PJ Harvey
White Chalk |
Label :
Island |
||||
White Chalk nous fait découvrir une toute nouvelle PJ Harvey. Album de la maturité ? Expérimentation ponctuelle ? Envie de s'essayer à un répertoire inexploré ? La chanteuse fait table rase de toutes ses expériences passées et s'essaie à tout autre chose.
Et il y a de quoi être désorienté ! A la première écoute de White Chalk, on peine à reconnaître ne serait ce que la voix si particulière de la chanteuse. To Bring You My Love avait déjà retourné pas mal de monde, à l'époque de sa sortie, par le gouffre artistique franchi depuis Rid Of Me mais là c'est un pas encore plus gigantesque que se permet PJ Harvey. Il est à parier qu'un bon nombre de ses admirateurs vont rester sur le carreau ; hermétiques ou conquis!
Ce qui tranche le plus avec les albums précédents, c'est l'absence complète de ces guitares saturées crades et explicites grâce auxquelles la chanteuse avait forgé son style emblématique désormais passé. Et de manière générale, tout ce qui est typiquement rock n'existe plus. Exit, par la même occasion, les ambiances poisseuses et viscérales. La voix suit également ce chemin en laissant de côté le chant tendu et prenant.
Place à une musique éthérée et rêveuse. Le piano remplace les guitares susnommées dans la construction des structures des morceaux. Autrefois graves et plombés, ils deviennent ici légers et mélodieux souvent enrichis d'instruments jusqu'alors inusités par la chanteuse. Ceux-ci savent se faire discrets par des arrangements alambiqués à l'extrême n'entachant en rien la pureté des mélodies par une exubérance qui aurait fait plonger White Chalk dans le grotesque.
Résultat : la plupart des morceaux atteignent une intensité émotionnelle assez rare et complètement trippante. On est littéralement transporté par tant de grâce, complètement chamboulé, hypnotisé. "Silence", "Dear Darkness" ou "The Mountain" sont de véritables déclencheurs d'évasion. De plus, la fragilité minimaliste de l'ensemble permet une immersion encore plus totale...
La chanteuse montre ici une nouvelle facette de son immense talent, une totale remise en cause de son art parfaitement réussie. Il est à parier que White Chalk n'a pas fini d'inspirer d'autres artistes comme Dry en son temps.
Par ce virage artistique, PJ Harvey prend en même temps à contre-pied les clichés. Après avoir mis à nue sa personnalité, ses doutes, ses angoisses telle une adolescente entrant dans l'âge adulte, elle retourne en enfance, raconte ses souvenirs... Débarrassée des aspects entachant sa personnalité, elle redevient pure et immaculée. Sa musique en ressort complètement rénovée et originale et possède, de plus, des vertus salvatrices et thérapeutiques dont on n'est pas prêt d'avoir fait le tour.
Une nouvelle fois, PJ Harvey nous retourne complètement. Magique, incontournable et indispensable...
Et il y a de quoi être désorienté ! A la première écoute de White Chalk, on peine à reconnaître ne serait ce que la voix si particulière de la chanteuse. To Bring You My Love avait déjà retourné pas mal de monde, à l'époque de sa sortie, par le gouffre artistique franchi depuis Rid Of Me mais là c'est un pas encore plus gigantesque que se permet PJ Harvey. Il est à parier qu'un bon nombre de ses admirateurs vont rester sur le carreau ; hermétiques ou conquis!
Ce qui tranche le plus avec les albums précédents, c'est l'absence complète de ces guitares saturées crades et explicites grâce auxquelles la chanteuse avait forgé son style emblématique désormais passé. Et de manière générale, tout ce qui est typiquement rock n'existe plus. Exit, par la même occasion, les ambiances poisseuses et viscérales. La voix suit également ce chemin en laissant de côté le chant tendu et prenant.
Place à une musique éthérée et rêveuse. Le piano remplace les guitares susnommées dans la construction des structures des morceaux. Autrefois graves et plombés, ils deviennent ici légers et mélodieux souvent enrichis d'instruments jusqu'alors inusités par la chanteuse. Ceux-ci savent se faire discrets par des arrangements alambiqués à l'extrême n'entachant en rien la pureté des mélodies par une exubérance qui aurait fait plonger White Chalk dans le grotesque.
Résultat : la plupart des morceaux atteignent une intensité émotionnelle assez rare et complètement trippante. On est littéralement transporté par tant de grâce, complètement chamboulé, hypnotisé. "Silence", "Dear Darkness" ou "The Mountain" sont de véritables déclencheurs d'évasion. De plus, la fragilité minimaliste de l'ensemble permet une immersion encore plus totale...
