Depeche Mode
Spirit |
Label :
Columbia |
||||
Et voila, un nouvel album de Depeche Mode ! Une bien bonne nouvelle pour tous les fans de new wave et de musique électro-rock. Après plusieurs écoutes pendant ces derniers jours, dont certaines assez poussées, j'ai décidé de mettre par écrit ce que je pensais de ce disque.
C'est en 2015 que Martin Gore commence à poser par écrit de nouvelles chansons pour Depeche Mode, après une pause "solo" avec l'album électro instrumental MG. Tout le long des mois suivants, il écrit. Inspiré entre autres par le climat social, économique et politique tendu présent dans la plupart des pays du monde, le nouvel album sera donc politique ou ne sera pas. Après une escapade en solo (pas trop mal réussie) avec The Soulsavers, Dave Gahan rejoint ses compères Martin et Fletch afin de produire ce nouveau disque dont le titre de travail est "Maelstrom".
On apprends courant 2016 que les sessions d'enregistrement du disque sont déjà bien entamées et que James Ford en est le producteur, mettant fin à la collaboration avec Ben Hillier (qui lui commençait à s'essouffler musicalement). Quid du nouveau producteur ? Avec un CV mêlant culture rock et électronique, échappé de Simian Mobile Disco, Depeche Mode s'embarque donc en quête d'un son nouveau. Produit entre Santa Barbara et New York le printemps et l'été 2016, la création du disque est finalement rapidement bouclée.
Fast forward en octobre de la même année, Depeche Mode balance pendant sa première prise de parole collective en trois ans le titre du nouvel album : Spirit, de nouveaux extraits et les premières dates de leur tournée. Première réactions dans les réseaux sociaux : "Ah tiens, Depeche Mode existe encore ?". Et oui, le trio de Basildon existe toujours ! "Pire !" Il enregistre encore des disques ! Les premiers extraits présagent alors un retour à la formule Songs Of Faith And Devotion, un mélange subtil entre rock et musique électronique plutôt down-tempo. Le premier single, nommé "Where's the Revolution", publié début février 2017 nous le confirme : le son à changé mais la formule de base reste la même. Ce premier single, bien que sympathique, nous laissait sur notre faim. Une flopée de remixes divers et variés voient le jour mais peinent à galvaniser les foules, qui attendent surtout le nouvel album.
Et ce Spirit, ben ça y est, il est là.
Depeche Mode nous gratifie de onze nouvelles pistes, toutes ayant leurs points forts et leurs points faibles. L'album s'ouvre sur "Going Backwards", quand Gore fait chanter à Gahan la "dévolution" de la société à sa façon, le tout agrémenté d'un arrangement Modien typique et de sonorités agréables. On retiens un frisson lorsque les backing vocaux de Martin s'ajoutent aux vocalises de Dave et surtout, surtout, on imagine très bien les prochains concerts s'ouvrir avec ce morceau. Le deuxième titre n'est autre que "Where's The Revolution". C'est avec le recul un morceau agréable, sans plus, qui pourrait s'inscrire un peu partout dans l'album sans choquer. C'est également l'un des titres les plus faciles d'accès mais peut-être aussi l'un des plus "plats", dans le sens ou c'est peut-être le plus conventionnel musicalement. S'ensuit "The Worst Crime" qui pour moi plombe un peu l'ambiance et coupe un peu le peu de dynamisme crée par les deux premiers morceaux.
"Scum", le quatrième morceau, est pour moi une véritable surprise. On fait écho ici au côté plus expérimental et "rough" de Depeche Mode, le morceau sonne ici comme une collaboration réalisée avec Nine Inch Nails période Downward Spiral. L'ambiance est crasseuse, très sombre voire (auto-)destructeur ("Pull the trigger"). Je ne serais pas surpris de voir ce morceau extrait en single, et j'ai personnellement hâte d'entendre l'arrangement live. "You Move", écrite en collaboration entre Gore et Gahan retrouve une construction plus conventionnelle, mais toujours aussi sombre et crasseuse. On retrouve ici un côté plus "sensuel" ("I like the way you move, all night") mêlé à une production "rentre dedans" m'évoquant cette fois le Belief de Nitzer Ebb.
