John Zorn
Kristallnacht |
Label :
Tzadik |
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John Zorn s'est éveillé tardivement à la musique juive : ce retour vers ses racines est en fait contemporain de la mort de son père. On en trouve une première trace tout d'abord dans "Metal Tov" enregistré par Naked City et dans le quintet à vent "Angelus Novus". Mais ce qui ressemble le plus à une prise de conscience d'une force incroyable c'est Kristallnacht. En effet, avant d'utiliser son héritage pour aller de l'avant dans le projet Masada, John Zorn dresse ici un mémorial à la tonalité très grave puisqu'il narre plus ou moins explicitement le gigantesque pogrom contre les juifs allemands du 9 novembre 1938.
L'album s'ouvre sur un "Shtetl (Ghetto Life)" simplement extraordinaire : en détournant les meilleurs patterns de la musique juive, Zorn semble appeler à lui des millénaires d'histoires, avec amour et respect, comme s'il déshabillait son identité du regard. Sur ces mélodies courtes mais captivantes surgit la voix d'Hitler, dans un de ses discours enflammés et destructeur, qui annonce la fin du bonheur en nous plongeant brutalement dans "Never Again". A ce titre explicite s'ajoute un ensemble de bruitages qui l'est tout autant : le verre se brise pendant plusieurs minutes, accompagnés par des sons aigu, à la limite de l'audible qui rendent l'écoute au casque particulièrement éreintante. Comme précisé dans les notes de pochettes, l'écoute peut provoquer "nausées, maux des têtes et sifflements dans les oreilles".
Alors, drôle d'idée de placer volontairement un morceau inaudible sur un album... Le but n'est pas de faire un "mur de son", ni même de retranscrire les sept milliers de commerces détruit lors de la nuit de cristal, il est à mon avis de forcer l'auditeur à associer cet album avec une expérience brutale, voir insoutenable. Ainsi, au milieu de la musique, le compositeur a placé un obstacle physique, car la musique est bien trop merveilleuse pour mettre l'auditeur dans un sentiment de malaise qu'il fallait pourtant placer dans ce disque. La position adopté par Zorn est donc parfaitement cohérente tout en restant courageuse et poussée.
Dans une seconde partie, l'album se révèle extrêmement déstructuré, chaotique, comme traumatisé : des nappes angoissantes de "Gahelet" au brutal retour de la violence sur "Tzfia", l'environnement sonore est extrêmement inquiétant, avec une orchestration et un construction mélodique extrêmement moderne. Après de nombreuses écoutes, on reste encore perturbé et l'attention doit être complète pour tenter de comprendre ces morceaux. L'identité juive reste présente, mais elle a été complètement intégrée par Zorn pour l'amener dans ses expérimentations folles et avant-gardiste.
Un disque nécessaire pour le saxophoniste américain qui prouve à quel point il a sût intégrer son identité juive ; une expérience originale et puissamment évocatrice pour l'auditeur, entre mélancolie et rage.
John Zorn résume : "Je voulais à la fois remonter bien plus avant, aux fondements de notre identité, et embrasser aussi les années qui ont suivi l'holocauste et la colère qui nous a envahis."
L'album s'ouvre sur un "Shtetl (Ghetto Life)" simplement extraordinaire : en détournant les meilleurs patterns de la musique juive, Zorn semble appeler à lui des millénaires d'histoires, avec amour et respect, comme s'il déshabillait son identité du regard. Sur ces mélodies courtes mais captivantes surgit la voix d'Hitler, dans un de ses discours enflammés et destructeur, qui annonce la fin du bonheur en nous plongeant brutalement dans "Never Again". A ce titre explicite s'ajoute un ensemble de bruitages qui l'est tout autant : le verre se brise pendant plusieurs minutes, accompagnés par des sons aigu, à la limite de l'audible qui rendent l'écoute au casque particulièrement éreintante. Comme précisé dans les notes de pochettes, l'écoute peut provoquer "nausées, maux des têtes et sifflements dans les oreilles".
Alors, drôle d'idée de placer volontairement un morceau inaudible sur un album... Le but n'est pas de faire un "mur de son", ni même de retranscrire les sept milliers de commerces détruit lors de la nuit de cristal, il est à mon avis de forcer l'auditeur à associer cet album avec une expérience brutale, voir insoutenable. Ainsi, au milieu de la musique, le compositeur a placé un obstacle physique, car la musique est bien trop merveilleuse pour mettre l'auditeur dans un sentiment de malaise qu'il fallait pourtant placer dans ce disque. La position adopté par Zorn est donc parfaitement cohérente tout en restant courageuse et poussée.
Dans une seconde partie, l'album se révèle extrêmement déstructuré, chaotique, comme traumatisé : des nappes angoissantes de "Gahelet" au brutal retour de la violence sur "Tzfia", l'environnement sonore est extrêmement inquiétant, avec une orchestration et un construction mélodique extrêmement moderne. Après de nombreuses écoutes, on reste encore perturbé et l'attention doit être complète pour tenter de comprendre ces morceaux. L'identité juive reste présente, mais elle a été complètement intégrée par Zorn pour l'amener dans ses expérimentations folles et avant-gardiste.
Un disque nécessaire pour le saxophoniste américain qui prouve à quel point il a sût intégrer son identité juive ; une expérience originale et puissamment évocatrice pour l'auditeur, entre mélancolie et rage.
John Zorn résume : "Je voulais à la fois remonter bien plus avant, aux fondements de notre identité, et embrasser aussi les années qui ont suivi l'holocauste et la colère qui nous a envahis."
Excellent ! 18/20 | par Sytizen |
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