitié des titres dure moins de 4 minutes et seulement deux durent plus de 6. On y retrouve également des éléments totalement inédits dans des albums de Sonic Youth, principalement regroupés dans les morceaux "Do You Believe In Rapture ?" et "Or", et encore plus particulièrement sur ce dernier. "Do You Believe In Rapture", avec son tempo lent et son riff hypnotique basé sur des harmoniques arpégées, soutenu par une batterie qui utilise principalement ses cymbales ; une autre guitare complètement atonale apparaît clairement à partir du second couplet. "Or" est quand à lui une belle surprise. L'accompagnement instrumental de ce morceau n'est quasiment composé que de la batterie tribale de Steve Shelley, avec parfois quelques fragiles notes de guitare, comme si elles étaient à la recherche d'une structure. Ce morceau se rapproche, par son style 'jam session', de "She Is Not Alone", du premier album éponyme. Les autres morceaux se déploient dans un style pop/rock énergique, hypnotique ou tranquille selon les moments.
Pour autant, nous sommes bien sûr ici en présence d'un album de Sonic Youth, et les éléments qui ont fait la réputation sont bien présents. Ceux qui clament que dissonances, larsens et saturations ont disparu n'ont certainement pas acheté le bon album... Il n'y a qu'à écouter l'intro larsenisée et l'explosion noisy après le premier couplet de "Sleepin Around" pour s'en convaincre. On retrouve même une sonorité proche de la perceuse que Lee Ranaldo utilisait dans "The Burning Spear" dans le fond sonore de "What A Waste" et à d'autres endroits du disque. Dans l'ensemble, dissonances et larsens sont donc toujours là, mais en un peu plus dilué dans l'ambiance que sur les autres albums. Évitez également de vous laisser abuser par l'écoute de "Reena" et "Incinerate" que l'on trouve comme une sorte de single pour le disque, bien qu'aucun single ne soit officiellement paru : si ces deux morceaux sont très bons, ils ne sont pas vraiment représentatifs de l'atmosphère nocturne et parfois mélancolique de l'album... Jetez plutôt une oreille (c'est une expression, lâchez cette scie tout de suite...) au superbe "Jams Run Free", meilleur morceau de l'album à mon goût, chanté magnifiquement par une Kim Gordon qui sonne d'ailleurs à merveille sur "Rather Ripped", ou au morceau de Lee Ranaldo, "Rats"... L'album a, comme chaque album du groupe, un son et une ambiance unique par rapport aux autres albums de l'imposante discographie de la jeunesse sonique. On peut bien sur trouver quelques points communs avec d'autres disques : Sister et Sonic Nurse pour le format pop des compositions, Goo au niveau de la basse (Kim fait son grand retour sur son instrument de prédilection et ça n'est pas pour nous déplaire), mais cet album a de nombreux éléments qui le rendent très différent de ces derniers albums. Le morceau se rapprochant le plus d'autres albums est sans conteste "Pink Steam", ce qui est sans doute l'une des raisons pour lesquelles ce morceau est considéré par beaucoup comme la perle de cet album, même si je ne suis pas totalement de cet avis : il s'agit du morceau le plus long du disque, presque 7 minutes, dont seulement 1 minute 30 à peu près chanté, le reste étant un instrumental composé de nombreuses structures différentes qui devrait ravir les accrocs de A Thousand Leaves. Une excellente surprise. "Turquoise Boy" se situe également dans le même style - il s'agit d'ailleurs du deuxième morceau de plus de 6 minutes - et si le groupe y réutilise discrètement le riff de "Heather Angel" (A Thousand Leaves) et qu'on peut aussi y retrouver une idée déjà présente dans l'enchaînement "The Wonder"/"Hyperstation" de la "Trilogy" de Daydream Nation, le morceau apporte assez de nouveautés pour qu'on oublie ces petits détails qui feront cependant le bonheur de certains de ceux dont je parlais plus haut et qui ont arrêté d'écouter Sonic Youth après le tournant des années 90 ("Sonic Youth n'a plus d'idées et ne fait que recycler ses idées encore et encore", 'c'était mieux avant'... mais attention, je ne critique absolument pas leur position...).
