Depeche Mode
Anvers - Belgique [Palais Des Sports] - mardi 09 mai 2017 |
Quand je pense à Depeche Mode, le souvenir le plus lointain est sans doute celui de l'album live 101, déposé sur le tableau de bord de mon père, qui est en train de l'écouter. Si je ferme les yeux, j'entends encore "Shake The Disease" à fond. Un autre souvenir, c'est "Everything Counts", à la radio un matin sur la route vers un parc d'attractions avec mes parents et mon frère. Ces images du passé, toutes deux connectées à la route, reprennent un peu vie, ce jour de mai où, je roule vers Anvers pour voir les Anglais qui jouaient dans l'autoradio. Mon père est à mes côtés.
Ce 9 mai, Depeche Mode joue la troisième date de son tout frais Global Spirit Tour ; c'est aussi l'anniversaire de Dave Gahan, qui fête ses 55 ans. Sur les sièges, on trouve des espèces de longs ballons rouges à gonfler, avec l'inscription "Happy Birthday Dave Gahan" et munis d'une lampe intérieure qui s'éclaire en rouge et bleu quand on les agite. À secouer après la deuxième chanson, nous indique un petit papier. Sur scène, les instruments sont recouverts d'un drap, mais on peut apercevoir un double étage et surtout un catwalk, que Dave Gahan et Martin Gore fouleront tout à l'heure.
En première partie, je suis content de voir The Raveonettes : un groupe que j'écoutais il y a plus de dix ans, mais que je n'avais plus suivi depuis Lust Lust Lust, un disque dont j'avais gardé pourtant un bon souvenir. Sur scène, c'est très minimaliste : Sune Rose Wagner et Sharin Foo sont presque côte à côte, souvent dans la pénombre. Un autre musicien les accompagne. Vu que je ne connais pas les derniers albums, je ne reconnais pas grand-chose à part "Love In A Trashcan" et "Aly, Walk With Me", hyper bruitiste. Le titre qui commence leur set, "This World Is Empty (Without You)", me fait forte impression : très différent du souvenir musical que j'ai du groupe, ce morceau, apparemment sorti l'année dernière, m'évoque le classique "Tainted Love" de Soft Cell : de la pure synthpop très vintage. Le set, d'un peu plus d'une demi-heure, est sympa et gagne son pari de me donner envie de découvrir un peu ce qu'ils ont produit ces dernières années.
Vers neuf heures, "Revolution" des Beatles résonne dans la salle, petit clin d'œil à l'un des grands thèmes du dernier album de Depeche Mode et annonçant depuis le début de la tournée que le concert va commencer. Sur un rythme martial, deux jambes (deux de celles que l'on voit sur la pochette de Spirit) sont ensuite projetées sur le grand écran et se mettent en marche, grandissant au fil des secondes. Le groupe, dans la pénombre, arrive à ce moment-là. L'écran se peint ensuite de toutes les couleurs et on voit Dave Gahan arriver sur la scène située sur le deuxième étage. La guitare de "Going Backwards" ouvre le spectacle. Les paroles du titre, désabusées et critiques sur la société actuelle, reflètent le contenu de l'album Spirit, mais également le choix des titres qui seront joués ce soir. C'est parfois un peu délicat de prendre sérieusement un groupe très bankable, qui la plupart du temps joue dans des stades, qui nous appelle à faire la révolution et critique sévèrement les élites et le culte de l'argent, mais on doit reconnaître, dans le cas de Depeche Mode, comme le montre la setlist, que ces thématiques sont présentes depuis à peu près le début de leur carrière, de "Everything Counts" à "Where's The Revolution", en passant par "Corrupt", qui seront toutes jouées ce soir.
Après ce premier morceau, Dave Gahan fait déjà tomber la veste avec laquelle il est arrivé et le groupe enchaîne avec "So Much Love". À la fin du titre, on agite nos ballons et tout le Sportpaleis se pare de bleu et de rouge. "Barrel Of A Gun" fait suite : ce morceau que je considère traditionnellement comme mon préféré du groupe ne me transporte pas tant que ça ce soir ; je lui préfère largement le suivant, "A Pain That I'm Used to", une chanson que je n'écoute quasiment jamais, mais que je trouve excellente ce soir en live. Musicalement, c'est très bon et Dave est survolté et arpente la scène de gauche à droite : le premier grand moment de ce concert. "Corrupt", la chanson suivante, est une autre bonne surprise : extraite d'un album, Sounds Of The Universe, que je n'écoute, pour le coup, jamais, je la trouve bien meilleure en live.
