John Zorn
Hemophiliac, 50th Birthday Celebration, Vol. 6 |
Label :
Tzadik |
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Pour chroniquer un album de Zorn, il faudrait pouvoir inventer un nouveau langage, tout comme lui-même a su le faire pour la musique. Avec les mots, nous essayons de figer des instants, des structures qui, concrètement, n'existent pas. Et lorsque Zorn s'entoure de Mike Patton (voice), que l'on ne présente plus, et de Ikue Mori (laptop electronics), composititrice de musique électroacoustique d'origine japonaise, l'on sait que l'on tient entre ses mains un objet sonore indéfinissable, unique.
Ce live se veut comme une performance et doit être vécu comme une expérience sonore. A mon sens, il s'agit là, avec "Cobra", d'un des projets les plus obscurs et difficile d'accès de J. Zorn, ce qui n'est pas peu dire... Six titres oscillant entre 5 et 10 minutes, bruyants, éprouvants, géniaux. Enfin, je dis génial... d'autres pourront hurler à la fumisterie en arguant qu'il est trop facile de faire n'importe quoi sous prétexte que l'on s'appelle Zorn et Patton, peu importe... En grand admirateur des travaux de ces deux hommes et lassé du classicisme des schémas rock, je loue le talent de ce saxophoniste pour à chaque fois offrir à mes oreilles une nouvelle tambouille, jamais réchauffée et toujours bien consistante... On peut écouter ce disque des centaines de fois, il y a toujours quelque chose qui vous échappe, un son nouveau. Impossible de se lasser, aucune écoute ne se ressemble. Ce disque vit.
Ikue Mori propose une assise où le minimalisme électronique est fondamentalement bruitiste, bidouillages façon France Culture en nocturne consacrant son émission au bondage. Les sons distordus, métalliques et arythmiques brisent les carcans de l'écoute conventionnelle et se prêtent parfaitement aux délires vocaux de Patton, qui excelle. Hurlements de Tarzan en rut, onomatopées, borborygmes, il ulule, clone des petites vielles, enchaîne avec des vocaux typés Death-Metal, caquette, rote, et lie tout ça avec une aisance et une spontanéité déconcertantes.
Et Zorn dans tout ça ? Et bien il utilise son saxophone alto avec le même soucis d'emmener son instrument au-delà de ses limites, allant chercher des notes que lui seul peut atteindre, que lui seul sait créer.
Ce formidable capharnaüm, ce babel musical, n'est pourtant qu'une prouesse éphémère, l'instantané d'un soir. Comme souvent avec ce type de projet, le but n'est pas de tourner mais de saisir la magie d'un lieu et d'un instant, de canaliser sur l'espace restreint d'une scène la folie créatrice de fortes personnalités. Cela pourrait donner une lutte à mort pour tirer la couverture à soi, un combat d'ego, il n'en est rien. Mori, Patton et Zorn se mettent le temps d'une heure au service de la création d'une entité sonique transgenre, chacun se transcendant pour offrir à l'autre ce qu'il a de meilleur. Encore un disque de Zorn absolument indispensable...
Ce live se veut comme une performance et doit être vécu comme une expérience sonore. A mon sens, il s'agit là, avec "Cobra", d'un des projets les plus obscurs et difficile d'accès de J. Zorn, ce qui n'est pas peu dire... Six titres oscillant entre 5 et 10 minutes, bruyants, éprouvants, géniaux. Enfin, je dis génial... d'autres pourront hurler à la fumisterie en arguant qu'il est trop facile de faire n'importe quoi sous prétexte que l'on s'appelle Zorn et Patton, peu importe... En grand admirateur des travaux de ces deux hommes et lassé du classicisme des schémas rock, je loue le talent de ce saxophoniste pour à chaque fois offrir à mes oreilles une nouvelle tambouille, jamais réchauffée et toujours bien consistante... On peut écouter ce disque des centaines de fois, il y a toujours quelque chose qui vous échappe, un son nouveau. Impossible de se lasser, aucune écoute ne se ressemble. Ce disque vit.
Ikue Mori propose une assise où le minimalisme électronique est fondamentalement bruitiste, bidouillages façon France Culture en nocturne consacrant son émission au bondage. Les sons distordus, métalliques et arythmiques brisent les carcans de l'écoute conventionnelle et se prêtent parfaitement aux délires vocaux de Patton, qui excelle. Hurlements de Tarzan en rut, onomatopées, borborygmes, il ulule, clone des petites vielles, enchaîne avec des vocaux typés Death-Metal, caquette, rote, et lie tout ça avec une aisance et une spontanéité déconcertantes.
Et Zorn dans tout ça ? Et bien il utilise son saxophone alto avec le même soucis d'emmener son instrument au-delà de ses limites, allant chercher des notes que lui seul peut atteindre, que lui seul sait créer.
Ce formidable capharnaüm, ce babel musical, n'est pourtant qu'une prouesse éphémère, l'instantané d'un soir. Comme souvent avec ce type de projet, le but n'est pas de tourner mais de saisir la magie d'un lieu et d'un instant, de canaliser sur l'espace restreint d'une scène la folie créatrice de fortes personnalités. Cela pourrait donner une lutte à mort pour tirer la couverture à soi, un combat d'ego, il n'en est rien. Mori, Patton et Zorn se mettent le temps d'une heure au service de la création d'une entité sonique transgenre, chacun se transcendant pour offrir à l'autre ce qu'il a de meilleur. Encore un disque de Zorn absolument indispensable...
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Arno Vice |
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