The Smashing Pumpkins
Cyr |
Label :
Sumerian Records |
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Bon on l'a déjà dit. Plus personne n'en a rien à foutre d'un album des Smashing Pumpkins. C'est plus dans le coup. Plus grand monde ne supporte les virages tortueux à n'en plus finir de son leader. Il reste donc trois pelés, le tondu est parti depuis longtemps. Et c'est curieux un album où ces trois pelés justement, ne se mettent pas d'accord. Ça veut peut-être d'ailleurs dire un truc. Peut-être se passe-t-il quelque chose en fait depuis quelques années, depuis l'album solo de Corgan produit par Rick Rubin, juste avant la réactivation des SP avec Jimmy God Chamberlin et James J'en ai plus rien à foutre aussi Iha. Aussi, c'est le feu sur le forum Netphoria, la dépression totale, le trou noir, le Black Out, la colère noire et incontrôlable à coup de "fuck this/fuck that/Where Is Jimmy ???/Iha is GONE ?/Corgan is a Tyran" à tire larigot. Comme d'hab quoi. Surtout que Deftones sort un album, Granddady réédite son chef d'œuvre blablabla. Les SP, c'est niet, terminé. Alors c'est très simple. Parmi les trois pelés donc, il y en a un touché par la grâce, qui a les yeux tournés vers le ciel et qui trouve ça génial ; un autre qui ne comprend pas comment on peut trouver l'album écoutable et qui insulte allègrement le premier (à coup de "dumbass" notamment) ; enfin, un dernier qui méprise les deux autres en ayant une voie médiane, trouvant toujours quelque chose à sauver.
On se placera ici dans cette dernière catégorie, sans mépriser les deux autres tendances. En fait, on a trouvé plutôt bon, voire parfois très bon, ce que Corgan a produit depuis Ogilala. Mais là, c'est compliqué. Exit Rick Rubin, le groupe signe chez Sumerian Records, Corgan est à la prod, Katie Cole est backing vocalist tout du long, et il y a du synthé. Beaucoup, beaucoup de synthés. Dans ce sens, Cyr est un album vraiment étrange et en fait assez difficile à appréhender. Les titres balancés pour un pauvre teasing semblaient tout pourris et pourtant, à l'écoute de l'album, il se passe un truc.Cyr ne ressemble à rien de ce que le groupe a déjà proposé. On est plus proche d'Adore et de Machina que de Siamese Dream certes, mais franchement on est paumé. L'album désarçonne, dès "The Colour of Your Love", rempli d'une basse lourde, de synthés à la New Order et d'une batterie sautillante et trifouillée (oui oui, sautillante) de Jimmy Chamberlin. On connaissait les influences du groupe pour les sonorités 80's mais cela ne s'est jamais traduit aussi radicalement sur disque.
Après le retour d'un line-up quasi intégral, et la publication de Shiny and Oh So Bright, Cyr est, malgré les quelques articles que l'on peut lire, le premier album sur lequel le groupe a vraiment retravaillé ensemble. En fait, WPC n'aurait jamais sorti un tel album solo aujourd'hui. Jamais il ne serait revenu seul avec des sonorités qui renvoient à 2003 et à The Future Embrace, voire parfois à Adore. Cyr est, malgré ce que l'on peut juger parfois à l'écoute, un réel effort du groupe autour de 20 titres pour proposer quelque chose de nouveau autour de nouvelles compositions. Dans ce sens, il y a de réelles bonnes chansons, où tout est fait pour faire exister le titre, sans "maquillage", sans trop solos, sans plan dingue de batterie. Juste les chansons autour de sonorités synthétiques.
