John Zorn
Masada, Vol. 10 : Yod |
Label :
DIW |
||||
This is the end. Le quartet le plus fou de cette fin de XXème siècle met un terme abrupt à une aventure dont peu d'auditeurs jazz se remettront. L'œuvre que forment les dix albums de Masada est si unique, si majestueuse, si riche, que Zorn pourra se reposer dessus pendant pratiquement 10 ans, au gré des différentes réinterprétations qu'il proposera.
Ici, la fin se sent. Le klezmer est plus sombre, plus violent, plus incisif. Il est aussi plus noir et plus froid. La rythmique des diables Joey Baron-Greg Cohen se fait moins subtile, alors que la paire Zorn-Douglas se fait plus tranchante que jamais pour que cette fusion "jazzo-klezmero-colemanienne" éclate de mille feux, pour que la musique nous explose à la gueule. Dix album et un point final, Yod.
Ce dernier album se démarque des autres par son agressivité (latente pour les volumes précédents), sa tension incessante. Les questions-réponses entre le soprano de Zorn et la trompette de Douglas tournent au dialogue de sourd. Ils exposent, et sont bavards les bougres. Ils agressent, chantent, dansent, se charment l'un l'autre, devant les deux arbitres rythmique. Zorn maîtrise parfaitement les zones accidentées, les reliefs sonores si différents d'une piste à l'autre. Douglas lui, se fait plus mystique, à l'image d'"Abrakala", avant dernière piste (frôlant le quart d'heure), où il peut poser des notes expressionnistes caractérisant ses futurs travaux. Par sa perpétuelle inconstance et ses changements abrupts, Yod est le volume de Masada, avec Alef, le plus fou, le plus "libre".
Mais comme nous l'avons dit avec quelques camarades dans les chroniques des premiers albums du quartet, il n'y a pas forcément de sens à vouloir analyser les différentes pièces une à une. Masada est un groupe qui a créé une pierre, un bloc. La musique développée est, bien évidemment, revendicative, mais elle est surtout mémorielle. Elle est mémorielle, mais ne rend hommage à personne, même pas à cette forteresse tombée voici deux mille ans. Elle est, non pas créative, mais créatrice; à chaque instant elle fait fi de toute influence (et ce, malgré les parallèles que l'on peut faire avec l'œuvre de Coleman) et ne regarde que devant elle. La musique du quartet Masada est un cri perpétuel, un cri ininterrompu à travers l'espace, les âges et les temps. Dans ce sens, elle est intemporelle. Ce seul cri fou, poussé à l'unisson par le quartet, tisse les mémoires. Zorn ne visite pas le passé, il le recrée. Il met les hommes, les traditions, le folklore, les lieux et les territoires en musique. Le monde tourne, virevolte, revit. On ne peut se replacer dans un "contexte" pour écouter Masada, trop d'univers nous subjuguent ; par contre, on se prend une forteresse dans la gueule, point final.
Ici, la fin se sent. Le klezmer est plus sombre, plus violent, plus incisif. Il est aussi plus noir et plus froid. La rythmique des diables Joey Baron-Greg Cohen se fait moins subtile, alors que la paire Zorn-Douglas se fait plus tranchante que jamais pour que cette fusion "jazzo-klezmero-colemanienne" éclate de mille feux, pour que la musique nous explose à la gueule. Dix album et un point final, Yod.
Ce dernier album se démarque des autres par son agressivité (latente pour les volumes précédents), sa tension incessante. Les questions-réponses entre le soprano de Zorn et la trompette de Douglas tournent au dialogue de sourd. Ils exposent, et sont bavards les bougres. Ils agressent, chantent, dansent, se charment l'un l'autre, devant les deux arbitres rythmique. Zorn maîtrise parfaitement les zones accidentées, les reliefs sonores si différents d'une piste à l'autre. Douglas lui, se fait plus mystique, à l'image d'"Abrakala", avant dernière piste (frôlant le quart d'heure), où il peut poser des notes expressionnistes caractérisant ses futurs travaux. Par sa perpétuelle inconstance et ses changements abrupts, Yod est le volume de Masada, avec Alef, le plus fou, le plus "libre".
Mais comme nous l'avons dit avec quelques camarades dans les chroniques des premiers albums du quartet, il n'y a pas forcément de sens à vouloir analyser les différentes pièces une à une. Masada est un groupe qui a créé une pierre, un bloc. La musique développée est, bien évidemment, revendicative, mais elle est surtout mémorielle. Elle est mémorielle, mais ne rend hommage à personne, même pas à cette forteresse tombée voici deux mille ans. Elle est, non pas créative, mais créatrice; à chaque instant elle fait fi de toute influence (et ce, malgré les parallèles que l'on peut faire avec l'œuvre de Coleman) et ne regarde que devant elle. La musique du quartet Masada est un cri perpétuel, un cri ininterrompu à travers l'espace, les âges et les temps. Dans ce sens, elle est intemporelle. Ce seul cri fou, poussé à l'unisson par le quartet, tisse les mémoires. Zorn ne visite pas le passé, il le recrée. Il met les hommes, les traditions, le folklore, les lieux et les territoires en musique. Le monde tourne, virevolte, revit. On ne peut se replacer dans un "contexte" pour écouter Masada, trop d'univers nous subjuguent ; par contre, on se prend une forteresse dans la gueule, point final.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Reznor |
En ligne
375 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages