Depeche Mode

Violator

Violator

 Label :     Sire 
 Sortie :    mardi 20 mars 1990 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Avec Violator, Depeche Mode clôt de la plus belle des manières 10 années d'exploration et de défrichage de la musique electronique. Il fait en effet le lien entre l'electro-pop typiquement 80's et le rock qui suivra 3 ans plus tard avec Songs Of Faith & Devotion.
Cela s'est d'abord traduit dans la démarche. Pour la première fois, Martin Gore n'est pas entré en studio avec des maquettes relativement finalisées. Au contraire, le reste du groupe a pu participer à l'élaboration du disque, via des sessions d'enregistrement laissant place à l'improvisation.
Le résultat est tout simplement exceptionnel et se démarque de tout ce que le groupe avait fait jusque là. Le son est bien plus feutré, moins grandiloquent qu'auparavant,et surtout plus sombre que Music For The masses.
"World In My Eyes" ouvre le bal. Cette très belle ballade electro-pop débute de manière assez machinique, les nappes de synthé se rajoutent progressivement et donnent naissance à un concentré d'émotions. Avec "Sweetest Perfection", l'auditeur est littéralement agressé par le chant plaintif de Dave Gahan et une explosion electroïde. Suit "Personal Jesus", dans un style totalement différent. Ce riff de guitare historique et cette mélodie inquiétante font de ce morceau un nouvel hymne modien. "Halo", plus électronique, développe ces ambiances oppressantes. "Waiting For The Night" est un des trésors cachés de Depeche Mode. Cette ballade très lente est une vraie perle de douceur et de mélancolie.
Vient ensuite le single modien par excellence : "Enjoy The Silence", aussi dansant que profond. Les arpèges de Martin Gore, si purs, contrastent avec la froideur des boîtes à rythmes. "Policy Of Truth" impressionne par sa construction complexe et ses cassures de rythmes. "New Dress" est le seul morceau chanté par Martin Gore : on ne peut pas dire qu'il se réserve les plus mauvaises !! "Clean", d'une noirceur totale, clôt l'album sans concession. Ecouter ce titre dans le noir est une expérience géniale !!
C'est donc essoufflé mais émerveillé que l'on ressort de cet album. Ces 9 titres parfaits, aussi sombres que réussis, forment un des meilleurs albums de Depeche Mode, qui entre de plain-pied dans les années 90. La suite sera tout aussi incroyable...


Intemporel ! ! !   20/20
par Joe the lion


 Moyenne 18.67/20 

Proposez votre chronique !



Posté le 24 octobre 2004 à 21 h 23

Violator est l'album majeur de Depeche Mode, disque désormais devenu un classique. C'est ici que l'on retrouve notamment les magnifiques "Enjoy The Silence", "Policy Of Truth", ou encore "Personal Jesus".
Violator symbolise aussi la période sombre (la meilleure artistiquement) de Depeche Mode, période qui sera aussi immortalisée par les clips d'Anton Corbijn. Disque sans faute, quasi parfait, avec également des titres comme "Clean", Waiting For The Night" ou "Sweetest Perfection" qui, s'ils sont un peu moins connus que les trois chansons citées plus haut, valent amplement le déplacement.
S'il fallait ne retenir qu'un album de Depeche Mode (difficile quand on aime beaucoup les autres aussi), ce serait sûrement celui-là !
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 07 juin 2005 à 18 h 22

