PJ Harvey
Uh Huh Her |
Label :
Island |
||||
Ce disque est sans doute le meilleur de PJ Harvey.
Il est court, intelligent et efficace. Harvey ne s'embarasse pas de refrains ou d'accompagnements inutiles. Elle signe des compositions de morceaux franchements originales avec des variations aussi inatendues que pertinentes. Son registre de chant est également d'une grande richesse. A ce titre, les titres "Shame", "It's You" et "Cat On The Wall" sont exceptionnels.
Une grande rockeuse au sommet. Aucun égal actuellement.
Il est court, intelligent et efficace. Harvey ne s'embarasse pas de refrains ou d'accompagnements inutiles. Elle signe des compositions de morceaux franchements originales avec des variations aussi inatendues que pertinentes. Son registre de chant est également d'une grande richesse. A ce titre, les titres "Shame", "It's You" et "Cat On The Wall" sont exceptionnels.
Une grande rockeuse au sommet. Aucun égal actuellement.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Clemxxx |
Posté le 30 décembre 2004 à 19 h 16 |
La grande expression, quand on est déçu par un disque, c'est de dire qu'il n'est "pas accessible". A savoir que quand on l'a écouté pour la première fois, on a été déçu, on l'a peut-être même trouvé merdique, mais qu'au bout d'un nombre d'écoutes indéfini, on a fini par se dire que bon, il est pas si mal que ça, peut-être même fantastique. Ca vient probablement de la déception qu'on a eu: il a fallu se convaincre que non, on n'a pas payé pour rien. A forte dose d'auto-persuasion, on en arrive à posséder cette ouïe particulière que n'ont pas les autres qui, eux, ne peuvent pas accéder à la grandeur de l'album.
Il était évident qu'avec Uh Huh Her, on aurait droit à ça. Parce que même sans ce qu'on nous avait promis (retour à Dry et Rid Of Me), il était impossible - du moins pour qui connaissait déjà PJ Harvey - d'oublier les grandes choses qu'elle a faites précédemment. Comment ne pas avoir d'idées préconçues ? Inconcevable. Alors on est déçu, forcément.
Il y a bien sûr les morceaux tape à l'oeil, comme le dit bien Yuri-G (c'est que ceux-là doivent être accessibles), auxquels j'ajouterais "Cat On The Wall". Ils sont sympas, entraînants. Mais bon, ce n'est pas bien fantastique. On les aurait bien vus sur Stories From The City, Stories From The Sea. A part ça, il y en a quatre qui sont agréables à écouter pour leur côté mélancolique, à savoir "You Come Through", "It's You", "The Desperate Kingdom Of Love", et "The Darker Days Of Me And Him". Et encore, on est parfois à deux doigts du bouton stop. Mais bon, pour le reste, y'a pas à dire: on s'emmerde, c'est plutôt fade... et cela même après nombre d'écoutes avec la volonté de ne pas avoir perdu notre argent.
Certes, la voix de PJ est belle. Ca, ça ne fait aucun doute. Seulement ça ne suffit pas, et comme le reste manque à l'appel, difficile d'apprécier ce disque dans sa totalité. On peut évoluer, elle l'a fait. Mais une évolution n'est pas nécessairement un signe positif et cela ne peut pas être pris en compte dans la justification de la qualité de Uh Huh Her. Si qualité il y a.
Facile de cracher sur Stories From The City, Stories From The Sea. Lui, au moins, bien qu'accessible - il paraît que c'est un défaut - avait le mérite d'être sympatique du début à la fin.
Il était évident qu'avec Uh Huh Her, on aurait droit à ça. Parce que même sans ce qu'on nous avait promis (retour à Dry et Rid Of Me), il était impossible - du moins pour qui connaissait déjà PJ Harvey - d'oublier les grandes choses qu'elle a faites précédemment. Comment ne pas avoir d'idées préconçues ? Inconcevable. Alors on est déçu, forcément.
