John Zorn
50th Birthday Celebration Volume 5 |
Label :
Tzadik |
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Élitisme sublime ! Dans ta charité divine, tu nous offres la possibilité d'apprécier le plus improbable, de sourire d'un air satisfait aux couinements hypertrophiés, d'applaudir en pleine pamoison quelques caquètements amplifiés ! Et quand les regards suspicieux et implorants des béotiens se posent sur nous en demandant d'un air las : "c'est quoi ce que tu as mis là ?", de répondre dans un rictus ne cachant que trop mal sa suffisance "un concert anniversaire de John Zorn et Fred Frith..." Sans jugement de valeur, nous laissons ainsi à notre interlocuteur la possibilité de se rendre compte du gouffre qui nous sépare, de la simplicité bovine de ses propres choix musicaux et de l'incapacité qui sera toujours la sienne d'apprécier l'art brut de l'expérimentation folle, de côtoyer les hauteurs géniales de ce qui fait notre quotidien d'esthète...
Zorn et Frith copulent en public en ce soir de septembre 2003. Le premier émet des bruits de succions rappelant ces bises baveuses d'arrière grand-mère qu'il fallait subir enfant, de celles qui laissent une odeur tenace de salive. Le second jouit dans un éboulement de gravas.
Les pauses sont rares ("Four Corners"), caresses de l'amant momentanément repu parcourant nonchalamment les vallées du corps alangui près de lui... Pincements de cordes, échauffement des sens, lente montée de l'érection lourde avant les coïts brutaux, les saccades, les coups, les halètements, les déchirements musculaires...
Peut-on encore réellement parler de musique ? Des gens assistent au spectacle, applaudissent quand il le faut, suivent les codes de ces concerts où il faut montrer que l'on comprend, que l'on apprécie la performance, en gourmet... Mais honnêtement, qui y comprend quoi que ce soit ? Qui est à même de décoder ce que les musiciens eux-mêmes seraient en peine d'expliquer ("Level Six Jumping") ? On applaudit, comme au théâtre les gens rient en assistant à une pièce de Beckett... Les sons comme les mots leur font mal, remuent toute la merde noire enfouie au plus profond, mais il ne faudrait surtout pas commencer à croire que ce peut être autre chose que du divertissement ! Oui Zorn et Frith blessent, agressent, frustrent l'auditeur mélomane qui ne peut s'accrocher à des notes, à une partition qu'il pourrait singer. Il faut subir l'incompréhensible, l'indicible, l'inconnu... Chaque nouvelle mesure est un pas de plus vers le vide, la chute... Entendre frapper dans les mains entre chaque composition semble être un son de primate découvrant le monolithe de l'Odyssée... C'est incongru, indécent, risible... Je les imagine essayant de danser lorsqu'ils distinguent enfin un rythme, qui avec de l'imagination pourrait s'apparenter à du funk ("Nine-Part Invention"), claquant désespérément des doigts pour suivre un tempo qui n'existe pas ailleurs que dans les cervelles des compositeurs, frères siamois télépathes... Vraiment ces hurlements de satisfaction consommatrice m'horripilent, ces petits rires complices lorsque Zorn fait flatuler son saxo... J'aimerais que pour une fois l'audience fasse preuve d'humilité et la boucle, accepte son ignorance car ce n'est pas honteux et rentre chez elle en sachant qu'elle a assisté à la chose la plus étrange qui soit, et non pas à un formidable concert arty, une mondanité de plus...
Zorn et Frith copulent en public en ce soir de septembre 2003. Le premier émet des bruits de succions rappelant ces bises baveuses d'arrière grand-mère qu'il fallait subir enfant, de celles qui laissent une odeur tenace de salive. Le second jouit dans un éboulement de gravas.
Les pauses sont rares ("Four Corners"), caresses de l'amant momentanément repu parcourant nonchalamment les vallées du corps alangui près de lui... Pincements de cordes, échauffement des sens, lente montée de l'érection lourde avant les coïts brutaux, les saccades, les coups, les halètements, les déchirements musculaires...
Peut-on encore réellement parler de musique ? Des gens assistent au spectacle, applaudissent quand il le faut, suivent les codes de ces concerts où il faut montrer que l'on comprend, que l'on apprécie la performance, en gourmet... Mais honnêtement, qui y comprend quoi que ce soit ? Qui est à même de décoder ce que les musiciens eux-mêmes seraient en peine d'expliquer ("Level Six Jumping") ? On applaudit, comme au théâtre les gens rient en assistant à une pièce de Beckett... Les sons comme les mots leur font mal, remuent toute la merde noire enfouie au plus profond, mais il ne faudrait surtout pas commencer à croire que ce peut être autre chose que du divertissement ! Oui Zorn et Frith blessent, agressent, frustrent l'auditeur mélomane qui ne peut s'accrocher à des notes, à une partition qu'il pourrait singer. Il faut subir l'incompréhensible, l'indicible, l'inconnu... Chaque nouvelle mesure est un pas de plus vers le vide, la chute... Entendre frapper dans les mains entre chaque composition semble être un son de primate découvrant le monolithe de l'Odyssée... C'est incongru, indécent, risible... Je les imagine essayant de danser lorsqu'ils distinguent enfin un rythme, qui avec de l'imagination pourrait s'apparenter à du funk ("Nine-Part Invention"), claquant désespérément des doigts pour suivre un tempo qui n'existe pas ailleurs que dans les cervelles des compositeurs, frères siamois télépathes... Vraiment ces hurlements de satisfaction consommatrice m'horripilent, ces petits rires complices lorsque Zorn fait flatuler son saxo... J'aimerais que pour une fois l'audience fasse preuve d'humilité et la boucle, accepte son ignorance car ce n'est pas honteux et rentre chez elle en sachant qu'elle a assisté à la chose la plus étrange qui soit, et non pas à un formidable concert arty, une mondanité de plus...
Excellent ! 18/20 | par Arno Vice |
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