Voila cet album paraît un peu étrange pour un jeune comme moi qui venait de naître à sa sortie. En tout cas pour la première écoute, car c'est bien là le problème, des oreilles comme les miennes ont du mal à tolérer de pareilles sonorités qui ne sont pas commune à l'époque actuelle. Mais un album pareil, il faut l'aborder seul dans sa chambre, affalé sur son siège, fenêtres fermées, noir total, et en toute solitude.
Et une fois concentré, on sent ce sentiment incroyable qui emplit votre corps et esprit lorsque vous suez comme jamais et que votre monde se referme uniquement autour de cette musique. Et tout s'enchaine si vite, et c'est à ce moment que vous comprenez le respect qu'expriment certaines personnes en entendant le nom de ce groupe. Et voila, vous avez utilisé pleinement une heure de votre vie en ayant envie de le réécouter ou d'écouter un autre album de ce groupe que je n'aurais sûrement jamais soupsonné d'être ce qu'il est .
En conclusion, cet album est énorme si les gens comme moi arrivent à repousser cette allergie pour les sons trop synthétisés et se concentrent uniquement et ressentent. Mais des morceaux comme "Personnal Jesus" ne peuvent que rester dans mes favoris.
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 04 janvier 2006 à 02 h 40

Violator arrive dans la carrière de Depeche Mode trois ans après un autre disque important (Music For The Masses), et c'est avec ce disque assez court - 9 titres - que Depeche Mode va amorcer un virage musical qui va lui permettre de sortir des clichés et de l'étiquette de groupe post new-wave, pour gagner ses galons définitifs de groupe majeur.
Violator est à mon sens le meilleur disque du groupe, car il y a une homogénéité évidente et une cohésion totale entre tous les morceaux. Sur les neuf titres de Violator, quatre vont devenir des monuments de la discographie du groupe ("World In My Eyes", "Personal Jesus", "Enjoy The Silence" et "Policy Of Truth"), ce qui constitue une moyenne tout à fait exceptionnelle. "Personal Jesus" et "Enjoy The Silence" sont notamment deux chansons totalement envoûtantes et se classent parmi les plus grandes réussites de Depeche Mode, tout album confondu. Jamais Dave Gahan n'avait aussi bien posé sa voix, jamais les claviers n'ont étés aussi parfaits ; le climat de Violator reste pourtant lourd et pesant, mais à aucun moment il ne plombe le disque.
Les deux titres les plus faiblards sont relégués en fin d'album, avec "Blue Dress" et "Clean", un titre curieux dont l'intro semble sortir tout droit du Dark Side Of The Moon de Pink Floyd. Malgré cette fin d'album un peu en deça du reste, Violator est LE disque incontournable de Depeche Mode.
Pour les oreilles aiguisées, on retrouvera deux interludes musicaux (non crédités sur les notes de pochettes), le premier entre "Enjoy The Silence" et "Policy Of Truth", le second entre "Blue Dress" et "Clean".
Excellent !   18/20



Posté le 06 mars 2006 à 22 h 00

Comme la culture "modienne" le laisse souvent deviner, cet album est celui qui a ouvert la route à bien d'autres mouvements, a influencé des générations d'artistes et a permis le renouvellement de la musique, et évidemment, et sûrement, a fait grandir le groupe, avec toute l'emphase qui lui est dûe.
Dès les premières notes de "World In My Eyes" et ces nappes de synthé semblant s'étirer à l'infini, on se rend bien compte que ce n'est pas un album ordinaire que l'on détient enfermé dans sa platine.
"Sweetest Perfection" et son chant mûr respire la complainte, la supplicaton.
"Personal Jesus" est connue de tous, avec son intro désormais légendaire, mais tellement jouissive.
"Halo" est à mon avis la plus belle du disque et la plus prenante, tout comme "Waiting For The Night", une adorable balade, un chant à deux, sublime et intense, où la voix rêveuse de Dave Gahan se mêle harmonieusement à celle de Martin Gore.
"Enjoy The Silence" reste un moment unique de l'album, par son dynamisme synthétique, une mélodie imparable, un rythme dansant, qui traversent sans mal les années.
"Policy Of Truth" est tout aussi célèbre et magnifiée par ses sons extraterrestres. "You had something to hide", à force d'écouter, on sait qu'il n'y a plus rien à cacher !
"Blue Dress" est le titre chanté par Martin Gore, qui comme d'habitude, du simple son de sa voix, fait vibrer nos sens.
"Clean" est la chanson la plus sombre de l'album et s'étale dans la nuit comme une envie que cet album un peu court puisse continuer encore...