Il y a bien sûr les morceaux tape à l'oeil, comme le dit bien Yuri-G (c'est que ceux-là doivent être accessibles), auxquels j'ajouterais "Cat On The Wall". Ils sont sympas, entraînants. Mais bon, ce n'est pas bien fantastique. On les aurait bien vus sur Stories From The City, Stories From The Sea. A part ça, il y en a quatre qui sont agréables à écouter pour leur côté mélancolique, à savoir "You Come Through", "It's You", "The Desperate Kingdom Of Love", et "The Darker Days Of Me And Him". Et encore, on est parfois à deux doigts du bouton stop. Mais bon, pour le reste, y'a pas à dire: on s'emmerde, c'est plutôt fade... et cela même après nombre d'écoutes avec la volonté de ne pas avoir perdu notre argent.
Certes, la voix de PJ est belle. Ca, ça ne fait aucun doute. Seulement ça ne suffit pas, et comme le reste manque à l'appel, difficile d'apprécier ce disque dans sa totalité. On peut évoluer, elle l'a fait. Mais une évolution n'est pas nécessairement un signe positif et cela ne peut pas être pris en compte dans la justification de la qualité de Uh Huh Her. Si qualité il y a.
Facile de cracher sur Stories From The City, Stories From The Sea. Lui, au moins, bien qu'accessible - il paraît que c'est un défaut - avait le mérite d'être sympatique du début à la fin.
Moyen 10/20
Posté le 10 juin 2005 à 16 h 12 |
"L'excitante excitée" : voilà décrite, en deux petits mots, miss Harvey. Description banale peut-être mais inattaquable, PJ s'étant elle-même nommée ainsi.
Polly est une icône féminine de l'univers rock et dans ce milieu, on réprouve tout ce qui est poli. De la chair, des poses lascives, des mots crus : le sexe est ce qui stimule sa création. C'est grâce à cela qu'elle s'est fait connaître. Connaître de vue simplement, car il est impossible de la saisir, de la comprendre. Impossible de lui attribuer un qualificatif fixe, excepté celui de surprenante.
"Uh Huh Her" rompt avec le cheminement des albums précédents, qui convergaient vers la maturité, vers une musique plus lisse (cf. "Stories From The City, Stories From The Sea"). Avec ce septième opus, nous retournons à ses débuts. A nous de nous réadapter à la crasse, à la violence de "Dry". La chute n'est pas douloureuse : PJ sait plus que jamais faire aimer ses états d'âme volatiles, et la simplicité.
"Uh Huh Her", c'est la complexité de Polly Jean incarnée : la hargne et la fougue s'opposent au calme et à la délicatesse tout au long des 14 morceaux. Une femme fatale en rogne contre l'amour et une femme-enfant qui le réclame ; ce sont ces deux personnages antithétiques que nous rencontrons dans cet album.
La guitare est une sorte de souffre-douleur râpeux, la batterie exprime lourdeur et constance, tandis que la voix est rage. Tout ça concorde magnifiquement avec des paroles plutôt tragiques et irritées.
L'amour est alors saleté ( d'où la nécessité de l'astiquer : "Wash It On Wash It Off" ), honte et étouffement ; les hommes tels que "Mr. Badmouth" sont déception.
"Who The Fuck?" et "Pocket Knife" traduisent au mieux ce refus d'aimer et d'appartenir - <<Get your dirty fingers out of my hair, I'm free, I'm me, I don't wanna be tied down>>.
Seule la sensualité semble lui plaire, et encore, c'est par l'intermédiaire d'un stylo et d'une lettre qu'elle éprouve du plaisir. PJ se veut insaisissable. Et, la plus belle manière de l'être, c'est de changer totalement, du dur au doux.
Cette douceur inattendue est créée par des cordes désormais caressées, par une voix posée. Comme après une dispute, on sent l'envie de reprendre ses esprits, de renouer avec ce qu'on voulait casser : les sentiments. L'Anglaise retrouve sa sensibilité, son goût -très- prononcé pour l'amour ("The Slow Drug" ; "Cat On The Wall"; "It's You"), même si elle est avant tout une amoureuse triste et mélancolique ("The Desperate Kingdom Of Love"). La querelle est loin : l'homme crade est devenu un ami, un dieu. L'atmosphère est planante, indicible.
