Frank Zappa
Ship Arriving Too Late To Save A Drowning Witch |
Label :
Rykodisc |
||||
Le doublon étonnant des années 80 commençantes, 2 petits bijoux montés de toute pièce par du travail de scène et de studio, dont le temps a patiné l'écoute et qu'il ne faut zapper sous aucun prétexte.
Premier episode: SHIP ARRIVING TOO LATE TO SAVE A DROWNING WITCH
Situons : Zappa, culotté, vient de sortir un coffret de trois disques consacré à la guitare. Avec lequel il obtient plusieurs oscars dans différents pays, et le Grand Prix du Disque en France. L'engouement est tel que l'année suivante sort un livre de 300 pages consacré aux solos de guitare de Zappa (réalisé par Steve Vai). La grande classe !
Ici, avec le délirant "Valley Girl", il va même se payer un hit particulièrement apprécié à L.A. où la voix de sa gamine de 14 ans délire dans une narration volubile étonnante où la partie de basse monstrueuse est quelque chose à entendre.
Zappa s'amuse un peu aussi avec un "No Not Now", qui ouvre l'album, aux guitares saturées du plus bel effet, ça cartonne.
Et puis il y a cet "I Come From Nowhere" magnifique, putain ça c'est du rock qui envoie la purée (leçon de guitare garantie à tous les étages)... Bon c'est vrai, j'ai toujours eu un faible pour ce disque du moustachu iconoclaste peut-être parce que ma première écoute sous huile orientale entre les 2 JBL du pote bordelais m'a largement secoué les neurones.
Quand à cette deuxième face en public, avec des séquences orchestrales particulièrement difficiles où toute la palette de la troupe est utilisée c'est une véritable offrande, les enchaînements somptueux prouvent le niveau de la maîtrise de composition et de montage de Z et avec quels instrumentistes fabuleux est arrivé à travailler le monsieur : déjà le trio démoniaque Mann (percus) / Thunes (bass) / Wackerman (drums) est époustouflant de précision.
L'alien Steve Vai se charge des "Impossible guitar parts", le vieux l'a engagé lorsqu'il a reçu les parties transcrites par ce jeune guitariste doué en 78, il fera partie du team de juillet 80 à juillet 82.
Le "Drowning Witch" a toujours été réputé injouable et rend hommage au travail de Colon Nancarrow. 12 mn grandiose où Frank nous livre DEUX parties de guitare éblouissantes avec ce son de Strato unique, couplées sans transition à un "Enveloppe" brillantissime et à ce "Teen-age Prostitute" bien barré, et tout ça en public. Compos haut de gamme, ardues pour les musicos mais aucuns d'eux ne se contentent de surnager, cette face est un des tops de Frank.
Album qui ne fera pas l'unanimité à sa sortie, bien au contraire, mais qui mérite une oreille plus attentive parce que, avec sa suite (The Man From...), c'est la photo exacte des préoccupations musicales du bonhomme. Profitant des possibilités de son studio personnel, l'Utility Muffin Research Kitchen (Dispositif Cuisine de Recherche sur le Muffin) construit dans la cave de sa maison californienne, il va s'amuser à accommoder quelques friandises pour les oreilles gourmandes et délicates entre la préparation de son nouveau long-métrage "Baby Snakes" (qui recevra à Paris le 1er prix du Film international du film musical) et ses nouveaux projets pour faire jouer ses œuvres contemporaines par Boulez et Nagano.
Le groupe de scène derrière Zappa ne va pas changer de septembre 81 à juin 88 sur la base citée plus haut avec Scott Thunes, Chad Wackerman, Ed Mann, Tommy Mars au claviers, l'extraordinaire Bobby Martin aux claviers, sax/cor & surtout voix et Ike Willis en frontman. Le patron a trouvé des pointures qui assurent question musique et question spectacle aussi puisque : "...la manière dont moi je dirige ressemble fort à celle d'un chef d'orchestre à la tête d'un orchestre symphonique. Les musiciens sont de simples exécutants. Ils sont là pour respecter la partition. Si c'est ça la dictature, alors d'accord, je suis un dictateur.". Des exécutants payés quand même 4000$ par mois en répétition et en tournée.
Comme d'habitude, une tournée européenne coïncide avec la sortie du disque, comprenant une soixantaine de dates.
Sur cet album blanc il y a les notes de Frank à consulter : "Ce porta folio publicitaire a été entièrement réalisé par FZ dont nous espérons que vous appréciez l'humour unique...etc... etc". On peut y lire ceci "... il n'y a que 6 morceaux dans l'album, et il est probable que vous n'apprécierez aucun d'entre eux. Si quelqu'un à l'antenne demande à écouter ces titres, dites lui simplement que ce n'est pas le truc qui vous branche et dégagez-le."
