PJ Harvey

The Hope Six Demolition Project

The Hope Six Demolition Project

 Label :     Island 
 Sortie :    vendredi 15 avril 2016 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Un nouvel album de PJ Harvey, c'est toujours un événement. Alors, quand un peu plus de cinq ans après l'achat de Let England Shake (2011), je me suis retrouvé au rayon cd d'un magasin d'une grande chaîne spécialisée dans l'électronique, je me suis dit que je tenais assurément l'un de mes disques de l'année. PJ Harvey, une artiste que je suis depuis ma jeune adolescence et que j'associe du coup à ces groupes et artistes qui constituent mes premiers amours en matière de rock. Une artiste qui ne m'a jamais déçu ; même White Chalk (2007), qui m'avait pas mal déconcerté au début, a finalement gagné mon estime.

Cinq ans après le triomphe artistique de Let England Shake, j'étais curieux d'entendre ce que l'Anglaise avait à me proposer. Traditionnellement, chacun de ses albums a son identité propre, et depuis 2011, de l'eau a coulé sous les ponts, comme on dit. À l'époque, j'étais encore étudiant, et maintenant, je dois attendre la fin du boulot pour plonger le cd dans ma chaîne hi-fi. Cinq ans, c'est long, et ça donne assez de temps pour laisser mûrir un projet neuf et audacieux, ou tout au moins, solide.

The Hope Six Demolition Project, un titre allumé pour un album finalement assez classique, et dans la continuité, sans être une pâle copie, de Let England Shake. Une fois passé la ritournelle pop d'introduction "The Community of Hope" qui ferait plutôt penser à la PJ Harvey de Stories from the City, Stories from the Sea (2001), l'Anglaise nous retrouve sur les terres explorées lors de son précédent album : un folk rock assez léché avec de nombreux chœurs masculins, des textes poétiques inspirés par la politique ou la guerre et écrits en adoptant un point de vue externe, une certaine richesse instrumentale et des touches fréquentes de saxophone, un degré important de retenue, bien loin du rock crade et du blues lubrique des débuts. La formule peut sembler cruelle, et est certainement excessive, mais on a parfois le sentiment que The Hope Six Demolition Project est une note de bas de page à Let England Shake.

Le disque renferme, pourtant, de nombreux bons moments : le très joli "The Orange Monkey", l'efficace premier single "The Wheel", "The Ministry Of Social Affairs" qui mêle vaguement blues et free-jazz, ou encore "River Anacostia", un titre aérien et cinématographique, probablement mon favori. On aurait pu citer d'autres morceaux, car rien n'est mauvais sur ce nouvel opus : tout est à sa place, et tout est bien fait. Le souci principal réside plutôt dans le fait que si tout est joli, rien n'est réellement marquant (à part peut-être, éventuellement, sait-on jamais "River Anacostia"), et rien ne dépasse ni n'égale les meilleurs moments de son précédent album.

Let England Shake a obtenu un succès commercial relativement important (l'un de ses plus grands), et un accueil critique dithyrambique (remportant de multiples prix, et cité parmi les albums de l'année, voire comme l'Album de l'année par de nombreux magazines et soi-disant spécialistes). PJ Harvey avait, d'ailleurs, annoncé qu'un album successeur prendrait peut-être dix ans à sortir, un peu comme si elle avait l'impression d'avoir atteint un sommet avec Let England Shake. Comment, en tant qu'artiste, se remettre d'un album qui en quelque sorte nous dépasse ? C'est un peu l'équation que PJ Harvey a dû tenter de résoudre. On connaît tous des artistes qui s'y sont cassés les dents.

Au final, The Hope Six Demolition Project est un disque de bonne facture. Du bon PJ Harvey, mais pas du grand PJ Harvey : une œuvre où on retrouve indéniablement le savoir-faire, mais où il nous manque l'originalité, la folie, le côté imprévisible qui fait l'artiste.


Bon   15/20
par Rebecca Carlson


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