Bob Dylan

Empire Burlesque

Empire Burlesque

 Label :     Columbia 
 Sortie :    lundi 10 juin 1985 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Il n'existe pas de mauvais albums de Dylan. Que des albums mal produits, de bonnes intentions mal exécutés, de la fumisterie masquant un vrai potentiel. Certains, considérés comme mauvais par la critique, souffrent toujours et injustement d'une mauvaise réputation (Selfportrait, Saved ou Shot of Love). Mais là où je peux comprendre le dégoût de la majorité, c'est avec quelque chose d'aussi inégal et frustrant qu'Empire Burlesque.

Revenu d'une tournée mondiale portée par le petit succès d'Infidels, Dylan est, comme toujours, attendu au tournant. Il décide donc de prendre son temps et n'enregistre que de manière sporadique, selon son humeur et les musiciens disponibles. Les démos sont enregistrés dans son garage de Malibu et sont testées dans un studio new-yorkais, sur une période de six mois. Tandis que Carolyn Dennis, nouvelle madame Dylan, assure les chœurs, le gratin défile au fur et à mesure de sessions erratiques. Si Ron Wood est de passage en ville, Ron Wood se retrouve sur un morceau ("Clean Cut Kid"). Si Mick Taylor vient faire un petit coucou, le voilà crédité. Même chose pour le fidèle Al Kooper, pour les batteurs Jim Keltner et Sly Dunbar ou les bassistes Robbie Shakespeare et Howie Epstein. Préférant ne compter que sur son instinct, Dylan s'occupe de la production et supervise ce joyeux bordel. Une vingtaine de morceaux sont mis en boîte et vaguement mixés, le Zim enfile sa chemise la plus trader eigthies sous coke pour la pochette et le tour est joué.

À l'époque, sans recul nécessaire et sans savoir que du mieux serait à venir, certains critiques parlèrent d'un comeback, de son meilleur album depuis Blood on the Tracks. Et, en effet, la plupart des chansons ne sont pas mauvaises. Comme le prouvera sa trop rare interprétation dépouillée lors des sets acoustiques du Never Ending Tour, "Tight Connection to My Heart" a le potentiel d'une grande ballade dylanesque. "When The Night Comes Falling From the Sky" a l'ossature d'une épique cavalcade post-apocalyptique comme il en a le secret. Mais à cause de sessions bâclées et foutraques, à cause de tics eighties auxquelsDylan a étrangement cédé, le tout sonne terriblement daté. Il suffit de revoir les clips de "Tight Connection" et "When The Night" pour constater l'ampleur des dégâts.

Autour de ces deux singles, Dylan a empilé des boogies où batterie comme saxo sonnent synthétiques ("Seeing the Real You At Last") des slows à la guimauve ("Emotionally Yours", "I'll Remember You") et des complaintes informes et infâmes ("Something's Burning, Baby"). Reste "Dark Eyes" et ses accords étranges, superbe post-it collé à la dernière minute en fin d'album, seule chanson dont la beauté est restée intacte. C'est elle qui justifie ma note.

La même année, Columbia sort le coffret anthologique Biograph qui laisse penser que les meilleurs jours de Dylan sont derrière lui. Knocked Out Loaded et Down in the Groove ne feront qu'enfoncer le clou. Jusqu'à la prochaine renaissance...


Moyen   10/20
par Dylanesque


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