La chanteuse montre ici une nouvelle facette de son immense talent, une totale remise en cause de son art parfaitement réussie. Il est à parier que White Chalk n'a pas fini d'inspirer d'autres artistes comme Dry en son temps.
Par ce virage artistique, PJ Harvey prend en même temps à contre-pied les clichés. Après avoir mis à nue sa personnalité, ses doutes, ses angoisses telle une adolescente entrant dans l'âge adulte, elle retourne en enfance, raconte ses souvenirs... Débarrassée des aspects entachant sa personnalité, elle redevient pure et immaculée. Sa musique en ressort complètement rénovée et originale et possède, de plus, des vertus salvatrices et thérapeutiques dont on n'est pas prêt d'avoir fait le tour.
Une nouvelle fois, PJ Harvey nous retourne complètement. Magique, incontournable et indispensable...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Abe-sapien |
Posté le 24 septembre 2007 à 18 h 15 |
La charismatique Polly Jean semble avoir abandonné la mode punk-trashy façon Yeah Yeah Yeahs contre un genre plus élégant et plus réservé sur ce dernier album. Rien que l'artwork sobre et inquiétant de la pochette semble l'annoncer ; Une belle femme habillée façon rétro, au regard vide, qui semble assise là depuis et pour l'éternité, dans un calme appartement pesant et sinistre. Cette femme assise là, à moitié morte, semble rongée de l'intérieure, comme si quelque chose de terrible lui est arrivée. Cela ne présage rien de joyeux.
Et donc sans surprise, ce dernier disque en date dévoile bel et bien du mélancolique, de la nostalgie voire même du tragique à souhait. Un album d'une profondeur et d'une tristesse déchirante, qui rappelle bien celle qui nous avait déjà tous marqués avec Is This Desire ?. Et pourtant quasiment aucune comparaison n'a lieu d'être entre ces deux albums. Même si le pessimisme et le chagrin sont toujours bien dominants, les manières de les exprimer et de les partager sont radicalement différentes. Terminé les guitares désabusées, les synthés lugubres, les rythmiques poignantes... La vedette sur ce White Chalk, d'un bout à l'autre, c'est bien le piano. 11 compositions entièrement pianotées, avec plus ou moins de virtuosité, mais jamais sans émotions saisissantes, sans terribles émois, et jamais sans fragilité.
Et pourtant, l'intensité des toutes premières notes du premier morceau ("The Devil"), semble contredire ce qui a été annoncé plus haut, l'humeur d'une combattante déterminée se fait plus ressentir qu'autre chose. Mais c'est en réalité de ce point que tout va commencer à fondre en profonde mélancolie, en complainte désenchantée. Et à morosité va très vite s'associer crises d'angoisse psychédélique et autres rêves éveillés, les chœurs et les divers effets ténébreux se multiplient, et laissent l'auditeur désarmé face à cette fatalité apparente...
Une ode au désespoir et à la tragique fatalité... C'est donc à peu près tout ce qu'a à nous offrir PJ ici, qui semble patauger dans une mauvaise passe de sa vie, à en croire ce qu'elle partage avec son auditeur son ce dernier opus.
Un album pas très joyeux donc, qui présage peut être quelque chose de terrible, et qui frise par moment le dantesque voir le chaotique. Une femme en blanc immobile entourée d'un tableau noir en guise de craie blanche, et de belles compositions en guise de prozac pour vous...
Un disque qu'on apprécie beaucoup, ou qu'on déteste.
Et donc sans surprise, ce dernier disque en date dévoile bel et bien du mélancolique, de la nostalgie voire même du tragique à souhait. Un album d'une profondeur et d'une tristesse déchirante, qui rappelle bien celle qui nous avait déjà tous marqués avec Is This Desire ?. Et pourtant quasiment aucune comparaison n'a lieu d'être entre ces deux albums. Même si le pessimisme et le chagrin sont toujours bien dominants, les manières de les exprimer et de les partager sont radicalement différentes. Terminé les guitares désabusées, les synthés lugubres, les rythmiques poignantes... La vedette sur ce White Chalk, d'un bout à l'autre, c'est bien le piano. 11 compositions entièrement pianotées, avec plus ou moins de virtuosité, mais jamais sans émotions saisissantes, sans terribles émois, et jamais sans fragilité.