En conclusion, un album qui se révèle audible la nuit, pour moi, là où les sens sont entre lumière et ombre, et où l'on se tient malgré tout en éveil pour arriver au bout de cette courte quarantaine de minutes et pour laisser égrainer ses émotions à ces sons frétillants et vivifiants.
A écouter, et c'est tout...
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 09 octobre 2006 à 18 h 30

Quoi qu'on puisse dire, Depeche Mode, là où beaucoup d'autres ont trébuché, à savoir aux début ces années 90, nous a offert sa plus grande oeuvre : Violator. Lorsque l'on sait ce disque dans notre platine, on devine qu'il se passe autre chose qu'avec un vulgaire album de U2. Les quatre de Basildon nous laissent leur chef d'oeuvre ultime, qui tient en neuf morceaux, plus aboutis les uns que les autres. Cette fois-ci Martin Gore n'entre pas en studio avec ses maquettes pré-conçues, il laisse la part belle à la participation du reste du groupe. L'album commence sur les chapeaux de roue avec le très réussi "World In My Eyes", où Dave Gahan nous prouve, s'il était encore utile de le préciser, qu'il est l'un des tous meilleurs chanteurs de tous les temps. Ensuite la magnifique complainte "The Sweetest Perfection", très travaillée. La suite vient avec "Personal Jesus", premier single de l'album, qui sort en août 1989, soit à peu près six mois avant l'album. Le riff de guitare reste inoubliable dans l'histoire du rock, et le public qui reprend le célèbre 'Reach out and touch faith' en live donne des frissons. Le plus symphonique "Halo" suit, puis la ballade "Waiting For The Night" où les deux voix de Gahan et de Gore se marient parfaitement. Après, l'hymne de Depeche Mode, la chanson qui résume Depeche Mode, celle que tous le monde connait : il s'agit bien sur de "Enjoy The Silence", qui au départ devait être une ballade chantée par Gore, mais qui sur la suggestion d'Alan Wilder a vu son tempo accéléré et des guitares ajoutées. Le long passage de transition aboutit sur "Policy Of Truth", édité également en single, qui reste, pour moi s'entend, la chanson pop ultime. En effet ici Dave Gahan nous livre sa plus belle prestation vocale, d'ailleurs les remixes sont tout aussi géniaux, pour ceux qui le peuvent procurez vous le 'beat box mix', et vous comprendrez de quoi je parle. Ensuite c'est "Blue Dress" chantée par Gore et l'album s'achève par "Clean", au refrain entêtant (cela n'a rien de péjoratif), et on est presque déçu que l'album ne dure à peine 50 minutes.

Car, si l'on devait retenir un seul album dans la discographie de DM (ce qui est certes très compliqué tant leur talent est immense), ce serait celui-ci sans aucun contestes. Violator nous propose autant de tubes que de chansons intimistes et c'est tout à l'honneur de Depeche Mode. Impossible de ne pas mettre 20 à un tel chef-d'oeuvre.
Intemporel ! ! !   20/20