La première perle de ce disque intervient juste ensuite : "Cover Me", sous des airs de ballades, caches de belles séquences de synthétiseurs. Le son évoque un mélange de Cluster et de musique hawaïenne, dans une ambiance très cinématographique. A savoir que ce titre est le tout premier a avoir été écrit par Dave Gahan mais également les "musiciens live" Peter Gordeno (claviers) et Christian Eigner (batterie). La première "solo song" de Martin Gore arrive après, en septième position. C'est pour moi un autre morceau un peu lourd, tenant plus d'une face B qu'autre chose. Le second morceau écrit par le trio Gahan-Gordeno-Eigner arrive ensuite, "Poison Heart". Sorte de mix sonore entre "Heaven" et "I Feel You", le morceau tombe un peu à côté de son objectif pour moi, même si on retrouve une fois encore le côté "sensuel". "So Much Love" fait directement écho à la période electro-indus de DM. C'est même flagrant : il y a un petit côté "A Question Of Time" sympathique ici. Avec "Poorman", Gore joue avec ses vieilles bécanes (synthés modulaires) pour nous pondre l'un des morceaux les plus puissant du disque (il y a même des petits échos aux sons typés Violator et surtout "Clean"). L'avant dernier morceau, "No More (This Is The Last Time)" est composé en collaboration entre Gahan et Kurt Uenala, le programmeur synthé de l'album. Le morceau est sympa, les sons de synthés évoquent la scène New Retro Wave et m'évoquent plus particulièrement les sons utilisés par Mylo sur son album Destroy Rock'n'Roll. L'album se ferme avec une chanson solo de Martin Gore, "Fail", et je dois dire que cette fermeture est très réussie, nous laissant avec un goût doux-amer en bouche. On retrouve ici de nombreux clins d'œils à la production d'Ultra.
Au final, Spirit est un album très cohérent, pour moi le plus cohérent musicalement depuis Ultra justement, album produit vingt ans auparavant (1997). Ce nouveau disque ne nous apporte véritablement rien de nouveau, la formule Depeche Mode reste globalement la même, la production de Ford ne change pour certains morceaux pas tellement par rapport à celle d'Hillier. Un maelstrom de sons (tiens tiens) qui ne devraient pas laisser le fan indifférent. Je veux bien croire que Spirit est un grower. Dans mon cas, j'ai réussi à rentrer dedans assez facilement, sauf pour "The Worst Crime" et "Eternal" qui sont pour moi deux chansons poussives, limite superflues dans cette tentative de dynamique crée avec les autres morceaux du disque. Sinon, c'est un assez bon album dans l'ensemble qui mérite je pense cette note de 14.
Je vais profiter de la sortie de cet album pour poser une question. Depeche Mode doit vraiment continuer à sortir un nouvel album tous les quatre ans pour rester à la page ?
Certains autres groupes comme The Cure ou Kraftwerk, qui ont connu la popularité pendant la même époque que le trio de Basildon, ne sortent plus rien depuis les années 2000 (et surtout plus rien de bien intéressant depuis le début des années 1990, même si ça reste discutable). Cela étant dit, ces groupes continuent à tourner quasi tous les ans et continuent à faire complet dans toutes les salles visitées. Depeche Mode de son côté, n'a selon moi rien sorti d'ultra-transcendant depuis Ultra, voire même depuis SOFAD si on veut être pragmatique. Depuis cette date de 1993, le groupe sort un album tous les quatre ans. Tous les quatre ans, c'est la même rengaine : même recette électro-rock ("ça sonne comme un mélange de Violator et de SOFAD nous confie Fletch au moment de la sortie des dits albums), quasiment les même thèmes, les mêmes sons, grosso-modo une production similaire (même si les noms changent de temps en temps : Tim Simenon, Mark Bell, Ben Hillier, James Ford) et donc quasiment aucune prise de risque.
Bref, une sorte de quasi copié-collé d'album qui "ressort" tous les quatre ans et que les gens s'empressent d'acheter. Dans le fond, ces albums ne sont pas mauvais, mais sont ils produits par plaisir ou par simple "faire valoir de tournée" ? Si c'est le cas, je doute que sortir "la même chose" tous les quatre ans en changeant le titre/l'étiquette soit vraiment nécessaire. Quoiqu'il arrive, en tant que fans, on sera toujours heureux de voir que tel groupe/artiste "vétéran" puisse encore s'exprimer sur un format d'album et surtout de toujours les voir aussi populaires sur scène...
