Bob Dylan
Blood On The Tapes |
Label :
CBS |
||||
Ce disque n'est pas à proprement parler un disque officiel de Dylan. Vous pourrez le trouver chez divers marchands sur le net ou en boutique, pour les versions officielles, chacun prétend en avoir une, mais on ne sait pas vraiment si c'est le cas.
Mais pour tout amateur de Dylan, ou de folk plus généralement, passer à côté serait criminel.
Pour évoquer Blood On The Tapes, il faut bien sûr d'abord parler de Blood On The Tracks, sa version officielle. Dans cette version, on y trouve déjà un Dylan qui semble écœuré de tout, et particulièrement des relations à 2. Le disque d'un génie en lâcher-prise total. Il faut dire que cet album suit la séparation d'avec sa femme depuis 10 ans. Et on a beau faire le fier, le gars qui a peur de rien, 10 ans, ça laisse des traces. Ce genre de chose, c'est plutôt quitte ou double; dans le cas présent, c'était plutôt quintuple à l'arrivée. Mais Blood On The Tracks, s'il reste un des sommets de la discographie dylannienne, laissait malgré tout quelques frustrations sur certaines chansons aux arrangements qui pouvaient parfois sembler tirés par les cheveux. Après, la vie est une question de concessions, on a connu bien pire dans la vie que de devoir s'accommoder de pareilles perles.
C'est au hasard d'un passage dans un magasin de vinyls à Amsterdam que j'entends une version inédite de "Tangled Up In Blue". Une version, sans cette batterie inutile, avec une voix moins maitrisée, une sorte de démo malgré tout de grande qualité. Question : Qu'est-ce que c'est que ce truc ?! S'il existe une version de "Tangled In Blue" que je puisse adorer, le miracle peut-il se produire avec "Idiot Wind" ? Après discussion avec le vendeur, la réponse tombe : il s'agit de Blood On The Tapes, soit la première version de Blood On The Tracks, enregistrée lors de sessions new-yorkaises, et que Dylan lui-même, le pape du je-m'en-foutisme, a rejeté, jugeant qu'il y avait "too much blood on the tracks". Peu de temps après, il aurait donc changé de groupe pour enregistrer une seconde version de l'album, la définitive.
Dans ce premier essai, certaines chansons n'apparaissent pas : "Simple Twist Of Fate", "You're Gonna Make Me Lonesome When You Go", "Meet Me In The Morning", et "Buckets Of Rain". Si pour les 2 premières, on ne voit pas bien ce qu'il y aurait à améliorer, on peut regretter l'absence des 2 autres. Car Blood On The Tapes est peut-être bien ce que Dylan a fait de plus fort. Il suffit d'écouter les premières secondes de "If You See Her, Say Hello", sans batterie, sans arpège, quelques modifications dans les paroles, juste une guitare qui joue les accords plaqués, un harmonica bancal, et un mec qui se fout à poil comme jamais. Sauf que le gars en question, ce n'est pas n'importe qui. Et on comprend très vite pourquoi il a balancé ces sessions, même lui, qui est réputé pour n'avoir peur de rien. Cette version relègue les plus grandes ballades du Zim aux oubliettes; "Girl From North Country", "Love Minus Zero/No Limit", "Just Like A Woman", tout ça n'existe plus. Et on en n'est qu'à la première chanson... Et donc la suite... Ben la suite, c'est dans la même lignée: "Lily, Rosemary And The Jack Of Hearts" jouée de la même manière, nous ramène aux grandes heures de "Desolation Row", "Call Letter Blues", la seule jouée en groupe, et la moins bonne, rappelle "Meet Me In The Morning". Arrive ensuite le 3ème miracle du disque (on en est à la 4ème chanson...) : "Idiot Wind", et là, pour le coup, la version officielle, on va la chercher, on la prend, on la met à la poubelle, et on va mettre le sac au vide-ordure. Comme précédemment, c'est une version épurée qui nous est livrée : guitare acoustique, basse, clavier lointain, harmonica. Imaginez-vous à tenter toute la nuit de reconquérir votre chéri(e), mais il (elle) se casse quand même. Vous décidez alors, après quelques verres, de jeter toute votre rage sur un morceau, que vous allez chanter, épuisé, meurtri, sur la plage au lever du jour. Voilà à peu près ce que ça donne "Idiot Wind".
