Bob Dylan
Modern Times |
Label :
Columbia |
||||
Modern Times... Le dernier album en date du grand, que dis-je, de l'immense Bob Dylan...
Lorsque j'ai écouté pour la première fois ce disque, je ne connaissais de l'artiste que quelques chansons mythiques ("Knockin' On Heaven's Door", "Like A Rolling Stone"...), et c'est donc sans aucun a priori que s'est effectuée cette première écoute.
Ce qui m'a frappé tout d'abord, c'est l'atmosphère qui se dégage de ce disque: il est empreint d'une vraie sérénité, et d'une véritable authenticité, avec une superbe production.
La deuxième chose qui m'a frappée se nomme "Workingman's Blues #2", la sixième piste de l'album: ce fut un véritable choc, et plus d'un an après, cette chanson me fait toujours le même effet, cette vibration intérieure...
Ce n'est pas le seul grand moment de ce Modern Times: la ballade "When The Deal Goes Down", et le chef d'oeuvre de plus de huit minutes qui clôt le disque, "Ain't Talkin'", peuvent également prétendre à ce titre. En effet, toutes les compositions sont d'un très haut niveau, et jouées avec un feeling parfait; et si la voix du Zim n'est plus la même que celle qui s'erraillait sur "Like A Rolling Stone", elle ne pénalise en rien l'éxécution des dix nouvelles pièces.
Ce qui résume parfaitement l'ambiance de cet album très homogène aussi bien dans la qualité des chansons que dans l'atmosphère dont il est imprégné est la photographie de la couverture, "Taxi, New-York At Night". On s'imagine parfaitement dans ce taxi, la nuit, à l'écoute du jazzy "Spirit On The Water"...
Au final, c'est avec cet album que je suis rentré dans l'univers dylanien, un univers si profond et si particulier que l'on ne peut qu'y rester, s'y lover pour ne plus en sortir, cet univers qui fait que Bob Dylan est un artiste crucial, essentiel aujourd'hui.
Lorsque j'ai écouté pour la première fois ce disque, je ne connaissais de l'artiste que quelques chansons mythiques ("Knockin' On Heaven's Door", "Like A Rolling Stone"...), et c'est donc sans aucun a priori que s'est effectuée cette première écoute.
Ce qui m'a frappé tout d'abord, c'est l'atmosphère qui se dégage de ce disque: il est empreint d'une vraie sérénité, et d'une véritable authenticité, avec une superbe production.
La deuxième chose qui m'a frappée se nomme "Workingman's Blues #2", la sixième piste de l'album: ce fut un véritable choc, et plus d'un an après, cette chanson me fait toujours le même effet, cette vibration intérieure...
Ce n'est pas le seul grand moment de ce Modern Times: la ballade "When The Deal Goes Down", et le chef d'oeuvre de plus de huit minutes qui clôt le disque, "Ain't Talkin'", peuvent également prétendre à ce titre. En effet, toutes les compositions sont d'un très haut niveau, et jouées avec un feeling parfait; et si la voix du Zim n'est plus la même que celle qui s'erraillait sur "Like A Rolling Stone", elle ne pénalise en rien l'éxécution des dix nouvelles pièces.
Ce qui résume parfaitement l'ambiance de cet album très homogène aussi bien dans la qualité des chansons que dans l'atmosphère dont il est imprégné est la photographie de la couverture, "Taxi, New-York At Night". On s'imagine parfaitement dans ce taxi, la nuit, à l'écoute du jazzy "Spirit On The Water"...
Au final, c'est avec cet album que je suis rentré dans l'univers dylanien, un univers si profond et si particulier que l'on ne peut qu'y rester, s'y lover pour ne plus en sortir, cet univers qui fait que Bob Dylan est un artiste crucial, essentiel aujourd'hui.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par JPW |
Posté le 13 janvier 2009 à 18 h 23 |
Un dimanche tranquille, j'enfile mon chapeau de cow-boy, et me voilà parti. Une seule envie : me perdre et tout oublier.