En clair, même sans album, ce sera toujours un plaisir de retrouver Depeche Mode en concert. Moi même je commence à être impatient de découvrir le groupe en live pour ce très attendu "Global Spirit Tour"...
C'est en 2015 que Martin Gore commence à poser par écrit de nouvelles chansons pour Depeche Mode, après une pause "solo" avec l'album électro instrumental MG. Tout le long des mois suivants, il écrit. Inspiré entre autres par le climat social, économique et politique tendu présent dans la plupart des pays du monde, le nouvel album sera donc politique ou ne sera pas. Après une escapade en solo (pas trop mal réussie) avec The Soulsavers, Dave Gahan rejoint ses compères Martin et Fletch afin de produire ce nouveau disque dont le titre de travail est "Maelstrom".
On apprends courant 2016 que les sessions d'enregistrement du disque sont déjà bien entamées et que James Ford en est le producteur, mettant fin à la collaboration avec Ben Hillier (qui lui commençait à s'essouffler musicalement). Quid du nouveau producteur ? Avec un CV mêlant culture rock et électronique, échappé de Simian Mobile Disco, Depeche Mode s'embarque donc en quête d'un son nouveau. Produit entre Santa Barbara et New York le printemps et l'été 2016, la création du disque est finalement rapidement bouclée.
Fast forward en octobre de la même année, Depeche Mode balance pendant sa première prise de parole collective en trois ans le titre du nouvel album : Spirit, de nouveaux extraits et les premières dates de leur tournée. Première réactions dans les réseaux sociaux : "Ah tiens, Depeche Mode existe encore ?". Et oui, le trio de Basildon existe toujours ! "Pire !" Il enregistre encore des disques ! Les premiers extraits présagent alors un retour à la formule Songs Of Faith And Devotion, un mélange subtil entre rock et musique électronique plutôt down-tempo. Le premier single, nommé "Where's the Revolution", publié début février 2017 nous le confirme : le son à changé mais la formule de base reste la même. Ce premier single, bien que sympathique, nous laissait sur notre faim. Une flopée de remixes divers et variés voient le jour mais peinent à galvaniser les foules, qui attendent surtout le nouvel album.
Et ce Spirit, ben ça y est, il est là.
Depeche Mode nous gratifie de onze nouvelles pistes, toutes ayant leurs points forts et leurs points faibles. L'album s'ouvre sur "Going Backwards", quand Gore fait chanter à Gahan la "dévolution" de la société à sa façon, le tout agrémenté d'un arrangement Modien typique et de sonorités agréables. On retiens un frisson lorsque les backing vocaux de Martin s'ajoutent aux vocalises de Dave et surtout, surtout, on imagine très bien les prochains concerts s'ouvrir avec ce morceau. Le deuxième titre n'est autre que "Where's The Revolution". C'est avec le recul un morceau agréable, sans plus, qui pourrait s'inscrire un peu partout dans l'album sans choquer. C'est également l'un des titres les plus faciles d'accès mais peut-être aussi l'un des plus "plats", dans le sens ou c'est peut-être le plus conventionnel musicalement. S'ensuit "The Worst Crime" qui pour moi plombe un peu l'ambiance et coupe un peu le peu de dynamisme crée par les deux premiers morceaux.
"Scum", le quatrième morceau, est pour moi une véritable surprise. On fait écho ici au côté plus expérimental et "rough" de Depeche Mode, le morceau sonne ici comme une collaboration réalisée avec Nine Inch Nails période Downward Spiral. L'ambiance est crasseuse, très sombre voire (auto-)destructeur ("Pull the trigger"). Je ne serais pas surpris de voir ce morceau extrait en single, et j'ai personnellement hâte d'entendre l'arrangement live. "You Move", écrite en collaboration entre Gore et Gahan retrouve une construction plus conventionnelle, mais toujours aussi sombre et crasseuse. On retrouve ici un côté plus "sensuel" ("I like the way you move, all night") mêlé à une production "rentre dedans" m'évoquant cette fois le Belief de Nitzer Ebb.