Bien sûr, Rather Ripped est loin d'être le meilleur disque du groupe, mais on ne peut pas non plus leur demander un Bad Moon Rising ou un EVOL à chaque fois, hein... L'important est que Sonic Youth nous livre ici entre 12 et 15 très bons morceaux (la version américaine comporte les 12 morceaux de l'album, les versions hors-USA comportent également Helen Lundeberg en bonus, la version anglaise a "Helen Lundeberg" et "Eyeliner" et enfin, la version japonaise bénéficie de ces deux derniers plus un remix 'floaty' de "Do You Believe In Rapture") -même si je n'accroche pas encore totalement à "The Neutral"-, parvient se réinventer et à retrouver un nouveau son, une nouvelle ambiance, une nouvelle fois, et en cela atteint complètement son objectif. Vivement le prochain album.
PS: En fonction des versions, la tracklist comprendra ou non "Helen Lundeberg", "Eyeliner" et "Do You Believe In Rapture ? (Floaty Mix)"
Cet album est incontestablement l'un des plus pop du groupe, comme le prouvent d'entrée "Reena" et "Incinerate". La durée des morceaux a considérablement rétrécie: Sonic Youth nous avait habitué à des titres durant plus de 6/7 minutes, alors qu'ici la moitié des titres dure moins de 4 minutes et seulement deux durent plus de 6. On y retrouve également des éléments totalement inédits dans des albums de Sonic Youth, principalement regroupés dans les morceaux "Do You Believe In Rapture ?" et "Or", et encore plus particulièrement sur ce dernier. "Do You Believe In Rapture", avec son tempo lent et son riff hypnotique basé sur des harmoniques arpégées, soutenu par une batterie qui utilise principalement ses cymbales ; une autre guitare complètement atonale apparaît clairement à partir du second couplet. "Or" est quand à lui une belle surprise. L'accompagnement instrumental de ce morceau n'est quasiment composé que de la batterie tribale de Steve Shelley, avec parfois quelques fragiles notes de guitare, comme si elles étaient à la recherche d'une structure. Ce morceau se rapproche, par son style 'jam session', de "She Is Not Alone", du premier album éponyme. Les autres morceaux se déploient dans un style pop/rock énergique, hypnotique ou tranquille selon les moments.
Pour autant, nous sommes bien sûr ici en présence d'un album de Sonic Youth, et les éléments qui ont fait la réputation sont bien présents. Ceux qui clament que dissonances, larsens et saturations ont disparu n'ont certainement pas acheté le bon album... Il n'y a qu'à écouter l'intro larsenisée et l'explosion noisy après le premier couplet de "Sleepin Around" pour s'en convaincre. On retrouve même une sonorité proche de la perceuse que Lee Ranaldo utilisait dans "The Burning Spear" dans le fond sonore de "What A Waste" et à d'autres endroits du disque. Dans l'ensemble, dissonances et larsens sont donc toujours là, mais en un peu plus dilué dans l'ambiance que sur les autres albums. Évitez également de vous laisser abuser par l'écoute de "Reena" et "Incinerate" que l'on trouve comme une sorte de single pour le disque, bien qu'aucun single ne soit officiellement paru : si ces deux morceaux sont très bons, ils ne sont pas vraiment représentatifs de l'atmosphère nocturne et parfois mélancolique de l'album... Jetez plutôt une oreille (c'est une expression, lâchez cette scie tout de suite...) au superbe "Jams Run Free", meilleur morceau de l'album à mon goût, chanté magnifiquement par une Kim Gordon qui sonne d'ailleurs à merveille sur "Rather Ripped", ou au morceau de Lee Ranaldo, "Rats"... L'album a, comme chaque album du groupe, un son et une ambiance unique par rapport aux autres albums de l'imposante discographie de la jeunesse sonique. On peut bien sur trouver quelques points communs avec d'autres disques : Sister et Sonic Nurse pour le format pop des compositions, Goo au niveau de la basse (Kim fait son grand retour sur son instrument de prédilection et ça n'est pas pour nous déplaire), mais cet album a de nombreux éléments qui le rendent très différent de ces derniers albums. Le morceau se rapprochant le plus d'autres albums est sans conteste "Pink Steam", ce qui est sans doute l'une des raisons pour lesquelles ce morceau est considéré par beaucoup comme la perle de cet album, même si je ne suis pas totalement de cet avis : il s'agit du morceau le plus long du disque, presque 7 minutes, dont seulement 1 minute 30 à peu près chanté, le reste étant un instrumental composé de nombreuses structures différentes qui devrait ravir les accrocs de A Thousand Leaves. Une excellente surprise. "Turquoise Boy" se situe également dans le même style - il s'agit d'ailleurs du deuxième morceau de plus de 6 minutes - et si le groupe y réutilise discrètement le riff de "Heather Angel" (A Thousand Leaves) et qu'on peut aussi y retrouver une idée déjà présente dans l'enchaînement "The Wonder"/"Hyperstation" de la "Trilogy" de Daydream Nation, le morceau apporte assez de nouveautés pour qu'on oublie ces petits détails qui feront cependant le bonheur de certains de ceux dont je parlais plus haut et qui ont arrêté d'écouter Sonic Youth après le tournant des années 90 ("Sonic Youth n'a plus d'idées et ne fait que recycler ses idées encore et encore", 'c'était mieux avant'... mais attention, je ne critique absolument pas leur position...).
