John Zorn
Paris [Jazz À La Vilette, Hall Charlie Parker] - samedi 05 septembre 2009 |
Il est peu d'artistes aujourd'hui qui, invités à un festival de jazz, proposent une œuvre de musique contemporaine et réussissent à satisfaire une salle pleine de plus de 1500 personnes.John Zorn a réussi avec brio cet exploit, lors du célèbre 'Jazz à la Vilette' parisien en présentant Shir Hashirim, le cantique des cantiques.
Mais commençons tout d'abord par la première moitié qui voyait se produire un groupe qui n'a pas de nom (inhabituel chez Zorn) mais dont le line-up évoque de bons souvenirs : Ribot à la guitare, Baptista aux percussions, Wollesen au vibraphone, Cohen à la basse et Carol Emanuel à la harpe. Cette dernière peut sembler moins connu mais elle n'en est pas à sa première collaboration avec Zorn, figurant sur quelques 'filmworks'. Le groupe a produit un son vraiment beau et délicat, utopique à la manière d'un 'The Dreamers' et avec une grande qualité d'ensemble. Une vraie douceur s'en dégageait, par le choix des thèmes, assez aérien, et les consonances sucrées de la guitare et de la harpe, alors que même la batterie se jouait avec des balais. Mais doux ne veut surement pas dire sans caractère, et les amateurs de l'esprit 'Tzadik' n'auront pas été déçus au niveau des résonances de musiques traditionnelles, avec ici une certaine préférence pour l'Andalousie, notamment le morceau où Baptista (rejoint par Zorn lui-même) n'accompagnait qu'en tapant des mains, avec une précision assez bluffante. Évidemment, les morceaux prenaient une forme 'thème-solo-thème" avec des chorus incroyables, notamment par Wollesen, encore meilleur au vibraphone qu'à la batterie où il se place habituellement. A peine quelques morceaux (qui m'étaient inconnus mais je n'ai pas la prétention de connaitre tout le répertoire) et le set fut terminé, nous laissant doucement quitter l'atmosphère onirique pour rentrer après une (très très longue) entracte dans le magnum opus de la soirée.
Cette pièce nous venait tout droit de New York, où l'un des deux récitants n'était autre que Lou Reed. Ici, deux acteurs français assez connus ont acceptés de jouer le jeu : Clotilde Hesme et Matthieu Almarcic (récemment le bad guy de James Bond). Le Cantique des cantiques est un poème biblique évoquant l'amour, religieux d'une part, mais surtout humain. Dans ce dialogue entre deux amants est développé une grande sensualité, et une passion brûlante traduite par l'aspect labyrinthique du texte : il revient aux même vers, fait échos à des expressions déjà entendus avant de bifurquer. A tout cela s'ajoute l'évocation exotique de lieux comme Jérusalem, Babylone ou des tentes de Qédar. Le tout était très bien servi, les voix possédant toutes les deux le côté très mystérieux recherché.
Si le Shir Hashirim a inspiré de nombreux artistes, la direction prise ici est vraiment unique et courageuse : l'accompagnement se fait en effet à 5 voix féminines. Et elles ont du mérite de chanter avec tant de justesse sans accompagnement, d'autant que la partition n'est pas banale. D'une écriture résolument contemporaine, elle fait surgir par endroit des thèmes traditionnels évoquant fortement l'antiquité : l'alliage obtenu était surprenant, mais très agréable.
Un concert enchanteur, mais finalement un peu court (surtout au tarif prohibitif du festival). On regrette aussi, mais cela est habituel, que personne ne s'adresse au public, à part une vanne du compositeur au tout début ; le show n'est pas froid, loin de là, car les musiciens prennent un plaisir évident, mais il n'est peut être pas assez personnalisé. S'il m'avait été donné de choisir quelle formation de Zorn je verrais jouer je n'aurais probablement pas pris celles-là, mais bien à tort tellement il est évident que les deux parties avaient beaucoup de choses à nous dire.
Mais commençons tout d'abord par la première moitié qui voyait se produire un groupe qui n'a pas de nom (inhabituel chez Zorn) mais dont le line-up évoque de bons souvenirs : Ribot à la guitare, Baptista aux percussions, Wollesen au vibraphone, Cohen à la basse et Carol Emanuel à la harpe. Cette dernière peut sembler moins connu mais elle n'en est pas à sa première collaboration avec Zorn, figurant sur quelques 'filmworks'. Le groupe a produit un son vraiment beau et délicat, utopique à la manière d'un 'The Dreamers' et avec une grande qualité d'ensemble. Une vraie douceur s'en dégageait, par le choix des thèmes, assez aérien, et les consonances sucrées de la guitare et de la harpe, alors que même la batterie se jouait avec des balais. Mais doux ne veut surement pas dire sans caractère, et les amateurs de l'esprit 'Tzadik' n'auront pas été déçus au niveau des résonances de musiques traditionnelles, avec ici une certaine préférence pour l'Andalousie, notamment le morceau où Baptista (rejoint par Zorn lui-même) n'accompagnait qu'en tapant des mains, avec une précision assez bluffante. Évidemment, les morceaux prenaient une forme 'thème-solo-thème" avec des chorus incroyables, notamment par Wollesen, encore meilleur au vibraphone qu'à la batterie où il se place habituellement. A peine quelques morceaux (qui m'étaient inconnus mais je n'ai pas la prétention de connaitre tout le répertoire) et le set fut terminé, nous laissant doucement quitter l'atmosphère onirique pour rentrer après une (très très longue) entracte dans le magnum opus de la soirée.
Cette pièce nous venait tout droit de New York, où l'un des deux récitants n'était autre que Lou Reed. Ici, deux acteurs français assez connus ont acceptés de jouer le jeu : Clotilde Hesme et Matthieu Almarcic (récemment le bad guy de James Bond). Le Cantique des cantiques est un poème biblique évoquant l'amour, religieux d'une part, mais surtout humain. Dans ce dialogue entre deux amants est développé une grande sensualité, et une passion brûlante traduite par l'aspect labyrinthique du texte : il revient aux même vers, fait échos à des expressions déjà entendus avant de bifurquer. A tout cela s'ajoute l'évocation exotique de lieux comme Jérusalem, Babylone ou des tentes de Qédar. Le tout était très bien servi, les voix possédant toutes les deux le côté très mystérieux recherché.
Si le Shir Hashirim a inspiré de nombreux artistes, la direction prise ici est vraiment unique et courageuse : l'accompagnement se fait en effet à 5 voix féminines. Et elles ont du mérite de chanter avec tant de justesse sans accompagnement, d'autant que la partition n'est pas banale. D'une écriture résolument contemporaine, elle fait surgir par endroit des thèmes traditionnels évoquant fortement l'antiquité : l'alliage obtenu était surprenant, mais très agréable.
Un concert enchanteur, mais finalement un peu court (surtout au tarif prohibitif du festival). On regrette aussi, mais cela est habituel, que personne ne s'adresse au public, à part une vanne du compositeur au tout début ; le show n'est pas froid, loin de là, car les musiciens prennent un plaisir évident, mais il n'est peut être pas assez personnalisé. S'il m'avait été donné de choisir quelle formation de Zorn je verrais jouer je n'aurais probablement pas pris celles-là, mais bien à tort tellement il est évident que les deux parties avaient beaucoup de choses à nous dire.
Excellent ! 18/20 | par Sytizen |
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