Interpol
Our Love To Admire |
Label :
Capitol |
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Après une longue et quasi fiévreuse attente, me voilà enfin détentrice du successeur d'Antics, avec lequel j'étais restée sur ma faim. Malgré quelques bons titres, l'ensemble me paraissait un peu trop lisse et lumineux, je n'y retrouvais pas la noirceur romantique de Turn On The Bright Lights, album que j'écoute encore plusieurs fois par semaine près de cinq ans après en avoir fait l'acquisition, c'est dire si je suis attachée à Interpol.
Ce n'est pas sans appréhension que j'ai posé Our Love To Admire sur la platine, ce nouvel opus étant décrié par certains avant même sa sortie. J'en avais entendu trois extraits lors du concert du quatuor au Cabaret Sauvage, dont le somptueux "Pioneer To The Falls", avec lequel s'ouvre l'album et sous le charme duquel on tombe instantanément. Le morceau est à la fois évident et ambitieux et l' on y saisit la magie des dandys new yorkais, cette quintessence de mélancolie, de frustration et de lascivité, omniprésente sur la galette.
Avec cette oeuvre, le groupe renoue avec une ambiance plus ténébreuse et comme sur le premier album, on se retrouve face à un ensemble très cohérent. Les textes de Our Love To Admire demeurent fort poétiques et stigmatisent bien les deux thèmes récurrents chers à Paul Banks : ""fear" and "sex".
La première écoute intégrale peut paraître hermétique mais l'opus se patine à merveille progressivement, pour qui veut bien s'y attarder. Voilà un album qui demande plus d'investissement mais ce qu'on en retire est précieux.
Comment rester de marbre devant la tension glaciale de "Scale", le courroux de "Mammoth", la désinvolture provocante de "Rest My Chemistry" ou la tristesse infinie de "Wrecking Ball"?, le tout magnifié par la voix troublante de Paul Banks, qui prend plaisir à moduler son organe vocal plus qu'à l'accoutumée. Au final, "Who Do You Think" est la seule qui ne me procure aucune sensation, il lui manque une âme.
Our Love To Admire s'érige comme métaphore d'une relation, avec ce que cette dernière comporte de hauts et de bas. Le morceau de clôture, "Lighthouse", d'une beauté abyssale, marque la fin du couple ainsi que d'une époque par son caractère novateur. Les derniers instants, impitoyables, apparaissent comme un souffle ultime avant une exécution. L'album s'achève donc sur une note surprenante, ce qui laisse présager un avenir différent pour nos quatre new yorkais.
Ce troisième opus riche et subtil est à la hauteur de mes espérances, il possède bien cette grâce interpolienne sombre et unique. Good job, guys, 'you fly straight into my heart...'
Ce n'est pas sans appréhension que j'ai posé Our Love To Admire sur la platine, ce nouvel opus étant décrié par certains avant même sa sortie. J'en avais entendu trois extraits lors du concert du quatuor au Cabaret Sauvage, dont le somptueux "Pioneer To The Falls", avec lequel s'ouvre l'album et sous le charme duquel on tombe instantanément. Le morceau est à la fois évident et ambitieux et l' on y saisit la magie des dandys new yorkais, cette quintessence de mélancolie, de frustration et de lascivité, omniprésente sur la galette.
Avec cette oeuvre, le groupe renoue avec une ambiance plus ténébreuse et comme sur le premier album, on se retrouve face à un ensemble très cohérent. Les textes de Our Love To Admire demeurent fort poétiques et stigmatisent bien les deux thèmes récurrents chers à Paul Banks : ""fear" and "sex".
La première écoute intégrale peut paraître hermétique mais l'opus se patine à merveille progressivement, pour qui veut bien s'y attarder. Voilà un album qui demande plus d'investissement mais ce qu'on en retire est précieux.
Comment rester de marbre devant la tension glaciale de "Scale", le courroux de "Mammoth", la désinvolture provocante de "Rest My Chemistry" ou la tristesse infinie de "Wrecking Ball"?, le tout magnifié par la voix troublante de Paul Banks, qui prend plaisir à moduler son organe vocal plus qu'à l'accoutumée. Au final, "Who Do You Think" est la seule qui ne me procure aucune sensation, il lui manque une âme.