Ainsi les mots disparaissent, laissent place aux instruments avec "The End", titre dédié à son (petit ?, ex-petit ?) ami Vincent Gallo, puis à des chants de "Seagulls".
PJ revient pleine de mélancolie pour deux belles ballades, qui closent l'album avec finesse et réintroduisent le côté sombre de l'amour.
Les conclusions 'questionneuses' sont toujours les meilleures, surtout quand la ponctuation est sous-entendue et sans réponses. Qui est PJ ? Qu'est-ce que l'amour ? ... Excitée excitante ? Sûrement.
Mais, comme pour l'amour, il y a une partie corps et une partie coeur ... La plus jouissive n'est pas forcément celle que l'on imagine.
Polly est une icône féminine de l'univers rock et dans ce milieu, on réprouve tout ce qui est poli. De la chair, des poses lascives, des mots crus : le sexe est ce qui stimule sa création. C'est grâce à cela qu'elle s'est fait connaître. Connaître de vue simplement, car il est impossible de la saisir, de la comprendre. Impossible de lui attribuer un qualificatif fixe, excepté celui de surprenante.
"Uh Huh Her" rompt avec le cheminement des albums précédents, qui convergaient vers la maturité, vers une musique plus lisse (cf. "Stories From The City, Stories From The Sea"). Avec ce septième opus, nous retournons à ses débuts. A nous de nous réadapter à la crasse, à la violence de "Dry". La chute n'est pas douloureuse : PJ sait plus que jamais faire aimer ses états d'âme volatiles, et la simplicité.
"Uh Huh Her", c'est la complexité de Polly Jean incarnée : la hargne et la fougue s'opposent au calme et à la délicatesse tout au long des 14 morceaux. Une femme fatale en rogne contre l'amour et une femme-enfant qui le réclame ; ce sont ces deux personnages antithétiques que nous rencontrons dans cet album.
La guitare est une sorte de souffre-douleur râpeux, la batterie exprime lourdeur et constance, tandis que la voix est rage. Tout ça concorde magnifiquement avec des paroles plutôt tragiques et irritées.
L'amour est alors saleté ( d'où la nécessité de l'astiquer : "Wash It On Wash It Off" ), honte et étouffement ; les hommes tels que "Mr. Badmouth" sont déception.
"Who The Fuck?" et "Pocket Knife" traduisent au mieux ce refus d'aimer et d'appartenir - <<Get your dirty fingers out of my hair, I'm free, I'm me, I don't wanna be tied down>>.
Seule la sensualité semble lui plaire, et encore, c'est par l'intermédiaire d'un stylo et d'une lettre qu'elle éprouve du plaisir. PJ se veut insaisissable. Et, la plus belle manière de l'être, c'est de changer totalement, du dur au doux.
Cette douceur inattendue est créée par des cordes désormais caressées, par une voix posée. Comme après une dispute, on sent l'envie de reprendre ses esprits, de renouer avec ce qu'on voulait casser : les sentiments. L'Anglaise retrouve sa sensibilité, son goût -très- prononcé pour l'amour ("The Slow Drug" ; "Cat On The Wall"; "It's You"), même si elle est avant tout une amoureuse triste et mélancolique ("The Desperate Kingdom Of Love"). La querelle est loin : l'homme crade est devenu un ami, un dieu. L'atmosphère est planante, indicible.
Ainsi les mots disparaissent, laissent place aux instruments avec "The End", titre dédié à son (petit ?, ex-petit ?) ami Vincent Gallo, puis à des chants de "Seagulls".
PJ revient pleine de mélancolie pour deux belles ballades, qui closent l'album avec finesse et réintroduisent le côté sombre de l'amour.