Et pourtant, l'intensité des toutes premières notes du premier morceau ("The Devil"), semble contredire ce qui a été annoncé plus haut, l'humeur d'une combattante déterminée se fait plus ressentir qu'autre chose. Mais c'est en réalité de ce point que tout va commencer à fondre en profonde mélancolie, en complainte désenchantée. Et à morosité va très vite s'associer crises d'angoisse psychédélique et autres rêves éveillés, les chœurs et les divers effets ténébreux se multiplient, et laissent l'auditeur désarmé face à cette fatalité apparente...
Une ode au désespoir et à la tragique fatalité... C'est donc à peu près tout ce qu'a à nous offrir PJ ici, qui semble patauger dans une mauvaise passe de sa vie, à en croire ce qu'elle partage avec son auditeur son ce dernier opus.
Un album pas très joyeux donc, qui présage peut être quelque chose de terrible, et qui frise par moment le dantesque voir le chaotique. Une femme en blanc immobile entourée d'un tableau noir en guise de craie blanche, et de belles compositions en guise de prozac pour vous...
Un disque qu'on apprécie beaucoup, ou qu'on déteste.
Très bon 16/20
Posté le 12 octobre 2007 à 09 h 28 |
PJ Harvey a-t-elle encore de l'épaisseur ?
PJ Harvey est elle encore parmi nous ?
Tout semble prouver le contraire.
Sa voix éthérée paraît immatérielle, sa silhouette brumeuse flotte tel un nuage de poussière blanche. Sa musique s'est amincie à l'extrême.
Et que dire de ce vieux piano désaccordé sorti tout droit d'un vieux cabaret branlant ?
Les mots qui tissent ses textes traitent de regrets, de désespoirs, de questionnements, de personnes disparues ou jamais venues.
Tout porte à croire que PJ s'est retirée. Dans d'autres sphères, dans un univers que jamais nous ne pourrons atteindre.
"Please don't reproch me, for how empty my life has become".
Doit-on reprocher à PJ Harvey d'avoir abandonné sa hargne pour empoigner à bras le corps cette mélancolie ? Oh que non. Parce que ce nouvel univers sort de ses tripes tout autant que la rage qui l'habitait. Parce que les choix d'un artiste sont indiscutables. On y adhère ou pas, mais on ne peut les remettre en cause. Et parce que PJ Harvey prend ce contre-pied avec tant de talent.
Alors, je regretterais une voix plus puissante, une guitare tranchante, mais ce nouveau chemin ne semble laisser de place pour de telles choses.
"Can you forgive me ?".
Tout t'est pardonné PJ.
En espérant que grâce à ce disque tu ais pu exorciser tes vieux fantômes.
Les miens, à l'écoute de ta musique, sont revenus au galop...
PJ Harvey est elle encore parmi nous ?
Tout semble prouver le contraire.
Sa voix éthérée paraît immatérielle, sa silhouette brumeuse flotte tel un nuage de poussière blanche. Sa musique s'est amincie à l'extrême.
Et que dire de ce vieux piano désaccordé sorti tout droit d'un vieux cabaret branlant ?
Les mots qui tissent ses textes traitent de regrets, de désespoirs, de questionnements, de personnes disparues ou jamais venues.
Tout porte à croire que PJ s'est retirée. Dans d'autres sphères, dans un univers que jamais nous ne pourrons atteindre.
"Please don't reproch me, for how empty my life has become".
Doit-on reprocher à PJ Harvey d'avoir abandonné sa hargne pour empoigner à bras le corps cette mélancolie ? Oh que non. Parce que ce nouvel univers sort de ses tripes tout autant que la rage qui l'habitait. Parce que les choix d'un artiste sont indiscutables. On y adhère ou pas, mais on ne peut les remettre en cause. Et parce que PJ Harvey prend ce contre-pied avec tant de talent.
Alors, je regretterais une voix plus puissante, une guitare tranchante, mais ce nouveau chemin ne semble laisser de place pour de telles choses.
"Can you forgive me ?".
Tout t'est pardonné PJ.
En espérant que grâce à ce disque tu ais pu exorciser tes vieux fantômes.
Les miens, à l'écoute de ta musique, sont revenus au galop...
Excellent ! 18/20
Posté le 10 novembre 2007 à 22 h 30 |
La qualité d'un disque est-elle toujours à la hauteur des ambitions de son créateur ? Malheureusement pas, et ce White Chalk en est la preuve.