Les deux morceaux suivants sont deux classiques du groupe du début des 1990s : "In Your Room" et "World In My Eyes". Si sur album, je préfère le deuxième, c'est le premier qui ici me plaît le plus : c'est propre aux bons concerts de nous faire apprécier plus les titres vers lesquels on irait moins facilement que ceux qui nous rendent déjà enthousiastes même avant la première note. Le groupe joue ensuite l'atmosphérique "Cover Me" ; sur grand écran, un clip de Dave en mode astronaute est projeté. Gahan s'éclipse et Gore reprend le flambeau, jouant en premier un bon "Home" dans sa version originale et en second "A Question Of Lust" en version acoustique.
Dave Gahan revient sur scène et, au piano, Peter Gordeno joue les premières notes de "Happy Birthday" et le public y ajoute les paroles : joli petit moment. Le groupe propose tout de suite après deux morceaux issus du dernier album ("Where's The Revolution", "Poison Heart"), sympas sans plus, et "Wrong", là à nouveau une bonne surprise : une chanson que je n'écoute jamais, mais dont j'apprécie l'agressivité en live. Après une première partie composée majoritairement de morceaux récents ou plus ou moins, Depeche Mode termine le set principal avec quatre classiques : "Everything Counts", "Stripped", "Enjoy The Silence" (coupée au milieu par un intermède électro de goût moyen) et "Never Let Me Down Again". C'est certainement le moment le plus chaud du concert : le groupe et le public bouillonnent.
Le rappel poursuit la tendance de piocher dans les classiques : tout d'abord, avec "Somebody", interprété par Martin avec Peter Gordeno, l'accompagnant au piano. Je n'ai jamais beaucoup accroché à cette chanson, et cette version live fidèle à celle sur album ne m'emballe, du coup, pas particulièrement. Ça se laisse écouter, sans plus. Dave revient pour un titre nettement plus rock : "Walking In My Shoes". Sur écran est projeté un clip où l'on voit un homme androgyne se travestissant, puis déambulant avec une guitare dans une ville qui est vraisemblablement Berlin. J'avoue que sur ce titre, j'ai plus regardé ce qui se passait sur écran que sur scène. "I Feel You" creusera la veine rock quelques minutes plus tard, mais avant lui, un titre que j'attendais fébrilement : j'avais lu que le groupe avait repris "Heroes" de Bowie pendant les répétitions préparatoires à la tournée, et j'espérais qu'il fasse partie du set ce soir. Comme une parenthèse entre deux titres plus percutants, "Heroes" est joué dans une version plutôt minimaliste et downtempo. Leur version, forcément pas aussi intense que l'originale, s'élève crescendo, joliment et subtilement. Le public accueille très bien le titre, et moi, personnellement, je suis plus que ravi : l'un de mes moments préférés du concert. Le rappel se termine sur l'inévitable "Personal Jesus". Que dire si ce n'est que c'est très bon ? Le groupe jette ses dernières forces sur cet ultime titre et nous, dans le public, conscient que le show sera bientôt fini, on en profite pleinement.
Le concert aura duré environ 2h15, les lumières se rallument assez vite pour couper les ardeurs du public qui en redemande sans vraiment y croire. On quitte la salle, on regagne la voiture. On oubliera vite les deux heures infernales d'embouteillages dans Anvers avant d'accéder au périph et on ne gardera que le positif. Ce concert, ce soir-là, restera certainement l'un des plus marquants que j'ai pu faire ces trois-quatre dernières années. Le jeune garçon que j'étais penserait qu'ils sont pas mal les gars qui jouaient dans l'autoradio de son père.