Our Love To Admire s'érige comme métaphore d'une relation, avec ce que cette dernière comporte de hauts et de bas. Le morceau de clôture, "Lighthouse", d'une beauté abyssale, marque la fin du couple ainsi que d'une époque par son caractère novateur. Les derniers instants, impitoyables, apparaissent comme un souffle ultime avant une exécution. L'album s'achève donc sur une note surprenante, ce qui laisse présager un avenir différent pour nos quatre new yorkais.
Ce troisième opus riche et subtil est à la hauteur de mes espérances, il possède bien cette grâce interpolienne sombre et unique. Good job, guys, 'you fly straight into my heart...'
Parfait 17/20 | par Lady Godiva |
Posté le 12 juillet 2007 à 15 h 27 |
"Pioneer To The Fall"
Ouverture.
Quelques notes de guitare et cette voix, lointaine, de dire que son âme prendra en route quelques passagers clandestins. Mélodie simple, accrocheuse, de celles qui restent instantanément scotchées au cerveau. Je peux être du voyage, dites..., même si je n'ai pas de billet.
Our Love To Admire, c'est un beau voyage.
Dans un univers froissé et mélancolique.
Pour moi Antics était une suite de Turn On The Bright Lights, suite qui n'a pas su réussir le coup de maitre de premier album.
Our Love To Admire lui, tourne la page, passe à autre chose. Le disque est plus difficile d'accès, moins évident, plus fouillé. On notera évidement l'apparition plus importante des claviers "sans que le groupe renonce à ses points forts : son sens de la tension et de la suspension, les guitares de David Kessler, un des plus inventifs instrumentistes (dans l'esthétique new wave) apparus depuis Robert Smith", comme le dit bien Bruno Lesprit.
Les titres s'enchainent, les rythmes s'accélèrent sur le moyen "Henrich Maneuver" et "Mammoth".
'This soul, I got this soul, It's all fired up' tension, tension sexuelle, sublime "All fired up". Pour culminer sur "Rest My Chemistry" au rythme martelé, lent, ce texte hésitant.
"Wrecking Ball" démarre en douceur.
'I'm inside, like a wrecking ball through your eyes, and i change it all from inside'.
Et subitement tout se tend, la relative langueur laisse place à une expression douloureuse. Le narrateur semble prisonnier d'une vision qui l'asphyxie, l'emprisonne dans un modèle qu'il ne peut dépasser. Rarement la voix de Paul Banks n'aura transpiré d'une telle tension. 'And no one's for me'.
Le final secoue comme l'ouverture accrochait. Secoue mais pas par la violence, par la lucidité, la clarté, le côté aérien de cette musique qui noue le ventre. Une facette d'Interpol qui m'était inconnue, une direction musicale très lointaine de ce qui a déjà été fait – "The Lighthouse".
Our Love To Admire
My admiration goes to you, guys.
Ouverture.
Quelques notes de guitare et cette voix, lointaine, de dire que son âme prendra en route quelques passagers clandestins. Mélodie simple, accrocheuse, de celles qui restent instantanément scotchées au cerveau. Je peux être du voyage, dites..., même si je n'ai pas de billet.
Our Love To Admire, c'est un beau voyage.
Dans un univers froissé et mélancolique.
Pour moi Antics était une suite de Turn On The Bright Lights, suite qui n'a pas su réussir le coup de maitre de premier album.
Our Love To Admire lui, tourne la page, passe à autre chose. Le disque est plus difficile d'accès, moins évident, plus fouillé. On notera évidement l'apparition plus importante des claviers "sans que le groupe renonce à ses points forts : son sens de la tension et de la suspension, les guitares de David Kessler, un des plus inventifs instrumentistes (dans l'esthétique new wave) apparus depuis Robert Smith", comme le dit bien Bruno Lesprit.
Les titres s'enchainent, les rythmes s'accélèrent sur le moyen "Henrich Maneuver" et "Mammoth".
'This soul, I got this soul, It's all fired up' tension, tension sexuelle, sublime "All fired up". Pour culminer sur "Rest My Chemistry" au rythme martelé, lent, ce texte hésitant.
"Wrecking Ball" démarre en douceur.
'I'm inside, like a wrecking ball through your eyes, and i change it all from inside'.