Pourtant des trois grands retours attendus cette année (Björk, Radiohead et donc PJ Harvey), nul doute que c'est cette dernière qui tient le haut du pavé. D'abord parce que c'est elle qui surprend le plus : le style, les ambiances, l'approche vocale, l'époque même (!) tout cela a radicalement changé. Ainsi, la jeune femme réussit là où ses deux "concurrents" ont manifestement échoué, par gourmandise pour l'islandaise, par trop d'intellectualisation chez les anglais.
Et ensuite, il faut reconnaître que c'est elle qui a su composer les meilleures chansons : notons qu'une fois de plus, le dépouillement se révèle (relativement) payant.
Alors pourquoi donc White Chalk ne tient-il pas toutes ses promesses ?
Ce dernier effort de la britannique est véritablement possédé, c'est indéniable. Et même évocateur d'images très riches : fantômes, enfance perdue, isolement, paysages brumeux ou enneigés...
Tout cela traverse l'esprit, bien, l'imprègne parfois... Mais parfois pas.
Car si le piano est bel et bien un instrument magnifique dont on sort vite de jolis sons et de jolies mélodies, il est aussi aisé de rentrer dans certains travers un peu faciles. Comme l'utilisation systématique de la pédale forte. Ici elle encombre la plupart des compositions de PJ Harvey, et comble difficilement une faiblesse technique (et parfois mélodique, justement) assez évidente.
Cette simplicité, ce minimalisme même, faisait des merveilles sur ses précédents disques, parce qu'il s'en dégageait une énergie incroyable. La faute à des guitares acérées, des choix de production souvent justes.
Ici pas une note plus haute que l'autre, la sobriété des arrangements révélant des mélodies nues comme des vers.
Cette nudité et cette (trop ?) grande uniformité sont à la fois les forces et les faiblesses de White Chalk, qui émerveille parfois ("The Devil", "Dear Darkness", "The Mountain"), séduit souvent ("Before Departure", "Grow Grow Grow", "The Piano") mais ennuie aussi ("White Chalk", "Broken Harp" en tête).
Ainsi PJ Harvey gagne sur cet album en force d'évocation ce qu'elle perd en énergie cathartique. Nous verrons si ce tournant courageux se révèle par la suite réellement convaincant...
Pourtant des trois grands retours attendus cette année (Björk, Radiohead et donc PJ Harvey), nul doute que c'est cette dernière qui tient le haut du pavé. D'abord parce que c'est elle qui surprend le plus : le style, les ambiances, l'approche vocale, l'époque même (!) tout cela a radicalement changé. Ainsi, la jeune femme réussit là où ses deux "concurrents" ont manifestement échoué, par gourmandise pour l'islandaise, par trop d'intellectualisation chez les anglais.
Et ensuite, il faut reconnaître que c'est elle qui a su composer les meilleures chansons : notons qu'une fois de plus, le dépouillement se révèle (relativement) payant.
Alors pourquoi donc White Chalk ne tient-il pas toutes ses promesses ?
Ce dernier effort de la britannique est véritablement possédé, c'est indéniable. Et même évocateur d'images très riches : fantômes, enfance perdue, isolement, paysages brumeux ou enneigés...
Tout cela traverse l'esprit, bien, l'imprègne parfois... Mais parfois pas.
Car si le piano est bel et bien un instrument magnifique dont on sort vite de jolis sons et de jolies mélodies, il est aussi aisé de rentrer dans certains travers un peu faciles. Comme l'utilisation systématique de la pédale forte. Ici elle encombre la plupart des compositions de PJ Harvey, et comble difficilement une faiblesse technique (et parfois mélodique, justement) assez évidente.
Cette simplicité, ce minimalisme même, faisait des merveilles sur ses précédents disques, parce qu'il s'en dégageait une énergie incroyable. La faute à des guitares acérées, des choix de production souvent justes.
Ici pas une note plus haute que l'autre, la sobriété des arrangements révélant des mélodies nues comme des vers.
Cette nudité et cette (trop ?) grande uniformité sont à la fois les forces et les faiblesses de White Chalk, qui émerveille parfois ("The Devil", "Dear Darkness", "The Mountain"), séduit souvent ("Before Departure", "Grow Grow Grow", "The Piano") mais ennuie aussi ("White Chalk", "Broken Harp" en tête).
Ainsi PJ Harvey gagne sur cet album en force d'évocation ce qu'elle perd en énergie cathartique. Nous verrons si ce tournant courageux se révèle par la suite réellement convaincant...
