Pixies
Bossanova |
Label :
4AD |
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"Bossanova" aurait pu être aussi énorme que les 4 autres albums des Pixies...
Ca démarre super bien pourtant : "Cecilia Ann", morceau instrumental puissant et inspiré au bon gros son, enchaîné avec un "Rock Music" (trouvé derrière un tas de bois) de derrière les fagots, ultra saturé et ultra punk qui déchire tout... Voilà. Après, ça dérape complet : à part quelques assez bons morceaux vaguement inspirés ou efficaces ("Allison", "Dig For Fire", "Blown Away"), le reste est gentillet, voire niais, avec souvent un son médiocre.
Les Pixies nous avaient habitué à des recueils de puissance, d'efficacité, d'émotions et d'inspiration : "Bossanova" est malheureusement loin de tout ça.
Ca démarre super bien pourtant : "Cecilia Ann", morceau instrumental puissant et inspiré au bon gros son, enchaîné avec un "Rock Music" (trouvé derrière un tas de bois) de derrière les fagots, ultra saturé et ultra punk qui déchire tout... Voilà. Après, ça dérape complet : à part quelques assez bons morceaux vaguement inspirés ou efficaces ("Allison", "Dig For Fire", "Blown Away"), le reste est gentillet, voire niais, avec souvent un son médiocre.
Les Pixies nous avaient habitué à des recueils de puissance, d'efficacité, d'émotions et d'inspiration : "Bossanova" est malheureusement loin de tout ça.
Pas terrible 9/20 | par X_Shape104 |
Posté le 22 mars 2004 à 17 h 15 |
Bossanova des Pixies.
Peut-être le meilleur des albums des lutins de Boston...
L'intro musicale attaque très fort suivie d'une chanson dutant laquelle Black Francis a la voix de Brian Johnson d'AC/DC. On retiendra également "Is She Weird" et "The Happening" avec son dernier couplet magnifiquement chanté.
Album que je conseille...
Peut-être le meilleur des albums des lutins de Boston...
L'intro musicale attaque très fort suivie d'une chanson dutant laquelle Black Francis a la voix de Brian Johnson d'AC/DC. On retiendra également "Is She Weird" et "The Happening" avec son dernier couplet magnifiquement chanté.
Album que je conseille...
Parfait 17/20
Posté le 05 avril 2004 à 23 h 01 |
Je sais pas si je fais preuve d'objectivité, mais c'est l'album des Pixies que j'apprécie le plus. On y trouve deux des plus grandes pièces des Pixies à savoir "The Happening" et "All Over the World". Cet album respire l'été, l'océan, le grand air. "Rock Music", "Hang Wire", "Is She Weird" et "Allison" filent la pêche, "Ana", "Havalina", et "Velouria" vous feront planer. Le chant de Black Francis et les échos de Kim Deal sont merveilleux ; Joey joue à la perfection ses 3 notes par morceaux, et David Lovering assure la rythmique sans fausse note. En quelque sorte, l'album parfait.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 17 septembre 2004 à 13 h 41 |
"Bossanova" peut être déroutant pour un fan pur et dur des Pixies époque "Surfer Rosa" : moins de rage, plus de spanglish, des textes fortement axés sur la science-fiction...
Mais ce LP est encore une fois monumental, avec un côté plus sombre et nostalgique parfois.
Et puis, il contient 2 des meilleures titres jamais écrits par Black Francis : "Velouria" et surtout "The Happening" avec sa fin envoutante.
Mais ce LP est encore une fois monumental, avec un côté plus sombre et nostalgique parfois.
Et puis, il contient 2 des meilleures titres jamais écrits par Black Francis : "Velouria" et surtout "The Happening" avec sa fin envoutante.
Excellent ! 18/20
Posté le 10 janvier 2005 à 00 h 12 |
Celui qui a mis 9/20 à cet album a vraiment de la vaseline dans les oreilles.
Cet album est certainement le plus "rock" des Pixies: Surfer Rosa & Come On Pilgrim est le plus punky, Doolitle le plus délire, Trompe Le Monde le plus hardos.
J'ai écouté tous leurs albums au moins 500 fois depuis le premier choc musical de 1987: Bossanova est celui que je réécoute le plus souvent en 2005.
Il me file la patata...
Cet album est certainement le plus "rock" des Pixies: Surfer Rosa & Come On Pilgrim est le plus punky, Doolitle le plus délire, Trompe Le Monde le plus hardos.
J'ai écouté tous leurs albums au moins 500 fois depuis le premier choc musical de 1987: Bossanova est celui que je réécoute le plus souvent en 2005.
Il me file la patata...
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 20 mars 2005 à 13 h 40 |
Pour moi aussi cet album est un des meilleurs réalisés par les Pixies.
Il a une puissance musicale qui tient la totalité de l'album. Les autres albums des Pixies sont aussi très bons (et je les adore), mais je trouve celui-ci moins brouillon. Je trouve qu'il offre une belle transition entre ce qu'étaient les Pixies à leurs débuts, et ce que deviendra Frank Black.
Il débute par un excellent instrumental "Cecilian Ann" telle une chevauchée fantastique.
Il y a ensuite des morceaux plus énervés "Rock Music", des titres presque planants , "Veloria", "Ana", "Havalina", des morceaux d'une efficacité incroyable "All Over The World" et le génialissime "The Happening".
Il a une puissance musicale qui tient la totalité de l'album. Les autres albums des Pixies sont aussi très bons (et je les adore), mais je trouve celui-ci moins brouillon. Je trouve qu'il offre une belle transition entre ce qu'étaient les Pixies à leurs débuts, et ce que deviendra Frank Black.
Il débute par un excellent instrumental "Cecilian Ann" telle une chevauchée fantastique.
