Mark Lanegan
Gargoyle |
Label :
Heavenly |
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Depuis son retour à sa carrière solo en 2012 avec Blues Funeral, Mark Lanegan a débuté un nouveau cycle de sa vie musicale où, mêlés à ses influences rock-blues, les synthés et les sons électroniques ont désormais la part belle. Sur son précédent effort, Phantom Radio en 2014, si certains titres étaient très réussis, d'autres souffraient d'un manque de direction clair et d'une cohérence moins aboutie qu'à l'accoutumée. Avec Gargoyle, son nouveau disque (le quatrième avec le Band), on peut dire d'emblée que ces problèmes ont été résolus. Ce dernier est en effet plus consistant, Lanegan touche véritablement à son but et a trouvé l'équilibre, le bon dosage entre son sombre lyrisme personnel et ses inspirations, ses tentations synthétiques. L'album ne connait pas de temps faible, bien au contraire, les morceaux sont tous parfaitement construits et si les premières écoutes ne révèlent pas forcément de surprises, c'est en l'approfondissant, en le creusant peu à peu qu'il se dévoile sous son meilleur jour.
À ses collaborateurs récurrents (Alain Johannes, Martyn LeNoble, Jack Irons, Aldo Struyf, Frederic Lyenn Jacques, Jean-Philippe De Gheest, mais aussi Shelley Brien, Greg Dulli et Joshua Homme), il faut ajouter l'apport inestimable de Rob Marshall, ancien guitariste du groupe anglais Exit Calm, qui coécrit, produit et joue de nombreux instruments sur pas moins de six des dix morceaux de l'album. Lui et Lanegan s'étaient rencontrés en 2008, lors d'une tournée des Soulsavers, alors que l'Américain tenait leur micro et que le groupe de l'Anglais assurait leur première partie. Avec Marshall, si le vernis électronique des deux précédents albums se fait toujours entendre, les guitares, les vraies batteries et le rock d'une manière générale opèrent un retour bienvenu et, à vrai dire, on ne peut pas vraiment s'en plaindre, bien au contraire. Lanegan et Marshall se complètent parfaitement, ce dernier ayant tout à fait compris quelle direction le premier voulait donner à sa nouvelle œuvre, qui fut enregistrée en un mois, ce qui est plutôt rapide au regard des récentes habitudes du natif d'Ellensburg. Et cette promptitude d'exécution se ressent tout au long du disque, pour le meilleur, notamment grâce à cette indéniable fraîcheur et cet allant rarement constaté, comme jamais peut-être dans la carrière du Mark, qui ressortent des morceaux.
C'est donc à un absolu sans faute auquel Lanegan et son Band nous invitent ici. Dès l'oppressante et très réussie ouverture "Death's Head Tattoo", le décor est posé, tant au niveau musical que des paroles aux teintes de fin du monde ("Pray for the last one standing"). Les deux singles que sont "Nocturne" et "Beehive" remplissent idéalement leur rôle en étant percutantes et engageantes, la seconde surtout et ses accords de guitare bien sentis, sa basse profonde et sa batterie qui résonne, les deux marquant également par leurs textes crus et foncièrement sincères où Mark se livre comme jamais sur ses addictions passées (le refrain de la première : "Do you miss me, miss me darling ; God knows I'm missing you" ; et de la seconde : "Honey just gets me stoned when I'm living"). "Blue Blue Sea" et "Sister" sont les titres qui se rapprochent le plus de ceux qui posaient problème sur Phantom Radio, ceux où les synthés prenaient le plus de place et qui paraissaient les moins aboutis du lot. Comme dit plus haut, ces soucis ont été résolus et, si les synthés sont toujours bien présents, on a ici deux morceaux mieux construits, qui diffusent une ambiance réellement prenante, quelque peu atmosphérique, qui apportent une vraie variété à l'ensemble.
Si la première moitié de l'album était déjà d'un excellent niveau, la deuxième enfonce littéralement le clou, et l'on voit combien l'apport de Marshall a été bénéfique à Lanegan. L'entraînante et superbe "Emperor" (aux forts accents "passengeresques") fait figure de titre enjoué dans le répertoire de son auteur. "Drunk On Destruction" (toujours centrée sur les addictions passées de Lanegan) est également une vraie réussite, les guitares stridentes de Marshall lui conférant une belle profondeur, tout comme la rythmique signée Irons et LeNoble. "First Day Of Winter" est une douceur fantastique, toute en nuances vocalement parlant, comme Mark sait en écrire, et l'ultime "Old Swan" clôture le disque d'une manière tout à fait inattendue, puisque, sous les nappes de synthés, de guitares en passant par une batterie imperturbable et la voix à nulle autre pareille de Mark, point une lueur magnifique, presque irréelle, qui donne au morceau une allure étrangement positive, chose suffisamment rare dans l'œuvre de l'Américain pour ne pas être soulignée. Et tant qu'à être au rayon des réussites miraculeuses, comment ne pas évoquer la petite merveille du disque, "Goodbye To Beauty", qui, contrairement à ce que laisse entendre son titre, est terrassante de pureté, de beauté et de perfection, du genre qui vous met à genoux à la première écoute et qui continue de le faire toutes les fois suivantes, et ce de manière toujours aussi indécente. Cela faisait un moment que Mark ne m'avait pas collé de tels frissons. Et ces frissons-là, on en redemande.
