The Smashing Pumpkins

The End Is The Beginning Is The End

The End Is The Beginning Is The End

 Label :     Warner 
 Sortie :    lundi 02 juin 1997 
 Format :  Single / CD   

Forts de leur succès avec Mellon Collie and the Infinite Sadness et son catalogue plein à craquer de singles, les Smashing Pumpkins peuvent tout se permettre en 1997. Quoi de mieux alors que de jeter son dévolu sur le cinéma ?

En effet, Billy Corgan est amené à travailler sur la bande son du film Batman & Robin. Le choix est discutable tant le film s'avère être un blockbuster commercial aux antipodes de la scène alternative et doté d'un scénario très bancal. On y verra pourtant y figurer des grands noms tels que Georges Clooney, Arnold Schwarzenegger ou encore Uma Thurman. Toutefois, on peut comprendre que Billy Corgan ait eu envie de changer d'atmosphère de travail. Avec le succès et le départ récent de Jimmy Chamberlain pour une affaire de drogue, l'image du groupe est à refaire et une suite logique à Mellon Collie est inenvisageable sans son batteur phare (remplacé pour un temps par Matt Walker). De plus, le ton décalé (voire ringard) et à la fois sombre du dernier Batman colle parfaitement aux codes visuels des Smashing Pumpkins.

Il s'agit alors pour Billy Corgan d'oublier ses problèmes et de se concentrer sur autre chose, de ne pas parler de lui mais d'écrire sur la figure emblématique qu'est Batman, comme il l'explique : "For me, it was a great kind of artistic thing to do because it was very freeing. I wasn't talking about myself or trying to represent the Smashing Pumpkins. I was trying to represent Batman."

Et tel Batman, Billy Corgan essaye de conquérir sa liberté (artistique) grâce à de nouvelles approches techniques. Le single "The End Is the Beginning Is the End" innove, au-delà même du cybermetal développé auparavant dans des morceaux comme "Zero". Le morceau est lourd, hanté, éloigné de toute lumière. Billy Corgan s'immisce dans Gotham City, s'en fait le poète et dresse un portrait sans grand espoir de la situation, jusqu'à en faire une métaphore du groupe en lui-même. Mais plus que cela, c'est aussi l'apparition de l'électronique qui chamboule la donne et confère au morceau une énergie noire et presque malsaine, d'autant plus que le jeu de Matt Walker n'est pas aussi envahissant que celui de Chamberlain et permet l'intégration de nouveaux éléments. Et cela renforce le côté épique du morceau, comme c'était le cas dans "1979" et ses légères manipulations par ordinateur (utilisation de synthétiseurs et de boucles de batterie). "The End Is the Beginning Is the End" est alors dérangeant, viscéral, mais aussi superbe et grâcieux, à l'image de ce fabuleux héros tourmenté qu'est Batman.

Le single est ensuite suivi d'une version différente et plus épurée de ce premier morceau, rebaptisé ici "The Beginning Is The End Is The Beginning" (un nom à rallonge de plus). Les paroles sont grosso modo les mêmes, mais on voit quelques altérations ici et là, de même dans la musique, ce qui rend la chanson intéressante en elle-même et presqu'aussi bonne que la première. Deux instrumentaux bouclent ce disque, "The Ethers Tragic" et "The Guns Of Love Disastrous", tous deux intéressants pour la démarche mais franchement passables car très proches du single, bien qu'ils rendent à merveille cette atmosphère cinématographique et glauque propre à la saga Batman et retranscrite à merveille par les Smashing Pumpkins.

Billy Corgan confiait à l'époque que son prochain album surferait sur ce nouveau style mais il n'en fut rien puisqu'il revint à un style plus épuré et classique pour Adore. Et même si ce dernier est un chef-d'oeuvre totalement obscur, il me plaît à rêver de ce qu'auraient pu faire les Smashing Pumpkins après ce single plus qu'intriguant à classer aussi bien dans les bizarreries du groupe que dans ses meilleurs morceaux. D'ailleurs, le public ne s'y est pas trompé en en faisant un succès de plus. "The End Is The Beginning Is The End" a même remporté en 1998 un Grammy Award (Best Hard Rock Performance). Et pour moi, ce fut mon premier achat musical et la découverte d'un univers en marge où l'aspect populaire n'était pas incompatible avec la grandeur (dans le cas des Smashing Pumpkins et de Batman). Et puis il faut imaginer le choc d'une telle découverte expérimentale pour un enfant... de même que la joie de trouver une musique aussi géniale. Merci donc à vous chères Citrouilles.

PS : pourriez-vous me renvoyer le tatouage Batman collector inclus dans le single ?


Sympa   14/20
par UpToTheSkies


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