Mark Lanegan
Houston: Publishing Demos 2002 |
Label :
Ipecac |
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Fin 2002, Mark Lanegan sort un nouveau disque solo, Houston, dans l'indifférence la plus totale. Depuis plus de dix ans, le ténébreux chanteur des Screaming Trees s'est fait le chantre d'une folk habitée et quelque peu austère, qu'il sublime de disque en disque avec un travail d'orfèvre. Et encore une fois, c'est un pur chef d'oeuvre, et encore une fois, tout le monde (ou presque) s'en fout complètement. Et aussi injuste que cela puisse paraître, le grand Mark continuera par la suite à façonner une oeuvre aussi magnifique qu'intense loin des feux des projecteurs, laissant à seulement quelques initiés le plaisir sans fin que procure l'écoute de chacun de ces albums.
Voilà comment cela aurait du se passer. Mais Mark Lanegan va cette année là participer au plus grand album de ce début de millénaire, l'immense Song For The Deaf des Queens Of The Stone Age, et cet événement va entraîner un changement assez radical sur sa musique. Délaissant les ambiances empruntes d'un blues dépouillé jusqu'à l'os pour un univers plus rock, plus urbain, plus sombre aussi, il sortira en 2004 le magnifique Bubblegum, au son beaucoup plus corsé que tout ce qu'il a pu faire avant dans sa carrière solo, et qui sera fortement influencé par la bande à Josh Homme, celui-ci figurant sur plusieurs morceaux du disque, tout comme ses compères Nick Oliveri, Alain Johannes, et qui sera produit par Chris Goss en personne.
Les morceaux enregistrés en 2002 en prévision d'un futur album dans la continuité de ses travaux précédents vont donc se retrouver injustement laissés au fond d'un carton au profit de nouveaux, plus brutes, et qui figureront sur l'intense et torturé EP Here Comes That Weird Chill sorti en 2003. Heureusement pour nous, les titres enregistrés au cours de cette session de quelques jours refont surface en 2015 sous le nom de Houston: Publishing Demos 2002 grâce à Ipecac, le label de Mike Patton. Et on ne peut que les remercier de nous avoir offert ces démos qui n'en ont que le nom, tant le plaisir de retrouver le son des disques pré-Bubblegum est grand.
Douze morceaux qui sonnent comme la suite évidente de Field Songs. Les plus attentifs pourront déceler ça et là quelques signes de la tournure stylistique à venir, comme sur la version un peu plus acoustique de "When It's In You (Metamphetamine Blues)" présent aussi sur "Here Comes That Weird Chill" ou un "Il'l Go Where You Send Me" qui aurait pu figurer sans problème sur le plus récent Blues Funeral. Mais surtout, on retrouve ces morceaux d'une simplicité et d'un raffinement parfait ("Halcyon Daze", "High Life", "Two Horses") qui ont fait la réputation du chanteur américain, ou bien ces ballades crépusculaires capables de foutre la chair de poule avec trois notes, comme sur l'apocalyptique "Way To Tomorrow" qui referme ce recueil en laissant l'auditeur complètement terrifié.
Non pas que je regrette totalement le changement de direction de Mark Lanegan à partir de Bubblegum, malgré mon avis plus mitigé sur ses dernières sorties, mais l'écoute de ce Houston fait vibrer la corde nostalgique, celle d'une époque révolue ou le chanteur américain était encore l'un de ces orfèvres qui donnaient à la musique traditionnelle américaine ses plus belles lettres de noblesse. Et qui nous fait espérer que d'autres pépites comme celle-ci soit encore bien au chaud en attendant d'être ressorties au grand jour.
Voilà comment cela aurait du se passer. Mais Mark Lanegan va cette année là participer au plus grand album de ce début de millénaire, l'immense Song For The Deaf des Queens Of The Stone Age, et cet événement va entraîner un changement assez radical sur sa musique. Délaissant les ambiances empruntes d'un blues dépouillé jusqu'à l'os pour un univers plus rock, plus urbain, plus sombre aussi, il sortira en 2004 le magnifique Bubblegum, au son beaucoup plus corsé que tout ce qu'il a pu faire avant dans sa carrière solo, et qui sera fortement influencé par la bande à Josh Homme, celui-ci figurant sur plusieurs morceaux du disque, tout comme ses compères Nick Oliveri, Alain Johannes, et qui sera produit par Chris Goss en personne.
Les morceaux enregistrés en 2002 en prévision d'un futur album dans la continuité de ses travaux précédents vont donc se retrouver injustement laissés au fond d'un carton au profit de nouveaux, plus brutes, et qui figureront sur l'intense et torturé EP Here Comes That Weird Chill sorti en 2003. Heureusement pour nous, les titres enregistrés au cours de cette session de quelques jours refont surface en 2015 sous le nom de Houston: Publishing Demos 2002 grâce à Ipecac, le label de Mike Patton. Et on ne peut que les remercier de nous avoir offert ces démos qui n'en ont que le nom, tant le plaisir de retrouver le son des disques pré-Bubblegum est grand.
Douze morceaux qui sonnent comme la suite évidente de Field Songs. Les plus attentifs pourront déceler ça et là quelques signes de la tournure stylistique à venir, comme sur la version un peu plus acoustique de "When It's In You (Metamphetamine Blues)" présent aussi sur "Here Comes That Weird Chill" ou un "Il'l Go Where You Send Me" qui aurait pu figurer sans problème sur le plus récent Blues Funeral. Mais surtout, on retrouve ces morceaux d'une simplicité et d'un raffinement parfait ("Halcyon Daze", "High Life", "Two Horses") qui ont fait la réputation du chanteur américain, ou bien ces ballades crépusculaires capables de foutre la chair de poule avec trois notes, comme sur l'apocalyptique "Way To Tomorrow" qui referme ce recueil en laissant l'auditeur complètement terrifié.
Non pas que je regrette totalement le changement de direction de Mark Lanegan à partir de Bubblegum, malgré mon avis plus mitigé sur ses dernières sorties, mais l'écoute de ce Houston fait vibrer la corde nostalgique, celle d'une époque révolue ou le chanteur américain était encore l'un de ces orfèvres qui donnaient à la musique traditionnelle américaine ses plus belles lettres de noblesse. Et qui nous fait espérer que d'autres pépites comme celle-ci soit encore bien au chaud en attendant d'être ressorties au grand jour.
Excellent ! 18/20 | par El rodeo |
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