Il y a ensuite des morceaux plus énervés "Rock Music", des titres presque planants , "Veloria", "Ana", "Havalina", des morceaux d'une efficacité incroyable "All Over The World" et le génialissime "The Happening".
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 22 juillet 2007 à 19 h 41 |
Il s'agit ici de ma dernière acquisition en therme d'oeuvre des Pixies, et bien non de Dieu quel coup, je suis encore abasourdit, à chaque écoute !
"Cecilia Ann" est le morceau d'intro, il vous met dans le bain via un torrent d'eau par temps d'orage. Morceau instrumental assez remuant, rappelant les vieilles introductions de Western mais de manière nettement tranchante. Les guitares y résonnent comme des coups de tonnerres stridents.
On continue dans le canyon, par la rivière en crue avec " Rock Music" on ne peut plus punk ! Emportée, énergique, démente et déchaînée, c'est l'apogée de la tempête qu'est Bossanova.
"Velouria" est l'oeil du cyclone, toujours, enragé, éperdu et colérique. "Allison" vient rompre cet élan de colère sans pour autant nuire à l'intégrité que montre l'album. Plus typique et plus conforme à l'idéologie Pixies cela n'en est pas moins un titre phare de l'album.
Avec "All Over The World" on découvre les dégâts infligés par la tempête. Somptueuse chanson pour son ambiance étrange et méconnue, assez particuliére dans sa conception, inexplicable description de terres nouvelles. En tout cas une véritable perle, une croix dans la ligne du temps delà musique ! "Dig For Fire", "Down To The Well" et "The Happening" intensifient l'ambiance de cette dernière sans pouvoir l'imiter. De très bons titres également, à ne pas rater. Toujours pas de répit dans le ciel ...
"Hang Wire", franchement rock, intense, poignant avec un petit côté primitif joliment exploité. La voix semble celle d'un type bourrer qui n'arrive pas à oublier sa misère de vie, les guitares pleurent pour lui car la colère l'en empêche. Le séisme continue ...
J'en dis "à posséder" même si tout le monde le possède déjà... dans son coffre fort, dans le l'abri anti-atomique au fond du jardin même si la véritable bombe c'est cet album.
"Cecilia Ann" est le morceau d'intro, il vous met dans le bain via un torrent d'eau par temps d'orage. Morceau instrumental assez remuant, rappelant les vieilles introductions de Western mais de manière nettement tranchante. Les guitares y résonnent comme des coups de tonnerres stridents.
On continue dans le canyon, par la rivière en crue avec " Rock Music" on ne peut plus punk ! Emportée, énergique, démente et déchaînée, c'est l'apogée de la tempête qu'est Bossanova.
"Velouria" est l'oeil du cyclone, toujours, enragé, éperdu et colérique. "Allison" vient rompre cet élan de colère sans pour autant nuire à l'intégrité que montre l'album. Plus typique et plus conforme à l'idéologie Pixies cela n'en est pas moins un titre phare de l'album.
Avec "All Over The World" on découvre les dégâts infligés par la tempête. Somptueuse chanson pour son ambiance étrange et méconnue, assez particuliére dans sa conception, inexplicable description de terres nouvelles. En tout cas une véritable perle, une croix dans la ligne du temps delà musique ! "Dig For Fire", "Down To The Well" et "The Happening" intensifient l'ambiance de cette dernière sans pouvoir l'imiter. De très bons titres également, à ne pas rater. Toujours pas de répit dans le ciel ...
"Hang Wire", franchement rock, intense, poignant avec un petit côté primitif joliment exploité. La voix semble celle d'un type bourrer qui n'arrive pas à oublier sa misère de vie, les guitares pleurent pour lui car la colère l'en empêche. Le séisme continue ...
J'en dis "à posséder" même si tout le monde le possède déjà... dans son coffre fort, dans le l'abri anti-atomique au fond du jardin même si la véritable bombe c'est cet album.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 28 juillet 2008 à 21 h 07 |
Houlà, mon ami! Tu t'es bien vite emballé en évoquant le kérosène à propos de Bossanova!
-Oui, avec le recul, j'aurais mieux fait de retourner sept fois les doigts de mes mains avant de taper cet extase aviné à propos du troisième album en me passant Trompe Le Monde, et de reécouter celui-ci.
-Ah, tu vois! Bossanova n'est pas si terrible que ça, alors?
-Disons qu'il est en grosse partie indigeste par sa lourdeur sonore. On dirait qu'avec ce disque les Pixies cherchaient... le truc parfait, le truc qui décolle, ce qu'ils réussiront à éxécuter avec l'album suivant avec plus de dynamisme. L'instrumental "Cecilia Ann" (une reprise d'un groupe appelé, The Surftones) cache efficacement et un peu malheureusement cet amas aux rythmiques pesantes d'un rock-punk un brin métalleux qui écrase par-là même le titre d'introduction sous l'oubli, en commençant par "Rock Music" avec les hurlements de Black Francis, titre qui n'arrive pas à la hauteur de "Tame" (Doolittle). "Velouria" ne convainc pas mieux sous sa séduction surnaturelle. On espère à nouveau avec "Dig On fire" qui ouvre la seconde face. En vain. Non, cette nouvelle vague est un poil trop grasse et "Havalina", au final, amène à la vision d'une mama polynésienne imposante qui sens le chili sous les bras.
-Houlaaaa! Ne sois-pas méchant! Tu t'emballes à nouveau! Ce n'est peut-être pas l'avis d'autres personnes.
-Oui ben, tu m'emmerdes! A force, je ne sais plus.
-Oui, avec le recul, j'aurais mieux fait de retourner sept fois les doigts de mes mains avant de taper cet extase aviné à propos du troisième album en me passant Trompe Le Monde, et de reécouter celui-ci.
-Ah, tu vois! Bossanova n'est pas si terrible que ça, alors?