Moi ça me branche et vous, vous dégagez ou vous restez ?
Premier episode: SHIP ARRIVING TOO LATE TO SAVE A DROWNING WITCH
Situons : Zappa, culotté, vient de sortir un coffret de trois disques consacré à la guitare. Avec lequel il obtient plusieurs oscars dans différents pays, et le Grand Prix du Disque en France. L'engouement est tel que l'année suivante sort un livre de 300 pages consacré aux solos de guitare de Zappa (réalisé par Steve Vai). La grande classe !
Ici, avec le délirant "Valley Girl", il va même se payer un hit particulièrement apprécié à L.A. où la voix de sa gamine de 14 ans délire dans une narration volubile étonnante où la partie de basse monstrueuse est quelque chose à entendre.
Zappa s'amuse un peu aussi avec un "No Not Now", qui ouvre l'album, aux guitares saturées du plus bel effet, ça cartonne.
Et puis il y a cet "I Come From Nowhere" magnifique, putain ça c'est du rock qui envoie la purée (leçon de guitare garantie à tous les étages)... Bon c'est vrai, j'ai toujours eu un faible pour ce disque du moustachu iconoclaste peut-être parce que ma première écoute sous huile orientale entre les 2 JBL du pote bordelais m'a largement secoué les neurones.
Quand à cette deuxième face en public, avec des séquences orchestrales particulièrement difficiles où toute la palette de la troupe est utilisée c'est une véritable offrande, les enchaînements somptueux prouvent le niveau de la maîtrise de composition et de montage de Z et avec quels instrumentistes fabuleux est arrivé à travailler le monsieur : déjà le trio démoniaque Mann (percus) / Thunes (bass) / Wackerman (drums) est époustouflant de précision.
L'alien Steve Vai se charge des "Impossible guitar parts", le vieux l'a engagé lorsqu'il a reçu les parties transcrites par ce jeune guitariste doué en 78, il fera partie du team de juillet 80 à juillet 82.
Le "Drowning Witch" a toujours été réputé injouable et rend hommage au travail de Colon Nancarrow. 12 mn grandiose où Frank nous livre DEUX parties de guitare éblouissantes avec ce son de Strato unique, couplées sans transition à un "Enveloppe" brillantissime et à ce "Teen-age Prostitute" bien barré, et tout ça en public. Compos haut de gamme, ardues pour les musicos mais aucuns d'eux ne se contentent de surnager, cette face est un des tops de Frank.
Album qui ne fera pas l'unanimité à sa sortie, bien au contraire, mais qui mérite une oreille plus attentive parce que, avec sa suite (The Man From...), c'est la photo exacte des préoccupations musicales du bonhomme. Profitant des possibilités de son studio personnel, l'Utility Muffin Research Kitchen (Dispositif Cuisine de Recherche sur le Muffin) construit dans la cave de sa maison californienne, il va s'amuser à accommoder quelques friandises pour les oreilles gourmandes et délicates entre la préparation de son nouveau long-métrage "Baby Snakes" (qui recevra à Paris le 1er prix du Film international du film musical) et ses nouveaux projets pour faire jouer ses œuvres contemporaines par Boulez et Nagano.
Le groupe de scène derrière Zappa ne va pas changer de septembre 81 à juin 88 sur la base citée plus haut avec Scott Thunes, Chad Wackerman, Ed Mann, Tommy Mars au claviers, l'extraordinaire Bobby Martin aux claviers, sax/cor & surtout voix et Ike Willis en frontman. Le patron a trouvé des pointures qui assurent question musique et question spectacle aussi puisque : "...la manière dont moi je dirige ressemble fort à celle d'un chef d'orchestre à la tête d'un orchestre symphonique. Les musiciens sont de simples exécutants. Ils sont là pour respecter la partition. Si c'est ça la dictature, alors d'accord, je suis un dictateur.". Des exécutants payés quand même 4000$ par mois en répétition et en tournée.
Comme d'habitude, une tournée européenne coïncide avec la sortie du disque, comprenant une soixantaine de dates.
Sur cet album blanc il y a les notes de Frank à consulter : "Ce porta folio publicitaire a été entièrement réalisé par FZ dont nous espérons que vous appréciez l'humour unique...etc... etc". On peut y lire ceci "... il n'y a que 6 morceaux dans l'album, et il est probable que vous n'apprécierez aucun d'entre eux. Si quelqu'un à l'antenne demande à écouter ces titres, dites lui simplement que ce n'est pas le truc qui vous branche et dégagez-le."
Moi ça me branche et vous, vous dégagez ou vous restez ?
Excellent ! 18/20 | par Raoul vigil |
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