The Smashing Pumpkins
Tristessa |
Label :
Sub Pop |
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Quelqu'un a dit un jour qu'il fallait juger un groupe à l'aune de ses face-b. Dans ce cas, au vu de la qualité des démos des Smashing Pumpkins, face-b de face-b, que dire du talent de Billy Corgan ?
Les morceaux qui accompagnent le single "Tristessa", en plus de dévoiler les tout débuts du groupe, sont d'une qualité telle qu'on a l'impression qu'on redécouvre le groupe. Et on réalise pourquoi Billy tient tant à préciser que la carrière du groupe a démarré dès 1988. Car de cette période tâtonnante, éloignée de toute reconnaissance, tirent leur origine bon nombre de chansons au charme incroyable, sublimement tapageuses comme délicatement spéciales.
Repéré par le label Sub Pop, le groupe se voit offrir par Jonathan Poneman l'opportunité de sortir un single à plus grande échelle.
C'est de cet EP, produit par Butch Vig que naîtra l'erreur qui veut d'associer les débuts des Smashing Pumpkins au grunge. Même si les guitares crades de "Tristessa" furent plutôt appréciées pour la similitude avec le son made in Seattle, le style des autres faces-b se rapprochent plutôt plus du psychédélisme à la Jane's Addiction ou des Chainsaw Kittens que de Nirvana, dont les citrouilles partageaient peu d'affinité, même si Billy Corgan était un des plus proches amis de Kurt Cobain, allant jusqu'à partager la même copine (à savoir Courtney Love).
Proche d'un marasme absolu et désespérant, l'intro de "Honey Spider" est sublimissime, martelant les coups avec une froideur absolue et les riffs plombées. Le chant de Billy Corgan est hanté. Il plonge son texte dans des profondeurs graves, presque de manière déclamatoire, tandis qu'autour de lui les guitares noisy étrennent des solos langoureux et glauques. On reconnaît ici tout l'amour pour le gothique de Bauhaus, groupe vénéré par Billy Corgan. Ses plaintes déchirantes prennent d'autant plus d'ampleur.
A l'inverse, "La Dolly Vita" est beaucoup plus léger, mais encore plus planant. Il s'agit sans doute d'une des plus belles faces-b du groupe, mais bon sang, il y en a tant, qu'une chronique ne suffirait pas à les dénombrer et à rendre compte de leur sens de la mélodie inégalable. Invitant une guitare sèche à venir se joindre au tempo flottant et étrange du morceau, "La Dolly Vita" additionne au fur et à mesure ses instruments, rend plus sourds ses coups de batterie, et succède de plus en plus vite ses enchaînements à la guitare. Les ambiances oscillent entre ébauche de frénésie et passage complètement hypnotique, avec slides, mélodie arabisante et voix langoureuse (celle de Billy est reconnaissable entre mille), faisant de ce titre une ode à l'évasion et au psychédélisme absolu, flottant au beau milieu d'une grâce sans pareille. Et ce jusqu'au crescendo et cette libération : ces guitares noisy de fin qui déferlent et emportent tout sur leur passage, même nos dernière bribes de conscience. Après ça, il ne reste qu'une admiration sans faille.
Il est dommage que le groupe ait été éclipsé par le succès de Nirvana, qui n'allait pas tarder à venir. Avec ce single, les Smashing Pumpkins avaient tout pour se faire remarquer. Il faut dire qu'avec le riff entêtant de "Tristessa", il y a de quoi marquer les esprits. Notamment lorsqu'il est appuyé par des roulements de batterie effarant, un son noisy des plus jouissifs, une ambiance sombre, alternant de nombreux changements de tempo (dont un passage psychédélique et un solo extraordinaire). Billy Corgan use de sa voix pour imprimer des climats uniques, entre turpitude obscure, nonchalance languissante et crachat hargneux. Le morceau secoue le corps. Exutoire à toutes les pulsions, il met en scène une envie d'en découdre comme on ne sait plus en faire aujourd'hui. Et, s'il y avait une justice, les premières chansons des Smashing Pumpkins devraient être réhabilitées à leur juste place : celle des morceaux cultes.
Mais l'histoire est faite ainsi. Et à rebours, les débuts des Smashing Pumpkins, à défaut d'être les plus reconnus, sont en tout cas sincères et authentiques. Ce qui leur donne une valeur inestimable.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce retour en arrière permet d'apprécier une époque encore loin des succès et de ses frasques, comme si on redécouvrait le groupe et suivait leur débuts, pour se réapproprier leur musique, et en faire sienne, à jamais.
