Bob Dylan
Paris [Palais Des Congrès] - mercredi 08 avril 2009 |
Un concert de Dylan est la définition même du "quitte ou double". Le risque de quelques grands moments ou alors de voir le public le plus chaud au monde calmé en moins de 30 secondes. Et même si les premiers échos de cette tournée européenne sont bons, on sait qu'on ne peut s'y fier, juste espérer.
Une première chanson courte, le temps de se chauffer, puis de balancer le premier classique, "Lay Lady Lay". Première bonne surprise, Dylan empoigne une guitare pour venir chanter au centre de la scène. La voix est telle qu'on la connaît : du pur Donald Duck sous hélium. Mais sur cette chanson, dont je trouve la version originale sans intérêt, elle passe bien. "Things Have Changed" et "When The Deal Goes Down", de son récent répertoire, prouvent que notre barde a encore des choses à dire et qu'il sait les dire. On arrive alors à la première claque de la soirée, cette magnifique version bluesy de "‘Til I Fell In Love With You", que feu John Lee Hooker aurait apprécié.
A point où nous en sommes, voici donc le moment de première banderille : "Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again". Evidemment, quand on a passé, repassé, pendant des années, l'originale, il y a forcément un sentiment de frustration, mais tout de même, mine de rien, face à une des plus grandes chansons d'un des plus grands (le plus grand ?), que son auteur a envie de servir comme il se doit, on ne peut que savourer l'instant. Petite pause avec "Sugar Baby", avant d'enchainer par 2 classiques : un magistral "It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding)" suivi d'un "Lonesome Death Of Hattie Carroll" quelque peu malmené vocalement et qui a perdu de son militantisme, mais qu'on ne boudera sûrement pas.
Autres bonnes choses : "Tweedle Dee & Tweedle Dum", puis 2 chansons plus loin, "Highway 61 Revisited". Puis, la surprise du chef, qui ne sera jouée probablement qu'une fois dans la tournée : une improbable et très jolie reprise d'Aznavour, "The Times We've Known". Certains spectateurs l'auront reconnue, même s'il la joue très rarement, les autres, encore sous le charme, ne prêteront qu'une brève attention au morceau suivant, tant ils tenteront de puiser à travers leurs souvenirs pour retrouver le nom de cette chanson qui leur semble si familière.
Arrive le moment que tout le monde attend et où personne, pour le coup, ne sera laissé sur le bord de la route : "Like A Rolling Stone". Grandiose, comme il se doit. On a envie de le gueuler nous aussi à son voisin et à la Terre entière, ce fameux "How Does It Feel ?!". On se contentera de frapper dans les mains pendant le refrain, mais pour paraphraser le poète Thierry Roland un soir de juillet 1998 : "Mon Dieu quel pied, Oh putain !"
C'est donc sous une ovation bien méritée que Dylan et ses musiciens quittent la scène. Ils reviennent et reprennent les choses là où ils les avaient laissées, soit une version Hendrixienne de "All Along The Watchtower". Là encore, on sent le Dylan des grands soirs, une jambe légèrement pliée, l'autre tendue, concentré comme rarement sur sa chanson. Il faudra bien 2 chansons plus calmes pour redescendre sur terre, dont un "Blowin' In The Wind" plutôt décevant.
Alors voilà, Dylan sur scène, c'est donc ça ! Des chansons qui parfois se ressemblent, mais qui finalement, restent enore bien ancrées quelques jours après. Des setlists qui changent tous les soirs. Un groupe qui suit remarquablement son homme-orchestre. Alors oui, il ne remerciera qu'une seule fois, mais le resspect mutuel est bel et bien là. Si seulement tous ceux qui ont la réputation de mépriser royalement leur public pouvaient ressembler à ça...
D'après les initiés, il faut modérer son enthousiasme, car il aura rarement atteint une telle application depuis bien longtemps que ce soir là, mais quelques semaines après avoir vu AC/DC et Metallica, monstres scéniques soit disant intouchables plus préoccupés par leurs cornes lumineuses ou leur catalogue Guitar Hero que par l'envie de véritablement se donner, que ça fait du bien de voir quelqu'un qui derrière cette allure de vieux grognon, représente encore, bien loin devant les Stones, McCartney, Reed ou Wilson, les derniers souffles d'arrogance des années 60. Oui, les concerts de Dylan sont beaucoup plus risqués, peuvent déraper à tout moment, et même dans les bons soirs, on s'y ennuie parfois. Mais avec le recul, en dehors de Blood On The Tracks, chaque album majeur sera représenté au moins une fois, de The Freewheelin' à Time Out Of Mind.
Qu'il est bon parfois d'avoir le sentiment d'avoir gagné à la loterie.
Une première chanson courte, le temps de se chauffer, puis de balancer le premier classique, "Lay Lady Lay". Première bonne surprise, Dylan empoigne une guitare pour venir chanter au centre de la scène. La voix est telle qu'on la connaît : du pur Donald Duck sous hélium. Mais sur cette chanson, dont je trouve la version originale sans intérêt, elle passe bien. "Things Have Changed" et "When The Deal Goes Down", de son récent répertoire, prouvent que notre barde a encore des choses à dire et qu'il sait les dire. On arrive alors à la première claque de la soirée, cette magnifique version bluesy de "‘Til I Fell In Love With You", que feu John Lee Hooker aurait apprécié.