L'hiver est froid, et la solitude me guette. Tiens, le dernier Dylan traîne dans la boite à gants. Les deux précédents étaient convaincants, il a la classe Old Bobby, lorsqu'il revisite les classiques. Modern Times. Un titre qui en impose. Ca me tiendra compagnie...
D'un coup, le ciel s'assombrit. Les nuages se noircissent et l'autoroute se retrouve plongée dans l'obscurité. Un orage éclate. Dans l'autoradio, "Thunder On The Mountain" démarre en trombe, et la voix du Zim se fait l'écho du tonnerre. Le rythme est enlevé, j'accélères, sous une pluie torrentielle. Tandis que les essuie-glaces s'affolent, Bob se demande où peut bien être Alicia Keys !
"On dirait que quelque chose de mauvais va arriver, tu ferais mieux de redescendre de ton avion / Tout le monde part et je veux partir aussi"
Une route de campagne et quelques éclaircies. Je m'arrête pour profiter du paysage, des champs à perte de vue, un ciel torturé. Le sol est boueux, l'air est frais. "Spirit On The Water".
"J'ai piétiné dans la boue / J'ai prié les puissances d'en-haut / Je sue du sang / Tu as un visage qui implore l'amour".
Une ballade qui m'apaise, tout en me rappelant douloureusement ma solitude. Personne ne m'attends.
Le classique "Rollin'&Tumblin'", sur une route rocailleuse, tout s'agite et j'accèlère à nouveau. Plus rien ne m'arrête.
"Le paysage brille, luisant dans la lumière dorée du jour / Je ne cache rien maintenant, je ne me tiens dans le chemin de personne"
Il est midi et le soleil m'éblouit. A moins que ce ne soit "When The Deal Goes Down", lumineuse. Parfaite. Putain Bob, tu vas me faire pleurer. Une telle chanson d'amour, c'est si rare. Ca m'évoque tellement de choses. Mélange de mélancolie et d'espoir. Une larme à l'oeil, la faute du soleil.
"J'ai cueilli une rose et elle a troué mes habits / J'ai suivi le courant sinueux / J'ai entendu le bruit assourdissant, j'ai senti des joies passagères / Je sais que leur apparence est trompeuse / En ce domaine terrestre, plein de déception et de douleur / Jamais tu ne me verras renfrogné / Je te dois mon coeur / Et je serai avec toi quand la donne se fera"
Pas le temps de pleurnicher, mon périple continue. Les lignes blanches défilent dans mon rétroviseur, les villages s'enchaînent à toute vitesse et des gouttes de pluie se font la course sur la vitre avant. "Someday Baby", classique bluesy, s'accorde à merveille avec ce sentiment de fuite en avant. Plus de compte à rendre à personne, pas vrai Bobby ?
L'après-midi touche à sa fin. Déjà, il fait sombre. Je m'arrête sur un aire de repos abandonnée, aucun signe de vie. "Une brume du soir s'installe sur la ville / La lueur des étoiles au bord de la rivière / Le pouvoir d'achat du prolétariat diminue / L'argent devient peu abondant et peu courant / Oui, là où je suis le mieux, c'est dans mes doux souvenirs". Putain, encore un classique, ce "Workingman's Blues 2" ! Il est infatiguable le vieillard. Il nous pond six merveilleuses minutes sur comment trouver le bonheur quand on est dans une sombre merde, poétise sur la misère et va chercher au fond de sa gorge un flot d'émotions.
Un coucher de soleil, caché par de sombres nuages. Dommage, j'aime bien moi les couchers de soleil. Je me réfugie dans la voix chaude de Bobby, qui croone délicieusement sur "Beyond The Horizon". "Au-delà de l'horizon, derrière le soleil / A la fin de l'arc-en-ciel la vie ne fait que commencer / Dans les longues heures du crépuscule sous la poussière d'étoiles là-haut / Au-delà de l'horizon il est facile d'aimer". Le voilà mon coucher de soleil...