Les morceaux qui accompagnent le single "Tristessa", en plus de dévoiler les tout débuts du groupe, sont d'une qualité telle qu'on a l'impression qu'on redécouvre le groupe. Et on réalise pourquoi Billy tient tant à préciser que la carrière du groupe a démarré dès 1988. Car de cette période tâtonnante, éloignée de toute reconnaissance, tirent leur origine bon nombre de chansons au charme incroyable, sublimement tapageuses comme délicatement spéciales.
Repéré par le label Sub Pop, le groupe se voit offrir par Jonathan Poneman l'opportunité de sortir un single à plus grande échelle.
C'est de cet EP, produit par Butch Vig que naîtra l'erreur qui veut d'associer les débuts des Smashing Pumpkins au grunge. Même si les guitares crades de "Tristessa" furent plutôt appréciées pour la similitude avec le son made in Seattle, le style des autres faces-b se rapprochent plutôt plus du psychédélisme à la Jane's Addiction ou des Chainsaw Kittens que de Nirvana, dont les citrouilles partageaient peu d'affinité, même si Billy Corgan était un des plus proches amis de Kurt Cobain, allant jusqu'à partager la même copine (à savoir Courtney Love).
Proche d'un marasme absolu et désespérant, l'intro de "Honey Spider" est sublimissime, martelant les coups avec une froideur absolue et les riffs plombées. Le chant de Billy Corgan est hanté. Il plonge son texte dans des profondeurs graves, presque de manière déclamatoire, tandis qu'autour de lui les guitares noisy étrennent des solos langoureux et glauques. On reconnaît ici tout l'amour pour le gothique de Bauhaus, groupe vénéré par Billy Corgan. Ses plaintes déchirantes prennent d'autant plus d'ampleur.
A l'inverse, "La Dolly Vita" est beaucoup plus léger, mais encore plus planant. Il s'agit sans doute d'une des plus belles faces-b du groupe, mais bon sang, il y en a tant, qu'une chronique ne suffirait pas à les dénombrer et à rendre compte de leur sens de la mélodie inégalable. Invitant une guitare sèche à venir se joindre au tempo flottant et étrange du morceau, "La Dolly Vita" additionne au fur et à mesure ses instruments, rend plus sourds ses coups de batterie, et succède de plus en plus vite ses enchaînements à la guitare. Les ambiances oscillent entre ébauche de frénésie et passage complètement hypnotique, avec slides, mélodie arabisante et voix langoureuse (celle de Billy est reconnaissable entre mille), faisant de ce titre une ode à l'évasion et au psychédélisme absolu, flottant au beau milieu d'une grâce sans pareille. Et ce jusqu'au crescendo et cette libération : ces guitares noisy de fin qui déferlent et emportent tout sur leur passage, même nos dernière bribes de conscience. Après ça, il ne reste qu'une admiration sans faille.
Il est dommage que le groupe ait été éclipsé par le succès de Nirvana, qui n'allait pas tarder à venir. Avec ce single, les Smashing Pumpkins avaient tout pour se faire remarquer. Il faut dire qu'avec le riff entêtant de "Tristessa", il y a de quoi marquer les esprits. Notamment lorsqu'il est appuyé par des roulements de batterie effarant, un son noisy des plus jouissifs, une ambiance sombre, alternant de nombreux changements de tempo (dont un passage psychédélique et un solo extraordinaire). Billy Corgan use de sa voix pour imprimer des climats uniques, entre turpitude obscure, nonchalance languissante et crachat hargneux. Le morceau secoue le corps. Exutoire à toutes les pulsions, il met en scène une envie d'en découdre comme on ne sait plus en faire aujourd'hui. Et, s'il y avait une justice, les premières chansons des Smashing Pumpkins devraient être réhabilitées à leur juste place : celle des morceaux cultes.
Mais l'histoire est faite ainsi. Et à rebours, les débuts des Smashing Pumpkins, à défaut d'être les plus reconnus, sont en tout cas sincères et authentiques. Ce qui leur donne une valeur inestimable.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce retour en arrière permet d'apprécier une époque encore loin des succès et de ses frasques, comme si on redécouvrait le groupe et suivait leur débuts, pour se réapproprier leur musique, et en faire sienne, à jamais.
Parfait 17/20 | par Vic |
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