Mark Lanegan
Paris [Café De La Danse] - samedi 25 novembre 2017 |
Ça ne vous arrive jamais d'aller voir un concert et de vous demander ce que vous foutez là en arrivant dans la salle ? Je vous explique le contexte : une grosse semaine de taff, un anniversaire un peu arrosé le vendredi soir, et un samedi à comater devant la télé, entre les vautours du Verdon sur Arte, la finale de la Coupe Davis sur France 2 et le foot anglais sur SFR Sport, avec un mal de tête persistant. Vous seriez bien restés à regarder la fin de Liverpool-Chelsea, mais Mark Lanegan vous attend. Ou plus précisément, il va faire son concert sans vous dans le public et ça ne va rien changer pour lui.
Vous arrivez devant la salle, vous oubliez d'ouvrir votre sac à l'avance et vous avez droit aux suspicions du videur dont vous auriez dû faciliter la tâche avec le sourire, vu qu'on est en guerre contre le terrorisme et qu'il est en première ligne. À l'intérieur, vous retrouvez quelques potes, pour certains dans le même état que vous. La première partie a commencé : Lyenn, un gars looké grunge-gothique, tout seul avec une guitare électrique et un bouzouki. C'est doux et calme, sauf quand il décide de pousser des gémissements de douleur en grimaçant. Bon. Vous avez vécu pire, trois morceaux et demi dont un était assez beau. Il y a du monde partout dans cette salle toute en couloirs étroits et en escaliers tortueux. Normal, le concert est complet depuis des plombes. C'est un miracle que vous ayez pu choper un sésame au dernier moment. Il y a la queue au merch', et votre état ne vous donne pas vraiment envie d'aller commander une bière. Et puis commence la seconde première partie, et avec elle votre calvaire : un film arty-érotico-sanguinolent de plusieurs très longues minutes (7:52 sur Vimeo), genre alibi culturel, plombé par une musique à base de voix trafiquées. Bienvenue dans l'univers de Joe Cardamone, sa "Holy war" et son électro-indus-trip-hop pénible et prétentieux. Vous ne le voyez pas arriver sur scène, vous êtes déjà sorti de la salle. Vous finissez par trouver un coin "tranquille" - c'est-à-dire un peu moins dans le passage - sur la mezzanine pour commencer à déverser votre bile dans une chronique rageuse. Et puis vous redescendez dans la fosse pour aller vous placer, et vous découvrez le bonhomme en question : un blondinet maigrichon gominé avec des lunettes noires et une veste en sky. Dans un autre contexte, vous auriez certainement été plus indulgent avec ce californien dont vous découvrirez plus tard qu'il est l'ancien chanteur de The Icarus Line. Joe finit par balancer un "good night" dédaigneux et par quitter la scène.
À ce moment précis, vous commencez à reprendre espoir : derrière l'écran se cachent une batterie et des amplis. Les balances vous apprennent que Lyenn n'est autre que le bassiste belge du Mark Lanegan Band, et vous retrouvez avec plaisir le guitariste talentueux avec son chapeau rigolo que vous aviez découvert à la Route du Rock il y a quelques années. Et quand le rouquin boîteux débarque sur scène, la magie s'installe et vous oubliez (presque) la foule dense qui s'amasse autour de vous, gros manteaux en bandoulières bicause arrivée de la froidure. Le son est parfait, c'est sans doute la seule chose que vous aimez dans cette salle trop centrale et trop contrainte par le contexte de Bastille : espace réduit, couvre-feu strict et videurs sur les dents. Au bout de quelques morceaux débarque sur scène Shelley Brien, jeunette gothique tatouée et sapée tout en cuir (et petite amie de Mark), pour entonner avec lui "Hit The City", l'un de vos morceaux préférés. Elle n'est pas PJ Harvey mais à peu près n'importe quelle voix féminine mélangée avec celle rocailleuse et caverneuse de Mark produit un effet saisissant. La setlist variée, pour l'essentiel piochée dans les quatre albums studio du Mark Lanegan Band, vous convient très bien, malgré l'absence de reprises de Joy Division dont il est devenu un spécialiste : des cantiques intimistes à la Leonard Cohen (le sublime "Bleeding Muddy Water") alternent avec des bons gros boogies compacts et crasseux ("Emperor", "Riot In My House"), sans oublier les pépites disco / new wave qui semblent devenir sa marque de fabrique ("Ode To Sad Disco", "Harborview Hospital", "Floor Of The Ocean"). Le gros ours pousse bien quelques gueulantes mémorables contre le régisseur lumières, mais il semble touché par l'accueil chaleureux du public et finit le concert par un court rappel acoustique. Vous vous extrayez rapidement de ce labyrinthe et retrouvez le froid mordant de cette fin novembre. Vous savez maintenant pourquoi vous avez quitté votre nid douillet.