Et pour le coup, le pari est réussi. Les Smashing Pumpkins sont ici souvent méconnaissables. Effort disions-nous, où rien n'est reconnaissable ni identifiable hormis la voix de Corgan. Alors, à l'écoute, les questions fusent. Allons-nous avoir affaire avec de la synth-pop durant 20 titres ? Vont-ils tous sonner comme ça ? Est-ce vraiment les Smashing Pumpkins derrière ce disque dystopique? N'est-ce pas encore un délire à la con de Billy Corgan ? À qui est ce plan de guitare ? Ici, c'est Chamberlin ou une boîte à rythme ? Mais où est passé ce batteur génial ? Mais c'est quoi ce putain de synthé devant ce mur de son?
Aux premières écoutes, il y a un fond de frustration à entendre Cyr. On a presque le sentiment d'un sabotage à l'écoute de l'album, une balle dans les pieds de ce groupe aux musiciens si talentueux. Comme rien n'est reconnaissable, comme tout est flouté, presque caché par ces sonorités à la Depeche Mode ou le New Order late 80's, on a du mal à saisir le potentiel de l'album. Pourtant, quand on le replace dans le contexte des multiples reformations tardives, avec des groupes ayant reproduit les mêmes sonorités que dans leurs années glorieuses mais en moins inspirées, Cyr prend progressivement du sens. Il y a quand même une prise de risque presque salutaire. Faire un album en recyclant les sonorités qui inspirent, tout en prônant, paradoxalement, une certaine économie de moyen, fallait le faire et quand c'est bien fait, certaines trouvailles sont judicieuses. L'album propose quelques titres imparables qui se placent facilement parmi les meilleurs produits depuis (très) longtemps par le groupe. "Wrath" et ses sonorités pop 80's, "Purple Blood" qui réussit à faire aussi bien qu'un titre culte comme "Eye", la très belle "Save Your Tears", où encore la formidable "Anno Satana", et ses riffs de guitares complètement entêtants tout droit sorti des meilleurs titres des SP de la fin des 90's. Alors oui, l'album est long ; tout n'est pas bon. Sur 20 titres, un bon tiers est vraiment plus faible. Mais quand même merde. Sortir un album de synth-pop en 2020, alors que les trois pelées (certes ça ne fait pas beaucoup) attendaient un retour en fanfare toutes guitares dehors, fallait oser. Rien que pour ça, et pour les quelques titres qui se cachent derrière une dense forêt de synthé, ça mérite plus qu'une simple écoute inattentive. Le contre-pied est un art, voilà un groupe qui se débrouille pas mal en la matière.
On se placera ici dans cette dernière catégorie, sans mépriser les deux autres tendances. En fait, on a trouvé plutôt bon, voire parfois très bon, ce que Corgan a produit depuis Ogilala. Mais là, c'est compliqué. Exit Rick Rubin, le groupe signe chez Sumerian Records, Corgan est à la prod, Katie Cole est backing vocalist tout du long, et il y a du synthé. Beaucoup, beaucoup de synthés. Dans ce sens, Cyr est un album vraiment étrange et en fait assez difficile à appréhender. Les titres balancés pour un pauvre teasing semblaient tout pourris et pourtant, à l'écoute de l'album, il se passe un truc.Cyr ne ressemble à rien de ce que le groupe a déjà proposé. On est plus proche d'Adore et de Machina que de Siamese Dream certes, mais franchement on est paumé. L'album désarçonne, dès "The Colour of Your Love", rempli d'une basse lourde, de synthés à la New Order et d'une batterie sautillante et trifouillée (oui oui, sautillante) de Jimmy Chamberlin. On connaissait les influences du groupe pour les sonorités 80's mais cela ne s'est jamais traduit aussi radicalement sur disque.
Après le retour d'un line-up quasi intégral, et la publication de Shiny and Oh So Bright, Cyr est, malgré les quelques articles que l'on peut lire, le premier album sur lequel le groupe a vraiment retravaillé ensemble. En fait, WPC n'aurait jamais sorti un tel album solo aujourd'hui. Jamais il ne serait revenu seul avec des sonorités qui renvoient à 2003 et à The Future Embrace, voire parfois à Adore. Cyr est, malgré ce que l'on peut juger parfois à l'écoute, un réel effort du groupe autour de 20 titres pour proposer quelque chose de nouveau autour de nouvelles compositions. Dans ce sens, il y a de réelles bonnes chansons, où tout est fait pour faire exister le titre, sans "maquillage", sans trop solos, sans plan dingue de batterie. Juste les chansons autour de sonorités synthétiques.
