Megafaun
Gather, Form & Fly |
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Le split du petit groupe DeYarmond Edison a été bénéfique pour tout le monde semble-t-il ! En 2008, on découvrait Justin Vernon prenant son envol en tant que Bon Iver avec le splendide For Emma, Forever Ago. Une collection de douceurs folk à fleur de peau, reposant sur un équilibre fragile mais parfait entre voix et guitare. L'année suivante, c'est au tour des trois autres lascars de riposter sous la forme de Megafaun en se posant sur une autre branche du grand arbre americana. Et de faire oublier par la même occasion leur groupe commun du Wisconsin qui paraît finalement plutôt consensuel lorsque l'on a découvert ses groupes rejetons en première intention.
A la différence de la voie minimaliste empruntée par Vernon, les frères Cook et Joe Westerlund prêchent, eux, pour la luxuriance ambiante et l'euphonie collégiale. Derrière leurs apparences débraillées et pour le moins campagnardes (longues barbes rousses, pose cavalière dans un magnifique cadre champêtre et l'habit qui fait le moine), ces artisans du son sont de précieux orfèvres. Amateurs de structures en tiroirs et d'enchevêtrements des genres, ils donnent libre cours à des humeurs imprédictibles doublées d'une inspiration débridée. Plutôt que de suivre à la lettre les recettes qui ont fait les beaux jours du folk mais qui sont à présent un poil désuètes, ils laissent ici la place ouverte à l'hybridation, aux parties instrumentales avec par instants quelques incursions psychédéliques et bruitistes. Jamais rien d'indigeste néanmoins. Tout coule de source dans des maillages de diverses densités, brodés avec soin pour ne rien laisser étouffer. Le goût pour les arrangements des américains n'en font pas moins de fins mélodistes s'attardant sur le squelette de chacun des titres avant de lui mettre une peau à la soie légère sur les os. Pour preuve, ces treize morceaux. En effet, Megafaun a la fibre et ne manque pas d'idées. Le meilleur exemple est sans aucun doute "Impressions Of The Past", hymne tellurique et protéiforme concocté par une colonie d'instruments polissons s'essayant un long moment à diverses incartades sans transition avant de laisser la place, à même pas une minute, de chant a capella, qui à son tour disparaît subitement. Pièce déroutante, complexe mais exécutée avec tellement de facilité, farfelue et aérée... Une envie parmi tant d'autres de digresser et d'explorer ce qui sort un peu de l'ordinaire tout en ayant un lien avec les héritages du passé.
Le trio tisse ainsi d'authentiques pièces, florissant de ci de là, éveillant les sens à des douceurs d'antan qui n'attendaient qu'à être invoquées pour revivre à jamais. Le banjo y joue pour beaucoup, emblème de toute une génération nourrie de country et représentant par sa rugosité métallique un rapport avec les éléments que nul autre instrument ne peut lui dérober. Une connexion organique à la terre, la nature, témoins de siècles d'histoire avec ses plaies et des jours meilleurs. Un accès direct à la culture populaire à l'instar de "Kaufman's Ballad" - qui rappelle comment le manager de l'ex-Byrds Gram Parsons vole puis brûle en plein désert le corps de son ami pour honorer un pacte passé - ou aux confessions très personnelles avec "The Fade", émouvant hommage au grand père Cook dont la photo apparaît d'ailleurs sur le CD. Encore de belles utilisations de la nostalgie du passé. Voisins de palier des Bowerbirds cohabitant quelques branches plus loin, les Megafaun (également de Caroline du Nord) sont aussi sacrément raffinés dans leurs textes et leur manière de les déclamer. Gather, Form & Fly et sa gestion des silences ne peut laisser qu'émerveillé. Délectable délicatesse comme on n'en fait plus.
La mise en musique des textes de Megafaun passe aussi par l'éclipse de l'individu au profit du groupe, de faire des voix des trois rouquins une voix unique, prêcheuse et inébranlable. Gather, Form & Fly est la démonstration de cette communion magique et unique qui peut avaler le monde en fredonnant son chant unanime et fraternel. Entre camaraderie et confidence. Courtisant à la fois des contours doux et rêches. Quelle que soit la situation, leur cohésion dicte une certaine attitude qui s'adopte d'elle-même, comme une évidence contagieuse, et nous agglomère à cette voix unique : "Solid Ground", espèce de blues de comptoir vacillant avec bonne humeur, "Darkest Hour" canon entêtant dont le tempo est lancé par un robinet mal fermé, "Columns" claudiquant joyeusement comme une locomotive ivre, et pour finir "Tides" aux effets épidermiques de part sa beauté cristalline. On est happé à chaque fois. A notre plus grand bonheur. Leur préfixe méga vient peut-être de là. De leur capacité à fédérer et unir autour de leur chant collégial qui a bon cœur. Et pour avoir eu la chance de les voir en concert, cette énergie est semblable sur scène.
