Lou Reed
The Bells |
Label :
Arista |
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The Bells sonnent la fin d'une époque, en gros la fin des glorieuses 70's, pour Lou Reed; dans cette décennie, Lewis a tout connu: la destruction, par ses soins, du Velvet, la traversée du désert qui s'en suivit, fortune et gloire grâce au plus connu de ses fans... Et en cette année 1979, après avoir sorti quelques uns des disques les plus inclassables de l'histoire du rock et profité quelques temps de son statut d'icône punk, il s'apprête à connaitre le retour de bâton qui va le laisser KO quelques années, le temps d'une cure d'alcool et de kung-fu (mélange que seul un authentique pervers en pleine déchéance pouvait découvrir). Epoque charnière que cette fin de décennie, Lou débarassé des drogues n'a pas entendu dire que l'alcool en était une, depuis la sortie de Metal Machine Music, chacun de ses nouveaux albums est un bide plus retentissant encore que le précédent, rien ne va plus, surtout qu'à l'inverse de Bowie, l'expérimentation qui caractérise ses derniers disques ne marquera pas les esprits. Depuis son arrivée chez Arista, Reed fourre ses chansons de cuivres malades, de rythmes morts-nés et d'ambiances poisseuses. Rock'n'Roll Heart, Street Hassle et The Bells sont tous des disques à l'image du cerveau reedien: moitié cuit mais capable plus qu'aucun autre de faire cramer la poele, la cuisine et même la maison toute entière à partir d'une simple étincelle. Un authentique animal rock'n'roll qui emmerde tout le monde puisque tout le monde semble l'ignorer. Accompagné, comme c'est le cas depuis plusieurs années, par Fonfara, Fogel et Suchorsky, c'est en Allemagne que les sessions de The Bells se déroulent. Quelques nouveaux se joignent à la bande: Nils Lofgren (future membre de l'E Street Band) à l'écriture et Don Cherry à la trompette. Une grande première pour Lou, il n'est pas seul crédité pour l'écriture des morceaux. Résultat: en plus de lofgren, tous les musiciens du disque sont au moins crédités une fois. Après un "Stupid Man" où piano et cuivres se disputent les faveurs d'une compo parfaite, le groupe attaque "Disco Mystic" qui, s'il est loin d'être le plus beau texte de Lou Reed (cette seconde piste faisant partie de la catégorie plutôt rare des chansons dont les lyrics se résument au titre), est probablement son morceau le plus simplement hypnotique. S'enchainent ensuite une volée de tubes reediens, décalés et nerveux, concourant tous pour le titre de Morceau Le Plus Détraqué De L'Abum: "I Want To Boogie With You" n'a de boogie que le nom, "With You" prouve que Lou n'a pas besoin de se montrer pour faire peur puisque sa voix seule suffirait à mettre en fuite un régiment de zombies affamés, "Looking For Love" avec son titre à la Elton John est loin du romantisme FM de ce dernier et plus proche du stakhanovisme SM dans lequel Reed trempe sa plume, à l'occasion. Un hommage, chanté d'une voix nostalgique et moins crissante que sur le reste de l'album, à Charlie Chaplin pour conclure une face A évoquant souvent Rock'n'Roll Heart et nous menant inexorablement vers les sommets de "The Bells" qui clôtureront ce disque aux riches pathologies et aux belles envolées névrotiques. Mais avant cela deux morceaux moins saisissables dont le charme ne se révéleront qu'après plusieurs écoutes: "All Trhough The Night" et "Families", tout deux basés sur un riff de saxo entêtant et un texte plus introspectif. Puis enfin arrive "The Bells" et sa longue intro pleines de cuivres et de murmures inquiétants. Ce riff de basse, aussi, qui accompagné des lourdes percussions de Suchorsky, évoque un des thèmes composés par Herrmann pour Taxi Driver. Ce morceau aurait parfaitement collé au bouquet final apocalyptique concocté à Travis Bickle par Schrader et Scorsese. 'Here Come The Bells' scande Lou Reed sans que l'on sache ce qu'annoncent ces cloches...
Excellent ! 18/20 | par Bobby Joe |
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