Bien sûr, Rather Ripped est loin d'être le meilleur disque du groupe, mais on ne peut pas non plus leur demander un Bad Moon Rising ou un EVOL à chaque fois, hein... L'important est que Sonic Youth nous livre ici entre 12 et 15 très bons morceaux (la version américaine comporte les 12 morceaux de l'album, les versions hors-USA comportent également Helen Lundeberg en bonus, la version anglaise a "Helen Lundeberg" et "Eyeliner" et enfin, la version japonaise bénéficie de ces deux derniers plus un remix 'floaty' de "Do You Believe In Rapture") -même si je n'accroche pas encore totalement à "The Neutral"-, parvient se réinventer et à retrouver un nouveau son, une nouvelle ambiance, une nouvelle fois, et en cela atteint complètement son objectif. Vivement le prochain album.
PS: En fonction des versions, la tracklist comprendra ou non "Helen Lundeberg", "Eyeliner" et "Do You Believe In Rapture ? (Floaty Mix)"
Excellent ! 18/20
Posté le 10 juin 2006 à 19 h 41 |
J'attendais avec impatience ce nouvel album de Sonic Youth. Après le très bon Sonic Nurse, qui a passablement changé le style noisy des premiers albums, Sonic Youth revient avec un album avec des morceaux mélodiques avec la voix dissonante de Kim ("Reena") et des morceaux plus calmes qui se rapprochent de Sonic Nurse ("Do You Believe In Rapture", "Lights Out").
De manière générale, tous les morceaux sont de bonne qualité. Le temps des morceaux noisy de Sister est révolu (Sonic Youth trop vieux pour ça ???) Vivement de les voir en concert pour que la guitare de Thurston hurle à la mort...
De manière générale, tous les morceaux sont de bonne qualité. Le temps des morceaux noisy de Sister est révolu (Sonic Youth trop vieux pour ça ???) Vivement de les voir en concert pour que la guitare de Thurston hurle à la mort...
Très bon 16/20
Posté le 15 juin 2006 à 18 h 14 |
Ah ouai tiens, Sonic Youth sort un nouvel album ? J'avais complètement décroché depuis A Thousand Leaves, et depuis je trouvais le groupe devenu lourdingue, voire chiant même, la collaboration avec Jim O'Rourke ne m'a également pas séduit... Bref, hier je passe à la Fnac et, en voyant Rather Ripped je me dit 'tiens, pourquoi pas !' Au final, je regrette pas du tout car c'est exactement ce que j'avais envie d'écouter (d'ailleurs j'en parlais il y'a peu dans le forum Musiques) : Du bon vieux rock indé made in U.S. me rappelant le bon vieux temps !! Ok ici, rien de neuf, rien d'expérimental, ça sonne 'déjà entendu', mais putain, qu'est ce qu'ils le font bien !!
Voilà ce n'est sûrement pas un chef-d'oeuvre, c'est sobre, direct, mais surtout terriblement frais ! Et moi c'est tout ce que je demande...
Voilà ce n'est sûrement pas un chef-d'oeuvre, c'est sobre, direct, mais surtout terriblement frais ! Et moi c'est tout ce que je demande...
Sympa 14/20
Posté le 22 juin 2006 à 21 h 40 |
Accepter la dissonance...
... Ou la contourner. Les derniers albums de Sonic Youth avaient fait la part belle à des morceaux abordables, faciles à appréhender et attirants pour qui découvrait le groupe, au désespoir de quelques caciques nostalgiques d'un son strictly Noise ébouriffant mais ne laissant pas de répit. "Rather Ripped" confirme cette tendance de "vulgarisation", et on dirait que les distorsions bruitistes sont désormais réservées aux albums expérimentaux étiquettés SYR (Sonic Youth Recordings). Thurston Moore confiait dans le Wire de juin 2006 que "Rather Ripped" avait été composé comme en son temps le "Parallel Lines" de Blondie. Un virage populaire en quelque sorte, qui met au second plan la pulpe dissonante. Mais on ne sait jamais, elle peut revenir.