-Disons qu'il est en grosse partie indigeste par sa lourdeur sonore. On dirait qu'avec ce disque les Pixies cherchaient... le truc parfait, le truc qui décolle, ce qu'ils réussiront à éxécuter avec l'album suivant avec plus de dynamisme. L'instrumental "Cecilia Ann" (une reprise d'un groupe appelé, The Surftones) cache efficacement et un peu malheureusement cet amas aux rythmiques pesantes d'un rock-punk un brin métalleux qui écrase par-là même le titre d'introduction sous l'oubli, en commençant par "Rock Music" avec les hurlements de Black Francis, titre qui n'arrive pas à la hauteur de "Tame" (Doolittle). "Velouria" ne convainc pas mieux sous sa séduction surnaturelle. On espère à nouveau avec "Dig On fire" qui ouvre la seconde face. En vain. Non, cette nouvelle vague est un poil trop grasse et "Havalina", au final, amène à la vision d'une mama polynésienne imposante qui sens le chili sous les bras.
-Houlaaaa! Ne sois-pas méchant! Tu t'emballes à nouveau! Ce n'est peut-être pas l'avis d'autres personnes.
-Oui ben, tu m'emmerdes! A force, je ne sais plus.
Pas mal 13/20
Posté le 04 juillet 2009 à 16 h 34 |
Il y a toujours de ces albums qui divisent. Certains crient au chef d'oeuvre, d'autres sombrent dans le plus profond mépris et l'ouvrage reste au milieu, déchiré, martirisé, comme l'enfant au milieu du divorce. Il devient alors très compliqué de ne pas prendre part à ce petit match, choisir son camp, prendre position: "Tuer Papa ou se taper Maman ?". Bonne question, à laquelle nous ne répondrons bien évidemment pas, laissant volontier aux spécialistes ce type de dilemme.
Bossanova est de ce genre de gniard.
Troisième album des Pixies, il est le plus tourmenté, l'album préféré ou l'oublié, le banni ou l'adulé, plus qu'aucun autres albums du groupe, il a ses fans et ses bourreaux. Pour le défendre l'habitude est de citer en premier lieu les deux premiers morceaux, "Cecilia Ann" et "Rock Music" en décrivant toute l'ampleur du changement opéré par "Los Duendes", mais ici, à l'atomisme sectariste nous préférerons une méréologie panopticonne.
Il faut d'abord noter que Bossanova est un album de crise: tournée Doolittle démoniaque, organismes vidées, vacances en Cadillac, premières tensions entre Kim Deal et le gros Black, ce troisième album arrive donc à un moment où les Breeders ont enregistré Pod et où Black Francis cherche cordialement à licencier sa bassiste. Tension. Intervention de l'avocat. Négociation des deux parties. Qui aura la garde ? Dans cette guerre des roses, c'est le guitariste qui va imposer sa loi et réduire l'influence de sa bassiste tant sur les choeurs que sur son travail de composition pour finalement prendre le pouvoir: cet album sera le sien ou ne sera pas.
On cite d'habitude Bossanova comme l'album le plus surf music du groupe, "Cecilia Ann" est là pour en attester, reprise du groupe culte des Surftones. Mais il faut nuancer ou du moins préciser comment cette influence prend corps dans la tête du gras Charles, car la surf music de Bossanova est à écouter sur la plage de Lost Highway, maison sur piloti en feu, diable moqueur, H.G.Wells chantant ses litanies, un cauchemard rougeoyant sur fond d'invasion extraterrestre. Bossanova est un album sombre, le plus sombre qu'ait pondu les Pixies, il est pesant, étouffant parfois, et ses moments de douce mélancolie ne font qu'en accentuer la profondeur: l'océan a ses abysses que les surfers ne connaissent pas, il faut être plongeur pour ça, les Pixies, Franck Black en tête, invente ici la "dive music".
Le visuel de l'album de Vaughan Oliver poursuit les recherches engagées avec Doolittle, cette fois ce sont des photos de figurines, jouets en plastiques qui s'incrustent dans des décors lunaires, saptiaux, comme des vanités d'outre espace. C'est la mort, à la manière des mexicains, que l'on semble célébrer, un crépuscule sur la mer étendue. Il faut ajouter à ça la mégalomanie grandissante de Francis, dont la "planète PIXIES" se fait ici l'écho, n'ayant lui même pas pu grimper dans l'OVNI de son enfance, il a construit sa propre navette, Bossanova, voyage intergalactique par voie d'iconscient, solitude de l'espace, peur du départ, l'angoisse qui transpire de l'album, Franck Black nous l'a fout en pleine gueule. "Rouge c'est rouge... ...surtout sur Mars".
La batterie sèche et frontale de Surfer Rosa laisse place ici à un son lourd, enveloppant, la batterie ne semble être que l'écho d'un battement lointain qui nous parvient difficilement. Comme la basse d'ailleurs, pour qui le volume à gentillement baisser mais dont Kim Deal saît toujours autant (peut être plus que jamais: "Is She Weird ?") insufler des lignes mélodiques somptueuses. Les guitares sont vaporeuses, les solos de Santiago moins tranchants, plus mélodiques, la voix de Franck Black, parfois démultipliée, jouant à répétition avec les réverbérations, au final l'ensemble nous berce bien malgré nous dans une apesenteur cosmique, perdu dans l'immensité, voix qui se perd à raconter ses propres histoires. Pourtant comme on l'entend souvent "Cecilia Ann" et "Rock Music" commence fort et certes ses deux morceaux introduisent l'album de manière fracassante mais une fusée ne décolle jamais doucement, elle explose pour pouvoir plus tard choisir son orbite, planer, observer de loin les planètes dont elle va faire la révolution.
