CANT
Dreams Come True |
Label :
Terrible |
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Kant disait la musique est la langue des émotions. Je lui rétorquais alors nul besoin d'être philosophe pour faire pareil constat, après quoi il a finalement rajouté : dans les ténèbres, l'imagination travaille plus activement qu'en pleine lumière. Et sur ce point on se rejoignait. Chris Taylor, connu pour sa contribution dans Grizzly Bear et un peu moins comme producteur des récents très bons Forget de Twin Shadow et Big Echo de The Morning Benders, a eu ainsi envie d'utiliser ses talents pour mettre en boite sa propre humeur, plutôt cafardeuse. Les bidouillages électro il connait, le rôle de la basse pour faire vibrer les tripes également et puis au besoin George Lewis Jr. aka Twin Shadow sera là pour le seconder. Taylor lâche d'emblée les chiens sur "Too Late, Too Far" fait de gros kicks, un synthé mortifère et une voix susurrée rappelant vaguement Phil Collins (c'est un compliment, enfin je crois). L'entrée en matière est captivante, si captivante qu'elle laissera sur notre faim nos espoirs de marasmes battus à grand coups et voir le brooklynois mener sa barque de marbre sur le Styx. Dreams Come True sera vite l'aveu d'un tempérament changeant ou d'un désengagement progressif à frapper fort avec l'attirail a portée de main. L'homme avait pourtant posé le doigt sur une humeur électrique prometteuse cependant il délie ses pulsions sans réelle constance et surtout sans avoir réussi à couper vraiment le cordon avec les grizzlis ("Bang", "She Found A Way Out", "Broken Collar", "Bericht"). Sa griffe se résume à lacérer de temps à autres d'une bonne basse ou d'effets grésillant un air tout fait à la guitare ou au piano avec une production poussée. L'album contient quand même de bonnes choses (le reste est somme toute correct) comme une superbe déclaration proprette "The Edge", le morceau titre maléfique et encore bien meilleur le caverneux "Answer" dans la même veine que "Too Late, Too Far" qui hantera ce disque comme une éjaculation précoce en pleine terreur nocturne. CANT livre ainsi un disque errant hybride dont la cohérence échappe, à la fois minimaliste, chargé, battant, épuré. Chris Taylor n'a pas baigné suffisamment longtemps dans les ténèbres. Etre producteur ne suffit pas. Cela viendra.
Sympa 14/20 | par TiComo La Fuera |
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