Ce 9 mai, Depeche Mode joue la troisième date de son tout frais Global Spirit Tour ; c'est aussi l'anniversaire de Dave Gahan, qui fête ses 55 ans. Sur les sièges, on trouve des espèces de longs ballons rouges à gonfler, avec l'inscription "Happy Birthday Dave Gahan" et munis d'une lampe intérieure qui s'éclaire en rouge et bleu quand on les agite. À secouer après la deuxième chanson, nous indique un petit papier. Sur scène, les instruments sont recouverts d'un drap, mais on peut apercevoir un double étage et surtout un catwalk, que Dave Gahan et Martin Gore fouleront tout à l'heure.
En première partie, je suis content de voir The Raveonettes : un groupe que j'écoutais il y a plus de dix ans, mais que je n'avais plus suivi depuis Lust Lust Lust, un disque dont j'avais gardé pourtant un bon souvenir. Sur scène, c'est très minimaliste : Sune Rose Wagner et Sharin Foo sont presque côte à côte, souvent dans la pénombre. Un autre musicien les accompagne. Vu que je ne connais pas les derniers albums, je ne reconnais pas grand-chose à part "Love In A Trashcan" et "Aly, Walk With Me", hyper bruitiste. Le titre qui commence leur set, "This World Is Empty (Without You)", me fait forte impression : très différent du souvenir musical que j'ai du groupe, ce morceau, apparemment sorti l'année dernière, m'évoque le classique "Tainted Love" de Soft Cell : de la pure synthpop très vintage. Le set, d'un peu plus d'une demi-heure, est sympa et gagne son pari de me donner envie de découvrir un peu ce qu'ils ont produit ces dernières années.
Vers neuf heures, "Revolution" des Beatles résonne dans la salle, petit clin d'œil à l'un des grands thèmes du dernier album de Depeche Mode et annonçant depuis le début de la tournée que le concert va commencer. Sur un rythme martial, deux jambes (deux de celles que l'on voit sur la pochette de Spirit) sont ensuite projetées sur le grand écran et se mettent en marche, grandissant au fil des secondes. Le groupe, dans la pénombre, arrive à ce moment-là. L'écran se peint ensuite de toutes les couleurs et on voit Dave Gahan arriver sur la scène située sur le deuxième étage. La guitare de "Going Backwards" ouvre le spectacle. Les paroles du titre, désabusées et critiques sur la société actuelle, reflètent le contenu de l'album Spirit, mais également le choix des titres qui seront joués ce soir. C'est parfois un peu délicat de prendre sérieusement un groupe très bankable, qui la plupart du temps joue dans des stades, qui nous appelle à faire la révolution et critique sévèrement les élites et le culte de l'argent, mais on doit reconnaître, dans le cas de Depeche Mode, comme le montre la setlist, que ces thématiques sont présentes depuis à peu près le début de leur carrière, de "Everything Counts" à "Where's The Revolution", en passant par "Corrupt", qui seront toutes jouées ce soir.
Après ce premier morceau, Dave Gahan fait déjà tomber la veste avec laquelle il est arrivé et le groupe enchaîne avec "So Much Love". À la fin du titre, on agite nos ballons et tout le Sportpaleis se pare de bleu et de rouge. "Barrel Of A Gun" fait suite : ce morceau que je considère traditionnellement comme mon préféré du groupe ne me transporte pas tant que ça ce soir ; je lui préfère largement le suivant, "A Pain That I'm Used to", une chanson que je n'écoute quasiment jamais, mais que je trouve excellente ce soir en live. Musicalement, c'est très bon et Dave est survolté et arpente la scène de gauche à droite : le premier grand moment de ce concert. "Corrupt", la chanson suivante, est une autre bonne surprise : extraite d'un album, Sounds Of The Universe, que je n'écoute, pour le coup, jamais, je la trouve bien meilleure en live.
Les deux morceaux suivants sont deux classiques du groupe du début des 1990s : "In Your Room" et "World In My Eyes". Si sur album, je préfère le deuxième, c'est le premier qui ici me plaît le plus : c'est propre aux bons concerts de nous faire apprécier plus les titres vers lesquels on irait moins facilement que ceux qui nous rendent déjà enthousiastes même avant la première note. Le groupe joue ensuite l'atmosphérique "Cover Me" ; sur grand écran, un clip de Dave en mode astronaute est projeté. Gahan s'éclipse et Gore reprend le flambeau, jouant en premier un bon "Home" dans sa version originale et en second "A Question Of Lust" en version acoustique.