D'une grande tendresse et d'une mélodie attentive, l'union Megafaun dresse avec Gather, Form & Fly un recueil bucolique d'une grande sincérité, superbe témoignage d'un amour sans pareil des temps passés qui réhabilités de la sorte ne sont pas près de s'effacer ni même de ternir.
A la différence de la voie minimaliste empruntée par Vernon, les frères Cook et Joe Westerlund prêchent, eux, pour la luxuriance ambiante et l'euphonie collégiale. Derrière leurs apparences débraillées et pour le moins campagnardes (longues barbes rousses, pose cavalière dans un magnifique cadre champêtre et l'habit qui fait le moine), ces artisans du son sont de précieux orfèvres. Amateurs de structures en tiroirs et d'enchevêtrements des genres, ils donnent libre cours à des humeurs imprédictibles doublées d'une inspiration débridée. Plutôt que de suivre à la lettre les recettes qui ont fait les beaux jours du folk mais qui sont à présent un poil désuètes, ils laissent ici la place ouverte à l'hybridation, aux parties instrumentales avec par instants quelques incursions psychédéliques et bruitistes. Jamais rien d'indigeste néanmoins. Tout coule de source dans des maillages de diverses densités, brodés avec soin pour ne rien laisser étouffer. Le goût pour les arrangements des américains n'en font pas moins de fins mélodistes s'attardant sur le squelette de chacun des titres avant de lui mettre une peau à la soie légère sur les os. Pour preuve, ces treize morceaux. En effet, Megafaun a la fibre et ne manque pas d'idées. Le meilleur exemple est sans aucun doute "Impressions Of The Past", hymne tellurique et protéiforme concocté par une colonie d'instruments polissons s'essayant un long moment à diverses incartades sans transition avant de laisser la place, à même pas une minute, de chant a capella, qui à son tour disparaît subitement. Pièce déroutante, complexe mais exécutée avec tellement de facilité, farfelue et aérée... Une envie parmi tant d'autres de digresser et d'explorer ce qui sort un peu de l'ordinaire tout en ayant un lien avec les héritages du passé.
Le trio tisse ainsi d'authentiques pièces, florissant de ci de là, éveillant les sens à des douceurs d'antan qui n'attendaient qu'à être invoquées pour revivre à jamais. Le banjo y joue pour beaucoup, emblème de toute une génération nourrie de country et représentant par sa rugosité métallique un rapport avec les éléments que nul autre instrument ne peut lui dérober. Une connexion organique à la terre, la nature, témoins de siècles d'histoire avec ses plaies et des jours meilleurs. Un accès direct à la culture populaire à l'instar de "Kaufman's Ballad" - qui rappelle comment le manager de l'ex-Byrds Gram Parsons vole puis brûle en plein désert le corps de son ami pour honorer un pacte passé - ou aux confessions très personnelles avec "The Fade", émouvant hommage au grand père Cook dont la photo apparaît d'ailleurs sur le CD. Encore de belles utilisations de la nostalgie du passé. Voisins de palier des Bowerbirds cohabitant quelques branches plus loin, les Megafaun (également de Caroline du Nord) sont aussi sacrément raffinés dans leurs textes et leur manière de les déclamer. Gather, Form & Fly et sa gestion des silences ne peut laisser qu'émerveillé. Délectable délicatesse comme on n'en fait plus.
La mise en musique des textes de Megafaun passe aussi par l'éclipse de l'individu au profit du groupe, de faire des voix des trois rouquins une voix unique, prêcheuse et inébranlable. Gather, Form & Fly est la démonstration de cette communion magique et unique qui peut avaler le monde en fredonnant son chant unanime et fraternel. Entre camaraderie et confidence. Courtisant à la fois des contours doux et rêches. Quelle que soit la situation, leur cohésion dicte une certaine attitude qui s'adopte d'elle-même, comme une évidence contagieuse, et nous agglomère à cette voix unique : "Solid Ground", espèce de blues de comptoir vacillant avec bonne humeur, "Darkest Hour" canon entêtant dont le tempo est lancé par un robinet mal fermé, "Columns" claudiquant joyeusement comme une locomotive ivre, et pour finir "Tides" aux effets épidermiques de part sa beauté cristalline. On est happé à chaque fois. A notre plus grand bonheur. Leur préfixe méga vient peut-être de là. De leur capacité à fédérer et unir autour de leur chant collégial qui a bon cœur. Et pour avoir eu la chance de les voir en concert, cette énergie est semblable sur scène.
D'une grande tendresse et d'une mélodie attentive, l'union Megafaun dresse avec Gather, Form & Fly un recueil bucolique d'une grande sincérité, superbe témoignage d'un amour sans pareil des temps passés qui réhabilités de la sorte ne sont pas près de s'effacer ni même de ternir.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par TiComo La Fuera |
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