Seul dans la nuit, la Lune éclaire ma route. La fatigue me guette, la journée a été longue. Je me laisse bercer par la ballade "Nettie Moore", une histoire d'amour au Far West, construite et interprêtée avec intensité. Et la fin terrible, désabusée. Dylan chante la mort, et c'est douloureusement juste. "Mon bonheur est bien mort / L'hiver est parti, le fleuve monte / Je t'ai aimé alors et t'aimerai toujours / Mais il n'y a plus personne ici à qui le dire / Le monde est devenu noir devant mes yeux".
Je lutte contre le sommeil et c'est "The Levee's Gonna Break" qui me donne la force de continuer. Un blues endiablé, où les fantômes de la Nouvelle Orléans remontent à la surface du fleuve. Et il pleut à nouveau. Le Déluge. Impossible de continuer. Je n'ai plus le choix. Je m'arrête, à l'entrée d'une ville endormie.
Laissant ma voiture sur un parking désert, je m'allume une cigarette et je marche, me laissant guider par les huit minutes de "Ain't Talkin", la voix de Bobby dans les oreillettes. Le sommet de l'album. Un titre magnifique, indescriptible. Dylan à son meilleur niveau. Le goudron est détrempé, les néons des lampadaires sont flous. Je ne pense plus à rien, je ne dis plus rien, j'écoute la pluie tomber. "Ain't talkin', just walkin' / Up the road, around the bend. / Heart burnin', still yearnin' / In the last outback at the world's end."
Modern Times clôt la trilogie entamée par Dylan en 1997. Une énième renaissance, saluée par la critique, trois nouvelles pierres à l'édifice d'une carrière étourdissante. Ce disque est intemporel, et si je m'amuse à illustrer ces chansons avec ce genre de récit, c'est parce qu'il m'a accompagné tant de fois, tant d'après-midi pluvieux, de soirées en solitaire. Peut-être que c'est l'ultime album. Si c'est le cas je n'en demande pas plus. Dylan est éternel.
L'hiver est froid, et la solitude me guette. Tiens, le dernier Dylan traîne dans la boite à gants. Les deux précédents étaient convaincants, il a la classe Old Bobby, lorsqu'il revisite les classiques. Modern Times. Un titre qui en impose. Ca me tiendra compagnie...
D'un coup, le ciel s'assombrit. Les nuages se noircissent et l'autoroute se retrouve plongée dans l'obscurité. Un orage éclate. Dans l'autoradio, "Thunder On The Mountain" démarre en trombe, et la voix du Zim se fait l'écho du tonnerre. Le rythme est enlevé, j'accélères, sous une pluie torrentielle. Tandis que les essuie-glaces s'affolent, Bob se demande où peut bien être Alicia Keys !
"On dirait que quelque chose de mauvais va arriver, tu ferais mieux de redescendre de ton avion / Tout le monde part et je veux partir aussi"
Une route de campagne et quelques éclaircies. Je m'arrête pour profiter du paysage, des champs à perte de vue, un ciel torturé. Le sol est boueux, l'air est frais. "Spirit On The Water".
"J'ai piétiné dans la boue / J'ai prié les puissances d'en-haut / Je sue du sang / Tu as un visage qui implore l'amour".
Une ballade qui m'apaise, tout en me rappelant douloureusement ma solitude. Personne ne m'attends.
Le classique "Rollin'&Tumblin'", sur une route rocailleuse, tout s'agite et j'accèlère à nouveau. Plus rien ne m'arrête.
"Le paysage brille, luisant dans la lumière dorée du jour / Je ne cache rien maintenant, je ne me tiens dans le chemin de personne"
Il est midi et le soleil m'éblouit. A moins que ce ne soit "When The Deal Goes Down", lumineuse. Parfaite. Putain Bob, tu vas me faire pleurer. Une telle chanson d'amour, c'est si rare. Ca m'évoque tellement de choses. Mélange de mélancolie et d'espoir. Une larme à l'oeil, la faute du soleil.