Et subitement tout se tend, la relative langueur laisse place à une expression douloureuse. Le narrateur semble prisonnier d'une vision qui l'asphyxie, l'emprisonne dans un modèle qu'il ne peut dépasser. Rarement la voix de Paul Banks n'aura transpiré d'une telle tension. 'And no one's for me'.
Le final secoue comme l'ouverture accrochait. Secoue mais pas par la violence, par la lucidité, la clarté, le côté aérien de cette musique qui noue le ventre. Une facette d'Interpol qui m'était inconnue, une direction musicale très lointaine de ce qui a déjà été fait – "The Lighthouse".
Our Love To Admire
My admiration goes to you, guys.
Excellent ! 18/20
Posté le 13 juillet 2007 à 22 h 45 |
Deux nouvelles fraîches concernant Interpol, une bonne et une mauvaise. La mauvaise d'abord : Carlos D. n'a plus la niaque. Lui, le seul rescapé du naufrage mélodique d'Antics, le voilà bien discret sur Our Love To Admire. Peut être qu'honteux ses camarades à six cordes ont voulu se venger...
Et c'est bien ça la bonne nouvelle finalement : Carlos D. étant relégué au second plan, Banks et Kessler devaient impérativement ressortir le grand jeu.
Ce retrait étonnant du bassiste est-il le fruit du hasard, d'une longue discussion autour des compositions ? Peu importe car le pari est gagné. Le quartet est à nouveau inspiré, ambitieux, et leur lyrisme originel est (presque) entièrement retrouvé.
La magie met pourtant du temps à s'installer. "Pioneer To The Falls" est une belle entrée en matière, mais souffre d'un final pompeux : surprenant manque de sobriété chez les new-yorkais ! "No I In Threesome", comme "The Scale" et "The Heinrich Maneuver" sont efficaces mais semblent figées, laissant peu de place à une quelconque montée en puissance.
Cependant, sur "Mammoth", on sent qu'il se passe quelque chose. Non pas que le titre soit exceptionnel, mais il dégage une énergie (morbide) assez inédite chez Interpol. Seul problème : tout à coup, le temps de quelques mesures, Kessler (ou Banks) nous propulse, dans le même morceau, de l'enfer au pays des Bisounours, sur la seule foi d'un riff rieur et nasillard, complètement décalé.
Mais ce changement d'ambiance inattendu et grossier a le mérite de déstabiliser l'auditeur un peu trop comfortable. Que peut-il se passer après ça ?
Et bien justement, c'est le quasi sans faute par la suite. "Pace Is The Trick" n'est que le départ d'un final flamboyant où "All Fired Up", "Rest My Chemistry" (ah tiens on y entend Carlos...), "Wrecking Ball" et l'intimiste "The Lighthouse" brillent comme autant d'étoiles noires. Seule ombre au tableau de cette face A travestie en face B, le fadouille "Who Do You Think", dispensable.
Alors bien sûr, il est facile de dénigrer le nouvel effort d'Interpol : le groupe n'a déjà plus rien à prouver (Turn On The Bright Lights n'est il pas déjà considéré comme un chef d'oeuvre ?) ; ajoutez à cela l'actuel statut mainstream du groupe, et vous comprendrez une partie des attaques du moment.
Donc Our Love To Admire n'est pas énorme, ce serait mentir. Mais il est appliqué (alors qu'Antics puait le 'produit' bâclé, uniquement destiné à battre un fer déjà bouillant), et mieux, il remue parfois les tripes.
On aurait pu attendre mieux. Mais aussi beaucoup moins bien.
Et c'est bien ça la bonne nouvelle finalement : Carlos D. étant relégué au second plan, Banks et Kessler devaient impérativement ressortir le grand jeu.
Ce retrait étonnant du bassiste est-il le fruit du hasard, d'une longue discussion autour des compositions ? Peu importe car le pari est gagné. Le quartet est à nouveau inspiré, ambitieux, et leur lyrisme originel est (presque) entièrement retrouvé.
La magie met pourtant du temps à s'installer. "Pioneer To The Falls" est une belle entrée en matière, mais souffre d'un final pompeux : surprenant manque de sobriété chez les new-yorkais ! "No I In Threesome", comme "The Scale" et "The Heinrich Maneuver" sont efficaces mais semblent figées, laissant peu de place à une quelconque montée en puissance.
