Mark Lanegan

Hit The City

Hit The City

 Label :     Beggars Banquet 
 Sortie :    mardi 14 décembre 2004 
 Format :  Single / CD  Vinyle   

Une petite chronique en hommage à mon chanteur favori, disparu soudainement en février dernier, avec Hit The City, le deuxième single extrait de l'immense Bubblegum (le premier ayant été Sideways In Reverse), souvent cité à raison comme l'un de ses meilleurs albums. "Hit The City" est l'un des morceaux les plus importants du répertoire de Mark Lanegan, absolument incontournable sur scène (joué 385 fois sur scène selon setlist.fm, dans son top 3), le seul sous son nom propre à être apparu dans les charts anglais (pas très haut, mais quand même !), sûrement bien aidé en cela par la présence de PJ Harvey avec qui il partage le micro à cette occasion. Mais bien plus que ces chiffres, si "Hit The City" mérite sa place dans le panthéon des compos de Lanegan, c'est avant tout et évidemment parce qu'il s'agit d'une excellente chanson. Courte, qui claque avec son riff de guitare énorme, sa basse et sa batterie si lourdes (surtout en live), elle a tout du tube qu'il n'a jamais eu (enfin ça en était un pour son public). Les paroles sont magnifiques, tellement laneganiennes en leur cœur, pleines d'un accablant mystère poisseux : "The dark descends through the promised land / Down kingdom come and the acid ban / I'm bad alone, burned inside out / Nothing to kill it / I hit the city". On peut dire que ça envoie bien.

Les deux faces-b ne sont pas en reste, elles sont en fait si réussies qu'elles auraient mérité une sortie moins discrète, mais il faut dire que le gars marchait sur l'eau niveau inspiration à l'époque. Il y a d'abord la géniale "Mud Pink Skag", un titre dans la veine de "Like Little Willie John" (Bubblegum) et "Message to Mine" (sur l'EP Here Comes That Weird Chill de 2003), dans le sens où Mark, tout en poussant un peu plus sur sa voix, garde un ton très "relax", très cool ("heavyyy !"). C'est la très grande classe. Les chœurs semblent assurés par Josh Homme au moins, même si je n'ai pas pu en avoir la confirmation. "Mirrored", acoustique et tout aussi accomplie, est une chanson d'amour désolée ("Look deep in each / Two tombstones shine") où rôdent le désespoir et la désillusion.

Avec Bubblegum et Hit The City, Mark Lanegan, désormais accompagné de son fameux Band, ouvrait un nouveau chapitre de sa vie d'artiste. Il rompait avec le style qu'il s'était forgé au cours de la décennie précédente et pour lequel il était (un peu) reconnu (sa période blues-folk des années 90) et, influencé par sa participation aux deux meilleurs albums des Queens of the Stone Age (Rated R en 2000 et Songs for the Deaf en 2002), il livrait un disque rétrospectivement totalement unique au regard du reste de son œuvre, passée et à venir (au niveau de la production, des textures avec ces incursions synthétiques, électroniques, et cette atmosphère si singulière qui vous enveloppe à chaque écoute). Ce serait le dernier avant huit années de silence en solo (mais néanmoins très fructueuses en collaborations), comme pour mieux souligner, dans un geste involontaire, toute la particularité de cet album sans héritier direct qui reste si énigmatique et passionnant à la fois, et dont "Hit The City" demeure un inévitable point d'ancrage.


Excellent !   18/20
par Poukram


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