Sympa 14/20
Posté le 18 novembre 2007 à 19 h 05 |
Nous avions connu Polly l'enragée (Dry), la maturité de Polly (Stories From The City, Stories From The Sea), nous découvrons maintenant Polly l'apaisée. Oubliez tout ce que vous avez pu entendre auparavant. Robe blanche, piano, voix haut perchée et sensibilité à fleur de peau : Polly fait table rase du passé. Elle prend ici ses précédents albums à contre-pied au risque de dérouter son public. Personnellement je ne l'aurais jamais reconnue en blind test. PJ me déroute, certes, mais avant tout elle me charme avec cet ensemble de chansons fragiles et mélancoliques. L'album est envoûtant dans son ensemble bien que souffrant d'une certaine monotonie peut être due à un manque de changements de rythmes. Elle m'avait habitué à ses coups de griffes, ai-je du mal à me faire à ses caresses ? Ce disque ne devient que réellement passionnant lorsque qu'on le situe dans un cheminement artistique sur l'ensemble de sa discographie. PJ Harvey bâtit, au fil de ses albums, une oeuvre dans le sens artistique le plus noble du terme.
Très bon 16/20
Posté le 23 décembre 2007 à 00 h 02 |
2007 aura eu son lot de bonnes et mauvaises surprises pour ma part. Mais plus l'année avançait et plus je me demandais si un album allait vraiment surpasser les autres, mettre tout le monde d'accord, c'était sans compter sur PJ Harvey. En effet Polly Jean n'a vraiment plus rien à prouver à qui que se soit, si bien que plus d'un à sa place tomberait dans la facilité pour nous ressortir la même recette... oui plus d'un, mais pas PJ. Apres quinze ans de carrière la demoiselle arrive encore à nous surprendre. On l'a connaissait enervée, sure d'elle, plutôt rock, plutôt pop, voici maintenant qu'elle nous apparait sous un visage méconnu. White Chalk est un album intimiste, où force et excitation sont remplacées par timidité, fébrilité et tristesse. Ici pas de guitares tranchantes, pas de rythme endiablés, juste un piano agrémenté que très rarement d'une guitare accoustique, d'un hamonica ou encore d'une harpe, qui vous conduisent tout droit au déséspoir.
Un album risqué mais courageux, une oeuvre majeure de l'année qui se termine !!!
Un album risqué mais courageux, une oeuvre majeure de l'année qui se termine !!!
Parfait 17/20
Posté le 26 avril 2009 à 19 h 56 |
Les premières notes laissent croire PJ Harvey happée par les mièvreries à la mode. Un disque folk féminin, mollement rêveur et geignard. Une légèreté bon marché troquée contre un peu de consistance. Pourtant ces notes sont troublantes ; se glissent, discrètement, hors de l'anodin. Les écoutes suivantes laissent peu à peu rendre compte de la valeur du disque. On s'aperçoit qu'il s'agit d'une chose rare, un évènement. La belle Polly est malheureuse et a besoin de se faire entendre.
Alors on se prend à écouter ce chant peiné et faible. Les premières impressions s'écartent assez vite, laissant place à son humble complainte. Et on la sent difficile à sortir. Ses efforts se heurtent, sans cesse, aux murs d'impuissance où se brisent ses élans lyriques. Sa voix ne s'envole pas ; mais s'éraille puis s'éteint. Ou alors abrège t-elle sa mélodie de graves amers et sinistres, dégradant la tonalité du morceau. On la sent à bout de force, sincèrement disharmonieuse.
Et sa main lourdement s'abat sur le piano. La mélodie semble hachurée, chaque note isolée et distincte comme autant de batailles. Elles portent un poids qui broie leur apparente légèreté. La rage se tapit au bout de ses doigts, et claque à chaque accord en un cri étouffé. Le fond lui se tapisse de divers éléments, rarement identifiables, souvent indécelables. C'est parfois un son de guitare, ou une voix d'homme qui se perd dans la sienne. Ils n'apparaissent que brièvement, comme des souvenirs ravivés par le piano et le chant. Mais ces deux là les effacent bientôt et continuent leur cheminement tragique.
