En 1986, les Pixies, tout récemment formés, enregistrent 16 de leurs chansons sous le nom de Purple Tape, avant de les envoyer à différents labels. Ils sont tout de suite remarqués par 4AD, qui, en plus de les faire signer, sort instantanément 8 de ces 16 chansons sur cet EP : Come On Pilgrim.

Mais laissons l'aspect historique de cet EP, et savourons la quasi perfection de ces 8 chansons, de l'énorme et surréaliste folie hispanisante de "Vamos", au gros punk bien fou et encore hispanisant de "Isla De Encarta", en passant par des chansons pop-punk hystériques telles que "Holiday Song", "Levitate Me" ou encore "I've Been Tired". Sans oublier de vouer un culte sans fin aux 3 chansons parfaites, et qui n'auraient jamais pu être écrites par un autre groupe que les Pixies : "Caribou", "Nimrod's Son" et "Ed Is Dead", entre guitares minimalistes et ultra efficaces, hurlements et calmes quasi psychotiques, on nage dans le bonheur !

Suivront ensuite 4 albums, du très bon au génial, dans un anonymat relatif à l'époque, avant de devenir un phénomène culte après la sortie de Fight Club [ndlr : film de David Fincher], mais tout cela a bien peu d'importance ; car l'écoute de cet EP enregistré il ya 20 ans bientôt, reste un plaisir que bien peu de groupes à guitare ont su égaler depuis.

Pour leur premier coup d'essai, les Pixies, mettent la barre très haut. Ca commence avec le rayonnant et habité "Caribou", où Black Francis hulule à la manière d'un Howlin' Wolf, puis ça part à 200 à l'heure avec "Isla De Encata". Toutes les chansons sont géniales et d'une incroyable efficacité, de "Es Is Dead" à "I've Been Tired", ce qui fait que l'on ne s'ennuie à aucun moment à l'écoute du disque. Seule exception pour "Vamos", dont la version est en deçà de celle présente sur Surfer Rosa (c'est d'ailleurs pour cela que je ne mets pas 20 à cet album). Le jeu de guitare de Joey Santiago, malgré sa simplicité, est d'une justesse implacable, à la fois tranchant et aérien, et la voix de Black Francis vaut également le détour, particulièrement sur le génial "Levitate Me", qui clôture ce Come On Pilgrim à merveille. Premier enregistrement, premier coup de maître. Du grand art.