Cependant, sur "Mammoth", on sent qu'il se passe quelque chose. Non pas que le titre soit exceptionnel, mais il dégage une énergie (morbide) assez inédite chez Interpol. Seul problème : tout à coup, le temps de quelques mesures, Kessler (ou Banks) nous propulse, dans le même morceau, de l'enfer au pays des Bisounours, sur la seule foi d'un riff rieur et nasillard, complètement décalé.
Mais ce changement d'ambiance inattendu et grossier a le mérite de déstabiliser l'auditeur un peu trop comfortable. Que peut-il se passer après ça ?
Et bien justement, c'est le quasi sans faute par la suite. "Pace Is The Trick" n'est que le départ d'un final flamboyant où "All Fired Up", "Rest My Chemistry" (ah tiens on y entend Carlos...), "Wrecking Ball" et l'intimiste "The Lighthouse" brillent comme autant d'étoiles noires. Seule ombre au tableau de cette face A travestie en face B, le fadouille "Who Do You Think", dispensable.
Alors bien sûr, il est facile de dénigrer le nouvel effort d'Interpol : le groupe n'a déjà plus rien à prouver (Turn On The Bright Lights n'est il pas déjà considéré comme un chef d'oeuvre ?) ; ajoutez à cela l'actuel statut mainstream du groupe, et vous comprendrez une partie des attaques du moment.
Donc Our Love To Admire n'est pas énorme, ce serait mentir. Mais il est appliqué (alors qu'Antics puait le 'produit' bâclé, uniquement destiné à battre un fer déjà bouillant), et mieux, il remue parfois les tripes.
On aurait pu attendre mieux. Mais aussi beaucoup moins bien.
Bon 15/20
Posté le 19 juillet 2007 à 22 h 47 |
C'est fou comme on peut ne pas être d'accord. A croire qu'on ne voyait pas les mêmes choses dans le premier opus d'Interpol... Une certaine détresse, tristesse, tout ça enveloppé dans un mélo tout chaud façon old school avec la voix qui va bien. Cette voix... semblant érodé, vieilli par le temps. On sent de la profondeur, passion, quelque chose qui a mûrit dans un taudis obscur...
Interpol avait trouvé son son bien a lui, sa propre voie, celle qui les demarquerai du reste.
La c'est autre chose. Fit le son bien garage, place à l'enregistrement qui claque, façon tendance actuelle, avec le petit plus revival des nappes bien fades façon 80's... La guitare est moche, sans aucune personnalité, un son rock basique qui tache tout droit sorti des démos d'une strato. Et le chanteur a trouvé son mentor en Bono...
Le cru a viré comme Arcade Fire, la même surproduction. Non, en fait la c'est bien pire. Aucune idée, aucune personnalité. Franchement écoutez et dites moi si vous trouvez une différence avec n'importe quelle groupe de pop dans le mauvais sens du terme. On dirait une parodie de tout ce qui se fait actuellement.
Je suis triste en ce jour. Insipide va parfaitement.
Interpol avait trouvé son son bien a lui, sa propre voie, celle qui les demarquerai du reste.
La c'est autre chose. Fit le son bien garage, place à l'enregistrement qui claque, façon tendance actuelle, avec le petit plus revival des nappes bien fades façon 80's... La guitare est moche, sans aucune personnalité, un son rock basique qui tache tout droit sorti des démos d'une strato. Et le chanteur a trouvé son mentor en Bono...
Le cru a viré comme Arcade Fire, la même surproduction. Non, en fait la c'est bien pire. Aucune idée, aucune personnalité. Franchement écoutez et dites moi si vous trouvez une différence avec n'importe quelle groupe de pop dans le mauvais sens du terme. On dirait une parodie de tout ce qui se fait actuellement.
Je suis triste en ce jour. Insipide va parfaitement.
Insipide 7/20
Posté le 08 août 2007 à 20 h 06 |
Interpol faisait figure de l'une des plus grosse baffes du début des années 2000 avec leur premier album Turn On The Bright Light, tout ici était parfait, les compositions, le son, et surtout l'âme qui résidait dans cet album sombre et dynamique à souhait.