Abordable, donc. Mais la dissonance persiste, malgré la douceur des timbres et les mélodies accrocheuses : Thurston Moore appelle au calme sur "Do you believe in rapture" et balance un flow cool sur "Lights out", tandis que Lee Ranaldo fait le grand écart sur l'excellent "Rats" (qui ressemble à première écoute à du Depeche Mode 90's). Tout cela va sans doute séduire les novices perdus au pays des guitares désaccordées. Et en se remémorant Kim Gordon donnant dans les aigus sur "I love You Golden Blue" à la fin du précedent album "Sonic Nurse", on ne peut qu'adorer "Jams run free", dont les premiers accords illustrent à eux seuls la profondeur du son Sonic Youth : des notes de guitare qui ne disent pas leur nom et qui tombent là où on ne les attend pas, décalées comme des gouttes de pluie dans l'oreille perplexe d'un auditeur toujours plus avide.
A l'écoute d"Incinerate", jouée à chaque fois comme morceau d'ouverture lors des concerts en France en avril 2006, ou de "Sleeping Around", on se dit qu'il y a du single dans l'air, mais ne perdons pas de vue l'essentiel : Sonic Youth ne vieillit pas. Pas à mon goût. Des morceaux plus ostentatoires ont certes été playlistés stratégiquement, mais il n'en restent pas moins magnifiques, même s'ils éloignent le fan originel de Sonic Youth de ce à quoi il s'attend à l'écoute d'un nouvel album : ramper dans un marécage de morceaux difficiles.
On the road again. Ce disque sent le désert, on rempile dans un univers rocailleux qui empeste l'Amérique réac et les canyons gorgés de vipères. Il y a un furieux vécu yankee derrière ces morceaux, et c'est peut-être aussi ce que décrit la rage toujours efficace de Sonic Youth : le visage botoxé d'une Amérique plus névrosée que jamais. Les voix transpirent, mine de rien. Le soleil est couchant, il est brûlant, il est parfois caché par un nuage, mais il est toujours là. Il berce la bande FM, les pick-up et les crooners. Les cheveux au vent on réécoute "The Neutral" ou "Pink Steam", et c'est bien du rock qui nous agite en ce moment.
... Ou la contourner. Les derniers albums de Sonic Youth avaient fait la part belle à des morceaux abordables, faciles à appréhender et attirants pour qui découvrait le groupe, au désespoir de quelques caciques nostalgiques d'un son strictly Noise ébouriffant mais ne laissant pas de répit. "Rather Ripped" confirme cette tendance de "vulgarisation", et on dirait que les distorsions bruitistes sont désormais réservées aux albums expérimentaux étiquettés SYR (Sonic Youth Recordings). Thurston Moore confiait dans le Wire de juin 2006 que "Rather Ripped" avait été composé comme en son temps le "Parallel Lines" de Blondie. Un virage populaire en quelque sorte, qui met au second plan la pulpe dissonante. Mais on ne sait jamais, elle peut revenir.
Abordable, donc. Mais la dissonance persiste, malgré la douceur des timbres et les mélodies accrocheuses : Thurston Moore appelle au calme sur "Do you believe in rapture" et balance un flow cool sur "Lights out", tandis que Lee Ranaldo fait le grand écart sur l'excellent "Rats" (qui ressemble à première écoute à du Depeche Mode 90's). Tout cela va sans doute séduire les novices perdus au pays des guitares désaccordées. Et en se remémorant Kim Gordon donnant dans les aigus sur "I love You Golden Blue" à la fin du précedent album "Sonic Nurse", on ne peut qu'adorer "Jams run free", dont les premiers accords illustrent à eux seuls la profondeur du son Sonic Youth : des notes de guitare qui ne disent pas leur nom et qui tombent là où on ne les attend pas, décalées comme des gouttes de pluie dans l'oreille perplexe d'un auditeur toujours plus avide.