Une fois passé l'atmosphère brulante, l'entrée dans l'espace commence avec "Velouria", velour lynchéen, "Velveteen", premier single de l'album, certains y voient une ritournelle niaise et lansinante, évidemment il resteront sur cette impression durant tout l'album, car Bossanova joue avec la naïveté pour en faire ressortir la mélancolie, il puise dans ces mélodies douce-amères le terreau des véritables angoisses: celles qui se cachent. Car Bossanova n'est pas un album pour qui aime les lamentations pleurnichardes et avouées, il nous amène plutôt à cette sensation de tristesse qui s'invite parfois sans prévenir dans les moments de calmes, pudique il sussure après avoir aboyé. Dans le genre "Is She Weird ?", le trio "All Over The World", "Dig For Fire" et "Down To The Well" mais aussi "Blown Away" poussent l'album dans ces plus magnifiques moments, on a parlé de la basse d'"Is She Weird" mais il y a aussi cette sorte de petit carillon de "Dig For Fire" et son dialogue gentillet qui fait répondre à la naïveté enfantine de Francis ce "Digging For Fire", image surréaliste dans laquelle ce n'est plus les veines que l'on cherche, le sang de la mère terre mais le feu pour le feu, creuser à s'en brûler, faire sans raison. Et les paroles somptueusement métaphysiques de "All Over The World", balbutiées par cette voix inhumaine, qui semble avoir trop bien compris qui elle est. Et finalement comment comprendre cette voix qui hurle sur des guitares lassérées ce "Down To The Well" si ce n'est à travers le prisme de cette ironie cynique qui fait toujours le trait de l'esprit à tiroirs de Black Francis ?
Et puis il y a la fin, dont le titre "Stormy Weather" semble être la logique incarnation lorsqu'elle commence, batterie lourde, phrase répétée en boucle, chapelets de l'infini, les tempêtes spatiales sont en vue, puis il y a ce break magnifique avec l'entrée du solo toujours plus minimaliste de Santiago. Pour finir la chanson dispararaîtra dans une placitude toute vaporeuse. Tout ça semble bien terminé. Mais c'est "Havalina" qui viendra conclure pour de vrai cette bossanova. Si l'on prend le morceau seul il peut paraître mou, chiant, peut être proprement inintéressant, mais pris comme final de l'album il capture toute la nostalgie, la calme solitude, cette mélancolie pudique sans être dépourvue de rage qui fait le coeur de l'album, l'adieu à la plage, "Havalina, among the trees", le voyage est terminé, plus tard on ira dans le désert de Roswell pour se souvenir, en colère on criera "Trompe le Monde", on parlera de Gustave Eiffel, on imaginara de lointaines comètes mais jamais plus on ne touchera cette grace du voyage que d'autre diront naïve.
Comme si c'était un défaut !
Bossanova est de ce genre de gniard.
Troisième album des Pixies, il est le plus tourmenté, l'album préféré ou l'oublié, le banni ou l'adulé, plus qu'aucun autres albums du groupe, il a ses fans et ses bourreaux. Pour le défendre l'habitude est de citer en premier lieu les deux premiers morceaux, "Cecilia Ann" et "Rock Music" en décrivant toute l'ampleur du changement opéré par "Los Duendes", mais ici, à l'atomisme sectariste nous préférerons une méréologie panopticonne.
Il faut d'abord noter que Bossanova est un album de crise: tournée Doolittle démoniaque, organismes vidées, vacances en Cadillac, premières tensions entre Kim Deal et le gros Black, ce troisième album arrive donc à un moment où les Breeders ont enregistré Pod et où Black Francis cherche cordialement à licencier sa bassiste. Tension. Intervention de l'avocat. Négociation des deux parties. Qui aura la garde ? Dans cette guerre des roses, c'est le guitariste qui va imposer sa loi et réduire l'influence de sa bassiste tant sur les choeurs que sur son travail de composition pour finalement prendre le pouvoir: cet album sera le sien ou ne sera pas.
On cite d'habitude Bossanova comme l'album le plus surf music du groupe, "Cecilia Ann" est là pour en attester, reprise du groupe culte des Surftones. Mais il faut nuancer ou du moins préciser comment cette influence prend corps dans la tête du gras Charles, car la surf music de Bossanova est à écouter sur la plage de Lost Highway, maison sur piloti en feu, diable moqueur, H.G.Wells chantant ses litanies, un cauchemard rougeoyant sur fond d'invasion extraterrestre. Bossanova est un album sombre, le plus sombre qu'ait pondu les Pixies, il est pesant, étouffant parfois, et ses moments de douce mélancolie ne font qu'en accentuer la profondeur: l'océan a ses abysses que les surfers ne connaissent pas, il faut être plongeur pour ça, les Pixies, Franck Black en tête, invente ici la "dive music".
Le visuel de l'album de Vaughan Oliver poursuit les recherches engagées avec Doolittle, cette fois ce sont des photos de figurines, jouets en plastiques qui s'incrustent dans des décors lunaires, saptiaux, comme des vanités d'outre espace. C'est la mort, à la manière des mexicains, que l'on semble célébrer, un crépuscule sur la mer étendue. Il faut ajouter à ça la mégalomanie grandissante de Francis, dont la "planète PIXIES" se fait ici l'écho, n'ayant lui même pas pu grimper dans l'OVNI de son enfance, il a construit sa propre navette, Bossanova, voyage intergalactique par voie d'iconscient, solitude de l'espace, peur du départ, l'angoisse qui transpire de l'album, Franck Black nous l'a fout en pleine gueule. "Rouge c'est rouge... ...surtout sur Mars".