Oui mais voilà, les espérances se sont envolées peu à peu, Antics le second album restait fidèle aux espoirs que nous avions portés en eux mais ce Our Love To Admire, comme l'affirme Uprising je crois, est totalement insipide. A cause de quoi ? Et bien, de la production qui est beaucoup trop léchée. Le son du premier album a disparu, ce son post-punk si accrocheur a laissé place à une superproduction mielleuse à la Coldplay, tout a été refait sur ordinateur, tout ici est synthétique alors qu'Interpol nous avait habitué au contraire à l'organique, au fiévreux, au rance. Ce son ne donne pas envie d'entendre les plaintes du chanteur malgré la très belle introduction à la guitare du premier titre. Non, Interpol ne sera pas un grand groupe a cause de cet album qui selon moi n'est pas mûr, ne donne pas tout le potentiel de ce groupe qui peut vraiment mieux faire.
Ils ont su imiter les meilleurs (The Chameleons, Joy Division) en leur insufflant de l'énergie contemporaine mais ce Our Love To Admire va finir aux oubliettes. Dommage!
Oui mais voilà, les espérances se sont envolées peu à peu, Antics le second album restait fidèle aux espoirs que nous avions portés en eux mais ce Our Love To Admire, comme l'affirme Uprising je crois, est totalement insipide. A cause de quoi ? Et bien, de la production qui est beaucoup trop léchée. Le son du premier album a disparu, ce son post-punk si accrocheur a laissé place à une superproduction mielleuse à la Coldplay, tout a été refait sur ordinateur, tout ici est synthétique alors qu'Interpol nous avait habitué au contraire à l'organique, au fiévreux, au rance. Ce son ne donne pas envie d'entendre les plaintes du chanteur malgré la très belle introduction à la guitare du premier titre. Non, Interpol ne sera pas un grand groupe a cause de cet album qui selon moi n'est pas mûr, ne donne pas tout le potentiel de ce groupe qui peut vraiment mieux faire.
Ils ont su imiter les meilleurs (The Chameleons, Joy Division) en leur insufflant de l'énergie contemporaine mais ce Our Love To Admire va finir aux oubliettes. Dommage!
Insipide 7/20
Posté le 13 août 2007 à 23 h 46 |
La principale erreur qu'a faite Interpol, c'est d'avoir réalisé un premier album absolument sensationnel. Tellement grandiose, que le groupe en arrive désormais à devoir régulièrement se cogner de plein fouet contre la barre qu'il a lui même placée très haute. Ainsi, la formation se retrouve désormais avec un public grosso-modo divisé en deux : ceux qui croient et croiront en Interpol même les oreilles fermées, jusqu'à la dernière minute, et qui sont unanimes quant à la qualité de chaque disque (et donc de ce dernier), et y'a les autres, ceux qui ne jurent que par le premier opus et qui se sont définitivement ancrés dans la tête qu'après Turn On The Bright Lights, plus rien chez Interpol ne pourra être aussi bon (voire bon tout court). Ceux là sont et seront toujours forcément déçus (telle une fatalité admise), et forment la "communauté" des détracteurs de ce dernier disque. Mais tout cela n'a pas vraiment de sens quand on écoute bien ce Our Love To Admire.
