John Zorn
Paris [Musée D'Art Et D'Histoire Du Judaïsme] - dimanche 16 mai 2010 |
Plantons le décor : centre de Paris, superbe cour du Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme, 19h30. 19H30 ? Au mois de Mai, alors qu'ils comptent passer un film sur un écran en plein air ? Évidemment, ça a coincé, et le concert a dut être reporté d'une bonne heure, ce qui a vite mis une ambiance un peu tendue. Heureusement on pouvait en profiter pour aller visiter l'exposition que consacre le musée à la Radical Jewish Culture, parcours très documenté sur le klezmer des origines à nos jours.
Arrivent Mark Feldman et Sylvie Courvoisier, duo piano, violon, pour interpréter le troisième volet des Book Of Angels composé par John Zorn. Le disque qu'ils en ont déjà tiré et franchement bon, parmi les plus expérimental de Masada.
Le concert ce soir là fut vraiment mémorable. L'alchimie entre les deux musiciens (mari et femme d'ailleurs) est incroyable, toujours à la croisée des chemins entre des compositions très mélodiques, à la Ravel, et des séquences très expérimentale et free, où ils parvenaient à produire des sons organiques et bizarres avec leurs instruments. Dès l'ouverture, ''Azriel'', Feldman fait courir son archet sur son violon, les arpèges s'enchaînent à une vitesse folle et dans une grande musicalité. L'album a été joué dans son intégralité, et le charme opère sans problèmes pendant trois quarts d'heure. Belle première partie donc.
John Zorn, Trevor Dunn, Joey Baron : trois très grands musiciens, dont on ne savait pas très bien quel type de performance ils allaient livrer, mais peu importe, ovation dès leur arrivée. S'en est suivi un curieux quiproquo sur l'éclairage, le staff technique et Zorn n'ayant visiblement pas la même idée de la lumière nécessaire pour regarder un film; deux minutes après que Zorn ait réussi à faire éteindre toutes les lumières et ait commencé à jouer, elles se sont rallumées, d'où un amusant "Mais qu'est ce que vous faisez avec la lumière? " avec l'accent américain.
De toute évidence cependant, le groupe n'était pas là pour rigoler : prenez les passages les plus furieux d'Electric Masada et vous aurez une bonne idée du premier morceau : extrême et free, déchainé et défoulant.
Le programme de ce soir était destiné à accompagner des films réalisé par le plasticien Wallace Berman, principalement ''Aleph'', film muet de 8 minutes, essentiellement des collages d'images de cartes, de chats, de femmes nues, le tout avec des textes en surimpression sur la pellicule. Pour le moins étrange, et je dois l'avouer les films projetés m'ont peu intéressé, je préférais même souvent contempler l'ombre des musiciens dans l'obscurité. D'autant que quand ''Aleph'' fut finit, il fallait bien passer d'autres choses alors on a eu ''Aleph'', une deuxième fois, mais avec des images abandonnées, et puis Wallace Breman fait du vélo, Wallace Breman à la plage, etc... John Zorn est apparemment admiratif devant ces oeuvres; allez comprendre...
Le groupe en fait ne semblait pas tellement prêter attention aux images qui se déroulaient, embarqué dans un deuxième morceau qui dura bien une demi-heure, sur un motif de contrebasse qui faisait penser à du Masada, et un thème très court au sax. Ensuite : impro, impro et impro. Comme à son habitude, Zorn dirige ses musiciens, lançant des solos, créant des ambiances et les détruisant tout d'un coup, d'un simple signe de la main. D'autant que les 3 jazzmen se connaissent bien et qu'ils sont tous d'excellents musiciens. Joey Baron, est-il besoin de le rappeler, est tout simplement l'un des meilleurs batteurs de jazz, et ses solos sont dantesques. Trevor Dunn, qui avait lâché sa basse électrique le temps d'un concert au profit d'une contrebasse, et toujours à l'écoute, dispensant une solide base harmonique. Zorn maîtrise des harmonies klezmer qu'il a pratiquement fait redécouvrir; il crée à tout instant des mélodies simples et grisantes. Dans les passages les plus violents cependant, il a tendance à butter sur des 'tics de langage', repérables pour l'auditeur connaissant bien l'oeuvre du New-Yorkais. Cependant on ne boude pas son plaisir, surtout qu'il a plutôt tendance à laisser le saxophone de côté ces derniers temps.