"J'ai cueilli une rose et elle a troué mes habits / J'ai suivi le courant sinueux / J'ai entendu le bruit assourdissant, j'ai senti des joies passagères / Je sais que leur apparence est trompeuse / En ce domaine terrestre, plein de déception et de douleur / Jamais tu ne me verras renfrogné / Je te dois mon coeur / Et je serai avec toi quand la donne se fera"
Pas le temps de pleurnicher, mon périple continue. Les lignes blanches défilent dans mon rétroviseur, les villages s'enchaînent à toute vitesse et des gouttes de pluie se font la course sur la vitre avant. "Someday Baby", classique bluesy, s'accorde à merveille avec ce sentiment de fuite en avant. Plus de compte à rendre à personne, pas vrai Bobby ?
L'après-midi touche à sa fin. Déjà, il fait sombre. Je m'arrête sur un aire de repos abandonnée, aucun signe de vie. "Une brume du soir s'installe sur la ville / La lueur des étoiles au bord de la rivière / Le pouvoir d'achat du prolétariat diminue / L'argent devient peu abondant et peu courant / Oui, là où je suis le mieux, c'est dans mes doux souvenirs". Putain, encore un classique, ce "Workingman's Blues 2" ! Il est infatiguable le vieillard. Il nous pond six merveilleuses minutes sur comment trouver le bonheur quand on est dans une sombre merde, poétise sur la misère et va chercher au fond de sa gorge un flot d'émotions.
Un coucher de soleil, caché par de sombres nuages. Dommage, j'aime bien moi les couchers de soleil. Je me réfugie dans la voix chaude de Bobby, qui croone délicieusement sur "Beyond The Horizon". "Au-delà de l'horizon, derrière le soleil / A la fin de l'arc-en-ciel la vie ne fait que commencer / Dans les longues heures du crépuscule sous la poussière d'étoiles là-haut / Au-delà de l'horizon il est facile d'aimer". Le voilà mon coucher de soleil...
Seul dans la nuit, la Lune éclaire ma route. La fatigue me guette, la journée a été longue. Je me laisse bercer par la ballade "Nettie Moore", une histoire d'amour au Far West, construite et interprêtée avec intensité. Et la fin terrible, désabusée. Dylan chante la mort, et c'est douloureusement juste. "Mon bonheur est bien mort / L'hiver est parti, le fleuve monte / Je t'ai aimé alors et t'aimerai toujours / Mais il n'y a plus personne ici à qui le dire / Le monde est devenu noir devant mes yeux".
Je lutte contre le sommeil et c'est "The Levee's Gonna Break" qui me donne la force de continuer. Un blues endiablé, où les fantômes de la Nouvelle Orléans remontent à la surface du fleuve. Et il pleut à nouveau. Le Déluge. Impossible de continuer. Je n'ai plus le choix. Je m'arrête, à l'entrée d'une ville endormie.
Laissant ma voiture sur un parking désert, je m'allume une cigarette et je marche, me laissant guider par les huit minutes de "Ain't Talkin", la voix de Bobby dans les oreillettes. Le sommet de l'album. Un titre magnifique, indescriptible. Dylan à son meilleur niveau. Le goudron est détrempé, les néons des lampadaires sont flous. Je ne pense plus à rien, je ne dis plus rien, j'écoute la pluie tomber. "Ain't talkin', just walkin' / Up the road, around the bend. / Heart burnin', still yearnin' / In the last outback at the world's end."
Modern Times clôt la trilogie entamée par Dylan en 1997. Une énième renaissance, saluée par la critique, trois nouvelles pierres à l'édifice d'une carrière étourdissante. Ce disque est intemporel, et si je m'amuse à illustrer ces chansons avec ce genre de récit, c'est parce qu'il m'a accompagné tant de fois, tant d'après-midi pluvieux, de soirées en solitaire. Peut-être que c'est l'ultime album. Si c'est le cas je n'en demande pas plus. Dylan est éternel.
Intemporel ! ! ! 20/20
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