Car il ne semble pas y avoir un quelconque jugement radical valable à propos de ce disque. Il n'est tout simplement ni merveilleux, ni si abominable. La première confrontation semble pourtant révéler du Turn On The Bright Lights en puissance. Elle révèle avec "Pioneer To The Falls" élégance, sobriété et efficacité, bref, les mêmes ingrédients qui furent délicieusement bien concoctés sur le premier disque. Et puis l'écoute complète, ainsi que les écoutes suivantes, (car il en faut beaucoup, Our Love To Admire est en effet moins facile d'accès que prévu) dévoilent quelques bonnes surprises, certes parfois inespérées, mais également et malheureusement beaucoup de faiblesses. Interpol semble avoir la nostalgie du premier opus, et paraît courir après ses propres traces durant toute la partie. Mais on ne peut pas vraiment parler d'échec cuisant, puisque cette âme perdue recherchée semble réellement renaître ici et là, plus ou moins fugacement. Elle reste néanmoins éperdument hantée par les fantômes d'Antics, elle demeure comme éternellement bridée, détournée des émotions qu'elle se doit de transmettre. Les esprits du médiocre second album ne se détachent que rarement des morceaux de ce nouveau disque, pourtant au départ souvent potentiellement très bons. Ainsi, beaucoup de compositions s'avèrent amputées voire sévèrement endommagées par cette idée de facilité et de bâclage signée Antics. Mais bien heureusement, TOTBL est quand même bien plus présent ici que sur Antics (Ce qui renforce en même temps l'idée que ce dernier marqua la plus grosse baisse de régime conséquente dans l'histoire du groupe, du moins jusqu'ici). Interpol court après TOTBL comme nous disions plus haut : ainsi, "Wrecking Ball" recherche à toucher l'auditeur de la même façon que "Stella Was A Diver And She Was Always Down" le faisait, c'est à dire grâce à une longue composition très progressive, et délivrant du tragique à satiété ; "The Lighthouse" semble juste sonner comme une pâle et molle copie de "Untitled", "Mammoth" dévoile quelques riffs directement inspirés par "The New" et "Heinrich Maneuver" tente de retrouver la hargne et la puissance de "Say Hello To The Angels"... Evidemment, sans réels succès. Et puis tout de même quelques bonnes trouvailles, parmi cette majorité d'inconsistantes copies, comme le sont "Pioneer To The Falls", "Pace Is The Trick" ou "Rest My Chemistry", qui semblent être déjà plus aptes à émouvoir l'auditeur par leur profondeur et leur piquant.
En plus bref, si vous avez tout de même aimé Antics, Our Love To Admire ne devrait poser aucun problème à votre ouïe. Pour les autres, n'espérez pas un nouvel album épique, mais juste une petite poignée de chansons très respectables. Et ce n'est déjà pas si mal. Et quand le mystère purement musical semble être un peu mieux décortiqué après lecture de cette ébauche (du moins, je l'espère) une énigme reste entière : qu'est ce que ce changement radical de style de pochette (jusqu'ici pourtant bien sobre) peut-il bien signifier ? Mystère, car elle ne marque pas vraiment de tournant remarquable dans la discographie d'Interpol. Si c'était leur intention, c'est un peu raté !
Car il ne semble pas y avoir un quelconque jugement radical valable à propos de ce disque. Il n'est tout simplement ni merveilleux, ni si abominable. La première confrontation semble pourtant révéler du Turn On The Bright Lights en puissance. Elle révèle avec "Pioneer To The Falls" élégance, sobriété et efficacité, bref, les mêmes ingrédients qui furent délicieusement bien concoctés sur le premier disque. Et puis l'écoute complète, ainsi que les écoutes suivantes, (car il en faut beaucoup, Our Love To Admire est en effet moins facile d'accès que prévu) dévoilent quelques bonnes surprises, certes parfois inespérées, mais également et malheureusement beaucoup de faiblesses. Interpol semble avoir la nostalgie du premier opus, et paraît courir après ses propres traces durant toute la partie. Mais on ne peut pas vraiment parler d'échec cuisant, puisque cette âme perdue recherchée semble réellement renaître ici et là, plus ou moins fugacement. Elle reste néanmoins éperdument hantée par les fantômes d'Antics, elle demeure comme éternellement bridée, détournée des émotions qu'elle se doit de transmettre. Les esprits du médiocre second album ne se détachent que rarement des morceaux de ce nouveau disque, pourtant au départ souvent potentiellement très bons. Ainsi, beaucoup de compositions s'avèrent amputées voire sévèrement endommagées par cette idée de facilité et de bâclage signée Antics. Mais bien heureusement, TOTBL est quand même bien plus présent ici que sur Antics (Ce qui renforce en même temps l'idée que ce dernier marqua la plus grosse baisse de régime conséquente dans l'histoire du groupe, du moins jusqu'ici). Interpol court après TOTBL comme nous disions plus haut : ainsi, "Wrecking Ball" recherche à toucher l'auditeur de la même façon que "Stella Was A Diver And She Was Always Down" le faisait, c'est à dire grâce à une longue composition très progressive, et délivrant du tragique à satiété ; "The Lighthouse" semble juste sonner comme une pâle et molle copie de "Untitled", "Mammoth" dévoile quelques riffs directement inspirés par "The New" et "Heinrich Maneuver" tente de retrouver la hargne et la puissance de "Say Hello To The Angels"... Evidemment, sans réels succès. Et puis tout de même quelques bonnes trouvailles, parmi cette majorité d'inconsistantes copies, comme le sont "Pioneer To The Falls", "Pace Is The Trick" ou "Rest My Chemistry", qui semblent être déjà plus aptes à émouvoir l'auditeur par leur profondeur et leur piquant.