Gargoyle constitue sans conteste l'un des sommets de Mark Lanegan depuis son retour à sa carrière solo (si ce n'est le sommet, je m'interroge encore). Impeccable du début à la fin, consistant, cohérent comme rarement, harmonieux, lumineux par moments (même si les habituels sombres textes sont toujours bien présents), bénéficiant d'une production claire et du renfort précieux de Rob Marshall, ce disque permet à l'ancien chanteur des Screaming Trees d'atteindre une certaine plénitude musicale dans le style qu'il élabore et construit depuis maintenant trois albums (une espèce de gothic-post-punk-krautrock-electronica-synth-pop-dark-rock-blues-etc. Rajoutez ou barrez les termes que vous voulez). Et je dois dire maintenant, devant la réussite de cet album, que j'attends la suite avec la plus grande impatience.
À ses collaborateurs récurrents (Alain Johannes, Martyn LeNoble, Jack Irons, Aldo Struyf, Frederic Lyenn Jacques, Jean-Philippe De Gheest, mais aussi Shelley Brien, Greg Dulli et Joshua Homme), il faut ajouter l'apport inestimable de Rob Marshall, ancien guitariste du groupe anglais Exit Calm, qui coécrit, produit et joue de nombreux instruments sur pas moins de six des dix morceaux de l'album. Lui et Lanegan s'étaient rencontrés en 2008, lors d'une tournée des Soulsavers, alors que l'Américain tenait leur micro et que le groupe de l'Anglais assurait leur première partie. Avec Marshall, si le vernis électronique des deux précédents albums se fait toujours entendre, les guitares, les vraies batteries et le rock d'une manière générale opèrent un retour bienvenu et, à vrai dire, on ne peut pas vraiment s'en plaindre, bien au contraire. Lanegan et Marshall se complètent parfaitement, ce dernier ayant tout à fait compris quelle direction le premier voulait donner à sa nouvelle œuvre, qui fut enregistrée en un mois, ce qui est plutôt rapide au regard des récentes habitudes du natif d'Ellensburg. Et cette promptitude d'exécution se ressent tout au long du disque, pour le meilleur, notamment grâce à cette indéniable fraîcheur et cet allant rarement constaté, comme jamais peut-être dans la carrière du Mark, qui ressortent des morceaux.
C'est donc à un absolu sans faute auquel Lanegan et son Band nous invitent ici. Dès l'oppressante et très réussie ouverture "Death's Head Tattoo", le décor est posé, tant au niveau musical que des paroles aux teintes de fin du monde ("Pray for the last one standing"). Les deux singles que sont "Nocturne" et "Beehive" remplissent idéalement leur rôle en étant percutantes et engageantes, la seconde surtout et ses accords de guitare bien sentis, sa basse profonde et sa batterie qui résonne, les deux marquant également par leurs textes crus et foncièrement sincères où Mark se livre comme jamais sur ses addictions passées (le refrain de la première : "Do you miss me, miss me darling ; God knows I'm missing you" ; et de la seconde : "Honey just gets me stoned when I'm living"). "Blue Blue Sea" et "Sister" sont les titres qui se rapprochent le plus de ceux qui posaient problème sur Phantom Radio, ceux où les synthés prenaient le plus de place et qui paraissaient les moins aboutis du lot. Comme dit plus haut, ces soucis ont été résolus et, si les synthés sont toujours bien présents, on a ici deux morceaux mieux construits, qui diffusent une ambiance réellement prenante, quelque peu atmosphérique, qui apportent une vraie variété à l'ensemble.
Si la première moitié de l'album était déjà d'un excellent niveau, la deuxième enfonce littéralement le clou, et l'on voit combien l'apport de Marshall a été bénéfique à Lanegan. L'entraînante et superbe "Emperor" (aux forts accents "passengeresques") fait figure de titre enjoué dans le répertoire de son auteur. "Drunk On Destruction" (toujours centrée sur les addictions passées de Lanegan) est également une vraie réussite, les guitares stridentes de Marshall lui conférant une belle profondeur, tout comme la rythmique signée Irons et LeNoble. "First Day Of Winter" est une douceur fantastique, toute en nuances vocalement parlant, comme Mark sait en écrire, et l'ultime "Old Swan" clôture le disque d'une manière tout à fait inattendue, puisque, sous les nappes de synthés, de guitares en passant par une batterie imperturbable et la voix à nulle autre pareille de Mark, point une lueur magnifique, presque irréelle, qui donne au morceau une allure étrangement positive, chose suffisamment rare dans l'œuvre de l'Américain pour ne pas être soulignée. Et tant qu'à être au rayon des réussites miraculeuses, comment ne pas évoquer la petite merveille du disque, "Goodbye To Beauty", qui, contrairement à ce que laisse entendre son titre, est terrassante de pureté, de beauté et de perfection, du genre qui vous met à genoux à la première écoute et qui continue de le faire toutes les fois suivantes, et ce de manière toujours aussi indécente. Cela faisait un moment que Mark ne m'avait pas collé de tels frissons. Et ces frissons-là, on en redemande.
Gargoyle constitue sans conteste l'un des sommets de Mark Lanegan depuis son retour à sa carrière solo (si ce n'est le sommet, je m'interroge encore). Impeccable du début à la fin, consistant, cohérent comme rarement, harmonieux, lumineux par moments (même si les habituels sombres textes sont toujours bien présents), bénéficiant d'une production claire et du renfort précieux de Rob Marshall, ce disque permet à l'ancien chanteur des Screaming Trees d'atteindre une certaine plénitude musicale dans le style qu'il élabore et construit depuis maintenant trois albums (une espèce de gothic-post-punk-krautrock-electronica-synth-pop-dark-rock-blues-etc. Rajoutez ou barrez les termes que vous voulez). Et je dois dire maintenant, devant la réussite de cet album, que j'attends la suite avec la plus grande impatience.
Excellent ! 18/20 | par Poukram |
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