Emboe
Alèa Deluxe |
Label :
Zéro égal Petit Intérieur, Atypeek |
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J'aurais pu, j'ai choisi de faire autrement. J'aurais pu me contenter de faire un copier coller des quatre chroniques portant sur chacune des parties d'Alea et, si ce disque n'avait été que cela, un assemblage simple, je m'y serais résolu. Mais des fragments mis bout à bout ne donneront jamais une vision exacte de l'ensemble, surtout quand de nouvelles pièces sont incorporées.
Avec les chapitres 1 à 4, c'est un peu comme si j'avais parlé de la main, de l'œil, de l'estomac, du coude, je n'ai encore rien dit de la globalité et de la cohérence de l'œuvre, de ses ulcères, ses démangeaisons, ses coliques, ses passions. Ne rien dire du corps complet n'aurait finalement pas été respectueux du travail effectué par Emboe. En effet, ce dernier n'a pas juste mélangé les douze titres initiaux, cela n'aurait d'ailleurs pas eu beaucoup de sens, autre que mercantile j'entends. S'il avait voulu cela, un message sur les réseaux sociaux pour conseiller aux auditeurs d'enclencher la touche Shuffle aurait largement suffit.
Bien entendu, nous retrouvons sur Alea les douze compositions qui ont fait l'objet des textes antérieurs mais on en découvre surtout onze nouveaux. Sur le fond, c'est sans surprises majeures : Emboe explore toujours la musique électronique mais il le fait avec la fraîcheur, pour ne pas dire la naïveté qui pourrait être comprise comme péjorative, de ceux qui se lancent dans quelque chose de nouveau, sans retenue, sans a priori ni barrières. Du coup, il y a des flamboyances dont on ne sait pas si elles sont plus redevables à l'instinct qu'à la réflexion (les excellents "Still" et "Drowned" qui ouvrent l'album), du minimalisme chaotique ("Cosmic Freak"), des relents de Cold Wave qui sentent le tabac froid et la bière rance ("In Like Dead", "Gosasys") avec une basse sans âme qui claque, des espaces vierges où l'on avance en aveugle ("Cacatoes"), des grosses pièces hypnotiques ("Mastic Dead"), de la mélancolie ("Lowbig", "Hope to See You Again") : du vivant.
Quand on y pense, ces vingt-trois titres, de durée et de complexité inégale, ont dû demander un énorme travail d'écriture à Emboe. Déjà parce qu'ils le sortent de sa zone de confort guitaristique, ce qui implique un important travail d'appropriation des machines, une personnalisation du son, ensuite parce que l'on devine derrière ses rythmes les nuits blanches, les petits matins blafards où l'œil cerné n'en peut plus de remodeler les pistes, peut-être aussi le raz le bol, la frustration face à une boucle qui ne fonctionne pas, une sonorité qui ne prendrait pas la dimension souhaitée mais également la joie simple devant un beat qui tourne, un gimmick bizarre qui jaillit comme une fulgurance, à la fois éphémère et sublime.
Pour moi qui ai toujours un orteil dans la musique Electro, j'ai tendance à assimiler Alea à ce qui se faisait dans les années 90 : ici, pas de glitch ou de trucs foncièrement modernes. Le propos est simple, dépouillé mais il en sort une forme de vérité qui, elle, est transverse aux époques : aller au bout de ses idées (non, pas de ses rêves), seul, en acceptant les défauts qu'une oreille extérieure aurait pu gommer mais tout en pouvant être fier du travail accompli, en artisan sincère.
Comme je suis un privilégié, j'ai reçu la très belle édition Digipack, ce dont je remercie Manu. Pour moi, Alea a tout pour faire date dans la carrière d'Emboe, j'ai hâte de connaître la suite.
Avec les chapitres 1 à 4, c'est un peu comme si j'avais parlé de la main, de l'œil, de l'estomac, du coude, je n'ai encore rien dit de la globalité et de la cohérence de l'œuvre, de ses ulcères, ses démangeaisons, ses coliques, ses passions. Ne rien dire du corps complet n'aurait finalement pas été respectueux du travail effectué par Emboe. En effet, ce dernier n'a pas juste mélangé les douze titres initiaux, cela n'aurait d'ailleurs pas eu beaucoup de sens, autre que mercantile j'entends. S'il avait voulu cela, un message sur les réseaux sociaux pour conseiller aux auditeurs d'enclencher la touche Shuffle aurait largement suffit.
Bien entendu, nous retrouvons sur Alea les douze compositions qui ont fait l'objet des textes antérieurs mais on en découvre surtout onze nouveaux. Sur le fond, c'est sans surprises majeures : Emboe explore toujours la musique électronique mais il le fait avec la fraîcheur, pour ne pas dire la naïveté qui pourrait être comprise comme péjorative, de ceux qui se lancent dans quelque chose de nouveau, sans retenue, sans a priori ni barrières. Du coup, il y a des flamboyances dont on ne sait pas si elles sont plus redevables à l'instinct qu'à la réflexion (les excellents "Still" et "Drowned" qui ouvrent l'album), du minimalisme chaotique ("Cosmic Freak"), des relents de Cold Wave qui sentent le tabac froid et la bière rance ("In Like Dead", "Gosasys") avec une basse sans âme qui claque, des espaces vierges où l'on avance en aveugle ("Cacatoes"), des grosses pièces hypnotiques ("Mastic Dead"), de la mélancolie ("Lowbig", "Hope to See You Again") : du vivant.
Quand on y pense, ces vingt-trois titres, de durée et de complexité inégale, ont dû demander un énorme travail d'écriture à Emboe. Déjà parce qu'ils le sortent de sa zone de confort guitaristique, ce qui implique un important travail d'appropriation des machines, une personnalisation du son, ensuite parce que l'on devine derrière ses rythmes les nuits blanches, les petits matins blafards où l'œil cerné n'en peut plus de remodeler les pistes, peut-être aussi le raz le bol, la frustration face à une boucle qui ne fonctionne pas, une sonorité qui ne prendrait pas la dimension souhaitée mais également la joie simple devant un beat qui tourne, un gimmick bizarre qui jaillit comme une fulgurance, à la fois éphémère et sublime.
Pour moi qui ai toujours un orteil dans la musique Electro, j'ai tendance à assimiler Alea à ce qui se faisait dans les années 90 : ici, pas de glitch ou de trucs foncièrement modernes. Le propos est simple, dépouillé mais il en sort une forme de vérité qui, elle, est transverse aux époques : aller au bout de ses idées (non, pas de ses rêves), seul, en acceptant les défauts qu'une oreille extérieure aurait pu gommer mais tout en pouvant être fier du travail accompli, en artisan sincère.
Comme je suis un privilégié, j'ai reçu la très belle édition Digipack, ce dont je remercie Manu. Pour moi, Alea a tout pour faire date dans la carrière d'Emboe, j'ai hâte de connaître la suite.
Très bon 16/20 | par Arno Vice |
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