En plus bref, si vous avez tout de même aimé Antics, Our Love To Admire ne devrait poser aucun problème à votre ouïe. Pour les autres, n'espérez pas un nouvel album épique, mais juste une petite poignée de chansons très respectables. Et ce n'est déjà pas si mal. Et quand le mystère purement musical semble être un peu mieux décortiqué après lecture de cette ébauche (du moins, je l'espère) une énigme reste entière : qu'est ce que ce changement radical de style de pochette (jusqu'ici pourtant bien sobre) peut-il bien signifier ? Mystère, car elle ne marque pas vraiment de tournant remarquable dans la discographie d'Interpol. Si c'était leur intention, c'est un peu raté !
Bon 15/20
Posté le 31 août 2007 à 19 h 17 |
Interpol a été mis aux oubliettes un peu trop rapidement. Il est vrai que Antics faisait un peu pâle figure à côté de la claque Turn On The Bright Lights mais il reste quand même un très bon album. Un peu fouillis mais très bon. Le groupe s'est par contre vraiment repris en main pour concocter ce troisième album Our Love To Admire.
En effet, malgré une difficulté d'accès certaine, cet album voit à nouveau Interpol renouer avec un rock inspiré aux ambiances précises et flamboyantes même s'il ne retrouve pas son style minimaliste mais tellement inspiré des débuts. Le groupe table plutôt sur les apports de sa deuxième galette : du clavier pour poser le décor, des lignes de chant mélodiques et une désinvolture de façade.
"Pioneer To The Falls" place d'entrée l'ambiance grâce à un piano discret bientôt rejoint par des nappes de claviers éthérés et une voix désabusée au possible. On ressent un peu de la splendeur passée du groupe mais malheureusement la production trop léchée vient entacher ces retrouvailles. Mais quel besoin ont tous les groupes de lustrer leur son dès qu'ils en ont les moyens? Dans le cas d'Interpol, le résultat est une perte de ressenti et d'émotion. On n'entend même très peu la basse!
Mais l'essentiel est d'atteindre son but et là Interpol marque sans problème. Même si les ambiances sont moins précieuses et prenantes qu'auparavant, on retrouve tout de même la pénombre et l'énergie noire des débuts malgré une tendance à la complexité sur la plupart des morceaux. Car, contrairement, à Antics, les morceaux de ce nouvel album sont très aboutis. Ainsi, malgré le gâchis de production, le groupe s'en sort haut la main. "No I In Threesome", "Wrecking Ball" ou encore "Pace Is The Trick" sont d'une pureté limpide, tout à été pensé afin d'atteindre la fameuse ambiance que tout le monde leur réclame. Pour l'énergie, le single "The Heinrich Maneuver", "Who Do You Think?" et "Mammoth" envoient le nécessaire.
Quelques innovations viennent étoffer le style du groupe. Hormis l'utilisation plus fréquente du clavier, des arrangements foisonnants sont présents sur chaque morceau. C'est d'ailleurs ce qui donne l'impression de perdre la pureté instrumentale des débuts.
Reste la pochette et le livret. Que signifient ces photos d'animaux sauvages? Impossible de les rattacher aux ambiances mélancoliques du groupe. L'austérité de mise sur les précédents albums est remplacée au profit de photos ultra colorées; dans quel but ?
Même si on peut regretter l'abandon de ce rock viscéral magistralement inspiré, Interpol s'en sort donc très bien. Our Love To Admire, une fois la barrière de compréhension franchie, s'avère être une réussite certaine. C'est également la preuve que le groupe ne veut pas tourner en rond et se remet en question à chaque galette.
En effet, malgré une difficulté d'accès certaine, cet album voit à nouveau Interpol renouer avec un rock inspiré aux ambiances précises et flamboyantes même s'il ne retrouve pas son style minimaliste mais tellement inspiré des débuts. Le groupe table plutôt sur les apports de sa deuxième galette : du clavier pour poser le décor, des lignes de chant mélodiques et une désinvolture de façade.