La batterie sèche et frontale de Surfer Rosa laisse place ici à un son lourd, enveloppant, la batterie ne semble être que l'écho d'un battement lointain qui nous parvient difficilement. Comme la basse d'ailleurs, pour qui le volume à gentillement baisser mais dont Kim Deal saît toujours autant (peut être plus que jamais: "Is She Weird ?") insufler des lignes mélodiques somptueuses. Les guitares sont vaporeuses, les solos de Santiago moins tranchants, plus mélodiques, la voix de Franck Black, parfois démultipliée, jouant à répétition avec les réverbérations, au final l'ensemble nous berce bien malgré nous dans une apesenteur cosmique, perdu dans l'immensité, voix qui se perd à raconter ses propres histoires. Pourtant comme on l'entend souvent "Cecilia Ann" et "Rock Music" commence fort et certes ses deux morceaux introduisent l'album de manière fracassante mais une fusée ne décolle jamais doucement, elle explose pour pouvoir plus tard choisir son orbite, planer, observer de loin les planètes dont elle va faire la révolution.
Une fois passé l'atmosphère brulante, l'entrée dans l'espace commence avec "Velouria", velour lynchéen, "Velveteen", premier single de l'album, certains y voient une ritournelle niaise et lansinante, évidemment il resteront sur cette impression durant tout l'album, car Bossanova joue avec la naïveté pour en faire ressortir la mélancolie, il puise dans ces mélodies douce-amères le terreau des véritables angoisses: celles qui se cachent. Car Bossanova n'est pas un album pour qui aime les lamentations pleurnichardes et avouées, il nous amène plutôt à cette sensation de tristesse qui s'invite parfois sans prévenir dans les moments de calmes, pudique il sussure après avoir aboyé. Dans le genre "Is She Weird ?", le trio "All Over The World", "Dig For Fire" et "Down To The Well" mais aussi "Blown Away" poussent l'album dans ces plus magnifiques moments, on a parlé de la basse d'"Is She Weird" mais il y a aussi cette sorte de petit carillon de "Dig For Fire" et son dialogue gentillet qui fait répondre à la naïveté enfantine de Francis ce "Digging For Fire", image surréaliste dans laquelle ce n'est plus les veines que l'on cherche, le sang de la mère terre mais le feu pour le feu, creuser à s'en brûler, faire sans raison. Et les paroles somptueusement métaphysiques de "All Over The World", balbutiées par cette voix inhumaine, qui semble avoir trop bien compris qui elle est. Et finalement comment comprendre cette voix qui hurle sur des guitares lassérées ce "Down To The Well" si ce n'est à travers le prisme de cette ironie cynique qui fait toujours le trait de l'esprit à tiroirs de Black Francis ?
Et puis il y a la fin, dont le titre "Stormy Weather" semble être la logique incarnation lorsqu'elle commence, batterie lourde, phrase répétée en boucle, chapelets de l'infini, les tempêtes spatiales sont en vue, puis il y a ce break magnifique avec l'entrée du solo toujours plus minimaliste de Santiago. Pour finir la chanson dispararaîtra dans une placitude toute vaporeuse. Tout ça semble bien terminé. Mais c'est "Havalina" qui viendra conclure pour de vrai cette bossanova. Si l'on prend le morceau seul il peut paraître mou, chiant, peut être proprement inintéressant, mais pris comme final de l'album il capture toute la nostalgie, la calme solitude, cette mélancolie pudique sans être dépourvue de rage qui fait le coeur de l'album, l'adieu à la plage, "Havalina, among the trees", le voyage est terminé, plus tard on ira dans le désert de Roswell pour se souvenir, en colère on criera "Trompe le Monde", on parlera de Gustave Eiffel, on imaginara de lointaines comètes mais jamais plus on ne touchera cette grace du voyage que d'autre diront naïve.
Comme si c'était un défaut !
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 01 septembre 2011 à 00 h 17 |
Ah, les Pixies... Personnellement, j'ai tout découvert d'un coup d'un seul. C'est à dire à la date de ce fameux (fumeux) Bossanova, en 1990. Quand je lis, ici ou ailleurs (mais aussi ici) qu'il est niais, je comprends, c'est vrai que la comparaison avec Surfer Rosa (1er album, donc) est saisissante. Mais justement, c'est cette évolution qui me laisse coi. Personnellement, encore une fois, il fut mon chouchou, parce que la magie, l'unicité du son de cet incroyable agglomérat de talents sonores m'a juste subjugué. Chaque piste est un nouveau et beau cauchemar, le genre de cauchemar qui laisse la place à un bel et paisible rêve. Peut-être le meilleur Pixies en ce qui me concerne, en tant que (très) vieil auditeur du-dit groupe. Une légende, comme les 3 autres.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 04 mars 2023 à 20 h 43 |
Il y a des albums qu'on découvre parce que quelqu'un nous les fait découvrir, les albums qu'on aime parce que c'était ceux qu'écoutaient nos parents, et puis il y a les albums de groupes qu'on déteste dans un premier temps et qu'on se surprends à aimer.
Pour moi, c'était les Pixies.
En même temps, voilà, un groupe qu'on découvre un peu par la force des choses en entendant "Where Is My Mind" à toutes les sauces, et surtout dans des versions massacrées dans les fêtes de la musique au fil des années, ça ne pouvait que me poser des problèmes. J'ai pourtant deux gros souvenirs liés au groupe à l'époque du lycée, sans jamais avoir écouté leur musique. D'abord, je me souviens des posters de Surfer Rosa et Bossanova affichés aux murs de la chambre d'un cousin, aux côtés de photos du Clash et de la pochette du Daydream Nation des Sonic Youth. A 17 ans, alors fan ardu de Depeche Mode, Kraftwerk et New Order, c'était impossible pour moi de m'intéresser à une autre musique qui comportait autant de guitares. Pourtant, le visuel si particulier de la pochette de Bossanova (signé Vaughan Oliver) m'avait déjà frappé. J'ai plus tard appris que ce cousin, bien plus âgé que moi, avait nommé l'une de ses filles Kim. J'ai par la suite fait le rapprochement avec les posters et que deux des groupes précédemment cités comportaient des bassistes du même nom, ce qui est ma foi plutôt mignon.