Les conclusions 'questionneuses' sont toujours les meilleures, surtout quand la ponctuation est sous-entendue et sans réponses. Qui est PJ ? Qu'est-ce que l'amour ? ... Excitée excitante ? Sûrement.
Mais, comme pour l'amour, il y a une partie corps et une partie coeur ... La plus jouissive n'est pas forcément celle que l'on imagine.
Exceptionnel ! ! 19/20
Posté le 21 juin 2005 à 15 h 36 |
Allez.
Pour ma 50éme chronique je me paie le luxe de parler de PJ.
Venant pour la première fois de lire le concept de toute chronique, je me vois bien mari...
En effet le contenu des critiques doit être objectif et j'avoue que dès qu'il s'agit de la demoiselle PJ j'ai du mal à rester objectif...
Esperons que ma chronique ne sera pas mise aux oubliettes.
Beaucoup de choses ont été dites avant la sortie de ce disque, de l'éternel retour aux sources servi à toutes les sauces, au reniement.
Ce disque comporte les deux facettes de Polly: la rage et la douceur.
La reussite de ce disque est peut-être d'ailleur la façon magistrale avec laquelle l'ambiance change d'humeur en restant homogène.
Il se dégage quelque chose de cru de ces titres. La production est minimale et plus rèche que sur "Stories...". La plupart des titres sont courts et incisifs.
Les mélodies sont toujours aussi prégnantes, et la voix est porteuse de tant d'émotions, "The Darker Days Of Me And Him" sublime tout en retenue, "The Letter" rugueux...
Ce disque, peut-être moins accessible que le précédent, est une fois de plus une grande reussite.
Un disque qui nous mène dans les méandres des questionnements de cette grande Dame du Rock.
Chapeau bas...
Pour ma 50éme chronique je me paie le luxe de parler de PJ.
Venant pour la première fois de lire le concept de toute chronique, je me vois bien mari...
En effet le contenu des critiques doit être objectif et j'avoue que dès qu'il s'agit de la demoiselle PJ j'ai du mal à rester objectif...
Esperons que ma chronique ne sera pas mise aux oubliettes.
Beaucoup de choses ont été dites avant la sortie de ce disque, de l'éternel retour aux sources servi à toutes les sauces, au reniement.
Ce disque comporte les deux facettes de Polly: la rage et la douceur.
La reussite de ce disque est peut-être d'ailleur la façon magistrale avec laquelle l'ambiance change d'humeur en restant homogène.
Il se dégage quelque chose de cru de ces titres. La production est minimale et plus rèche que sur "Stories...". La plupart des titres sont courts et incisifs.
Les mélodies sont toujours aussi prégnantes, et la voix est porteuse de tant d'émotions, "The Darker Days Of Me And Him" sublime tout en retenue, "The Letter" rugueux...
Ce disque, peut-être moins accessible que le précédent, est une fois de plus une grande reussite.
Un disque qui nous mène dans les méandres des questionnements de cette grande Dame du Rock.
Chapeau bas...
Excellent ! 18/20
Posté le 24 août 2005 à 15 h 55 |
Qu'avait t-elle encore à prouver? Après des réussites telles que Dry, To Bring You My Love et Stories From The Sea, PJ Harvey s'était définitivement installée au sommet de la pyramide indé. Peu importaient alors les quelques titres moins inspirées qui jalonnaient Rid Of Me et Is This Desire?: ces deux disques avaient largement contribué à asseoir la crédibilité de la dame, de par leur sécheresse (Rid Of Me) et leur ambition affichée (Is This Desire?).
Alors plus d'un an après la sortie de Uh Huh Her, que penser de l'objet? Est ce un bordel sans nom, comme on pourrait le penser à l'écoute de ces titres elliptiques, mixés de manière capricieuse, voire fénéante? On est obligé d'y penser tant l'esprit "démo" est revendiqué (y compris sur la pochette): un parfum d'inachevé flotte sur les premières écoutes de Uh Huh Her... Jusqu'à ce que certaines compositions se détachent réellement: The Life And Death Of Mister Badmouth, Who The Fuck, The Letter, Cat On The wall, It's You sont à ce titre de vrais repères, des refuges dans lesquels on se complait car on y retrouve sans mal la PJ des années passées.