Posté le 31 octobre 2007 à 23 h 02

Violator était l'album tant attendu à l'époque. Et oui, trois ans ça commence à faire qu'on est Depeche Mode à l'aube des 90's. A sa sortie, c'est comme une renaissance, et personne n'est déçu. Au contraire les fans sont bluffés et ceux qui découvrent sont sous le charme. Effectivement, avec battage médiatique, le groupe au mieux de sa forme, tout converge pour un résultat réussi. Avec une image nouvelle et un territoire conceptuel fort, Depeche Mode fait très fort. D'abord un aperçu original avec "Personal Jesus" (1989), l'album continue de nous épater avec "Enjoy The Silence" encore dans un autre style puis "World In My Eyes", presque jazzy, "Policy Of Truth" dans la pure tradition Depeche Mode entre Black Celebration et Music For The Masses. Les voix sont parfaites, Martin Gore et Dave Gahan s'accordent à merveille ("Waiting For The Night"). C'est un très bel album, efficace, avec tous les ingrédients d'une électro-pop sophistiquée. On allie le dancefloor avec le romantisme minimaliste, un pari difficile à tenir... Mais Depeche Mode est taillé pour ce type de musique. Et nos quatre héros, avec encore Alan Wilder y parviennent avec succès. Je trouve enfin, que Violator est un album superbe, classieux, efficace et touchant. Cependant, il me parait plus comme une succession de singles que comme un album conceptuel à forte identité sonore. Sur le fond, il y a un véritable fil conducteur, mais sur la forme il n'a pas la cohérence et l'entité d'un Music For The Masses.
Encore une fois, Violator est un aboutissement d'un style de Depeche Mode, à savoir la maturité de toute leur décennie 80's.
Depuis, il me semble que la couleur musicale est teintée de davantage de soul, notamment depuis Ultra. Violator encore une fois est un florilège de techno-pop efficace et unique.
Excellent !   18/20



Posté le 04 juillet 2010 à 19 h 16

Il se sera fait attendre il y a vingt ans, celui-là. La cohue locale lycéenne autour du live 101 qui monopolisait les walkmans ne semblait pas s'épuiser. Ne rien entendre de neuf en single depuis "Little 15" devenait désespérant jusqu'à "Enjoy The Silence". D'accord, il y eut "Personal Jesus" qui sortit bien avant ce best seller qu'est devenu Violator. Et des balladeurs cassettes allaient en déguster encore, du Depeche Mode.

Probable claque ou bonne extase pour les amateurs de pop synthétique d'où sortirent aussi "Policy Of Truth" et "World In My Eyes", cet album sera pas évident à aborder pour celui qui a tilté sur le groupe de Basildon avec Songs Of Faith And Devotion. Pas pour ce qui me concerne en tout cas mais c'est personnel. On peut ou ne pas être réceptif hormis pour les singles voire si plus affinités avec les hypnotiques lancinants "Waiting For The Night" et "Blue Dress" (Dave Gahan et son irrésistible chant de crooner).

Bien que conscient du carton que Violator a fait à son époque, on est pas forcément obligé qu'il devienne l'album préféré par consensus.
Très bon   16/20



Posté le 17 juillet 2017 à 10 h 30

Violator, ou les limites du mythe... Attention, il ne s'agira pas là, par cette expression pouvant paraître prétentieuse en guise d'introduction, de chercher à tout prix de descendre une œuvre connue et reconnue, mais plutôt de tenter d'analyser pourquoi le statut de cet album de Depeche Mode peut paraître parfois un peu exagéré.
Si l'on voulait emprunter le vocable de Martin Gore, on pourrait dire que Violator a été une sorte de bénédiction pour le groupe et pour ses fans : album le plus vendu, le plus cité dans les manuels Rock et sous genres synthétiques, le plus joué dans les concerts (souvent plus de la moitié des titres le composant), pochette la plus emblématique (avec celle de Music For The Masses)... Et en même temps, serait-il également exagéré d'affirmer que ce disque a aussi été une malédiction ?

Chaque album de Depeche Mode qui a suivi a été obligé de se mesurer à lui, et surtout depuis le début des années 2000, où la nostalgie est devenu un aspect vendeur incontournable, la référence fut, a été, et est toujours omniprésente.
Aujourd'hui plus que jamais au centre de la discographie du groupe (faisons un peu d'ésotérisme, à l'heure où sont écrites ces lignes, Depeche Mode a sorti son quatorzième album, Violator étant le septième...), ce "classique" ne cesse donc de demeurer la pièce maîtresse très particulière d'un groupe qui a pourtant accompli bien plus.
Mais revenons-en à cet aspect de malédiction : il est généralement admis que c'est Songs Of Faith And Devotion qui représente la plongée aux enfers du groupe. Il serait très difficile de renier ce fait. Mais à tutoyer les sommets, on finit souvent par se casser la gueule, et c'est bel et bien ce qui est arrivé au quatuor : détérioration des relations, perte de repères, pression insoutenable : les excès jusqu'ici contrôlés ont dépassé la commune mesure et il faudra plus de 20 ans, constitués de départs et de crises pour vraiment s'en remettre.