Quelques mois plus tard, alors que je terminais la période du bac, je voyais un peu partout le nom du groupe dans les journaux, et notamment dans un numéro spécial des Inrocks dédié au "Summer Of 90's" qu'Arte proposait cette année là. En effet, les Pixies sortaient alors Indie Cindy, leur premier album depuis Trompe Le Monde presque vingt cinq ans plus tôt. Même si je trouvais l'info intéressante, il ne m'était toujours pas venu à l'idée de les écouter. Et peut-être qu'en effet, il était encore trop tôt pour moi de se pencher sur le fameux groupe de Black Francis.
Presque dix ans plus tard, un soir, tard, je tombe un peu par hasard sur le clip de "Velouria" ou je découvre quatre énergumènes fringués à la meilleure mode grunge tenter de traverser un amas rocheux au ralenti. Si les images me fascinent, c'est encore plus vrai pour la musique. Très vite, je me rends compte que les paroles parlent de la rencontre du narrateur avec une extra terrestre, plus particulièrement une Lémurienne. J'avais lu un peu plus tôt le roman Replay de Ken Grimwood qui évoque longuement le Mont Shasta, non loin de Redding, en Californie, ce qui avait déjà évoqué mon intérêt pour cette montagne, qui, selon la légende, abriterait au plus profond de sa roche une ville alien nommée Telos, peuplé de Lémuriens. Le rapprochement fait, je me suis mis à écouter ce titre de Pixies en boucle. Et puis, j'ai sauté le pas en écoutant Bossanova dans son intégralité.
Certains fans pourraient me reprocher d'avoir découvert le groupe avec l'album qui semble être le moins aimé des Pixies dans leur première période. Et pourtant, force est de constater qu'aujourd'hui encore, alors que ma fascination pour le quartet de Boston est devenue immense, j'aime toujours autant ce Bossanova, peut-être même plus que tous les autres albums publiés par les Pixies avant, ou même après.
J'ai par exemple appris à quel point la création de ce disque a été compliqué à mettre en place pour Black Francis, Joey Santiago, David Lovering et Kim Deal. A l'issue de la tournée "Fuck Or Fight" de 1989, Francis entame une petite tournée en solo ou il joue ses compositions en acoustique. A cette époque, le groupe est en pause. Deal en profite pour rejoindre sa sœur Kelley ainsi que sa grande amie Tanya Donnelly des Throwing Muses pour fonder les Breeders. En fait, si Deal et Francis partent chacun de leur côté, c'est parce qu'une certaine tension s'installe entre eux.
Visiblement, le groupe au complet ne sont pas d'excellents communicants et beaucoup de non dits viennent freiner la cohésion des Pixies. A tel point même, que Kim Deal pète un plomb durant les derniers concerts de la tournée de Doolittle et décide un soir de ne pas monter sur scène. Convaincue finalement par un Joey Santiago soucieux de délivrer un show pour les fans qui ont payés leur place, elle arrive avec un certain retard sur scène. Si le batteur David Lovering semble heureux de la voir, ce n'est pas le cas de Charles "Black Francis" Thompson, qui décide de balancer sa guitare sur elle en signe de mécontentement. Dés lors, Francis cherche à virer Kim du groupe. Il quitte Boston pour aller s'installer à Los Angeles pendant l'hiver 1989/90. Il est rapidement suivi par le guitariste Joey Santiago, puis par David Lovering.
Deal, pendant ce temps, peaufine son premier album pour les Breeders en compagnie du producteur Steve Albini à Londres. A son retour aux Etats Unis, elle est convoquée lors d'une réunion du groupe à Los Angeles. C'est finalement l'avocat du groupe et de leur label 4AD, Ken Goes, qui va convaincre Francis de garder Deal au sein des Pixies.
Une fois le problème (partiellement) réglé, même si Deal et Francis évitent à tout prix de se parler, ils décident de continuer ensemble. Dés lors, Pixies entre aux studios Silverlake & Cherokee de Los Angeles pour enregistrer leur troisième album.
Problème, de taille : le précédent disque, Doolittle, a connu un petit succès d'estime, Black Francis est donc sous pression pour livrer un produit au moins aussi bon que cet album. Alors que le groupe prépare davantage en amont l'écriture des morceaux, la quinzaine de nouveaux titres envisagés pour le futur album sont conçus pour la plupart directement en studio. Dans les mots de Black Francis :
"Il m'arrivait d'écrire des paroles de chansons sur des serviettes en papier juste cinq minutes avant de rentrer dans le studio pour les enregistrer."
Le disque est produit une nouvelle fois par Gil Norton, qui a fait ses preuves sur l'enregistrement de l'album précédent. Joey Santiago précise également que la présence de Norton était une bonne chose pour fédérer le groupe et les entités désormais un poil dissonantes qui le composaient :
"Gil est un grand producteur et arrangeur, mais aussi un fin psychologue. Il connaissait la psychologie du groupe comme personne. Il avait l'habitude de dire "Faisons juste un disque, s'il vous plaît"."
Et quel disque : Bossanova sort finalement sur le label 4AD le 13 août 1990.
Le disque marche bien en Europe (8ème des Charts en août 1990, classé peu de temps après disque d'or en France) mais pas du tout aux Etats-Unis (70ème place sur le Billboard 200 pendant seulement une semaine). Si 4AD semble avoir fait un bon travail de promotion pour faire vendre l'album, il semblerait que le label ou plutôt le distributeur américain du groupe, Elektra, n'ait pas tout à fait rempli la part de son contrat.