C'est donc avec timidité qu'on se lance dans les restes brouillons jetés en pâture à l'auditeur. Pourtant, Shame, The Slow Drug, You Came Through, ou The Desperate Kingdom Of Love, par exemple, recèlent de vraies qualités et révèlent une nouvelle femme, plus apaisée, tournée vers de nouveaux horizons comme le folk ou l'électro cheap.
Vous l'aurez compris, le retour aux sources évoqué à l'époque par les médias pour appâter le poisson était encore un mensonge patent: Uh Huh Her est avant tout le fruit d'une artiste totalement libre, qui assume pleinement ses choix, et séduit par sa volonté persistante de sortir du lot commun.
Alors plus d'un an après la sortie de Uh Huh Her, que penser de l'objet? Est ce un bordel sans nom, comme on pourrait le penser à l'écoute de ces titres elliptiques, mixés de manière capricieuse, voire fénéante? On est obligé d'y penser tant l'esprit "démo" est revendiqué (y compris sur la pochette): un parfum d'inachevé flotte sur les premières écoutes de Uh Huh Her... Jusqu'à ce que certaines compositions se détachent réellement: The Life And Death Of Mister Badmouth, Who The Fuck, The Letter, Cat On The wall, It's You sont à ce titre de vrais repères, des refuges dans lesquels on se complait car on y retrouve sans mal la PJ des années passées.
C'est donc avec timidité qu'on se lance dans les restes brouillons jetés en pâture à l'auditeur. Pourtant, Shame, The Slow Drug, You Came Through, ou The Desperate Kingdom Of Love, par exemple, recèlent de vraies qualités et révèlent une nouvelle femme, plus apaisée, tournée vers de nouveaux horizons comme le folk ou l'électro cheap.
Vous l'aurez compris, le retour aux sources évoqué à l'époque par les médias pour appâter le poisson était encore un mensonge patent: Uh Huh Her est avant tout le fruit d'une artiste totalement libre, qui assume pleinement ses choix, et séduit par sa volonté persistante de sortir du lot commun.
Bon 15/20
Posté le 14 février 2006 à 11 h 14 |
On peut dire qu'avec cet album, l'artiste renoue véritablement avec son côté cru et épuré après le plus (voir trop) ‘arrangé' "Stories From The City...". Rien qu'à la pochette, montrant le visage de la chanteuse en gros plan, brut, sans artifices, et des les premières notes de "The Life & Death ...", cette impression se confirme. La musique est sèche, la voix éraillée, écorchée, comme sur ses deux premiers opus. Le charisme de PJ Harvey se confirme à travers toute une série de morceaux dans lesquels elle apparaît sauvage ("Who The Fuck", "The Letter"), fragile et émouvante ("Shame", "Pocket Knife", "It's You", "The desperate Kingdom"), déterminée ("Cat On The Wall"), sensuelle et troublante ("You Come Through"), voire bouleversante sur "The Darker Days..."... Les guitares sont tantôt rudes et abrasives, tantôt douces et caressantes, les paroles sont toujours aussi chargées d'émotions. Plus de 10 ans après ses débuts, PJ Harvey, signe là encore un chef d'œuvre, un album qu'il faut écouter et réécouter, un album qui ne dévoile pas tout sa splendeur en une seule fois, un album qui distille son charme progressivement, mais qui, une fois qu'on y est entré, reste tatoué à jamais dans notre esprit. Un album entièrement réalisé par une artiste complète, fidèle à ses convictions, intègre et entière qui, malgré les années est toujours aussi bouleversante et n'a pas perdu un gramme de son charisme et de sa classe.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 11 décembre 2008 à 00 h 32 |
Pour vous parler de mon amour pour la plus séduisante que jolie Polly Jean Harvey, j'ai choisi d'évoquer Uh Huh Her, un disque que je trouve un brin sous-estimé. C'est un disque particulier pour moi, puisqu'il s'agit du premier dont j'ai vécu la sortie, ayant découvert la dame en 2002. J'ai donc pu me forger mon propre avis dessus, d'autant que cet album était attendu après Stories From The City, Stories From The Sea, qui avait divisé son public.