Ces quelques trente minutes de musique l'épuisent, paraissent en tirer toute force possible. Les morceaux, souvent assez courts, se succèdent en efforts mort-nés. Sa voix et sa main s'économisent tour à tour. D'abord les mots prennent le pas. Mais peu de temps après elle en vient à court. Ses doigts alors se font secs et violents, tentent de la purger de ses peines là où le chant a échoué. Bientôt pourtant le jeu devient pénible. Elle réessaie donc la voix, s'étouffe, frappe son instrument plus rageusement encore. Puis le morceau s'éteint. Pour nos oreilles, il s'agit d'une harmonie très prenante ; si tant est que l'on puisse qualifier de tel ce chaos. Le volume lui-même s'élève et se brise selon les élans de Polly. A cela s'ajoutent quelques effets, dont un écho aussi bref que dérisoire.
L'Eden reste lointain, dans des nues trop hautes pour la consoler. Elle reste impuissante face à ses peines, les laisse glisser vers leur chute désastreuse. Alors gît-elle dans son agonie solitaire et brute. Et si elle semble s'évaporer, c'est parmi des vapeurs de doutes et non de rêves. L'espoir se mure et il ne reste qu'une vie terne et concrète. Polly retranscrit son amertume avec une désarmante authenticité. Il n'y a pas d'héroïsme, ou de révolte. Pas même qu'il n'y a de sens. Les thèmes – la solitude, sa grand-mère morte – se mêlent en un chaos quotidien. On oublie leur origine et on n'en garde que les troubles.
White Chalk est un disque humble et sincère. Une constante disharmonie brutalise les chansons, la beauté simple des mélodies. Chaque instant est broyé de tristesse. Mais Polly parvient à partager sa propre misère avec un art éblouissant. Sur sa voix se réverbèrent nos instants morts, se propage notre mélancolie. C'est presque beau à en pleurer, mais notre souffle coupé ne parvient plus à recracher ses larmes.
Alors on se prend à écouter ce chant peiné et faible. Les premières impressions s'écartent assez vite, laissant place à son humble complainte. Et on la sent difficile à sortir. Ses efforts se heurtent, sans cesse, aux murs d'impuissance où se brisent ses élans lyriques. Sa voix ne s'envole pas ; mais s'éraille puis s'éteint. Ou alors abrège t-elle sa mélodie de graves amers et sinistres, dégradant la tonalité du morceau. On la sent à bout de force, sincèrement disharmonieuse.
Et sa main lourdement s'abat sur le piano. La mélodie semble hachurée, chaque note isolée et distincte comme autant de batailles. Elles portent un poids qui broie leur apparente légèreté. La rage se tapit au bout de ses doigts, et claque à chaque accord en un cri étouffé. Le fond lui se tapisse de divers éléments, rarement identifiables, souvent indécelables. C'est parfois un son de guitare, ou une voix d'homme qui se perd dans la sienne. Ils n'apparaissent que brièvement, comme des souvenirs ravivés par le piano et le chant. Mais ces deux là les effacent bientôt et continuent leur cheminement tragique.
Ces quelques trente minutes de musique l'épuisent, paraissent en tirer toute force possible. Les morceaux, souvent assez courts, se succèdent en efforts mort-nés. Sa voix et sa main s'économisent tour à tour. D'abord les mots prennent le pas. Mais peu de temps après elle en vient à court. Ses doigts alors se font secs et violents, tentent de la purger de ses peines là où le chant a échoué. Bientôt pourtant le jeu devient pénible. Elle réessaie donc la voix, s'étouffe, frappe son instrument plus rageusement encore. Puis le morceau s'éteint. Pour nos oreilles, il s'agit d'une harmonie très prenante ; si tant est que l'on puisse qualifier de tel ce chaos. Le volume lui-même s'élève et se brise selon les élans de Polly. A cela s'ajoutent quelques effets, dont un écho aussi bref que dérisoire.
L'Eden reste lointain, dans des nues trop hautes pour la consoler. Elle reste impuissante face à ses peines, les laisse glisser vers leur chute désastreuse. Alors gît-elle dans son agonie solitaire et brute. Et si elle semble s'évaporer, c'est parmi des vapeurs de doutes et non de rêves. L'espoir se mure et il ne reste qu'une vie terne et concrète. Polly retranscrit son amertume avec une désarmante authenticité. Il n'y a pas d'héroïsme, ou de révolte. Pas même qu'il n'y a de sens. Les thèmes – la solitude, sa grand-mère morte – se mêlent en un chaos quotidien. On oublie leur origine et on n'en garde que les troubles.
White Chalk est un disque humble et sincère. Une constante disharmonie brutalise les chansons, la beauté simple des mélodies. Chaque instant est broyé de tristesse. Mais Polly parvient à partager sa propre misère avec un art éblouissant. Sur sa voix se réverbèrent nos instants morts, se propage notre mélancolie. C'est presque beau à en pleurer, mais notre souffle coupé ne parvient plus à recracher ses larmes.