Pour autant, à l'écoute du disque, on se rends compte qu'il s'agit de l'album certainement le plus homogène du groupe, mais certainement aussi celui qui sonne le plus rock, au sens "classique" du terme. Si Joey Santiago le cite souvent comme l'album qu'il préfère parmi tous ses propres travaux, c'est peut-être parce que la guitare est mise en avant sur Bossanova. En outre de l'énorme tube qu'est "Velouria" (le morceau qui a fait basculer mon cœur pour de bon chez les Pixies), on peut compter sur une solide collection de titres qui retrouvent des caractéristiques communes : de l'ouverture en toute pompe avec "Cecilia Ann" (reprise magique des Surftones) jusque la fin du disque sur "Havalina", on remarque assez vite que Black Francis et ses acolytes ont voulu insuffler une dimension surf rock agrémenté de relents Sci-Fi jusque là assez discrets dans leur musique, mais qui s'entendent particulièrement bien ici.
Le mélange fonctionne bien, et des morceaux comme "Rock Music", "Is She Weird" ou "The Happening" permettent de construire l'une des meilleures ambiances globales sur un LP du groupe. Sur la production, on souligne ce mélange étonnant de son de batteries acoustiques et de boîtes à rythmes qui donnent un côté étrange à la musique, en particulier sur les morceaux "Down To The Well" (qui sonne presque comme du Cure période The Top) et "Stormy Weather".
L'apparition d'un Theremin sur "Velouria" et "Is She Weird" renforce d'ailleurs encore plus ce feeling étrange, sans parler des textes de Francis sur les extra terrestres et la Zone 51 (dont le beau père de Kim Deal serait l'un des chefs de la sécurité, paraît-il).
On peut cependant regretter amèrement la brouille entre Black Francis et Kim Deal, et en particulier pour ce disque, puisque les backing vocals de la géniale bassiste sont mixés en retrait et elle ne signe aucun titre sur Bossanova, contrairement aux disques précédents.
Pour autant, parce que l'ensemble fonctionne si bien, Bossanova est devenu mon opus préféré du groupe. Certains lui préféreront Doolittle ou Surfer Rosa, voire Trompe Le Monde, mais pour moi, Bossanova reste le disque le plus intéressant signé Black Francis, Kim Deal, Joey Santiago et David Lovering.
PS - Les citations proviennent de l'ouvrage Contre Courant : l'épopée du label 4AD rédigé par Martin Aston.
Pour moi, c'était les Pixies.
En même temps, voilà, un groupe qu'on découvre un peu par la force des choses en entendant "Where Is My Mind" à toutes les sauces, et surtout dans des versions massacrées dans les fêtes de la musique au fil des années, ça ne pouvait que me poser des problèmes. J'ai pourtant deux gros souvenirs liés au groupe à l'époque du lycée, sans jamais avoir écouté leur musique. D'abord, je me souviens des posters de Surfer Rosa et Bossanova affichés aux murs de la chambre d'un cousin, aux côtés de photos du Clash et de la pochette du Daydream Nation des Sonic Youth. A 17 ans, alors fan ardu de Depeche Mode, Kraftwerk et New Order, c'était impossible pour moi de m'intéresser à une autre musique qui comportait autant de guitares. Pourtant, le visuel si particulier de la pochette de Bossanova (signé Vaughan Oliver) m'avait déjà frappé. J'ai plus tard appris que ce cousin, bien plus âgé que moi, avait nommé l'une de ses filles Kim. J'ai par la suite fait le rapprochement avec les posters et que deux des groupes précédemment cités comportaient des bassistes du même nom, ce qui est ma foi plutôt mignon.
Quelques mois plus tard, alors que je terminais la période du bac, je voyais un peu partout le nom du groupe dans les journaux, et notamment dans un numéro spécial des Inrocks dédié au "Summer Of 90's" qu'Arte proposait cette année là. En effet, les Pixies sortaient alors Indie Cindy, leur premier album depuis Trompe Le Monde presque vingt cinq ans plus tôt. Même si je trouvais l'info intéressante, il ne m'était toujours pas venu à l'idée de les écouter. Et peut-être qu'en effet, il était encore trop tôt pour moi de se pencher sur le fameux groupe de Black Francis.
Presque dix ans plus tard, un soir, tard, je tombe un peu par hasard sur le clip de "Velouria" ou je découvre quatre énergumènes fringués à la meilleure mode grunge tenter de traverser un amas rocheux au ralenti. Si les images me fascinent, c'est encore plus vrai pour la musique. Très vite, je me rends compte que les paroles parlent de la rencontre du narrateur avec une extra terrestre, plus particulièrement une Lémurienne. J'avais lu un peu plus tôt le roman Replay de Ken Grimwood qui évoque longuement le Mont Shasta, non loin de Redding, en Californie, ce qui avait déjà évoqué mon intérêt pour cette montagne, qui, selon la légende, abriterait au plus profond de sa roche une ville alien nommée Telos, peuplé de Lémuriens. Le rapprochement fait, je me suis mis à écouter ce titre de Pixies en boucle. Et puis, j'ai sauté le pas en écoutant Bossanova dans son intégralité.
Certains fans pourraient me reprocher d'avoir découvert le groupe avec l'album qui semble être le moins aimé des Pixies dans leur première période. Et pourtant, force est de constater qu'aujourd'hui encore, alors que ma fascination pour le quartet de Boston est devenue immense, j'aime toujours autant ce Bossanova, peut-être même plus que tous les autres albums publiés par les Pixies avant, ou même après.