Par ailleurs, si d'autres albums de Depeche Mode figurent dans les manuels d'histoire, ils sont souvent (si ce n'est tout le temps) antérieurs à Violator (en gros : Black Celebration et Music For The Masses), en tant qu'artefacts magiques des années 80, mais pour ce qui est d'après, il semble qu'aux yeux du monde entier, il ne s'est pas passé grand chose au pays de Depeche Mode (les fans savent évidemment que si)...
Violator devient, de ce principe, légèrement pompeux car il enferme à jamais le groupe dans l'année 1990 et une formule Electro teinté de Blues, alors qu'il avait justement réussi à dépasser la Pop et la New Wave ; il demeure une sorte d'instantané plastique sans défaut, lisse au bon comme au mauvais sens du terme.

Et puis...Violator a ce quelque chose d'étrange, semblant sans histoire(s), sans mythe ou épopée quant à sa création, (il y a bien quelques anecdotes sur le travail autour d'"Enjoy The Silence", la bonne ambiance en studio, mais pour l'intensité on repassera...), ce qui lui enlève un certain charme lorsqu'on se penche sur les œuvres passées (Black Celebration) ou suivantes (Songs Of Faith And Devotion, Ultra, Playing The Angel...), alors que c'est souvent le chemin parcouru qui est plus intéressant que le but atteint. C'est comme s'il était un peu sorti de nulle part, comme si Alan Wilder, David Gahan, Andrew Fletcher et Martin Gore avaient été touchés par la main de Dieu comme un fait logique, indubitable, sans que celui-ci soit remis en question. Quelque chose comme hors du temps, une sorte de dernier disque des années 80 ou premier des années 90, une photographie saisissant et immobilisant cet instant...
Si le fait de demander à Martin Gore de livrer des compositions les plus simples et basiques possibles permettait au reste du groupe d'élaborer plus avant les morceaux était une bonne idée nécessaire pour faire avancer et évoluer le son de Depeche Mode à l'époque, la méthode enferme aussi ce son dans un carcan vers lequel reviendra le combo de Basildon un peu trop souvent quelques années plus tard : de l'aventureux, on glisse tranquillement vers le pépère.
Basses synthétiques rondes marquées, progressions similaires (séquence de basse, rythmique travaillée, couplets chantés par Gahan, puis échanges vocaux avec Gore sur refrains, fins démentielles où tous les éléments se fondent...) : si Depeche Mode fonctionnait déjà plus ou moins de cette manière auparavant, Violator semble avoir figé à jamais ce fonctionnement.
C'est aussi à partir de Violator que chaque album aura le droit à ses 2 plages instrumentales dites " expérimentales " (à l'exception de Songs Of Faith And Devotion s'étant voulu l'opposé), ici présentes à la fin d'"Enjoy The Silence" et de "Blue Dress". Arrivé ici, on pourrait en conclure que Violator a saboté le travail de recherche des albums suivants, et que le groupe, s'étant trop cassé les dents à tenter de rompre avec ce modèle, est fatalement revenu à celui-ci, semblant immuable malgré les légères variations propres aux albums suivants.

Autre aspect qui pourrait démontrer une facette "désincarnée" de Violator est l'absence de témoignage "live" de la tournée World Violation jusqu'ici, alors que son prédécesseur et son successeur ont eu le droit à ces honneurs et sont devenus cultes chacun à leur manière.