Je me souviens des photos qui ornaient la presse à la sortie de l'album. On y voyait une Polly Jean d'une maigreur maladive, au maquillage maladroit et les cheveux ébouriffés cachant ses yeux. Associées aux rumeurs concernant un retour aux sources, on pouvait s'attendre à un album qui tranchait avec l'apaisement de son opus précédent. C'est effectivement le cas, même si le retour aux sources se révèle finalement infondé, PJ dévoilant une nouvelle facette de son art.
Uh Huh Her s'ouvre sur le très bon "The Life And Death Of Mr. Badmouth", qui se révèle assez surprenant. On retrouve la façon unique de PJ de gratter sa guitare, et son son lourd et rugueux. Mais celui-ci est allégé par des refrains habillés d'électronique, somme toute assez aériens. "Shame" est aussi originale, relativement dépouillée et portée par la voix de PJ. Cette introduction reflète la direction musicale de l'album. Elle a opté pour de la diversité et on retrouvera plusieurs genres sur l'album, dont certains assez nouveaux. Du folk apaisé de "The Desperate Kingdom Of Love" et "No Child Of Mine" au rock teigneux de "Who The Fuck", en passant par l'electro-lo-fi de "The Slow Drug" ou les percussions exotiques de "It's You", l'artiste du Dorset fait preuve d'une aisance et d'une maîtrise impressionnante. Ces compositions sont assez courtes, les surprises se succèdent rapidement malgré le tempo général assez lent de l'album.
Mais ce qui m'a vraiment séduit dans Uh Huh Her est ce qu'il exprime. Ce sont tout d'abord ses paroles qui m'ont scotché. Tout l'album traite du sentiment amoureux, et évite les thèmes du sexe ou de la solitude, ainsi que les portraits glauques. PJ prend le rôle d'une amante coquine sur "The Letter", demandant à son petit ami de lui écrire pour l'exciter. Mais il s'agit bien du seul texte qui ne soit pas sombre. Tous les autres semblent avoir été écrits après une rupture voulue mais malgré tout difficile à surmonter. Polly Jean assume cette rupture en se rappelant les mensonges de son ex, et le met en garde contre la solitude qui le guette ("The Life And Death Of Mr. Badmouth"). Elle refuse aussi d'être une poupée aux mains de son amant. Maître de son corps ("Who The Fuck ?"), encore plus de son destin et de ses envies de fougue ("Pocket Knife"), elle n'en reste pas moins marquée par la déception, et surtout éperdument amoureuse (peut-être plus du sentiment que de son fiancé). Elle se sait pathétique quand elle court derrière un amant qui ne veut plus d'elle ("Shame", "It's You"), ou quand les souvenirs lui embrouillent l'esprit (la chanson du couple sur "Cat On The Wall"). Mais malgré tout, elle continue désespérément à rechercher l'amour, malgré les déceptions, les dépressions ("The Darker Days Of Me And Him"), et ce avec l'espoir de ses dix-sept ans. Maudits soient les hommes, et encore plus maudit soit son besoin irrépressible d'amour
J'ai vraiment été très touché par ses textes très justes et sincères, qui font partie des meilleurs de sa carrière à mon sens. Le style de PJ est vraiment très beau, sobre et pudique, concis et utilisant les images avec parcimonie mais précision. Sa plume est vraiment acérée, clairvoyante et est un très beau témoignage féminin. Mais j'ajoute que sur plusieurs morceaux où elle n'emploie pas ‘he' ni ‘she', ses textes dépassent les sexes, et même les hommes peuvent s'y reconnaître, en particulier sur "Shame", vraiment splendide, par sa sobriété et sa froide lucidité pathétique. Ces textes sont d'une manière générale absolument pas écorchés ni rageurs. Je dirais que sur cet album, PJ semble morose et résignée, affichant une froideur et une lucidité hors-norme. Les mélodies suivent ce constat : amères et toutes en retenue, elles ne sont pas aussi douloureuses que ce à quoi elle vous avait habitué. Cette impression est, je trouve, renforcée par la production de Uh Huh Her. Celle-ci semble réduite au minimum syndical. La section rythmique est très discrète, les guitares sont mises en avant mais ne sont pas vraiment bruyantes, laissant toute la place à la superbe voix de PJ et ses impresionnantes modulations. Même sur les titres les plus énervés, on ne ressent pas vraiment de rage, mais plutôt un bref coup de sang (exception faîte de "Cat On The Wall"). L'album est assez silencieux, ou plutôt ouaté. Son écoute me procure une étrange sensation de dépouillement, on dirait que PJ est vraiment isolée dans sa villa du Dorset, hors du monde et près de la nature.