5ème morceau, "Tangled In Blue", certes magnifique, mais on est encore dans ce stupide vent, il faut plusieurs écoutes pour laisser la tempête passer, et y prêter l'attention qu'elle mérite. "You're A Big Girl Now", reste dans la lignée des précédentes , et on arrive ensuite à "Shelter From The Storm", toujours aussi impressionnante, mais pour le coup, moins surprenante.
Sur les 4 dernières chansons, un inédit "Up To Me", qui n'a aucun problème à se fondre avec le reste, et des versions encore différentes, probablement la première prise, de "If You See Her, Say Hello", "Tangled Up In Blue" et "Idiot Wind". Personnellement, pour déterminer la meilleure version, je n'ai rien trouvé de mieux que de les passer en boucle. Mais je suis encore loin d'avoir tranché.
Comme tout album qu'on a beau essayer de décrire en vain, Blood On The Tapes est avant tout un ressenti, parce que finalement, ce n'est pas la production, le fait de savoir si telle ou telle chanson ferait un bon single, quel morceau on peut bien faire découvrir aux autres, etc. Tout ça, on s'en fout. C'est quelque chose entre Bob et soit. Un peu comme un dialogue "Ah, elle t'a fait ça? Ah ouais quand même.. Ben écoute, il m'est arrivé la même chose figure toi que...", mettez ce disque, et ce sont tous les fantômes de vos ex qui ressurgiront. Le meilleur moyen de savoir si votre relation actuelle tient le coup.
C'est surtout quelque chose dont vous auriez tort de vous priver. Ces cassettes ensanglantées, même si on ne les trouve que sous le manteau ou dans les fin-fonds des bacs, n'ont pas de prix, pour tout le reste, il y a Eurocard Mastercard.
Mais pour tout amateur de Dylan, ou de folk plus généralement, passer à côté serait criminel.
Pour évoquer Blood On The Tapes, il faut bien sûr d'abord parler de Blood On The Tracks, sa version officielle. Dans cette version, on y trouve déjà un Dylan qui semble écœuré de tout, et particulièrement des relations à 2. Le disque d'un génie en lâcher-prise total. Il faut dire que cet album suit la séparation d'avec sa femme depuis 10 ans. Et on a beau faire le fier, le gars qui a peur de rien, 10 ans, ça laisse des traces. Ce genre de chose, c'est plutôt quitte ou double; dans le cas présent, c'était plutôt quintuple à l'arrivée. Mais Blood On The Tracks, s'il reste un des sommets de la discographie dylannienne, laissait malgré tout quelques frustrations sur certaines chansons aux arrangements qui pouvaient parfois sembler tirés par les cheveux. Après, la vie est une question de concessions, on a connu bien pire dans la vie que de devoir s'accommoder de pareilles perles.
C'est au hasard d'un passage dans un magasin de vinyls à Amsterdam que j'entends une version inédite de "Tangled Up In Blue". Une version, sans cette batterie inutile, avec une voix moins maitrisée, une sorte de démo malgré tout de grande qualité. Question : Qu'est-ce que c'est que ce truc ?! S'il existe une version de "Tangled In Blue" que je puisse adorer, le miracle peut-il se produire avec "Idiot Wind" ? Après discussion avec le vendeur, la réponse tombe : il s'agit de Blood On The Tapes, soit la première version de Blood On The Tracks, enregistrée lors de sessions new-yorkaises, et que Dylan lui-même, le pape du je-m'en-foutisme, a rejeté, jugeant qu'il y avait "too much blood on the tracks". Peu de temps après, il aurait donc changé de groupe pour enregistrer une seconde version de l'album, la définitive.