Intemporel ! ! ! 20/20
Posté le 26 mai 2009 à 15 h 30 |
Parce que Polly c'est du haut de gamme, parce que Jean est bien moulée, parce qu'Harvey est bien plus qu'un mythe, parce que PJ est vraiment celle qui me donne envie de hurler et de gratter comme une folle sur un guitare, même une guitare sans cordes... parce que je suis fan tout simplement !
Je me souviens bien de la sensation que m'a procuré la première écoute de ce White Chalk. Je me souviens très bien aussi que ce disque s'est associé à une période de ma vie (normal!) qui s'efface peu à peu de ma mémoire. Ce qui m'ennuie profondément car cela signifie que je vieillis et que mes souvenirs s'estompent avec le temps. Si on ne peut lutter contre cela de manière biologique, scientifique ou je ne sais quel autre moyen, on peut avoir recours à la magie et ma magie à moi pour lutter contre l'oubli c'est ce disque de PJ Harvey.
Avec ce disque, PJ Harvey ne fait que consolider sa place au sommet des artistes féminines les plus enviables. Elle prouve encore une fois qu'elle possède un talent hors norme et une sensibilité qui peut parfois sembler un peu naïve. C'est évidement le sentiment que peuvent ressentir les fans masculins de la belle, c'est aussi le piège qu'elle peut leur tendre car elle possède ce talent si rare de rendre n'importe quel bon sentiment qui pourrait rendre honteux en épine douloureuse.
Un piano, une voix, des belles mélodies...ça peut sembler banal mais quand cela concerne Polly Jean Harvey, la banalité fait vite place à la singularité. Oui White Chalk est un peu comme ça, doux, amer, salé sans aditif ni édulcorant, c'est un album qui laisse dans mon corps une traînée de poudre dorée et dans mon esprit un souvenir que je suis en train de revivre ! Merci Polly !!
Je me souviens bien de la sensation que m'a procuré la première écoute de ce White Chalk. Je me souviens très bien aussi que ce disque s'est associé à une période de ma vie (normal!) qui s'efface peu à peu de ma mémoire. Ce qui m'ennuie profondément car cela signifie que je vieillis et que mes souvenirs s'estompent avec le temps. Si on ne peut lutter contre cela de manière biologique, scientifique ou je ne sais quel autre moyen, on peut avoir recours à la magie et ma magie à moi pour lutter contre l'oubli c'est ce disque de PJ Harvey.
Avec ce disque, PJ Harvey ne fait que consolider sa place au sommet des artistes féminines les plus enviables. Elle prouve encore une fois qu'elle possède un talent hors norme et une sensibilité qui peut parfois sembler un peu naïve. C'est évidement le sentiment que peuvent ressentir les fans masculins de la belle, c'est aussi le piège qu'elle peut leur tendre car elle possède ce talent si rare de rendre n'importe quel bon sentiment qui pourrait rendre honteux en épine douloureuse.
Un piano, une voix, des belles mélodies...ça peut sembler banal mais quand cela concerne Polly Jean Harvey, la banalité fait vite place à la singularité. Oui White Chalk est un peu comme ça, doux, amer, salé sans aditif ni édulcorant, c'est un album qui laisse dans mon corps une traînée de poudre dorée et dans mon esprit un souvenir que je suis en train de revivre ! Merci Polly !!
Excellent ! 18/20
Posté le 20 août 2009 à 12 h 04 |
"J'essaie de ne pas me répeter". Voici les quelques mots que ne cessent de répéter de manière obsédante PJ Harvey, lors de ses dernières interviews, et, à l'écoute de ce dernier album, on comprend rapidement que son but a été atteint. En effet, bien que comptant huit albums à son actif, l'anglaise a toujours su renouveler son approche de la musique du rock quasi-post-punk du début de carrière sur Dry, en passant par le blues expérimental de To Bring You My Love jusqu'à la sagesse électro de Is This Desire ?. White Chalk, quant à lui, est sans doute le changement le plus radical de toute sa carrière, en remplaçant sa traditionnelle guitare par le piano, le rock par le folk, les graves par les aigus.