La grande qualité des textes et la production homogène du disque sont donc le ciment qui relie les différents styles utilisés par Polly Jean, et assurent finalement une grande cohérence à l'album. Uh Huh Her se révèle bien moins bouleversant que la plupart de ses prédécesseurs, mais il me semble que cela est voulu. La distance qu'elle a pris sur ce qu'elle a vécu lui a permis d'aboutir sur ces ambiances pessimistes, moroses mais toutes en retenue, qui m'ont vraiment troublé et me fascinent toujours. Cet album est bien à la hauteur du reste de sa discographie : je ne saurai dire s'il est le meilleur, mais c'est celui vers lequel je reviens le plus souvent, attiré par son désespoir subtil, qui tranche avec la rage déchirante à laquelle elle nous avait habitués.
Et rétrospectivement, cette retenue dans les sentiments exprimés m'impressionne encore plus lorsqu'on sait que le bouleversant White Chalk allait lui succéder. Polly Jean est maîtresse totale de sa musique, de ce qu'elle veut exprimer, et chacun de ses albums possède sa singularité qui le rend passionnant. Vraiment une artiste d'exception.
Je me souviens des photos qui ornaient la presse à la sortie de l'album. On y voyait une Polly Jean d'une maigreur maladive, au maquillage maladroit et les cheveux ébouriffés cachant ses yeux. Associées aux rumeurs concernant un retour aux sources, on pouvait s'attendre à un album qui tranchait avec l'apaisement de son opus précédent. C'est effectivement le cas, même si le retour aux sources se révèle finalement infondé, PJ dévoilant une nouvelle facette de son art.
Uh Huh Her s'ouvre sur le très bon "The Life And Death Of Mr. Badmouth", qui se révèle assez surprenant. On retrouve la façon unique de PJ de gratter sa guitare, et son son lourd et rugueux. Mais celui-ci est allégé par des refrains habillés d'électronique, somme toute assez aériens. "Shame" est aussi originale, relativement dépouillée et portée par la voix de PJ. Cette introduction reflète la direction musicale de l'album. Elle a opté pour de la diversité et on retrouvera plusieurs genres sur l'album, dont certains assez nouveaux. Du folk apaisé de "The Desperate Kingdom Of Love" et "No Child Of Mine" au rock teigneux de "Who The Fuck", en passant par l'electro-lo-fi de "The Slow Drug" ou les percussions exotiques de "It's You", l'artiste du Dorset fait preuve d'une aisance et d'une maîtrise impressionnante. Ces compositions sont assez courtes, les surprises se succèdent rapidement malgré le tempo général assez lent de l'album.