Violator ne manque pas de cohérence : c'est un album travaillé dans les moindres détails, polissé avec style, une œuvre au classicisme carré, délivré sous un somptueux vernis. On pourrait reprocher seulement que ces cadres étriquent trop cette œuvre, qui lui manque des aspérités spontanées, un dynamisme, un souffle qui court tout l'album:Black Celebration par exemple, réunissait cohérence, dynamisme et ambiance, qui lui insufflait une vie alors que l'ambiance générale respirait la mort.Songs Of Faith And Devotion, qui pourtant contient de moins bonnes chansons, par sa tension et son côté organique, devient bien plus intéressant. Les chansons de Violator , malgré toutes leurs qualités, sont immobilisées dans un cercueil de glace aux contours noirs, il est plus facile de les admirer que de les respirer. Un morceau comme "Sea Of Sin", qui terminera sur la face B de "World In My Eyes" avait pourtant cette pulsation de vie, ce dynamisme et surtout cette spontanéité, manquants aux morceaux retenus. Mais là encore, c'est une question d'espace, de temps et de méthode, les faces B étant bouclées en quelques heures de travail.

Si l'on voulait encore plus faire la fine bouche, notons, comme nous l'avons plus ou moins déjà affirmé que c'est à partir de cet album que l'écriture de Martin Gore commence à présenter ses limites : accords et motifs similaires, progressions parallèles... À limiter son cadre, il étouffe ses fulgurances mélodiques (plus jamais il n'y aura de titres magiques tels que "Told You So", "Shake The Disease" ou "Never Let Me Down Again").
Pour la voix de Gahan, notre tortillonneur de fessier fait bien le boulot mais ne se surpasse pas comme il l'a fait dans le passé ou comme il le fera dans l'avenir, là aussi la force est pétrifiée, la voix montre moins de caractère ou d'évolution, mais ce n'était sans doute pas le moment.
Fletcher semblait montrer ses premiers malaises quant à sa position dans le groupe, et a dû s'absenter quelques semaines pour se soigner, sur quoi Wilder exulte en se disant qu'ils allaient enfin pouvoir bosser (il y avait donc bien déjà des tensions). Ainsi ce dernier, telle Emmanuelle, prend les choses en main et forme avec Flood un duo de (re)production (si on peut appeler ainsi le fait de travailler à fond les morceaux) donnant naissance à la collection de chansons que l'on sait.
Pour beaucoup de fans, Violator est une association magique de personnalités complémentaires, sortant le bon produit au bon moment : Gore, Wilder, Flood, François Kevorkian pour mixer (Pas fou, Daniel Miller mixera "Enjoy The Silence", pour qu'en 1990, tel Jean Leloup, il mette sa participation)...Et ces éléments, ainsi que les singles emblématiques estampillés RTL2 Ad Vitam Eternam, contribuent évidemment au culte dont jouit Violator. Oui, il y a des moments formidables : la sortie Bondienne du Kraftwerkien "World In My Eyes", le percutant "The Sweetest Perfection", la fin folle de "Personal Jesus", le désespoir symphonique d'"Halo", l'incroyable final de "Policy Of Truth" et ces guitares qui ne seront malheureusement jamais reproduites naturellement sur scène... Mais ces merveilleux moments ne se doivent pas d'éclipser un travail autrement plus intéressant sur plus de 35 ans de carrière. Bref, vous l'aurez compris, ce n'est pas parce que Sergent Pepper's Lonely Hearts Club Band est homologué partout qu'il est forcément le plus incroyable effort de Beatles.
Donc si vous êtes un novice (en parlant de Novice, écoutez cet équivalent d'Alain Bashung en terme de Dark Wave) en matière de Depeche Mode et que vous vous attardez sur ces pages, sachez ne pas vous arrêter à ce disque, certes très bon, devenu par la force des choses nécessaire et indispensable, et allez explorer le reste de sa discographie, immensément plus riche et passionnante que ces quarante sept minutes...
Très bon   16/20







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