Dave Gahan revient sur scène et, au piano, Peter Gordeno joue les premières notes de "Happy Birthday" et le public y ajoute les paroles : joli petit moment. Le groupe propose tout de suite après deux morceaux issus du dernier album ("Where's The Revolution", "Poison Heart"), sympas sans plus, et "Wrong", là à nouveau une bonne surprise : une chanson que je n'écoute jamais, mais dont j'apprécie l'agressivité en live. Après une première partie composée majoritairement de morceaux récents ou plus ou moins, Depeche Mode termine le set principal avec quatre classiques : "Everything Counts", "Stripped", "Enjoy The Silence" (coupée au milieu par un intermède électro de goût moyen) et "Never Let Me Down Again". C'est certainement le moment le plus chaud du concert : le groupe et le public bouillonnent.
Le rappel poursuit la tendance de piocher dans les classiques : tout d'abord, avec "Somebody", interprété par Martin avec Peter Gordeno, l'accompagnant au piano. Je n'ai jamais beaucoup accroché à cette chanson, et cette version live fidèle à celle sur album ne m'emballe, du coup, pas particulièrement. Ça se laisse écouter, sans plus. Dave revient pour un titre nettement plus rock : "Walking In My Shoes". Sur écran est projeté un clip où l'on voit un homme androgyne se travestissant, puis déambulant avec une guitare dans une ville qui est vraisemblablement Berlin. J'avoue que sur ce titre, j'ai plus regardé ce qui se passait sur écran que sur scène. "I Feel You" creusera la veine rock quelques minutes plus tard, mais avant lui, un titre que j'attendais fébrilement : j'avais lu que le groupe avait repris "Heroes" de Bowie pendant les répétitions préparatoires à la tournée, et j'espérais qu'il fasse partie du set ce soir. Comme une parenthèse entre deux titres plus percutants, "Heroes" est joué dans une version plutôt minimaliste et downtempo. Leur version, forcément pas aussi intense que l'originale, s'élève crescendo, joliment et subtilement. Le public accueille très bien le titre, et moi, personnellement, je suis plus que ravi : l'un de mes moments préférés du concert. Le rappel se termine sur l'inévitable "Personal Jesus". Que dire si ce n'est que c'est très bon ? Le groupe jette ses dernières forces sur cet ultime titre et nous, dans le public, conscient que le show sera bientôt fini, on en profite pleinement.
Le concert aura duré environ 2h15, les lumières se rallument assez vite pour couper les ardeurs du public qui en redemande sans vraiment y croire. On quitte la salle, on regagne la voiture. On oubliera vite les deux heures infernales d'embouteillages dans Anvers avant d'accéder au périph et on ne gardera que le positif. Ce concert, ce soir-là, restera certainement l'un des plus marquants que j'ai pu faire ces trois-quatre dernières années. Le jeune garçon que j'étais penserait qu'ils sont pas mal les gars qui jouaient dans l'autoradio de son père.
Parfait 17/20 | par Rebecca Carlson |
Setlist:
Going Backwards
So Much Love
Barrel of a Gun
A Pain That I'm Used to
Corrupt
In Your Room
World in My Eyes
Cover Me
Home
A Question of Lust
Poison Heart
Where's the Revolution
Wrong
Everything Counts
Stripped
Enjoy the Silence
Never Let Me Down Again
>>>
Somebody
Walking in My Shoes
Heroes
I Feel You
Personal Jesus
Photo par l'auteur
Going Backwards
So Much Love
Barrel of a Gun
A Pain That I'm Used to
Corrupt
In Your Room
World in My Eyes
Cover Me
Home
A Question of Lust
Poison Heart
Where's the Revolution
Wrong
Everything Counts
Stripped
Enjoy the Silence
Never Let Me Down Again
>>>
Somebody
Walking in My Shoes
Heroes
I Feel You
Personal Jesus
Photo par l'auteur
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