Arbouretum

Arbouretum continue de sortir ses albums majestueux dans l'indifférence quasi générale, notamment en France, et c'est bien dommage. Song Of The Rose n'est sans doute pas l'album le plus emballant de ce quatuor stoner-folk américain, mais il dégage une grande sérénité, sans doute liée au fait que Dave Heumann, le chanteur-guitariste, est un adepte du Tai-chi. On l'imagine bien aussi dans un trip celtisant, tant sa musique lorgne du côté des folkeux britanniques des années 70, de Pentangle à Fairport Convention. Ces influences associées à son goût pour les rythmiques de plomb, les guitares saturées et les voix réverbérées tirent gentiment l'attelage du côté du Led Zeppelin de "Kashmir", en plus posé et avec une voix plus grave et moins criarde. Les riffs comme les arrangements sont de premier choix, comme dans la plupart des disques précédents, et ces huit morceaux constituent une bande-son de choix pour une croisière sur le fleuve Anduin, sur les traces de Boromir et de Frodon.
Si ce trip de geek vous barbe, ne vous arrêtez surtout pas en chemin, car le meilleur est pour la fin : "Mind Awake, Body Asleep", un trop court instrumental d'une minute trente qui rappelle les albums les plus sauvages du groupe et que n'aurait pas renié Kyuss, suivi du superbe slow final "Woke Up On The Move", sorte de version zen de "Stairway To Heaven". Et si vous avez survécu à tout ça, envoyez-moi vos coordonnées, je vous ferai suivre le texte de la pétition pour réclamer une date française lors de leur prochaine tournée européenne.