The Smashing Pumpkins

Atum

Atum

 Label :     Martha's Music 
 Sortie :    vendredi 05 mai 2023 
 Format :  Album / CD  Vinyle  Numérique   

Billy Corgan n'en fait qu'à sa tête, c'est bien connu. C'est d'ailleurs pour ça qu'on l'aime. Mais là où l'adversité l'avait poussé à faire des miracles dans les années 90, il semble que depuis quelques temps avec Billy c'est my way or the highway. Quiconque s'est infligé les 33 semaines de son podcast affublé de ses 2 présentateurs groupies l'aura remarqué. Il le dit d'ailleurs lui aussi, son propre groupe n'en voulait pas de son Atum... mais il l'a fait quand même. De même, ceci doit aussi expliquer pourquoi dans la plutôt chouette "Sojourner" il prononce deus ex machina "do sex machine" : personne n'a dû oser le rependre (notons toutefois qu'il prononce robot "raw butt", il y a peut-être un lien). Cependant, toujours résilient, Billy a survécu à tous ces gens qui ne se sont pas opposés à lui –après tout à quoi bon- et nous voici avec Atum, triple album opéra rock avec une histoire gentiment coconne se voulant la suite des aventures du personnage Zero, chanson à succès depuis devenue conceptuelle dans Mellon Collie And The Infinite Sadness, personnage ensuite devenu Glass sur les deux volets de Machina (dont personne ne savait qu'ils étaient la suite de l'album de 1995 si ce n'est le "dreams of Glass"...).

Evacuons donc tout de suite le malaise, Atum n'a pas grand-chose à voir niveau son avec les deux précédents (qui eux-mêmes sonnaient déjà comme des distants cousins au mieux). Même et surtout lorsque Corgan insère dans son concept narratif une chanson supposée rappeler les b-sides de MCIS qui n'en a ni le charme, ni la force ("In Lieu Of Failure"). Non, Atum se veut une suite narrative d'une histoire dont on ne connait pas vraiment le début. Au niveau du son, on oscille entre chansons rocks sonnant, c'est un comble, comme du Muse (les plutôt efficaces "Empires" et "Spellbinding" pour les meilleures) ou comme du metal des années 80 ("Harmageddon"), des synthés et chœurs féminins dégoulinants à la Cyr ("Neophyte", "Hooligan", "Avalanche"), et des moments se voulant plus originaux, concept album oblige (la chanson du robot de fête foraine "Hooray !", la tentative comédie musicale "Where Rain Must Fall"). C'est étrangement quand Corgan fait coller sa musique à son concept que l'album fonctionne le plus car la forme sert la narration (manière délicate de dire qu'on fermera plus aisément les yeux sur le songwriting pas toujours convaincant du projet) : le retour de Zero sur Terre sur "That Which Animates The Spirit" (ouais... il était dans l'espace...), le final alambiqué "Intergalactic", l'espèce de chœur antique chantant la très Gish "The Good In Goodbye", la déjà citée "Sojourner", les méchants laveurs de cerveau de "Beguiled", "Springtimes". Dans ces moments, on comprend ce qu'il essaie de faire et on se laisse porter par l'histoire.

D'où un drôle de disque, sorte de bande son d'une saison de Stranger Things dont on sort lessivé malgré les indéniables chouettes passages dont la somme ne parvient pas à altérer l'image mentale qu'on s'en fait : plein synthés pouêt pouêt au-dessus desquels Corgan chante (sa voix est mixée très fort) sans fin des paroles sophistiquées. En relisant notre blabla, on réalise par ailleurs n'avoir jamais écrit le nom du groupe, autre indication de l'orientation sonore de l'album...

Billy Corgan n'en fait qu'à sa tête, c'est bien connu et on ne va pas lui reprocher aujourd'hui ce qu'on a porté aux nues hier. C'est d'ailleurs pour ça qu'on l'aime. On espère juste que quelqu'un osera le challenger et pourquoi pas lui rappeler que lorsqu'il était moins conceptuel, il était plus touchant.


Pas mal   13/20
par Granpa


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