"Pioneer To The Falls" place d'entrée l'ambiance grâce à un piano discret bientôt rejoint par des nappes de claviers éthérés et une voix désabusée au possible. On ressent un peu de la splendeur passée du groupe mais malheureusement la production trop léchée vient entacher ces retrouvailles. Mais quel besoin ont tous les groupes de lustrer leur son dès qu'ils en ont les moyens? Dans le cas d'Interpol, le résultat est une perte de ressenti et d'émotion. On n'entend même très peu la basse!
Mais l'essentiel est d'atteindre son but et là Interpol marque sans problème. Même si les ambiances sont moins précieuses et prenantes qu'auparavant, on retrouve tout de même la pénombre et l'énergie noire des débuts malgré une tendance à la complexité sur la plupart des morceaux. Car, contrairement, à Antics, les morceaux de ce nouvel album sont très aboutis. Ainsi, malgré le gâchis de production, le groupe s'en sort haut la main. "No I In Threesome", "Wrecking Ball" ou encore "Pace Is The Trick" sont d'une pureté limpide, tout à été pensé afin d'atteindre la fameuse ambiance que tout le monde leur réclame. Pour l'énergie, le single "The Heinrich Maneuver", "Who Do You Think?" et "Mammoth" envoient le nécessaire.
Quelques innovations viennent étoffer le style du groupe. Hormis l'utilisation plus fréquente du clavier, des arrangements foisonnants sont présents sur chaque morceau. C'est d'ailleurs ce qui donne l'impression de perdre la pureté instrumentale des débuts.
Reste la pochette et le livret. Que signifient ces photos d'animaux sauvages? Impossible de les rattacher aux ambiances mélancoliques du groupe. L'austérité de mise sur les précédents albums est remplacée au profit de photos ultra colorées; dans quel but ?
Même si on peut regretter l'abandon de ce rock viscéral magistralement inspiré, Interpol s'en sort donc très bien. Our Love To Admire, une fois la barrière de compréhension franchie, s'avère être une réussite certaine. C'est également la preuve que le groupe ne veut pas tourner en rond et se remet en question à chaque galette.
Très bon 16/20
Posté le 03 septembre 2007 à 21 h 30 |
Turn On The Bright Light nous avait marqués par sa justesse et sa profondeur; après cela on les attendait au tournant, Antics était un bon album mais peut-être mal placé...
Aujourd'hui le groupe est victime de ses talents: copié, critiqué, adulé, Interpol ne laisse pas indifférent.
Ce troisième opus était donc attendu, très attendu. L'annonce de sa sortie, sur le site officiel du groupe, annonçait la couleur: l'imagerie sombre et froide du groupe (tant de fois reprise), était laissée de côté, Interpol passe à autre chose et nous montre par là son intelligence. Les scènes animalières marquent la distance avec les autres, l'imagerie rock n'est plus l'essence.
Musicalement, Interpol est resté fidèle a sa subtilité, Our Love To Admire est un album dense, sombre, tout en finesse.
Il se laisse écouté, facilement, entièrement, plusieurs écoutes nous dévoilent ses richesses.
Personnellement, "All Fired Up" est pour moi le morceau phare, sensuel et passionné.
Un très bon album, différent de leur chef-d'oeuvre mais tout aussi touchant.
Aujourd'hui le groupe est victime de ses talents: copié, critiqué, adulé, Interpol ne laisse pas indifférent.
Ce troisième opus était donc attendu, très attendu. L'annonce de sa sortie, sur le site officiel du groupe, annonçait la couleur: l'imagerie sombre et froide du groupe (tant de fois reprise), était laissée de côté, Interpol passe à autre chose et nous montre par là son intelligence. Les scènes animalières marquent la distance avec les autres, l'imagerie rock n'est plus l'essence.
Musicalement, Interpol est resté fidèle a sa subtilité, Our Love To Admire est un album dense, sombre, tout en finesse.
Il se laisse écouté, facilement, entièrement, plusieurs écoutes nous dévoilent ses richesses.
Personnellement, "All Fired Up" est pour moi le morceau phare, sensuel et passionné.
Un très bon album, différent de leur chef-d'oeuvre mais tout aussi touchant.
Excellent ! 18/20
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