J'ai par exemple appris à quel point la création de ce disque a été compliqué à mettre en place pour Black Francis, Joey Santiago, David Lovering et Kim Deal. A l'issue de la tournée "Fuck Or Fight" de 1989, Francis entame une petite tournée en solo ou il joue ses compositions en acoustique. A cette époque, le groupe est en pause. Deal en profite pour rejoindre sa sœur Kelley ainsi que sa grande amie Tanya Donnelly des Throwing Muses pour fonder les Breeders. En fait, si Deal et Francis partent chacun de leur côté, c'est parce qu'une certaine tension s'installe entre eux.
Visiblement, le groupe au complet ne sont pas d'excellents communicants et beaucoup de non dits viennent freiner la cohésion des Pixies. A tel point même, que Kim Deal pète un plomb durant les derniers concerts de la tournée de Doolittle et décide un soir de ne pas monter sur scène. Convaincue finalement par un Joey Santiago soucieux de délivrer un show pour les fans qui ont payés leur place, elle arrive avec un certain retard sur scène. Si le batteur David Lovering semble heureux de la voir, ce n'est pas le cas de Charles "Black Francis" Thompson, qui décide de balancer sa guitare sur elle en signe de mécontentement. Dés lors, Francis cherche à virer Kim du groupe. Il quitte Boston pour aller s'installer à Los Angeles pendant l'hiver 1989/90. Il est rapidement suivi par le guitariste Joey Santiago, puis par David Lovering.
Deal, pendant ce temps, peaufine son premier album pour les Breeders en compagnie du producteur Steve Albini à Londres. A son retour aux Etats Unis, elle est convoquée lors d'une réunion du groupe à Los Angeles. C'est finalement l'avocat du groupe et de leur label 4AD, Ken Goes, qui va convaincre Francis de garder Deal au sein des Pixies.
Une fois le problème (partiellement) réglé, même si Deal et Francis évitent à tout prix de se parler, ils décident de continuer ensemble. Dés lors, Pixies entre aux studios Silverlake & Cherokee de Los Angeles pour enregistrer leur troisième album.
Problème, de taille : le précédent disque, Doolittle, a connu un petit succès d'estime, Black Francis est donc sous pression pour livrer un produit au moins aussi bon que cet album. Alors que le groupe prépare davantage en amont l'écriture des morceaux, la quinzaine de nouveaux titres envisagés pour le futur album sont conçus pour la plupart directement en studio. Dans les mots de Black Francis :
"Il m'arrivait d'écrire des paroles de chansons sur des serviettes en papier juste cinq minutes avant de rentrer dans le studio pour les enregistrer."
Le disque est produit une nouvelle fois par Gil Norton, qui a fait ses preuves sur l'enregistrement de l'album précédent. Joey Santiago précise également que la présence de Norton était une bonne chose pour fédérer le groupe et les entités désormais un poil dissonantes qui le composaient :
"Gil est un grand producteur et arrangeur, mais aussi un fin psychologue. Il connaissait la psychologie du groupe comme personne. Il avait l'habitude de dire "Faisons juste un disque, s'il vous plaît"."
Et quel disque : Bossanova sort finalement sur le label 4AD le 13 août 1990.
Le disque marche bien en Europe (8ème des Charts en août 1990, classé peu de temps après disque d'or en France) mais pas du tout aux Etats-Unis (70ème place sur le Billboard 200 pendant seulement une semaine). Si 4AD semble avoir fait un bon travail de promotion pour faire vendre l'album, il semblerait que le label ou plutôt le distributeur américain du groupe, Elektra, n'ait pas tout à fait rempli la part de son contrat.
Pour autant, à l'écoute du disque, on se rends compte qu'il s'agit de l'album certainement le plus homogène du groupe, mais certainement aussi celui qui sonne le plus rock, au sens "classique" du terme. Si Joey Santiago le cite souvent comme l'album qu'il préfère parmi tous ses propres travaux, c'est peut-être parce que la guitare est mise en avant sur Bossanova. En outre de l'énorme tube qu'est "Velouria" (le morceau qui a fait basculer mon cœur pour de bon chez les Pixies), on peut compter sur une solide collection de titres qui retrouvent des caractéristiques communes : de l'ouverture en toute pompe avec "Cecilia Ann" (reprise magique des Surftones) jusque la fin du disque sur "Havalina", on remarque assez vite que Black Francis et ses acolytes ont voulu insuffler une dimension surf rock agrémenté de relents Sci-Fi jusque là assez discrets dans leur musique, mais qui s'entendent particulièrement bien ici.
Le mélange fonctionne bien, et des morceaux comme "Rock Music", "Is She Weird" ou "The Happening" permettent de construire l'une des meilleures ambiances globales sur un LP du groupe. Sur la production, on souligne ce mélange étonnant de son de batteries acoustiques et de boîtes à rythmes qui donnent un côté étrange à la musique, en particulier sur les morceaux "Down To The Well" (qui sonne presque comme du Cure période The Top) et "Stormy Weather".
L'apparition d'un Theremin sur "Velouria" et "Is She Weird" renforce d'ailleurs encore plus ce feeling étrange, sans parler des textes de Francis sur les extra terrestres et la Zone 51 (dont le beau père de Kim Deal serait l'un des chefs de la sécurité, paraît-il).
On peut cependant regretter amèrement la brouille entre Black Francis et Kim Deal, et en particulier pour ce disque, puisque les backing vocals de la géniale bassiste sont mixés en retrait et elle ne signe aucun titre sur Bossanova, contrairement aux disques précédents.
Pour autant, parce que l'ensemble fonctionne si bien, Bossanova est devenu mon opus préféré du groupe. Certains lui préféreront Doolittle ou Surfer Rosa, voire Trompe Le Monde, mais pour moi, Bossanova reste le disque le plus intéressant signé Black Francis, Kim Deal, Joey Santiago et David Lovering.
PS - Les citations proviennent de l'ouvrage Contre Courant : l'épopée du label 4AD rédigé par Martin Aston.
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