Bob Dylan
Hard Rain |
Label :
Columbia |
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Nous sommes en 1975 et notre Zim ne connait pas ses années les plus tranquilles. Sur fond de divorce et d'alcool, Dylan lance la Rolling Thunder Review en octobre 1975. Cette tournée tentait de mettre en valeur des talents du folk américain. La première moitié du concert est marquée par la présence de quelques invités de marque comme John Baez, Joni Mitchell ou Roger McGuinn mais aussi des moins connus comme Ramblin' Jack, Allen Ginsberg et Mick Ronson (le guitariste de David Bowie). Pour ce qui est de la seconde partie du concert, maître Dylan s'en occupe. La Rolling Thunder écume les villes de la côte Nord Ouest sans succès mais Zim décide de prolonger les dates en suivant la côte Sud à partir de la Floride. Cette " deuxième tournée " est un vrai désastre car Dylan n'en fait qu'à sa tête : il met sur le banc de touche Mick Ronson (qui pourtant était une tête d'affiche) et décide de changer son répertoire au dernier moment en supprimant les compositions de son album précédant Desire pour les remplacer par des titres de Blood On The Tracks qu'il joue plus violemment. Quatre jours après le début de la Rolling Thunder Review Part Two, Dylan entraîne toute sa petite bande pour enregistrer une émission spéciale promise à ABC Network. Le concert est correct mais Dylan met son veto sur la diffusion et il n'a plus le choix que de filmer l'avant dernier concert de la Rolling Thunder à Fort Collins dans le Colorado devant 25 000 personnes.
Vous vous dites que de péripéties? Mais le pire c'est que c'est pas fini. Le Zim décide de prendre deux jours de préparations qu'il mit à profit pour... se saouler dans un refuge de montagne. Et le jour du concert: c'est le déluge avec les bâches qui fuyaient, les musiciens qui jouaient sous l'eau. En résumé les conditions ne sont pas réunies pour faire un live de bonne qualité. Il faut dire que les apparences sont trompeuses, Hard Rain est un live incroyable. Le film ne fut jamais distribué mais l'enregistrement donna lieu à ce magnifique album. Dylan bouleverse son répertoire avec " Shelter From The Storm " virant au reggae, une version de "Maggie Farm" façon country, "Lay Lady Lay" devient une chanson hurlée. L'album se referme avec "Idiot Wind" qui efface littéralement l'original. Seul pêché de cet album: aucune trace de John Baez ou Roger McGuinn.
Un live fabriqué dans la souffrance qui génère une acidité et une violence peu commune pour un Zim qui devient presque détestable. Cette infatigable création provoque excitation et douleur. Rob Stoner (le bassiste de Dylan) résume : " C'était en quelque sorte un album punk ".
Vous vous dites que de péripéties? Mais le pire c'est que c'est pas fini. Le Zim décide de prendre deux jours de préparations qu'il mit à profit pour... se saouler dans un refuge de montagne. Et le jour du concert: c'est le déluge avec les bâches qui fuyaient, les musiciens qui jouaient sous l'eau. En résumé les conditions ne sont pas réunies pour faire un live de bonne qualité. Il faut dire que les apparences sont trompeuses, Hard Rain est un live incroyable. Le film ne fut jamais distribué mais l'enregistrement donna lieu à ce magnifique album. Dylan bouleverse son répertoire avec " Shelter From The Storm " virant au reggae, une version de "Maggie Farm" façon country, "Lay Lady Lay" devient une chanson hurlée. L'album se referme avec "Idiot Wind" qui efface littéralement l'original. Seul pêché de cet album: aucune trace de John Baez ou Roger McGuinn.
Un live fabriqué dans la souffrance qui génère une acidité et une violence peu commune pour un Zim qui devient presque détestable. Cette infatigable création provoque excitation et douleur. Rob Stoner (le bassiste de Dylan) résume : " C'était en quelque sorte un album punk ".
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Tomtom |
Posté le 17 juin 2010 à 23 h 32 |
J'ai déjà beaucoup parlé de mon amour pour la période gitan de Dylan, entamée en 1975 avec l'album Desire et la Rolling Thunder Review. J'ai beau savoir que derrière tout ce cirque grandiloquent, il y avait des histoires de gros sous, je suis captivé par cette folle aventure. Inégale, la tournée a tout de même offert de grands moments, que l'on peut retrouver sur le Bootleg N°5 ou bien sur ce Hard Rain, publié en 1976, après la dissolution de l'équipe. Beaucoup ont reproché à ce témoignage d'avoir saisi la pire partie de la tournée, celle où la magie avait disparu, où l'envie n'était plus là et que l'aspect communautaire et à l'ancienne avait laissé la place à de lucratives démonstrations de forces dans des stades, sans vraiment d'âme. Et bah moi je ne suis pas d'accord. Je trouve justement que c'est magique, que c'est plein d'âme et je me fous, comme d'habitude, de savoir si Dylan est sincère ou pas, si les émotions sont authentiques, si le contexte change la donne, je m'en fous, je me concentre sur ce que cet album me procure, c'est à dire une véritable claque.