Le premier morceau intitulé "The Devil", où un piano martelé auquel vient se greffer une voix enfantine, puis un tambourin saccadé, marque le coup d'arrêt : PJ et le rock ont divorcé, le classique trio guitare-basse-batterie est mort. Tout au long de l'album, on sent rapidement l'influence folk pointer son nez notamment au travers du très classieux et mélancolique titre "White Chalk" pour lequel guitare sèche, harmonica et banjo sont de mises. A côté de cela, PJ laisse de côté la thématique amoureuse qu'elle a beaucoup ressassé dans ses derniers albums (Uh Huh Her, Stories From The City, Stories From The Sea) pour se consacrer à celle de l'abandon, la rupture, la mort. Ainsi, sa musique se fait-elle plus sombre encore qu'elle n'a pu l'être par le passé : "To Talk To You" est un dialogue à travers l'au-delà entre elle et sa grand-mère décédée, "When Under Ether" dans une ambiance victorienne décrit un avortement, "The Piano" raconte l'histoire d'un meurtre affreux au marteau et "The Mountain" clôt l'album sur un hurlement déchirant évoquant Diamanda Galas.
Cependant, l'ensemble de l'album reste, paradoxalement, assez lumineux et réconfortant comme si PJ avait réussi à rendre compte en musique de ce que les romantiques du XIXème appelaient le "spleen", cet état de mélancolie dans lequel l'artiste poète se plait à se plonger afin d'y puiser son inspiration. Les paroles du magnifique "Dear Darkness" sont là pour en attester où PJ s'adresse aux ténèbres, comme à un ami, afin de la recouvrir et la protéger de la lumière.
"White Chalk" est sans doute l'album le plus dépouillé et le plus beau qu'elle n'ait jamais composé grâce à la production subtile et intelligente de John Parish et Flood (déjà présents sur To Bring You My Love) où chaque percussion semble évoquer un battement de cœur. Battement de cœur qui parfois s'arrête brusquement à la fin d'une chanson comme pour faire cohabiter la vie et la mort, l'ombre et la lumière au sein d'un même morceau ("When Under Ether", "The Piano"). Après un Uh Huh Her un peu caricatural, espérons que ce regain d'inspiration de l'anglaise perdure et qu'elle ne cesse d'explorer de nouvelles contrées musicales tout en y imprimant sa patte unique.
Le premier morceau intitulé "The Devil", où un piano martelé auquel vient se greffer une voix enfantine, puis un tambourin saccadé, marque le coup d'arrêt : PJ et le rock ont divorcé, le classique trio guitare-basse-batterie est mort. Tout au long de l'album, on sent rapidement l'influence folk pointer son nez notamment au travers du très classieux et mélancolique titre "White Chalk" pour lequel guitare sèche, harmonica et banjo sont de mises. A côté de cela, PJ laisse de côté la thématique amoureuse qu'elle a beaucoup ressassé dans ses derniers albums (Uh Huh Her, Stories From The City, Stories From The Sea) pour se consacrer à celle de l'abandon, la rupture, la mort. Ainsi, sa musique se fait-elle plus sombre encore qu'elle n'a pu l'être par le passé : "To Talk To You" est un dialogue à travers l'au-delà entre elle et sa grand-mère décédée, "When Under Ether" dans une ambiance victorienne décrit un avortement, "The Piano" raconte l'histoire d'un meurtre affreux au marteau et "The Mountain" clôt l'album sur un hurlement déchirant évoquant Diamanda Galas.
Cependant, l'ensemble de l'album reste, paradoxalement, assez lumineux et réconfortant comme si PJ avait réussi à rendre compte en musique de ce que les romantiques du XIXème appelaient le "spleen", cet état de mélancolie dans lequel l'artiste poète se plait à se plonger afin d'y puiser son inspiration. Les paroles du magnifique "Dear Darkness" sont là pour en attester où PJ s'adresse aux ténèbres, comme à un ami, afin de la recouvrir et la protéger de la lumière.
"White Chalk" est sans doute l'album le plus dépouillé et le plus beau qu'elle n'ait jamais composé grâce à la production subtile et intelligente de John Parish et Flood (déjà présents sur To Bring You My Love) où chaque percussion semble évoquer un battement de cœur. Battement de cœur qui parfois s'arrête brusquement à la fin d'une chanson comme pour faire cohabiter la vie et la mort, l'ombre et la lumière au sein d'un même morceau ("When Under Ether", "The Piano"). Après un Uh Huh Her un peu caricatural, espérons que ce regain d'inspiration de l'anglaise perdure et qu'elle ne cesse d'explorer de nouvelles contrées musicales tout en y imprimant sa patte unique.
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