Vous arrivez devant la salle, vous oubliez d'ouvrir votre sac à l'avance et vous avez droit aux suspicions du videur dont vous auriez dû faciliter la tâche avec le sourire, vu qu'on est en guerre contre le terrorisme et qu'il est en première ligne. À l'intérieur, vous retrouvez quelques potes, pour certains dans le même état que vous. La première partie a commencé : Lyenn, un gars looké grunge-gothique, tout seul avec une guitare électrique et un bouzouki. C'est doux et calme, sauf quand il décide de pousser des gémissements de douleur en grimaçant. Bon. Vous avez vécu pire, trois morceaux et demi dont un était assez beau. Il y a du monde partout dans cette salle toute en couloirs étroits et en escaliers tortueux. Normal, le concert est complet depuis des plombes. C'est un miracle que vous ayez pu choper un sésame au dernier moment. Il y a la queue au merch', et votre état ne vous donne pas vraiment envie d'aller commander une bière. Et puis commence la seconde première partie, et avec elle votre calvaire : un film arty-érotico-sanguinolent de plusieurs très longues minutes (7:52 sur Vimeo), genre alibi culturel, plombé par une musique à base de voix trafiquées. Bienvenue dans l'univers de Joe Cardamone, sa "Holy war" et son électro-indus-trip-hop pénible et prétentieux. Vous ne le voyez pas arriver sur scène, vous êtes déjà sorti de la salle. Vous finissez par trouver un coin "tranquille" - c'est-à-dire un peu moins dans le passage - sur la mezzanine pour commencer à déverser votre bile dans une chronique rageuse. Et puis vous redescendez dans la fosse pour aller vous placer, et vous découvrez le bonhomme en question : un blondinet maigrichon gominé avec des lunettes noires et une veste en sky. Dans un autre contexte, vous auriez certainement été plus indulgent avec ce californien dont vous découvrirez plus tard qu'il est l'ancien chanteur de The Icarus Line. Joe finit par balancer un "good night" dédaigneux et par quitter la scène.
À ce moment précis, vous commencez à reprendre espoir : derrière l'écran se cachent une batterie et des amplis. Les balances vous apprennent que Lyenn n'est autre que le bassiste belge du Mark Lanegan Band, et vous retrouvez avec plaisir le guitariste talentueux avec son chapeau rigolo que vous aviez découvert à la Route du Rock il y a quelques années. Et quand le rouquin boîteux débarque sur scène, la magie s'installe et vous oubliez (presque) la foule dense qui s'amasse autour de vous, gros manteaux en bandoulières bicause arrivée de la froidure. Le son est parfait, c'est sans doute la seule chose que vous aimez dans cette salle trop centrale et trop contrainte par le contexte de Bastille : espace réduit, couvre-feu strict et videurs sur les dents. Au bout de quelques morceaux débarque sur scène Shelley Brien, jeunette gothique tatouée et sapée tout en cuir (et petite amie de Mark), pour entonner avec lui "Hit The City", l'un de vos morceaux préférés. Elle n'est pas PJ Harvey mais à peu près n'importe quelle voix féminine mélangée avec celle rocailleuse et caverneuse de Mark produit un effet saisissant. La setlist variée, pour l'essentiel piochée dans les quatre albums studio du Mark Lanegan Band, vous convient très bien, malgré l'absence de reprises de Joy Division dont il est devenu un spécialiste : des cantiques intimistes à la Leonard Cohen (le sublime "Bleeding Muddy Water") alternent avec des bons gros boogies compacts et crasseux ("Emperor", "Riot In My House"), sans oublier les pépites disco / new wave qui semblent devenir sa marque de fabrique ("Ode To Sad Disco", "Harborview Hospital", "Floor Of The Ocean"). Le gros ours pousse bien quelques gueulantes mémorables contre le régisseur lumières, mais il semble touché par l'accueil chaleureux du public et finit le concert par un court rappel acoustique. Vous vous extrayez rapidement de ce labyrinthe et retrouvez le froid mordant de cette fin novembre. Vous savez maintenant pourquoi vous avez quitté votre nid douillet.
Parfait 17/20 | par Myfriendgoo |
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