A l'écoute d"Incinerate", jouée à chaque fois comme morceau d'ouverture lors des concerts en France en avril 2006, ou de "Sleeping Around", on se dit qu'il y a du single dans l'air, mais ne perdons pas de vue l'essentiel : Sonic Youth ne vieillit pas. Pas à mon goût. Des morceaux plus ostentatoires ont certes été playlistés stratégiquement, mais il n'en restent pas moins magnifiques, même s'ils éloignent le fan originel de Sonic Youth de ce à quoi il s'attend à l'écoute d'un nouvel album : ramper dans un marécage de morceaux difficiles.
On the road again. Ce disque sent le désert, on rempile dans un univers rocailleux qui empeste l'Amérique réac et les canyons gorgés de vipères. Il y a un furieux vécu yankee derrière ces morceaux, et c'est peut-être aussi ce que décrit la rage toujours efficace de Sonic Youth : le visage botoxé d'une Amérique plus névrosée que jamais. Les voix transpirent, mine de rien. Le soleil est couchant, il est brûlant, il est parfois caché par un nuage, mais il est toujours là. Il berce la bande FM, les pick-up et les crooners. Les cheveux au vent on réécoute "The Neutral" ou "Pink Steam", et c'est bien du rock qui nous agite en ce moment.
Très bon 16/20
Posté le 22 juin 2006 à 15 h 17 |
Pour moi, Rather Ripped c'est un peu comme un vieux vin pour lequel il ne reste que quelques années avant de tourner à la piquette. Bien sûr, il a perdu de son tempérament d'origine (un grand vin dès le début, mais un peu âpre à boire les premières années), mais avec les années des parfums extrêmement fins se sont révélés, mais passé un délai, ils disparaissent et le vin devient de la flotte.
Rather Ripped, c'est ça. L'album n'a certes plus la pêche d'origine, mais on voit à son apothéose le groupe dans un style à la frontière entre la pop et le rock expérimental, ou même l'expérimentation se fait délicate, raffinée et poétique. Mais ne nous voilons pas la face : c'est le troisième album qui explore cette voie et il y a un peu le sentiment qu'on arrive au bout...
En conclusion, Sonic Youth nous livre comme d'habitude un chef-d'œuvre mais attention au suivant...
Rather Ripped, c'est ça. L'album n'a certes plus la pêche d'origine, mais on voit à son apothéose le groupe dans un style à la frontière entre la pop et le rock expérimental, ou même l'expérimentation se fait délicate, raffinée et poétique. Mais ne nous voilons pas la face : c'est le troisième album qui explore cette voie et il y a un peu le sentiment qu'on arrive au bout...
En conclusion, Sonic Youth nous livre comme d'habitude un chef-d'œuvre mais attention au suivant...
Excellent ! 18/20
Posté le 22 mars 2007 à 20 h 29 |
Bon voilà, après plus de six mois d'écoute, ce nouvel album de Sonic Youth est digéré. Le groupe m'avait laissé sur les genoux avec un Sonic Nurse excellent et ce Rather Ripped confirme la bonne santé constante du combo New-Yorkais.
La direction plus mélodique et 'facile d'accès' engagée depuis quelques années est ici toujours d'actualité. N'en déplaise aux conservateurs, le groupe ne s'est toujours pas décidé à revenir à l'expérimentation abstraite. Les albums SYR sont là pour ça. Ce disque se situe plutôt à la croisée des innovations de Sonic Nurse (mélodies calmes et posées, lignes de chants plus douces) et des albums du début des années 90 ("Sleepin' Around", "Jam Runs Free").
Le premier titre, "Reena", très énergique, suit la lignée du précédent album : mélodique, batterie simple mais au groove énorme... On est d'entrée plongé dans l'univers du groupe. Le chant de Kim Gordon atteint la perfection, elle est lyriquement au sommet depuis quelques albums et le confirme.
Des titres comme "Lights Out" ou "Incinerate" poursuivent l'évolution de style entamée sur Murray Street ou Sonic Nurse. Petites chansons agréables, gentilles et plaisantes à écouter. Thurston Moore chante à nouveau de manière posée et retenue.
Véritable pépite de l'album "Turquoise Boy" mélange quelques marques de fabrique du groupe pour former un enchaînement de sensations tourbillonnant. Le morceau commence mélodiquement et la voix douce de Kim Gordon semble déclamer une berceuse à ce 'garçon turquoise'. Puis vient un passage emo que ne renierait pas Fugazi, la tension monte avant un fracas de dissonances et de larsens assourdissant. Le morceau reprend là où il a commencé. Véritable tour de force que de faire passer autant de sensations opposées dans un morceau de six minutes...