Le titre piqué à un moment de bravoure remontant à son deuxième album n'est pas anodin. Il fait référence à toutes les emmerdes qui se sont enchaînés pour mettre en place cet enregistrement. D'abord une émission de télé manquée, puis un Dylan lunatique qui picole en montagne et enfin, un concert dans un stade du Colorado où une tempête finit de compléter ce gigantesque merdier. Et pour bien nous faire comprendre que c'était pas la joie, il y a cette pochette, avec un Dylan en gros plan qui nous lance un regard noir, méfiant. Après avoir joué les campagnards, les cow-boys et les romantiques, revoilà que le Zim est reparti dans ses excès et nous rejoue les frustrations de la tournée électrique, dix ans plus tôt, lorsqu'il se fait siffler tous les soirs. L'alcool a remplacé la drogue, le génial poète a perdu un peu de sa verve créatrice, mais on peut facilement faire le parallèle.
On le sait, Dylan n'aime pas faire sonner une chanson de la même manière et pour le meilleur comme pour le pire, il s'amuse à changer la forme, influençant parfois le fond, de tout son répertoire, selon l'humeur, le contexte, la motivation. La plupart de mes titres favoris sont représentés ici, dans des versions très éloignés des originaux. Dans un style country-rock décoiffant, "Maggie's Farm" défile à toute allure, Dylan ne chante pas, il meugle, il saute des couplets, il fonce. Bon, rien d'anormal non plus, cette chanson là a déjà été utilisée comme une entrée fracassante par le passé, rappelez-vous, Newport, en 1965. Si Pete Seeger était dans le coin, il aurait encore voulu couper les fils à la hache. Surtout que personne ne s'attendait à voir la ballade acoustique "Too Many Mornings" transformé en grandiloquente démonstration de guitares qui s'affolent et de violons qui tourbillonnent, dans un son typique de la Rolling Thunder Review. Un son qui sied très bien à "Stuck Inside Of Mobile", une chanson qui m'a toujours évoqué un voyage en train à toute allure, et qui passe ici la vitesse supérieure. Dylan est peut-être bourré, peut-être qu'il avance les yeux fermés, mais quand il gueule les refrains, c'est très puissant. Je trouve.
Le violon de Scarlet Rivera était l'un des atouts majeurs de Desire, de son ambiance si particulière. Il fait encore une fois des merveilles sur ce poignant "Oh, Sister", qui parvient à m'émouvoir, à tous les coups. Surtout quand le rythme s'accélère, que la voix monte en puissance, que la foule retient son souffle, et que Dylan balance le refrain avec un vrai sens de la mélancolie. C'est un truc qu'il ne faisait déjà plus à l'époque, mais on l'imagine avec sa peinture blanche sur la gueule, sa tenue de guerrier gitan et ses poings qui s'agitent autour du micro. De quoi avoir des frissons.
Celle qui décoiffe le plus, c'est surement "Lay Lady Lay", à mille lieux de la sucrerie country, à des kilomètres de la sensualité de l'original, presque un contresens. C'est selon moi le morceau le moins convaincant de ce live, car il faut avouer que ses chœurs, si on ne joue pas le jeu, sont un peu écœurants à la longue. Mais sans transition, direct après, c'est mon passage de prédilection, "Shelter From the Storm". Poignante ballade de Blood On The Tracks, elle est ici tout sauf un abri en cas de tempête. C'est une tempête à elle toute seule cette version, quasiment reggae, avec la basse de Rob Stoner qui tremble dangereusement, Dylan qui gueule comme l'orage qui gronde. Un moment de bravoure, hypnotisant.
"You're A Big Girl Now" est un océan de douceur dans ce combat acharné. Je parle de la manière dont elle est joué, plus calme, avec des violons qui se font plus apaisés. Parce qu'au niveau du texte, c'est toujours la même amertume, les mêmes regrets. Avec un texte beaucoup moins subtile, un peu plus niais, mais tout aussi délicieux, "I Threw It All Away" joue sur l'effet inverse, et Dylan se remet à en faire des caisses, de manière un peu chancelante, mais avec beaucoup d'émotions. C'est une chanson plutôt classique, mais je l'ai toujours adoré, particulièrement dans cette version dopée.