En rappel, délice des délices, nous avons eu droit à un morceau de Masada : "Hath-arob". Frissons garantis dans cette montagne russe jazzistique.
Une heure trente klezmer et vingt bonnes minutes d'applaudissements dans les oreilles, je suis sorti comblé de ce concert, audacieux et réunissant 5 musiciens au sommet de leur art.
Arrivent Mark Feldman et Sylvie Courvoisier, duo piano, violon, pour interpréter le troisième volet des Book Of Angels composé par John Zorn. Le disque qu'ils en ont déjà tiré et franchement bon, parmi les plus expérimental de Masada.
Le concert ce soir là fut vraiment mémorable. L'alchimie entre les deux musiciens (mari et femme d'ailleurs) est incroyable, toujours à la croisée des chemins entre des compositions très mélodiques, à la Ravel, et des séquences très expérimentale et free, où ils parvenaient à produire des sons organiques et bizarres avec leurs instruments. Dès l'ouverture, ''Azriel'', Feldman fait courir son archet sur son violon, les arpèges s'enchaînent à une vitesse folle et dans une grande musicalité. L'album a été joué dans son intégralité, et le charme opère sans problèmes pendant trois quarts d'heure. Belle première partie donc.
John Zorn, Trevor Dunn, Joey Baron : trois très grands musiciens, dont on ne savait pas très bien quel type de performance ils allaient livrer, mais peu importe, ovation dès leur arrivée. S'en est suivi un curieux quiproquo sur l'éclairage, le staff technique et Zorn n'ayant visiblement pas la même idée de la lumière nécessaire pour regarder un film; deux minutes après que Zorn ait réussi à faire éteindre toutes les lumières et ait commencé à jouer, elles se sont rallumées, d'où un amusant "Mais qu'est ce que vous faisez avec la lumière? " avec l'accent américain.
De toute évidence cependant, le groupe n'était pas là pour rigoler : prenez les passages les plus furieux d'Electric Masada et vous aurez une bonne idée du premier morceau : extrême et free, déchainé et défoulant.
Le programme de ce soir était destiné à accompagner des films réalisé par le plasticien Wallace Berman, principalement ''Aleph'', film muet de 8 minutes, essentiellement des collages d'images de cartes, de chats, de femmes nues, le tout avec des textes en surimpression sur la pellicule. Pour le moins étrange, et je dois l'avouer les films projetés m'ont peu intéressé, je préférais même souvent contempler l'ombre des musiciens dans l'obscurité. D'autant que quand ''Aleph'' fut finit, il fallait bien passer d'autres choses alors on a eu ''Aleph'', une deuxième fois, mais avec des images abandonnées, et puis Wallace Breman fait du vélo, Wallace Breman à la plage, etc... John Zorn est apparemment admiratif devant ces oeuvres; allez comprendre...
Le groupe en fait ne semblait pas tellement prêter attention aux images qui se déroulaient, embarqué dans un deuxième morceau qui dura bien une demi-heure, sur un motif de contrebasse qui faisait penser à du Masada, et un thème très court au sax. Ensuite : impro, impro et impro. Comme à son habitude, Zorn dirige ses musiciens, lançant des solos, créant des ambiances et les détruisant tout d'un coup, d'un simple signe de la main. D'autant que les 3 jazzmen se connaissent bien et qu'ils sont tous d'excellents musiciens. Joey Baron, est-il besoin de le rappeler, est tout simplement l'un des meilleurs batteurs de jazz, et ses solos sont dantesques. Trevor Dunn, qui avait lâché sa basse électrique le temps d'un concert au profit d'une contrebasse, et toujours à l'écoute, dispensant une solide base harmonique. Zorn maîtrise des harmonies klezmer qu'il a pratiquement fait redécouvrir; il crée à tout instant des mélodies simples et grisantes. Dans les passages les plus violents cependant, il a tendance à butter sur des 'tics de langage', repérables pour l'auditeur connaissant bien l'oeuvre du New-Yorkais. Cependant on ne boude pas son plaisir, surtout qu'il a plutôt tendance à laisser le saxophone de côté ces derniers temps.
En rappel, délice des délices, nous avons eu droit à un morceau de Masada : "Hath-arob". Frissons garantis dans cette montagne russe jazzistique.
Une heure trente klezmer et vingt bonnes minutes d'applaudissements dans les oreilles, je suis sorti comblé de ce concert, audacieux et réunissant 5 musiciens au sommet de leur art.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Sytizen |
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