Dans ce premier essai, certaines chansons n'apparaissent pas : "Simple Twist Of Fate", "You're Gonna Make Me Lonesome When You Go", "Meet Me In The Morning", et "Buckets Of Rain". Si pour les 2 premières, on ne voit pas bien ce qu'il y aurait à améliorer, on peut regretter l'absence des 2 autres. Car Blood On The Tapes est peut-être bien ce que Dylan a fait de plus fort. Il suffit d'écouter les premières secondes de "If You See Her, Say Hello", sans batterie, sans arpège, quelques modifications dans les paroles, juste une guitare qui joue les accords plaqués, un harmonica bancal, et un mec qui se fout à poil comme jamais. Sauf que le gars en question, ce n'est pas n'importe qui. Et on comprend très vite pourquoi il a balancé ces sessions, même lui, qui est réputé pour n'avoir peur de rien. Cette version relègue les plus grandes ballades du Zim aux oubliettes; "Girl From North Country", "Love Minus Zero/No Limit", "Just Like A Woman", tout ça n'existe plus. Et on en n'est qu'à la première chanson... Et donc la suite... Ben la suite, c'est dans la même lignée: "Lily, Rosemary And The Jack Of Hearts" jouée de la même manière, nous ramène aux grandes heures de "Desolation Row", "Call Letter Blues", la seule jouée en groupe, et la moins bonne, rappelle "Meet Me In The Morning". Arrive ensuite le 3ème miracle du disque (on en est à la 4ème chanson...) : "Idiot Wind", et là, pour le coup, la version officielle, on va la chercher, on la prend, on la met à la poubelle, et on va mettre le sac au vide-ordure. Comme précédemment, c'est une version épurée qui nous est livrée : guitare acoustique, basse, clavier lointain, harmonica. Imaginez-vous à tenter toute la nuit de reconquérir votre chéri(e), mais il (elle) se casse quand même. Vous décidez alors, après quelques verres, de jeter toute votre rage sur un morceau, que vous allez chanter, épuisé, meurtri, sur la plage au lever du jour. Voilà à peu près ce que ça donne "Idiot Wind".
5ème morceau, "Tangled In Blue", certes magnifique, mais on est encore dans ce stupide vent, il faut plusieurs écoutes pour laisser la tempête passer, et y prêter l'attention qu'elle mérite. "You're A Big Girl Now", reste dans la lignée des précédentes , et on arrive ensuite à "Shelter From The Storm", toujours aussi impressionnante, mais pour le coup, moins surprenante.
Sur les 4 dernières chansons, un inédit "Up To Me", qui n'a aucun problème à se fondre avec le reste, et des versions encore différentes, probablement la première prise, de "If You See Her, Say Hello", "Tangled Up In Blue" et "Idiot Wind". Personnellement, pour déterminer la meilleure version, je n'ai rien trouvé de mieux que de les passer en boucle. Mais je suis encore loin d'avoir tranché.
Comme tout album qu'on a beau essayer de décrire en vain, Blood On The Tapes est avant tout un ressenti, parce que finalement, ce n'est pas la production, le fait de savoir si telle ou telle chanson ferait un bon single, quel morceau on peut bien faire découvrir aux autres, etc. Tout ça, on s'en fout. C'est quelque chose entre Bob et soit. Un peu comme un dialogue "Ah, elle t'a fait ça? Ah ouais quand même.. Ben écoute, il m'est arrivé la même chose figure toi que...", mettez ce disque, et ce sont tous les fantômes de vos ex qui ressurgiront. Le meilleur moyen de savoir si votre relation actuelle tient le coup.
C'est surtout quelque chose dont vous auriez tort de vous priver. Ces cassettes ensanglantées, même si on ne les trouve que sous le manteau ou dans les fin-fonds des bacs, n'ont pas de prix, pour tout le reste, il y a Eurocard Mastercard.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Francislalanne |
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