Que cette tempête vous soit passée au dessus de la tête ou qu'elle vous ait complètement abattue, le vent qui vient souffler sur le champ de bataille mettra tout le monde d'accord. S'il ne vous faut qu'une raison d'acheter cet album, c'est le "Idiot Wind" qui vient conclure la parade. S'étendant sur plus de dix minutes, c'est une dernière charge contre l'ennemi, désespéré mais où Dylan va puiser ses dernières forces, y va à fond, comme pour nous achever. L'orchestre se démène derrière pour tenir la route tout le long à ce morceau qui, même si Dylan s'est amusé à le nier, semble tout de même une charge envers son ex-femme, Sara, l'amour de sa vie, la fille aux yeux tristes. On l'entendrais presque pleurer Dylan d'ailleurs. Pleurer comme un ivrogne qui titube à la sortie du bar et vomit son malheur dans de sombres ruelles.
Hard Rain, une expérience punk, j'en sais rien. En tout cas, Dylan se montre une fois de plus très destructeur, et toujours aussi passionnant. Un live à ressortir lorsqu'il pleut dehors, forcément. Il suffit d'ouvrir grandes les fenêtres, de mettre le son à fond, de se servir quelques verres et de laisser la tempête vous foutre en transe.
Le titre piqué à un moment de bravoure remontant à son deuxième album n'est pas anodin. Il fait référence à toutes les emmerdes qui se sont enchaînés pour mettre en place cet enregistrement. D'abord une émission de télé manquée, puis un Dylan lunatique qui picole en montagne et enfin, un concert dans un stade du Colorado où une tempête finit de compléter ce gigantesque merdier. Et pour bien nous faire comprendre que c'était pas la joie, il y a cette pochette, avec un Dylan en gros plan qui nous lance un regard noir, méfiant. Après avoir joué les campagnards, les cow-boys et les romantiques, revoilà que le Zim est reparti dans ses excès et nous rejoue les frustrations de la tournée électrique, dix ans plus tôt, lorsqu'il se fait siffler tous les soirs. L'alcool a remplacé la drogue, le génial poète a perdu un peu de sa verve créatrice, mais on peut facilement faire le parallèle.
On le sait, Dylan n'aime pas faire sonner une chanson de la même manière et pour le meilleur comme pour le pire, il s'amuse à changer la forme, influençant parfois le fond, de tout son répertoire, selon l'humeur, le contexte, la motivation. La plupart de mes titres favoris sont représentés ici, dans des versions très éloignés des originaux. Dans un style country-rock décoiffant, "Maggie's Farm" défile à toute allure, Dylan ne chante pas, il meugle, il saute des couplets, il fonce. Bon, rien d'anormal non plus, cette chanson là a déjà été utilisée comme une entrée fracassante par le passé, rappelez-vous, Newport, en 1965. Si Pete Seeger était dans le coin, il aurait encore voulu couper les fils à la hache. Surtout que personne ne s'attendait à voir la ballade acoustique "Too Many Mornings" transformé en grandiloquente démonstration de guitares qui s'affolent et de violons qui tourbillonnent, dans un son typique de la Rolling Thunder Review. Un son qui sied très bien à "Stuck Inside Of Mobile", une chanson qui m'a toujours évoqué un voyage en train à toute allure, et qui passe ici la vitesse supérieure. Dylan est peut-être bourré, peut-être qu'il avance les yeux fermés, mais quand il gueule les refrains, c'est très puissant. Je trouve.
Le violon de Scarlet Rivera était l'un des atouts majeurs de Desire, de son ambiance si particulière. Il fait encore une fois des merveilles sur ce poignant "Oh, Sister", qui parvient à m'émouvoir, à tous les coups. Surtout quand le rythme s'accélère, que la voix monte en puissance, que la foule retient son souffle, et que Dylan balance le refrain avec un vrai sens de la mélancolie. C'est un truc qu'il ne faisait déjà plus à l'époque, mais on l'imagine avec sa peinture blanche sur la gueule, sa tenue de guerrier gitan et ses poings qui s'agitent autour du micro. De quoi avoir des frissons.
Celle qui décoiffe le plus, c'est surement "Lay Lady Lay", à mille lieux de la sucrerie country, à des kilomètres de la sensualité de l'original, presque un contresens. C'est selon moi le morceau le moins convaincant de ce live, car il faut avouer que ses chœurs, si on ne joue pas le jeu, sont un peu écœurants à la longue. Mais sans transition, direct après, c'est mon passage de prédilection, "Shelter From the Storm". Poignante ballade de Blood On The Tracks, elle est ici tout sauf un abri en cas de tempête. C'est une tempête à elle toute seule cette version, quasiment reggae, avec la basse de Rob Stoner qui tremble dangereusement, Dylan qui gueule comme l'orage qui gronde. Un moment de bravoure, hypnotisant.
"You're A Big Girl Now" est un océan de douceur dans ce combat acharné. Je parle de la manière dont elle est joué, plus calme, avec des violons qui se font plus apaisés. Parce qu'au niveau du texte, c'est toujours la même amertume, les mêmes regrets. Avec un texte beaucoup moins subtile, un peu plus niais, mais tout aussi délicieux, "I Threw It All Away" joue sur l'effet inverse, et Dylan se remet à en faire des caisses, de manière un peu chancelante, mais avec beaucoup d'émotions. C'est une chanson plutôt classique, mais je l'ai toujours adoré, particulièrement dans cette version dopée.
Que cette tempête vous soit passée au dessus de la tête ou qu'elle vous ait complètement abattue, le vent qui vient souffler sur le champ de bataille mettra tout le monde d'accord. S'il ne vous faut qu'une raison d'acheter cet album, c'est le "Idiot Wind" qui vient conclure la parade. S'étendant sur plus de dix minutes, c'est une dernière charge contre l'ennemi, désespéré mais où Dylan va puiser ses dernières forces, y va à fond, comme pour nous achever. L'orchestre se démène derrière pour tenir la route tout le long à ce morceau qui, même si Dylan s'est amusé à le nier, semble tout de même une charge envers son ex-femme, Sara, l'amour de sa vie, la fille aux yeux tristes. On l'entendrais presque pleurer Dylan d'ailleurs. Pleurer comme un ivrogne qui titube à la sortie du bar et vomit son malheur dans de sombres ruelles.
Hard Rain, une expérience punk, j'en sais rien. En tout cas, Dylan se montre une fois de plus très destructeur, et toujours aussi passionnant. Un live à ressortir lorsqu'il pleut dehors, forcément. Il suffit d'ouvrir grandes les fenêtres, de mettre le son à fond, de se servir quelques verres et de laisser la tempête vous foutre en transe.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 15 novembre 2011 à 22 h 21 |
Un disque qui nous fait découvrir un Dylan électrifié et survolté à l'époque de la Rolling Thunder Revue, la troupe d'artistes et de musiciens qu'il a mis sur pied à l'automne 75 pour une grande tournée américaine. L'intérêt majeure de ce disque sont les géniales versions de "Stuck Inside of Mobile with the Memphis Blues Again", "Lay Lady Lay" et "Idiot Wind" qui sonnent sous un nouveau jour : Dylan chante sans retenue ajoutant un coté très brut et "punk" aux version originales... Les critiques n'ont pas été élogieuses lors de la sortie de l'album probablement à cause du traitement qu'on subit les chansons passant au mixer country et bluegrass électrique ! Hard Rain est une étape de plus dans la carrière de Dylan et ce disque apporte une nouvelle pierre à l'édifice immensément riche de son œuvre. Ici, la force de Dylan est d'interpréter ses titres avec une attitude rageuse, un je-m'en-foutisme caractérisé et une énergie du désespoir due à son mariage en péril. Pour finir, Il faut rappeler que Bob Dylan a toujours eu la volonté d'aller vers la nouveauté avec ce désir constant d'évolution plus ou moins en accord avec les époques que le personnage traverse.
Il disait "la nostalgie c'est la mort" et a su évoluer au fil du temps. Une frange de ses premiers auditeurs, les amateurs de folk ont boudé l'artiste lors du tournant amorcé avec le disque Bringing It All Back Home mais le public à tout simplement suivi convaincu par la nécessité du changement et par la diversité apporté par sa bouillonnante créativité. Dylan nourrit sa légende, devient une énigme, un homme en constante mutation, une sorte de magicien qui ne cesse de renaître de ses cendres.
Disque indispensable.
Il disait "la nostalgie c'est la mort" et a su évoluer au fil du temps. Une frange de ses premiers auditeurs, les amateurs de folk ont boudé l'artiste lors du tournant amorcé avec le disque Bringing It All Back Home mais le public à tout simplement suivi convaincu par la nécessité du changement et par la diversité apporté par sa bouillonnante créativité. Dylan nourrit sa légende, devient une énigme, un homme en constante mutation, une sorte de magicien qui ne cesse de renaître de ses cendres.
Disque indispensable.
Excellent ! 18/20
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