A point où nous en sommes, voici donc le moment de première banderille : "Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again". Evidemment, quand on a passé, repassé, pendant des années, l'originale, il y a forcément un sentiment de frustration, mais tout de même, mine de rien, face à une des plus grandes chansons d'un des plus grands (le plus grand ?), que son auteur a envie de servir comme il se doit, on ne peut que savourer l'instant. Petite pause avec "Sugar Baby", avant d'enchainer par 2 classiques : un magistral "It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding)" suivi d'un "Lonesome Death Of Hattie Carroll" quelque peu malmené vocalement et qui a perdu de son militantisme, mais qu'on ne boudera sûrement pas.
Autres bonnes choses : "Tweedle Dee & Tweedle Dum", puis 2 chansons plus loin, "Highway 61 Revisited". Puis, la surprise du chef, qui ne sera jouée probablement qu'une fois dans la tournée : une improbable et très jolie reprise d'Aznavour, "The Times We've Known". Certains spectateurs l'auront reconnue, même s'il la joue très rarement, les autres, encore sous le charme, ne prêteront qu'une brève attention au morceau suivant, tant ils tenteront de puiser à travers leurs souvenirs pour retrouver le nom de cette chanson qui leur semble si familière.
Arrive le moment que tout le monde attend et où personne, pour le coup, ne sera laissé sur le bord de la route : "Like A Rolling Stone". Grandiose, comme il se doit. On a envie de le gueuler nous aussi à son voisin et à la Terre entière, ce fameux "How Does It Feel ?!". On se contentera de frapper dans les mains pendant le refrain, mais pour paraphraser le poète Thierry Roland un soir de juillet 1998 : "Mon Dieu quel pied, Oh putain !"
C'est donc sous une ovation bien méritée que Dylan et ses musiciens quittent la scène. Ils reviennent et reprennent les choses là où ils les avaient laissées, soit une version Hendrixienne de "All Along The Watchtower". Là encore, on sent le Dylan des grands soirs, une jambe légèrement pliée, l'autre tendue, concentré comme rarement sur sa chanson. Il faudra bien 2 chansons plus calmes pour redescendre sur terre, dont un "Blowin' In The Wind" plutôt décevant.
Alors voilà, Dylan sur scène, c'est donc ça ! Des chansons qui parfois se ressemblent, mais qui finalement, restent enore bien ancrées quelques jours après. Des setlists qui changent tous les soirs. Un groupe qui suit remarquablement son homme-orchestre. Alors oui, il ne remerciera qu'une seule fois, mais le resspect mutuel est bel et bien là. Si seulement tous ceux qui ont la réputation de mépriser royalement leur public pouvaient ressembler à ça...
D'après les initiés, il faut modérer son enthousiasme, car il aura rarement atteint une telle application depuis bien longtemps que ce soir là, mais quelques semaines après avoir vu AC/DC et Metallica, monstres scéniques soit disant intouchables plus préoccupés par leurs cornes lumineuses ou leur catalogue Guitar Hero que par l'envie de véritablement se donner, que ça fait du bien de voir quelqu'un qui derrière cette allure de vieux grognon, représente encore, bien loin devant les Stones, McCartney, Reed ou Wilson, les derniers souffles d'arrogance des années 60. Oui, les concerts de Dylan sont beaucoup plus risqués, peuvent déraper à tout moment, et même dans les bons soirs, on s'y ennuie parfois. Mais avec le recul, en dehors de Blood On The Tracks, chaque album majeur sera représenté au moins une fois, de The Freewheelin' à Time Out Of Mind.
Qu'il est bon parfois d'avoir le sentiment d'avoir gagné à la loterie.
Parfait 17/20 | par Francislalanne |
Setlist :
The Wicked Messenger
Lay, Lady, Lay
Things Have Changed
When The Deal Goes Down
'Til I Fell In Love With You
Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again
Sugar Baby
It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding)
The Lonesome Death Of Hattie Carroll
Tweedle Dee & Tweedle Dum
Beyond The Horizon
Highway 61 Revisited
The Times We've Known (Charles Aznavour)
Thunder On The Mountain
Like A Rolling Stone
>>>
All Along The Watchtower
Spirit On The Water
Blowin' In The Wind
The Wicked Messenger
Lay, Lady, Lay
Things Have Changed
When The Deal Goes Down
'Til I Fell In Love With You
Stuck Inside Of Mobile With The Memphis Blues Again
Sugar Baby
It's Alright, Ma (I'm Only Bleeding)
The Lonesome Death Of Hattie Carroll
Tweedle Dee & Tweedle Dum
Beyond The Horizon
Highway 61 Revisited
The Times We've Known (Charles Aznavour)
Thunder On The Mountain
Like A Rolling Stone
>>>
All Along The Watchtower
Spirit On The Water
Blowin' In The Wind
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