The Arcade Fire

Saint-cloud [Rock En Scène - Grande Scène] - dimanche 29 août 2010

The Arcade Fire
Arcade Fire était sans doute la seconde tête d'affiche la plus attendue de ce Rock en Seine version 2010. Seconde sans doute, tant l'engouement pour Massive Attack (un groupe que je respecte, mais qui me laisse personnellement plutôt indifférent) fut impressionnant, et parce que les organisateurs ont eu la mauvaise idée de programmer Roxy Music, groupe mythique s'il en est, juste avant sur une autre scène.

Cette programmation me contraint à faire un choix radical. Je n'avais jamais vu Arcade Fire sur scène, et je voulais être au première loge. Tant pis pour Roxy Music. A la fin du concert des Ting Tings, je profite du mouvement de foule - plutôt inattendu par ailleurs - pour me glisser crapuleusement devant la scène, en compagnie de types qui avaient du camper pendant 8 heures pour se retrouver là. Tactique gagnante pour moi, désolé les gars. J'arrive frais et dispo, après avoir pu vider ma vessie et me poser un peu (car quoi qu'on en dise, 3 jours de festival, ça achève).

Très vite cependant, la foule se compacte, et il ne m'est presque plus possible d'esquisser le moindre mouvement. Idéal pour entamer la conversation avec les voisins et pour draguer les jolies filles autour. Le constat est quasi-général : Arcade Fire est un très grand groupe, ce concert s'annonce légendaire, mais quand même, si Roxy Music s'était ramené avec Brian Eno, on aurait hésité. A peine y aura-t-il quelques frictions sur la qualité du troisième album, loin de faire l'unanimité. Mais globalement, le public d'Arcade Fire est sympathique, ouvert, et plutôt cultivé musicalement. Et à mon avis, ce n'est guère surprenant.

L'heure passe, et le public commence à s'impatienter. Devant moi, un anglais commence, seul, à scander l'air lancinant de "Wake Up", et le public entier reprend en coeur. C'est beau. Durant les minutes précédant l'entrée du groupe sur scène, plusieurs salves d'applaudissements retentissent... quelques fausses joies. Puis la musique d'intro retentit, et les lumières s'éteignent.

Le type sympa avec qui j'avais fait connaissance se retourne, me souhaite un bon concert et bon courage. Il sait déjà ce qu'il va se passer.

Le groupe entre sur scène. Ils sont sept, donc. Sans Owen Pallett malheureusement.

Les premières notes de "Ready to Start" retentissent, et c'est la folie. Des pogos incessants, et d'effrayants mouvement de foules qui me compressent comme jamais. Ça bouge dans tous les coins, et c'est putain de bon. Win Butler et Régine Chassagne nous saluent ensuite, puis entament leur premier hymne de la soirée : "Keep The Car Running".

Le concert est un savoureux mélange entre des titres du nouvel album ("Ready to Start", l'excellent "Modern Man", "Rococo", "The Suburbs") et des titres des deux précédents albums, qui provoquent bien évidemment l'hystérie (ma petite préférée "Laïka", "No Cars Go", bien sûr, "Haïti" ou encore "Intervention").

Petite spéciale pour nous public français, Arcade Fire entame "Ocean Of Noise", rarement jouée ces temps-ci. Ce n'est pas un hasard : sur la montée finale, Zach Condon, le leader de Beirut, et son comparse trompettiste se présentent sur scène et entament un solo magique. C'est de la pure folie. Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai vécu le moment le plus absurde de ce festival : un type qui vient me causer en demandant s'il pouvait monter sur mes épaules pour retrouver ses potes (ce que j'accepte naturellement - il y a de jolies filles devant moi et sur le moment, ça m'avait l'air assez classe). Allez demander ça à un mec dans la rue...

Et puis le drame.

11ème titre de la soirée : "We Used To Wait", l'un des meilleurs titres de The Suburbs. Un de ces excellents morceaux qui gèrent à merveille une montée d'adrénaline mémorable, et évidemment excellent en live. Mais c'est à ce moment-là que l'orage éclate. Une pluie battante s'abat soudain sur la scène, contraignant les roadies à se précipiter sur les instrus pour les couvrir de bâche. La scène est surréaliste : Win Butler, dégoulinant de pluie et de sueur, semble se battre contre les éléments pour chanter son morceau. Il le termine, et c'est soudain la confusion. Des organisateurs sont sur la scène. Win nous explique en anglais qu'il voudrait continuer, mais qu'on le somme d'arrêter maintenant. Le groupe a l'air dépité, et on les voit négocier ardemment. Puis ils quittent tous la scène. Régine revient, pour nous expliquer en français qu'ils vont attendre 5 minutes pour voir si la pluie s'arrête, et que si c'est le cas ils reprennent.

Mais à ce moment là, on ne se fait guère d'illusion. Des coups de tonnerre éclatent, ce qui laisse présager que l'averse en a pour un moment. Le public appelle le groupe, mais ce n'est évidemment que pure forme. On se dit qu'ils vont nous lâcher comme ça, sans un mot, et c'est une putain de catastrophe. 2 fois Amy Winehouse, Oasis l'an dernier et maintenant ça. Putain, le Parc de Saint-Cloud était un cimetière indien, avant ?

10 minutes passent, et voilà qu'ils reviennent tous, accompagnés de Zach Condon et du trompettiste. Ils se mettent en ligne, avec des instruments acoustiques, et entament, sous la pluie, leur hymne "Wake Up", devant un public qui reprend la mélodie en coeur, comme une danse de la pluie mystique. Peu de mots existent pour définir ce qu'il s'est passé à ce comment là : la communion entre un groupe chaleureux et son dévoué public ? Des minutes extraordinaires. La chanson s'achève, Win Butler et son frère sautent dans le public pour serrer des pognes. Je tente ma chance, sans succès hélas (mes comparses du soir, plus proches alors de la barrière délimitant l'espace des vigiles devant la scène, auront plus de chance que moi, les salauds). Ils remontent et quitte la scène.

On attend encore quelques minutes, mais on sait très bien que c'est fini. Quelques minutes passent avant qu'un organisateur annonce la fin des festivités, suscitant un brouhaha général. Compréhensif (le vent ramenait la pluie sur la scène, et je ne tenais pas à voir les membres du groupe périr électrocutés), je décide de lâcher l'affaire et de quitter le parc.

Ils n'auront joués ni "Tunnels", ni "Power Out", ni surtout "Rebellion".

Et tandis que j'arrive à la station Boulogne - Pont de Saint-Cloud, on m'explique qu'en raison d'un incident, le trafic sur la ligne 10 est terminé pour la soirée. Je mets 2h30 pour rentrer chez moi (et je me lève à 6h30 le lundi matin).

Le lendemain matin, dans le RER, et complètement dans les vapes, je réécoute les titres qui m'ont le plus marqués, et ceux qu'ils n'ont pas jouer, et je me dis que putain, quel dommage.

Car ça aurait pu être, sans ce sentiment de frustration final, le plus grand concert de ma vie.


Exceptionnel ! !   19/20
par Reen-Go!!


  Setlist :
Ready to Start Play Video
Keep the Car Running
Neighborhood #2 (Laika)
No Cars Go
Haïti
Modern Man
Rococo
The Suburbs
Ocean of Noise (with Beirut)
Intervention
We Used to Wait
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Wake Up


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