La première perle de ce disque intervient juste ensuite : "Cover Me", sous des airs de ballades, caches de belles séquences de synthétiseurs. Le son évoque un mélange de Cluster et de musique hawaïenne, dans une ambiance très cinématographique. A savoir que ce titre est le tout premier a avoir été écrit par Dave Gahan mais également les "musiciens live" Peter Gordeno (claviers) et Christian Eigner (batterie). La première "solo song" de Martin Gore arrive après, en septième position. C'est pour moi un autre morceau un peu lourd, tenant plus d'une face B qu'autre chose. Le second morceau écrit par le trio Gahan-Gordeno-Eigner arrive ensuite, "Poison Heart". Sorte de mix sonore entre "Heaven" et "I Feel You", le morceau tombe un peu à côté de son objectif pour moi, même si on retrouve une fois encore le côté "sensuel". "So Much Love" fait directement écho à la période electro-indus de DM. C'est même flagrant : il y a un petit côté "A Question Of Time" sympathique ici. Avec "Poorman", Gore joue avec ses vieilles bécanes (synthés modulaires) pour nous pondre l'un des morceaux les plus puissant du disque (il y a même des petits échos aux sons typés Violator et surtout "Clean"). L'avant dernier morceau, "No More (This Is The Last Time)" est composé en collaboration entre Gahan et Kurt Uenala, le programmeur synthé de l'album. Le morceau est sympa, les sons de synthés évoquent la scène New Retro Wave et m'évoquent plus particulièrement les sons utilisés par Mylo sur son album Destroy Rock'n'Roll. L'album se ferme avec une chanson solo de Martin Gore, "Fail", et je dois dire que cette fermeture est très réussie, nous laissant avec un goût doux-amer en bouche. On retrouve ici de nombreux clins d'œils à la production d'Ultra.
Au final, Spirit est un album très cohérent, pour moi le plus cohérent musicalement depuis Ultra justement, album produit vingt ans auparavant (1997). Ce nouveau disque ne nous apporte véritablement rien de nouveau, la formule Depeche Mode reste globalement la même, la production de Ford ne change pour certains morceaux pas tellement par rapport à celle d'Hillier. Un maelstrom de sons (tiens tiens) qui ne devraient pas laisser le fan indifférent. Je veux bien croire que Spirit est un grower. Dans mon cas, j'ai réussi à rentrer dedans assez facilement, sauf pour "The Worst Crime" et "Eternal" qui sont pour moi deux chansons poussives, limite superflues dans cette tentative de dynamique crée avec les autres morceaux du disque. Sinon, c'est un assez bon album dans l'ensemble qui mérite je pense cette note de 14.
Je vais profiter de la sortie de cet album pour poser une question. Depeche Mode doit vraiment continuer à sortir un nouvel album tous les quatre ans pour rester à la page ?
Certains autres groupes comme The Cure ou Kraftwerk, qui ont connu la popularité pendant la même époque que le trio de Basildon, ne sortent plus rien depuis les années 2000 (et surtout plus rien de bien intéressant depuis le début des années 1990, même si ça reste discutable). Cela étant dit, ces groupes continuent à tourner quasi tous les ans et continuent à faire complet dans toutes les salles visitées. Depeche Mode de son côté, n'a selon moi rien sorti d'ultra-transcendant depuis Ultra, voire même depuis SOFAD si on veut être pragmatique. Depuis cette date de 1993, le groupe sort un album tous les quatre ans. Tous les quatre ans, c'est la même rengaine : même recette électro-rock ("ça sonne comme un mélange de Violator et de SOFAD nous confie Fletch au moment de la sortie des dits albums), quasiment les même thèmes, les mêmes sons, grosso-modo une production similaire (même si les noms changent de temps en temps : Tim Simenon, Mark Bell, Ben Hillier, James Ford) et donc quasiment aucune prise de risque.
Bref, une sorte de quasi copié-collé d'album qui "ressort" tous les quatre ans et que les gens s'empressent d'acheter. Dans le fond, ces albums ne sont pas mauvais, mais sont ils produits par plaisir ou par simple "faire valoir de tournée" ? Si c'est le cas, je doute que sortir "la même chose" tous les quatre ans en changeant le titre/l'étiquette soit vraiment nécessaire. Quoiqu'il arrive, en tant que fans, on sera toujours heureux de voir que tel groupe/artiste "vétéran" puisse encore s'exprimer sur un format d'album et surtout de toujours les voir aussi populaires sur scène...
En clair, même sans album, ce sera toujours un plaisir de retrouver Depeche Mode en concert. Moi même je commence à être impatient de découvrir le groupe en live pour ce très attendu "Global Spirit Tour"...
Sympa 14/20 | par EmixaM |
En ligne
457 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages