Blonde Redhead
Paris [Bataclan] - jeudi 17 avril 2008 |
En ce jour d'avril 2008, il s'agit pour moi du troisième concert de Blonde Redhead, après une semi-prestation humide en 2004 à la route du rock (le groupe avait du déclarer forfait en plein milieu de concert en raison d'une forte pluie persistante) et un concert à l'Elysée Montmartre en 2007 où Kazu était en petite forme.
C'est donc avec l'espérance de voir enfin un concert entier et de bonne tenue que je me rends au bataclan. Les choses commencent plutôt mal avec une première partie assez pathétique assurée par Devastations, un groupe inconnu au bataillon (en tout cas en ce qui me concerne) qui délivre un set poseur rempli des pires clichés 80's. Leurs morceaux, et surtout leurs effets de guitares absolument immondes, ont le don de me casser les oreilles, et je m'efforce donc de faire abstraction de mon environnement sonore pendant les 45 minutes de supplice.
Heureusement, les choses prennent une autre ampleur avec l'arrivée sur scène de Kazu Makino, accompagnée des frères Pace. Une entrée en matière avec "Falling Man" ne peut que me réjouir, un des meilleurs titres de Misery Is A Butterfly, le disque avec lequel j'ai découvert ce groupe. Je comprends tout de suite que Kazu est dans une bien meilleure forme que l'an dernier à l'Elysée Montmartre : Elle danse, avec des (charmantes) petites flexions de jambes qui n'appartiennent qu'à elle, toujours aussi sexy, alternant les morceaux à la guitare et au synthé. On sent bien aussi l'esprit fusionnel, parfois empli de tensions, qui règne au sein de ce trio atypique. Je note que le rapport au public, reproche fréquemment fait au groupe, est ce soir plus ouvert. Quelques remerciements et salutations, ils ont l'air tous les 3 touchés par l'accueil qui leur est réservé.
Côté setlist, une grande part est faite à 23 et Misery Is A Butterfly, les 2 derniers albums pour lesquels la notoriété du groupe a pris une autre dimension, mais les anciens titres ne sont pas pour autant délaissés, avec notamment un "I Am There While You Choke On Me" particulièrement intense. Acclamés par le public du Bataclan, les deux rappels enfoncent le clou avec des titres prévisibles mais néanmoins jouissifs, surtout un "Misery Is A Butterfly" qui conclut la soirée de jolie manière. Un très bon concert donc, qui m'a donné bien envie de les revoir en octobre à la Cité de la Musique pour leur hommage à Serge Gainsbourg.
C'est donc avec l'espérance de voir enfin un concert entier et de bonne tenue que je me rends au bataclan. Les choses commencent plutôt mal avec une première partie assez pathétique assurée par Devastations, un groupe inconnu au bataillon (en tout cas en ce qui me concerne) qui délivre un set poseur rempli des pires clichés 80's. Leurs morceaux, et surtout leurs effets de guitares absolument immondes, ont le don de me casser les oreilles, et je m'efforce donc de faire abstraction de mon environnement sonore pendant les 45 minutes de supplice.
Heureusement, les choses prennent une autre ampleur avec l'arrivée sur scène de Kazu Makino, accompagnée des frères Pace. Une entrée en matière avec "Falling Man" ne peut que me réjouir, un des meilleurs titres de Misery Is A Butterfly, le disque avec lequel j'ai découvert ce groupe. Je comprends tout de suite que Kazu est dans une bien meilleure forme que l'an dernier à l'Elysée Montmartre : Elle danse, avec des (charmantes) petites flexions de jambes qui n'appartiennent qu'à elle, toujours aussi sexy, alternant les morceaux à la guitare et au synthé. On sent bien aussi l'esprit fusionnel, parfois empli de tensions, qui règne au sein de ce trio atypique. Je note que le rapport au public, reproche fréquemment fait au groupe, est ce soir plus ouvert. Quelques remerciements et salutations, ils ont l'air tous les 3 touchés par l'accueil qui leur est réservé.
Côté setlist, une grande part est faite à 23 et Misery Is A Butterfly, les 2 derniers albums pour lesquels la notoriété du groupe a pris une autre dimension, mais les anciens titres ne sont pas pour autant délaissés, avec notamment un "I Am There While You Choke On Me" particulièrement intense. Acclamés par le public du Bataclan, les deux rappels enfoncent le clou avec des titres prévisibles mais néanmoins jouissifs, surtout un "Misery Is A Butterfly" qui conclut la soirée de jolie manière. Un très bon concert donc, qui m'a donné bien envie de les revoir en octobre à la Cité de la Musique pour leur hommage à Serge Gainsbourg.
Très bon 16/20 | par YksmohC |
Setlist :
Falling Man
Dr. Strangeluv
Spring And By Summer Fall
In Particular
SW
The Dress
Melody Of Certain Three
Equus
10
(We Are A Real Team) Harry And I
>>>
Publisher
23
Melody
>>>
Silently
Misery Is A Butterfly
Falling Man
Dr. Strangeluv
Spring And By Summer Fall
In Particular
SW
The Dress
Melody Of Certain Three
Equus
10
(We Are A Real Team) Harry And I
>>>
Publisher
23
Melody
>>>
Silently
Misery Is A Butterfly
Posté le 11 juin 2009 à 18 h 39 |
Après avoir assuré la première partie d'Interpol au Zénith en novembre 2007, Blonde Redhead revient dans un cadre plus exclusif cette fois au Bataclan. Comme quoi les critères de sélection préliminaires pour des concerts se fondent davantage sur la popularité d'un groupe que sur sa discographie (7 albums pour Blonde Redhead contre 3 pour Interpol). Bon, là le premier groupe (Devastations) n'a pas suscité grande extase : pendant une demi heure (déjà trop longue) un rock expérimental assez chiant, malgré une conclusion, saisie d'une oreille, légèrement plus ambitieuse et plus spectaculaire.
A peine le temps de faire un dernier aller retour au bar - étant donné qu'une bonne partie de la foule s'y était allègrement ruée pendant Devastations - on reconnaît "Falling Man" plus introductif qu'immédiat, répandant un son encore trop brouillon, contrastant avec la production plus lisse de leurs derniers albums. Arrive rapidement l'un des plus beaux titres de 23, d'ailleurs le plus rock, "Spring And By Summer Fall", qui, malheureusement, ne conserve pas son intensité originelle, la voix cristalline du mâle un brin enfouie sous l'avalanche de guitares, sous un son trop élevé qui ne permet pas d'en saisir toute la subtilité.
Petit à petit, la déception se fait sentir. D'abord, dû au manque évident de complicité entre le rital et la japonaise qui, en exposant leur progéniture musicale sous les lumières rouge et verte des projecteurs, n'étincellent pas à la manière d'autres groupes-couples comme Dresden Dolls, ou, au hasard Balthazar, Sonic Youth! Ces derniers, en affichant leurs ébats sentimentaux comme un jeu de scène supplémentaire et forcément sincère -sans pour autant nous rendre plus voyeurs que spectateurs- ajoutent à leurs compositions un climat de sensualité fusionnelle qui laisse béat. Ce qui n'est pas exactement le cas ici ; les musiciens, tellement bien disposés (à gauche Kazu, à droite Amedeo, et entre les deux, au fond Simone, d'une discrétion absolue, bidouillant dans son coin) demeurent la plupart du temps statiques, comme le public, ultra discipliné. On se demande alors où sont passés les amants qui, sur Misery Is A Butterfly, se cherchaient et se croisaient, au détour d'un "Pink Love". Le seul morceau en commun (le cas aussi sur 23) reste "Publisher" avec les quelques mots de Kazu à la fin mais sans partage de micro ni échange de regard.
Ensuite, le reproche peut être fait concernant le manque d'échange avec le public, même si cela fait partie des habitudes du groupe, et qu'on a eu droit ce soir à plusieurs apartés de la part de Kazu à considérer comme un honneur : des remerciements à plusieurs reprises en français ainsi que des commentaires rapides, notamment après la petite balade "Melody" "le titre le plus difficile à jouer de notre répertoire" précise-t-elle. Il faut admettre que la demoiselle excelle de classe et d'élégance tout le long du set : un chant souple et juste, sans débordements, sans exagérations, un laissé allé de petits cris quasi orgasmiques pendant une minute (alors que sur "The Dress", les souffles étouffés étaient pré-progammés, dommage), et fréquemment de charmants déhanchements.
Un morceau comme "Equus" s'avère, à mon goût, moins crispant que sur album, dynamise la salle et remonte le niveau : sa voix s'élève et se fait plus nerveuse, donc on serait tenté de dire plus enthousiaste, plus prenante. A retenir également, le morceau qui lui a précédé, "Melody Of Certain Tree", et la fabuleuse transposition du brumeux et curieux 23 qui prend toute son ampleur ici avec son lalala (en)traînant.
Mais si, à quelque chose près, les dix morceaux de 23 brillent par leur finesse, leur harmonie, leur douceur, le live ne procure pas les mêmes frissons. Ce qui était doux devient souvent étrangement mou, et il manque trop de grains de sucre pour rendre l'ensemble véritablement onctueux. Avec un opus de ce nom, il aurait aussi été intéressant pour la symbolique "numérologique" de jouer 23 titres, ce qui était largement réalisable, vu la quantité de morceaux en réserve, et puisque, de surcroit, les pauses sont relativement courtes et qu'il n'y a pas de prolongements instrumentaux ou de répétitions interminables. Mais bon.
En forme de rappel, l'annonce d'une mini deuxième partie (un quart du concert) un peu plus chargée, avec les morceaux cités, et une mention spéciale accordé au disco "Silently" sur un ton ocre, interprété avec malice. Pendant que l'on entend résonner des noms de titres suggérés aux quatre coins de la salle mi tiède mi magnétisée (on ne saura pas dire précisément s'il s'agit de relâchement ou bien d'intense concentration), les premières notes de Misery Is A Butterfly soulève la satisfaction générale avec un ouaaais qui ricoche de gauche à droite. Le réveil final.
Le groupe n'a pas su créer de véritable étonnement en se contentant de balancer leurs morceaux, tous indéniablement très bons, sans leur donner une dimension à laquelle on pouvait s'attendre. On aurait exigé plus d'électricité, d'élasticité, de théâtralité. On assiste donc à un résultat scolaire plutôt que solaire, avec, en plus, une Kazu détenant des cahiers à priori pas toujours très bien organisés ! Sans oublier toutefois les quelques moments de lueur, et la joie intacte qu'on aura, une fois de retour chez soi, à placer leurs disques sur la platine.
A peine le temps de faire un dernier aller retour au bar - étant donné qu'une bonne partie de la foule s'y était allègrement ruée pendant Devastations - on reconnaît "Falling Man" plus introductif qu'immédiat, répandant un son encore trop brouillon, contrastant avec la production plus lisse de leurs derniers albums. Arrive rapidement l'un des plus beaux titres de 23, d'ailleurs le plus rock, "Spring And By Summer Fall", qui, malheureusement, ne conserve pas son intensité originelle, la voix cristalline du mâle un brin enfouie sous l'avalanche de guitares, sous un son trop élevé qui ne permet pas d'en saisir toute la subtilité.
Petit à petit, la déception se fait sentir. D'abord, dû au manque évident de complicité entre le rital et la japonaise qui, en exposant leur progéniture musicale sous les lumières rouge et verte des projecteurs, n'étincellent pas à la manière d'autres groupes-couples comme Dresden Dolls, ou, au hasard Balthazar, Sonic Youth! Ces derniers, en affichant leurs ébats sentimentaux comme un jeu de scène supplémentaire et forcément sincère -sans pour autant nous rendre plus voyeurs que spectateurs- ajoutent à leurs compositions un climat de sensualité fusionnelle qui laisse béat. Ce qui n'est pas exactement le cas ici ; les musiciens, tellement bien disposés (à gauche Kazu, à droite Amedeo, et entre les deux, au fond Simone, d'une discrétion absolue, bidouillant dans son coin) demeurent la plupart du temps statiques, comme le public, ultra discipliné. On se demande alors où sont passés les amants qui, sur Misery Is A Butterfly, se cherchaient et se croisaient, au détour d'un "Pink Love". Le seul morceau en commun (le cas aussi sur 23) reste "Publisher" avec les quelques mots de Kazu à la fin mais sans partage de micro ni échange de regard.
Ensuite, le reproche peut être fait concernant le manque d'échange avec le public, même si cela fait partie des habitudes du groupe, et qu'on a eu droit ce soir à plusieurs apartés de la part de Kazu à considérer comme un honneur : des remerciements à plusieurs reprises en français ainsi que des commentaires rapides, notamment après la petite balade "Melody" "le titre le plus difficile à jouer de notre répertoire" précise-t-elle. Il faut admettre que la demoiselle excelle de classe et d'élégance tout le long du set : un chant souple et juste, sans débordements, sans exagérations, un laissé allé de petits cris quasi orgasmiques pendant une minute (alors que sur "The Dress", les souffles étouffés étaient pré-progammés, dommage), et fréquemment de charmants déhanchements.
Un morceau comme "Equus" s'avère, à mon goût, moins crispant que sur album, dynamise la salle et remonte le niveau : sa voix s'élève et se fait plus nerveuse, donc on serait tenté de dire plus enthousiaste, plus prenante. A retenir également, le morceau qui lui a précédé, "Melody Of Certain Tree", et la fabuleuse transposition du brumeux et curieux 23 qui prend toute son ampleur ici avec son lalala (en)traînant.
Mais si, à quelque chose près, les dix morceaux de 23 brillent par leur finesse, leur harmonie, leur douceur, le live ne procure pas les mêmes frissons. Ce qui était doux devient souvent étrangement mou, et il manque trop de grains de sucre pour rendre l'ensemble véritablement onctueux. Avec un opus de ce nom, il aurait aussi été intéressant pour la symbolique "numérologique" de jouer 23 titres, ce qui était largement réalisable, vu la quantité de morceaux en réserve, et puisque, de surcroit, les pauses sont relativement courtes et qu'il n'y a pas de prolongements instrumentaux ou de répétitions interminables. Mais bon.
En forme de rappel, l'annonce d'une mini deuxième partie (un quart du concert) un peu plus chargée, avec les morceaux cités, et une mention spéciale accordé au disco "Silently" sur un ton ocre, interprété avec malice. Pendant que l'on entend résonner des noms de titres suggérés aux quatre coins de la salle mi tiède mi magnétisée (on ne saura pas dire précisément s'il s'agit de relâchement ou bien d'intense concentration), les premières notes de Misery Is A Butterfly soulève la satisfaction générale avec un ouaaais qui ricoche de gauche à droite. Le réveil final.
Le groupe n'a pas su créer de véritable étonnement en se contentant de balancer leurs morceaux, tous indéniablement très bons, sans leur donner une dimension à laquelle on pouvait s'attendre. On aurait exigé plus d'électricité, d'élasticité, de théâtralité. On assiste donc à un résultat scolaire plutôt que solaire, avec, en plus, une Kazu détenant des cahiers à priori pas toujours très bien organisés ! Sans oublier toutefois les quelques moments de lueur, et la joie intacte qu'on aura, une fois de retour chez soi, à placer leurs disques sur la platine.
Correct 12/20
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