Et pour le coup, le pari est réussi. Les Smashing Pumpkins sont ici souvent méconnaissables. Effort disions-nous, où rien n'est reconnaissable ni identifiable hormis la voix de Corgan. Alors, à l'écoute, les questions fusent. Allons-nous avoir affaire avec de la synth-pop durant 20 titres ? Vont-ils tous sonner comme ça ? Est-ce vraiment les Smashing Pumpkins derrière ce disque dystopique? N'est-ce pas encore un délire à la con de Billy Corgan ? À qui est ce plan de guitare ? Ici, c'est Chamberlin ou une boîte à rythme ? Mais où est passé ce batteur génial ? Mais c'est quoi ce putain de synthé devant ce mur de son?
Aux premières écoutes, il y a un fond de frustration à entendre Cyr. On a presque le sentiment d'un sabotage à l'écoute de l'album, une balle dans les pieds de ce groupe aux musiciens si talentueux. Comme rien n'est reconnaissable, comme tout est flouté, presque caché par ces sonorités à la Depeche Mode ou le New Order late 80's, on a du mal à saisir le potentiel de l'album. Pourtant, quand on le replace dans le contexte des multiples reformations tardives, avec des groupes ayant reproduit les mêmes sonorités que dans leurs années glorieuses mais en moins inspirées, Cyr prend progressivement du sens. Il y a quand même une prise de risque presque salutaire. Faire un album en recyclant les sonorités qui inspirent, tout en prônant, paradoxalement, une certaine économie de moyen, fallait le faire et quand c'est bien fait, certaines trouvailles sont judicieuses. L'album propose quelques titres imparables qui se placent facilement parmi les meilleurs produits depuis (très) longtemps par le groupe. "Wrath" et ses sonorités pop 80's, "Purple Blood" qui réussit à faire aussi bien qu'un titre culte comme "Eye", la très belle "Save Your Tears", où encore la formidable "Anno Satana", et ses riffs de guitares complètement entêtants tout droit sorti des meilleurs titres des SP de la fin des 90's. Alors oui, l'album est long ; tout n'est pas bon. Sur 20 titres, un bon tiers est vraiment plus faible. Mais quand même merde. Sortir un album de synth-pop en 2020, alors que les trois pelées (certes ça ne fait pas beaucoup) attendaient un retour en fanfare toutes guitares dehors, fallait oser. Rien que pour ça, et pour les quelques titres qui se cachent derrière une dense forêt de synthé, ça mérite plus qu'une simple écoute inattentive. Le contre-pied est un art, voilà un groupe qui se débrouille pas mal en la matière.
Bon 15/20 | par Reznor |
Posté le 01 décembre 2020 à 09 h 36 |
Passé l'étonnement de chansons semblant toutes débuter in media res, c'est l'approche sonore qui déroute. Jimmy est là, James aussi mais ne les cherchez pas trop longtemps : en son sein Cyr est avant tout un album d'electro pop façonné par Billy dans sa batcave, ce vieil amour/vieux fantasme de Corgan d'être précurseur et oracle à la fois sur la forme et le fond., quitte à ré-écrire l'histoire en permanence (à lire : ses mi agaçantes mi désopilantes Q&A sur instagram).