Mais ce qui m'a vraiment séduit dans Uh Huh Her est ce qu'il exprime. Ce sont tout d'abord ses paroles qui m'ont scotché. Tout l'album traite du sentiment amoureux, et évite les thèmes du sexe ou de la solitude, ainsi que les portraits glauques. PJ prend le rôle d'une amante coquine sur "The Letter", demandant à son petit ami de lui écrire pour l'exciter. Mais il s'agit bien du seul texte qui ne soit pas sombre. Tous les autres semblent avoir été écrits après une rupture voulue mais malgré tout difficile à surmonter. Polly Jean assume cette rupture en se rappelant les mensonges de son ex, et le met en garde contre la solitude qui le guette ("The Life And Death Of Mr. Badmouth"). Elle refuse aussi d'être une poupée aux mains de son amant. Maître de son corps ("Who The Fuck ?"), encore plus de son destin et de ses envies de fougue ("Pocket Knife"), elle n'en reste pas moins marquée par la déception, et surtout éperdument amoureuse (peut-être plus du sentiment que de son fiancé). Elle se sait pathétique quand elle court derrière un amant qui ne veut plus d'elle ("Shame", "It's You"), ou quand les souvenirs lui embrouillent l'esprit (la chanson du couple sur "Cat On The Wall"). Mais malgré tout, elle continue désespérément à rechercher l'amour, malgré les déceptions, les dépressions ("The Darker Days Of Me And Him"), et ce avec l'espoir de ses dix-sept ans. Maudits soient les hommes, et encore plus maudit soit son besoin irrépressible d'amour
J'ai vraiment été très touché par ses textes très justes et sincères, qui font partie des meilleurs de sa carrière à mon sens. Le style de PJ est vraiment très beau, sobre et pudique, concis et utilisant les images avec parcimonie mais précision. Sa plume est vraiment acérée, clairvoyante et est un très beau témoignage féminin. Mais j'ajoute que sur plusieurs morceaux où elle n'emploie pas ‘he' ni ‘she', ses textes dépassent les sexes, et même les hommes peuvent s'y reconnaître, en particulier sur "Shame", vraiment splendide, par sa sobriété et sa froide lucidité pathétique. Ces textes sont d'une manière générale absolument pas écorchés ni rageurs. Je dirais que sur cet album, PJ semble morose et résignée, affichant une froideur et une lucidité hors-norme. Les mélodies suivent ce constat : amères et toutes en retenue, elles ne sont pas aussi douloureuses que ce à quoi elle vous avait habitué. Cette impression est, je trouve, renforcée par la production de Uh Huh Her. Celle-ci semble réduite au minimum syndical. La section rythmique est très discrète, les guitares sont mises en avant mais ne sont pas vraiment bruyantes, laissant toute la place à la superbe voix de PJ et ses impresionnantes modulations. Même sur les titres les plus énervés, on ne ressent pas vraiment de rage, mais plutôt un bref coup de sang (exception faîte de "Cat On The Wall"). L'album est assez silencieux, ou plutôt ouaté. Son écoute me procure une étrange sensation de dépouillement, on dirait que PJ est vraiment isolée dans sa villa du Dorset, hors du monde et près de la nature.
La grande qualité des textes et la production homogène du disque sont donc le ciment qui relie les différents styles utilisés par Polly Jean, et assurent finalement une grande cohérence à l'album. Uh Huh Her se révèle bien moins bouleversant que la plupart de ses prédécesseurs, mais il me semble que cela est voulu. La distance qu'elle a pris sur ce qu'elle a vécu lui a permis d'aboutir sur ces ambiances pessimistes, moroses mais toutes en retenue, qui m'ont vraiment troublé et me fascinent toujours. Cet album est bien à la hauteur du reste de sa discographie : je ne saurai dire s'il est le meilleur, mais c'est celui vers lequel je reviens le plus souvent, attiré par son désespoir subtil, qui tranche avec la rage déchirante à laquelle elle nous avait habitués.
Et rétrospectivement, cette retenue dans les sentiments exprimés m'impressionne encore plus lorsqu'on sait que le bouleversant White Chalk allait lui succéder. Polly Jean est maîtresse totale de sa musique, de ce qu'elle veut exprimer, et chacun de ses albums possède sa singularité qui le rend passionnant. Vraiment une artiste d'exception.
Exceptionnel ! ! 19/20
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