A noter également, le titre "Pink Steam" qui se veut une continuation d'un "Stones" par exemple. Evolution des mélodies et de la rythmique à tiroirs, accentuations, climax puis redescente, paroles qui n'interviennent que sur la fin... Ce genre de compositions (un peu dans l'esprit jazz au niveau de la construction) constitue sur chaque album des perles qui justifient à elles seules l'achat des galettes du groupe.
Lee Ranaldo se complaît une nouvelle fois dans l'excellence avec un "Rats" de toute beauté. La même ambiance, posée et urbaine, se dégage toujours des pépites magnifiques qu'il compose.
Un des gros problèmes de l'album est que les morceaux ne forment pas un tout. Le groupe a pourtant l'habitude de composer des titres s'enchaînant dans un même état d'esprit pour constituer un bloc cohérent. Ici, on a plus l'impression d'écouter une compilation. Les morceaux semblent collés les uns derrière les autres sans aucun lien. Ce défaut, très gênant, rend l'écoute moins agréable qu'à l'habitude et abaisse la qualité générale de l'album.
Un très bon album donc. Pas révolutionnaire (rien de ce côté pour Sonic Youth depuis NYC Ghosts & Flowers) mais vraiment plaisant à écouter. Il serait sorti il y a dix ans, il aurait vraiment fait pâle figure face à la qualité des disques de l'époque. Mais aujourd'hui, ce genre de morceaux est très appréciable au vu du reste des sorties.
La direction plus mélodique et 'facile d'accès' engagée depuis quelques années est ici toujours d'actualité. N'en déplaise aux conservateurs, le groupe ne s'est toujours pas décidé à revenir à l'expérimentation abstraite. Les albums SYR sont là pour ça. Ce disque se situe plutôt à la croisée des innovations de Sonic Nurse (mélodies calmes et posées, lignes de chants plus douces) et des albums du début des années 90 ("Sleepin' Around", "Jam Runs Free").
Le premier titre, "Reena", très énergique, suit la lignée du précédent album : mélodique, batterie simple mais au groove énorme... On est d'entrée plongé dans l'univers du groupe. Le chant de Kim Gordon atteint la perfection, elle est lyriquement au sommet depuis quelques albums et le confirme.
Des titres comme "Lights Out" ou "Incinerate" poursuivent l'évolution de style entamée sur Murray Street ou Sonic Nurse. Petites chansons agréables, gentilles et plaisantes à écouter. Thurston Moore chante à nouveau de manière posée et retenue.
Véritable pépite de l'album "Turquoise Boy" mélange quelques marques de fabrique du groupe pour former un enchaînement de sensations tourbillonnant. Le morceau commence mélodiquement et la voix douce de Kim Gordon semble déclamer une berceuse à ce 'garçon turquoise'. Puis vient un passage emo que ne renierait pas Fugazi, la tension monte avant un fracas de dissonances et de larsens assourdissant. Le morceau reprend là où il a commencé. Véritable tour de force que de faire passer autant de sensations opposées dans un morceau de six minutes...
A noter également, le titre "Pink Steam" qui se veut une continuation d'un "Stones" par exemple. Evolution des mélodies et de la rythmique à tiroirs, accentuations, climax puis redescente, paroles qui n'interviennent que sur la fin... Ce genre de compositions (un peu dans l'esprit jazz au niveau de la construction) constitue sur chaque album des perles qui justifient à elles seules l'achat des galettes du groupe.
Lee Ranaldo se complaît une nouvelle fois dans l'excellence avec un "Rats" de toute beauté. La même ambiance, posée et urbaine, se dégage toujours des pépites magnifiques qu'il compose.
Un des gros problèmes de l'album est que les morceaux ne forment pas un tout. Le groupe a pourtant l'habitude de composer des titres s'enchaînant dans un même état d'esprit pour constituer un bloc cohérent. Ici, on a plus l'impression d'écouter une compilation. Les morceaux semblent collés les uns derrière les autres sans aucun lien. Ce défaut, très gênant, rend l'écoute moins agréable qu'à l'habitude et abaisse la qualité générale de l'album.
Un très bon album donc. Pas révolutionnaire (rien de ce côté pour Sonic Youth depuis NYC Ghosts & Flowers) mais vraiment plaisant à écouter. Il serait sorti il y a dix ans, il aurait vraiment fait pâle figure face à la qualité des disques de l'époque. Mais aujourd'hui, ce genre de morceaux est très appréciable au vu du reste des sorties.
Parfait 17/20
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