Ici et comme sur le précédent Shiny and Oh So Bright, on sent une volonté de sonner comme d'autres pour affirmer sa différence, intrigant pour celui qui ne voulait être que lui... Dans les faits, on retrouve sur Cyr tous les tics de production corganesque des 15 dernières années avec en haut de la liste sa voix mixée très en avant et son chant aux consonnes oubliés, passé dans un vibrato pas toujours heureux, un manque de dynamique/dynamisme dans les chansons qui ne tournent autour que d'une seule idée, parfois déclinée sur plusieurs chansons... Cyr se distingue par son aspect opaque -même après plusieurs écoutes il est difficile de nommer les chansons tant elles souffrent d'un manque d'identité propre- et cet épuisement de l'auditeur à la fin des 70 minutes de ce double album vendu sur un cd. Pour l'ambiance on navigue entre Castlevania pour le meilleur (la chanson titre, "Purple Blood") et le monde des licornes pour le pire (notons qu'une chanson contient les paroles : which of these dolphins will set you free). On y croise des personnages (Ramona, Minerva) auxquels on ne s'attache pas bien que leurs prénoms soient répétés ad nauseum, là où fut un temps nous vivions des mois à travers les yeux de Ruby, Starla ou ceux de Daphnée. Plongée en apnée dans un monde electro-goth où Corgan le chanteur prêche des prononciations étranges ("Samhain ! Samhain !") sur des titres à l'orthographe fantaisiste (trop pour les citer), il serait toutefois éminemment malhonnête de ne pas reconnaître un savoir faire certain ("The Colour of love"), quelques chouettes moments (la chanson titre, "Wrath") et une envie manifeste de ne pas se soumettre aux attentes nostalgiques (on donnerait cher pour voir la tête des fans butés de "Jellybelly" en découvrant la marrante "Tyger, Tyger"). Malheureusement tout cela ne suffira pas à empêcher Cyr de sonner un peu plat et creux et très long et répétitif, qu'à cela ne tienne : Corgan se fera un plaisir de réécrire l'histoire de cet album incompris, en avance sur son temps, prophétique dans une dizaine d'années.
Ici et comme sur le précédent Shiny and Oh So Bright, on sent une volonté de sonner comme d'autres pour affirmer sa différence, intrigant pour celui qui ne voulait être que lui... Dans les faits, on retrouve sur Cyr tous les tics de production corganesque des 15 dernières années avec en haut de la liste sa voix mixée très en avant et son chant aux consonnes oubliés, passé dans un vibrato pas toujours heureux, un manque de dynamique/dynamisme dans les chansons qui ne tournent autour que d'une seule idée, parfois déclinée sur plusieurs chansons... Cyr se distingue par son aspect opaque -même après plusieurs écoutes il est difficile de nommer les chansons tant elles souffrent d'un manque d'identité propre- et cet épuisement de l'auditeur à la fin des 70 minutes de ce double album vendu sur un cd. Pour l'ambiance on navigue entre Castlevania pour le meilleur (la chanson titre, "Purple Blood") et le monde des licornes pour le pire (notons qu'une chanson contient les paroles : which of these dolphins will set you free). On y croise des personnages (Ramona, Minerva) auxquels on ne s'attache pas bien que leurs prénoms soient répétés ad nauseum, là où fut un temps nous vivions des mois à travers les yeux de Ruby, Starla ou ceux de Daphnée. Plongée en apnée dans un monde electro-goth où Corgan le chanteur prêche des prononciations étranges ("Samhain ! Samhain !") sur des titres à l'orthographe fantaisiste (trop pour les citer), il serait toutefois éminemment malhonnête de ne pas reconnaître un savoir faire certain ("The Colour of love"), quelques chouettes moments (la chanson titre, "Wrath") et une envie manifeste de ne pas se soumettre aux attentes nostalgiques (on donnerait cher pour voir la tête des fans butés de "Jellybelly" en découvrant la marrante "Tyger, Tyger"). Malheureusement tout cela ne suffira pas à empêcher Cyr de sonner un peu plat et creux et très long et répétitif, qu'à cela ne tienne : Corgan se fera un plaisir de réécrire l'histoire de cet album incompris, en avance sur son temps, prophétique dans une dizaine d'années.
Passable 11/20
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